A l'affiche

Desplechin s'est penché sur cette histoire tiré d'un fait divers en 2002. Dans un quartier glauque de Roubaix, ville dont il est originaire, et en pleine déliquescence (Plus de 40 °/° sous le seuil de la pauvreté?? ça me parait énorme) un incendie se déclare le soir de Noël suivi de l' assassinat d'une vieille dame. Deux filles jeunes, complètement à la dérive et voisines proches de la victime, sont arrêtées.



Le cinéaste a repris l'enquête dans les moindres détails, ce qui rend son film à la fois lent et attachant. On est vraiment plongés dans cette misère, une ambiance lourde et très sombre où la seule lumière vient peut-être de ce commissaire joué par Roschdy Zem, un flic comme on rêverait d'en trouver, patient, doux et terriblement humain. Les seuls moments de répit, surtout lors des interrogatoires musclés (du moins verbalement) sont dûs à cet acteur que je découvre à l'opposé de ses rôles habituels. Chapeau pour la performance ( et dire que j'ai failli ne pas aller à cause de lui)



Sara Forestier m'a aussi épatée, méconnaissable en amoureuse naïve et prête à tout pour épargner celle qu'elle vénère, la sublime Léa Seydoux, plus confinée dans son rôle de dure, avec un jeu moins complexe du coup.

C'est donc un constat sans concession d'une France en perdition, Desplechin n'hésitant pas à en rajouter dans la noirceur, avec une musique assez obssessionelle et des plans difficiles par leur longueur et leur insistance. Bref, je ne saurais dire si ce film mérite tous les éloges obtenus dans la presse, mais j'en suis sortie lessivée, accablée on peut dire. Pas vraiment un moment de plaisir non plus ;-)

Pareil !
et merci d'en avoir parlé, sinon je l'aurais manqué

L'actrice, dans son jeu, m'a un peu fait penser à Cécile de France.

Queenie a écrit:
L'actrice, dans son jeu, m'a un peu fait penser à Cécile de France.

Laquelle? Sara Forestier?

Je n'ai pas pensé à elle...

Mais cette fille joue vraiment bien, je l'avais déjà beaucoup aimé dans Le nom des gens (que je t'avais conseillé et tu ne m'as pas écoutée, tsss ) où elle jouait une fille complètement extravertie, drolissime ;-)

Elle est d'un naturel confondant, et dans des registres à l'opposé!

Non je répondais à ton message sur Perdrix. J'avais pas vu que t'avais posté après

Et tu donnes envie de voir ce Roubaix (mode des films au titre en un mot - qui ne veut rien dire de ce qu'il y aura dedans - qui finissent par un X !?)

Queenie a écrit:Non je répondais à ton message sur Perdrix. J'avais pas vu que t'avais posté après

Ah oui, je comprends mieux! Et c'est vrai, l'actrice (Maud Wyler) ressemble à Cecil de France dans sa façon de jouer, cash, un peu brusque, très nature. J'aime beaucoup d'ailleurs (De France)

Queenie a écrit:Et tu donnes envie de voir ce Roubaix (mode des films au titre en un mot - qui ne veut rien dire de ce qu'il y aura dedans - qui finissent par un X !?)

Tu as oublié, la lumière ("Roubaix, une lumière") ce qui ne veut pas tellement dire plus, je te l'accorde. C'est sombre de partout, seul Roschdy Zem en apporte une, de chaleur humaine, il est extra dans ce rôle!

Vas-y, c'est quand même un bon film. Tu me diras...

J'entends beaucoup dire que Filles faciles est top aussi.

Et on essaye de me convaincre d'aller voir le Tarantino

Comme @Aeriale je sors de ce film, un peu en demie teinte émotionnelle.
C'est fort, c'est rude, c'est noir.
Du polar social français qui n'épargne rien. Des gueules cassées, des accents banlieue, arabe, nord, qui font sourire et ont inévitablement une résonance de pauvreté, de brutalité, de parade, une couverture un peu crade, un peu miteuse, sur cette France qu'on voudrait cacher, moquer, oublier.

Le quotidien de ce commissariat est assez bien rendu : les enquêtes sur le long où tout n'est pas maîtrisé, qui touche plusieurs départements (le violeur du métro), l'enquête de proximité du gars qui voudrait arnaquer l'assurance, en mentant mal, en se servant des clichés entendus au journal télé pour faire porter le chapeau aux "sales arabes musulmans", l'histoire fait divers d'incendie de maison abandonnée...

Et le meurtre d'une femme de 83 ans.

C'est un peu fourre tout au début, on ne sait pas trop où ça va. Même si c'est intéressant de découvrir tout ce quotidien, ça manque de liant (peut-être parce que le personnage principal est secret, fuyant, fermé ?).

