Julie Héraclès

Vous ne connaissez rien de moi
Ed. Lattès (août 2023)



A partir de la célèbre photographie de la tondue de Chartres prise par Capa, Julie Héraclès dresse le portrait d’une jeune femme de famille modeste prise dans le tourbillon de l’occupation allemande pendant la seconde guerre mondiale.

Le pari est toujours un peu osé, de donner la parole à l’ennemi, aux collaborationnistes, et Julie Héraclès parvient à livrer une histoire touchante et troublante, un regard nuancé sur les gens pris sous la coupe d’un conflit qui les dépasse. Personne n’est absolument coupable ou innocent, et il est passionnant de suivre le personnage de Simone, de son enfance à l’âge de jeune adulte, suivant le mouvement, se posant des questions, évoluant en mode survie, souvent pleine de doutes mais refusant de se laisser dicter ses actes.
Un roman fort, qui pose évidemment les questions sempiternelles de « qu’aurions-nous fait ? », « qu’est-ce qui nous pousse à agir dans un choix ou un autre ? », qui met en relief toute l’ambigüité chez l’humain, et qu’il n’y a jamais qu’une seule vérité, surtout pas dans le qu’en dira t-on et la violence expéditive.

Un premier roman mené avec brio, à l’écriture directe, aux dialogues piquants.

Elle a pris pas mal de liberté avec la vraie Simone - j'ai ensuite écouté un podcast sur France Culture, très intéressant - mais Vous ne connaissez rien de moi est un roman très intéressant, qui contextualise, rappelle que la violence est partout et que l'humain est rarement manichéen.

Tentant ! même si je fais en général l'impasse sue les livres de la dernière guerre.

domreader a écrit:Tentant ! même si je fais en général l'impasse sue les livres de la dernière guerre.

Pareil.
En fait, je pense ne pas en avoir lu tant que ça, mais il y en a tant et tant qui sortent... que ça fait comme un espèce de repoussoir.

Là, c'est intéressant, parce qu'au-delà du contexte de la guerre, ça parle d'une jeune fille qui cherche à sortir de sa condition, à s'élever de sa classe. Ça raconte une histoire de famille bancale. Et l'ambiance dans les petites villes où tout se sait, tout se juge, tout s'espionne.
Et puis, Héraclès parvient, dans l'écriture, les expressions, les mots, à nous faire faire un voyage dans le temps.

Queenie a écrit:

domreader a écrit:Tentant ! même si je fais en général l'impasse sue les livres de la dernière guerre.

Pareil.
En fait, je pense ne pas en avoir lu tant que ça, mais il y en a tant et tant qui sortent... que ça fait comme un espèce de repoussoir.

Là, c'est intéressant, parce qu'au-delà du contexte de la guerre, ça parle d'une jeune fille qui cherche à sortir de sa condition, à s'élever de sa classe. Ça raconte une histoire de famille bancale. Et l'ambiance dans les petites villes où tout se sait, tout se juge, tout s'espionne.
Et puis, Héraclès parvient, dans l'écriture, les expressions, les mots, à nous faire faire un voyage dans le temps.

Ceci dit il semble que cette femme n'ait pas que 'couché' avec un ou des allemands. C'était une admiratrice convaincue des thèses national socialistes et des nazis. De même qu elle a dénoncé 5 personnes pendant l'occupation dont 2 sont mortes dans les camps. Qu'elle ait été jugée et condamnée pour cela, pourquoi pas. De là à la tondre et à la traîner dans les rues....sort réservé exclusivement aux femmes d'ailleurs.

Mais d'après ce que tu dis, au delà du cas de cette femme, il reste intéressant de voir les tenants et les aboutissants des comportements des gens pendant l'occupation. Ceux qui résistent, ceux qui sont passifs, ceux qui sont entre les deux, ceux qui trahissent par conviction ou par intérêt.Qu'aurions nous fait ?

Alors Héraclès parle de ces "coucheries" et de son national-socialisme. Elle "l'explique" très bien d'ailleurs. Comment, à cette époque, beaucoup de gens ont pu croire au renouveau et à la puissance allemande, sans trop se poser de questions sur le comment, et les idéaux profonds qui alimentaient le nazisme.

Cela rappelle beaucoup le pourquoi des gens, aujourd'hui, croient à l'extrême droite en se voilant la face sur les idées.

Et quant à coucher avec des nazis, Héraclès met plutôt l'accent sur une seule histoire, et avec un allemand enrôlé mais non partisan.

Elle a rendu son héroïne assez ambivalente, tout en dépeignant aussi des gens arrivistes au possible, des gens vraiment dégueulasses.