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Elias Canetti

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Message par Arabella Jeu 5 Aoû - 18:49

Elias Canetti (1905 - 1994)


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Source : Wikipédia

Elias Canetti est un écrivain d'expression allemande, né le 25 juillet 1905 à Roussé (principauté de Bulgarie sous contrôle de l'Empire ottoman) et mort le 14 août 1994 à Zurich. Il est devenu citoyen britannique en 1952 et a longtemps résidé en Suisse. Il a reçu le prix Nobel de littérature en 1981. Canetti est souvent associé à la littérature autrichienne mais il couvre une perspective plus large. Son œuvre a défendu une idée pluraliste de la culture européenne dans sa richesse et sa diversité, liée à un parcours de vie singulier. Il est l'auteur d'analyses de grande envergure sur le XXe siècle et de réflexions détaillées sur les mécanismes humains et les modes de fonctionnement psycho-sociaux.

Son œuvre est composée de pièces de théâtre, d'un unique roman, d'essais, de recueils d'aphorismes et d'une autobiographie en quatre volumes.

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Je ne lis jamais un livre dont je dois écrire la critique ; on se laisse tellement influencer. (Oscar Wilde)
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Message par Arabella Jeu 5 Aoû - 18:50

Auto-da-fé


Publié en 1935 Auto-da-fé est l'unique roman d'Elias Canetti, qui se verra attribuer le prix Nobel en 1981. Son oeuvre se compose par ailleurs d'un recueil de nouvelles, de nombreux essais, de pièces de théâtre et d'un long cycle autobiographique. Né en Bulgarie dans une famille juive, ayant comme première langue l'espagnol, ayant vécu en Autriche, Grande-Bretagne et la Suisse, écrivant en allemand, Canetti est l'écrivain européen par excellence.

Auto-da-fé est un long roman de plus de 600 pages divisés en trois parties. Dans la première partie, « Une tête sans le monde », nous faisons connaissance avec Peter Kien, un sinologue très reconnu. Possédant une immense bibliothèque qui occupe la quasi totalité de son appartement, travaillant inlassablement, refusant au maximum les contacts avec le reste de l'humanité, il s'adonne de manière quasi compulsive à l'étude et à sa passion obsédante pour les livres. Son pire cauchemar, objet de rumination, sont les incendies de livres et bibliothèques : celui d'Alexandrie, et aussi celui perpétué en Chine par l'empereur Shi Hoang-ti, aidé par son ministre Li Si. Mais Peter se laisse circonvenir par son intendante, Thérèse, et se persuade que la meilleure façon d'assurer l'entretien de sa bibliothèque est de l'épouser. Mariage purement formel, mais Thérèse va révéler sa vraie nature. Avide d'argent et de reconnaissance, elle va exercer sa domination de plus en plus violente sur Kien, qu'elle finira par mettre à la porte.

Nous suivons ce dernier en dehors de sa bibliothèque refuge, dans la deuxième partie, « Un monde sans tête ». Kien navigue d'hôtel en hôtel, et fini sous la coupe d'un nain bossu, Fischerle, qui se rêve en champion d'échecs. le nain le vole, en utilisant la folie de plus en plus prononcée de l'érudit, qui « sauve » des livres que les gens veulent mettre au mont de piété. Mais le chemin de Kien y croise celui de Thérèse accompagnée de Pfaff, le concierge de l'immeuble, ancien policier, devenu entre temps amant de Thérèse, venus mettre des livres au clou pour récupérer de l'argent. Suit une bagarre, après laquelle tout le monde se retrouve au commissariat.

Dans la troisième partie, « Un monde dans la tête », Kien a rejoint son ancien immeuble, mais il est consigné dans la loge du concierge, qui essaie de lui soutirer l'argent qui lui reste et le brutalise. Mais le frère de Kien, Georges, arrive de Paris pour essayer de l'aider. C'est un célèbre psychiatre, qui a le plus grand respect pour la folie, qu'il trouve dommage de guérir. Une fois qu'il a bien analysé la situation, il se joue de Thérèse et du concierge, qu'il manipule habilement pour les pousser dehors de l'immeuble, et il restaure Peter dans son appartement au milieu de ses livres, en l'assurant d'une pension, qui lui permettra de vivre malgré la dilapidation de son argent. Tout oppose les deux frères, et ces oppositions sont exposées dans les échanges virulents qu'ils auront, c'est sans doute le moment crucial du roman. Mais après le départ de Georges, son frère n'est plus en capacité de reprendre son ancienne existence, ses obsessions le hantent, et il finira par réaliser son pire cauchemar.

Auto-da-fé est un livre dense, un livre monde, comme le début du XXe siècle en a produit un certain nombre : Berlin Alexanderplatz, L'homme sans qualité, Ulysse etc. Des livres qui remettent en cause les procédés traditionnels de la narration et l'analyse psychologique traditionnelle héritée du XIXe siècle, abandonnant l'idée d'un sujet que l'on peut comprendre et expliquer rationnellement. Très clairement, Auto-da-fé se place dans la même ambition. Enormément de thèmes, sujets, réflexions, se croisent, énormément d'analyses sont possibles. Au risque sans doute de provoquer chez le lecteur par moments un sentiment d'indigestion : j'avoue avoir un peu calé dans la deuxième partie, tant cet univers sombre, ses personnages grotesques et qui donnent souvent l'impression de n'avoir rien d'humain, m'ont pesé. La troisième partie, plus abordable peut-être, avec au centre le personnage de Georges, qui est celui qui a le comportement le plus proche d'un comportement que l'on peut qualifier de « normal », compréhensible, malgré sa fascination pour la folie, qui met en quelque sorte de l'ordre dans le monde, et surtout où les enjeux et les problématiques centrales se dessinent plus clairement, m'a en revanche  donnée le sentiment d'être en face d'une grande oeuvre.

Les êtres semblent tous mus par une sorte de folie intérieure, celle de Georges pour les livres et le savoir, un savoir ésotérique et complètement coupé de la moindre utilité, s'oppose aux obsessions des autres personnages. L'argent, sa possession, est peut-être le plus central, le plus souvent évoqué, mais il y aussi le sexe, et l'image que nous renvoient les autres, une sorte d'image idéale et en dehors de la réalité, fantasmée, et qui nous permet en quelque sorte d'exister. Et qui permet de mener les individus aux gens qui savent jouer sur cette corde : Thérèse se laisse manipuler par un vendeur qui lui renvoie l'image d'une jeune belle femme désirable, Fischerle, qui veut imposer celle d'un champion d'échecs etc. Et c'est par ces images rêvés d'eux-même que George le psychiatre arrive à manipuler en un tour de main Thérèse et Pfaff. Comme un exemple de la possibilité de manipuler n'importe qui, à partir de quelques schémas de base, un peu les mêmes chez la plupart des individus. Et nous restons encore là à des manipulations sur des individus isolés, or la foule présente en particulier dans le deuxième chapitre, est aussi manipulable, et la mort de Fischerle montre à quel point elle peut devenir dangereuse et destructrice, et comment elle peut être utilisée par les gens qui comprennent ses ressorts. La violence est en effet toujours présente dans le livre, ce qui rajoute encore au côté sombre de l'ensemble.

Le livre traite également du langage, de son pouvoir et de ses limites,  on peut sans doute également analyser le roman dans la perspective historique : publié en 1935, en pleine montée du nazisme, parler d'incendies de bibliothèques n'est pas anodin. Mais il est impossible de faire le tour dans un court commentaire de toutes les thématiques et pistes de réflexion, de ce roman important, même si pas toujours gratifiant à lire.

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