On trouve un regain d'intérêt quand le film se concentre sur l'enquête du meurtre.
Les acteurs et actrices sont criants de vérité.
L'enquête est longue, lourde, intense, la violence partout, la colère.
Intéressant comme l'enquête avance, cahute, au fil des témoignages qui changent.

C'est hyper bien filmé ! Les lumières, la nuit, j'ai pensé à James Gray, Michael Mann.
Mais quelques plans et zooms étranges, qui font série b.

Pas trop compris le personnage du lieutenant.
Ce truc des lettres envoyées au Père. Intéressant la première fois, avec le regard sur la ville. Après, c'est chiant, un côté "profond" "élitiste" qui se voudrait spirituel, mais qui est complètement tombé à l'eau pour moi.

Et lacunes dans le dessin des personnages : le commissaire le lieutenant et les autres. Tous secrets. Tous à se trimballer des casseroles, qu'on nous distille au fur et à mesure de l'histoire, sans parvenir à vraiment donner de la consistance, mais juste à me perdre.

Et toujours, être laissée à distance.

Donc, intéressant mais pas bouleversifiant.
Faudrait s'ôter l'envie de faire "intelligent et profond et mystérieux", et déjà, ça irait mieux.

Queenie a écrit:C'est un peu fourre tout au début, on ne sait pas trop où ça va. Même si c'est intéressant de découvrir tout ce quotidien, ça manque de liant (peut-être parce que le personnage principal est secret, fuyant, fermé ?).

Bien d'accord, ça manque de liant. L'idée de nous plonger dans le quotidien d'un commissariat n'est pas mal, mais on perd un peu de temps à chercher à relier ces enquêtes au début. Et si c'est fait pour nous perdre, c'est assez maladroit.

Queenie a écrit:Pas trop compris le personnage du lieutenant.

Pareil. Un type qui perd ses illusions? Qui cherche la foi, et se confie à Dieu le soir? Ok mais...quoi de plus? Les réflexions sur la ville apaisent un peu, donnent de la profondeur peut-être, mais encore une fois, c'est un peu placardé, style "Je suis un penseur, on n'est pas dans un simple film d'ambiance noire, je vous livre plus qu'une simple radioscopie de la ville".

Un peu prétentieux et finalement sans grand intérêt, je suis comme toi!

Queenie a écrit:Faudrait s'ôter l'envie de faire "intelligent et profond et mystérieux", et déjà, ça irait mieux.

 
En fait, tu as bien résumé!

-Fête de famille-






Le film s'ouvre sur une scène plutôt sympathique et festive, la préparation du repas de famille en l'honneur de l'anniversaire d' Andréa (Catherine Deneuve, impériale toujours) tous ses enfants petits et grands sont rassemblés, chacun s'active. Lorsqu' un orage éclate et qu'un appel téléphonique annonce l'arrivée fracassante et surtout inattendue de l'ainée, Claire (Emmanuelle Bercot) disparue des radars depuis quelques années et dont la fille (Luana Bajrami, très convaincante) a été confiée à Andréa.





Dans la lignée des Pialat où les rancoeurs se mêlent joyeusement, et le plus souvent avec hystérie, aux blagues et moments joyeux d'une journée familiale. On a déjà vu ça en beaucoup mieux, et si quelques scènes prêtent à sourire (surtout celles avec Vincent Macaigne jouant un cinéaste en devenir perpétuel) le reste m'a paru un peu facile, ou trop placardé "Hystérie collective"



Quelque chose m'a manqué dans ce règlement de compte, un liant, des caractères plus fouillés peut-être. Hormis la prestation de Emmanuelle Bercot bluffante en trublion déjantée (et spoliée tout de même) venue réclamer son dû, les autres font ce qu'ils peuvent, et le font pas si mal, mais l'ensemble m'a semblé un peu cliché. J'imagine ce qu'un Xavier Dolan en aurait fait, par exemple, et je suis restée sur ma faim.

Dommage j'avais envie d'aller le voir avec, tout de même, une petite réticence car je suspectais un peu ce que tu en dis.

Ca se laisse voir, ceci dit. Tu ne vas pas forcément t'embêter, mais disons qu'il y a des scènes qui paraissent surfaites, déjà vues ou trop exagérées.

Vas y et dis moi ce que tu en penses :-)

Aeriale a écrit:Ca se laisse voir, ceci dit. Tu ne vas pas forcément t'embêter, mais disons qu'il y a des scènes qui paraissent surfaites, déjà vues ou trop exagérées.

Vas y et dis moi ce que tu en penses :-)

Suis pas sûre, pas beaucoup de temps à consacrer au cinéma, et je suis un peu lasse des films où je m'ennuie. On verra ce week-end si le choix m'oriente vers celui-là ou un autre.

Samedi, je suis allée voir Hors-Norme en avant-première, (Olivier Nakache et Eric Toledano), et j'ai trouvé que c'était un chouette film sur le problème du handicap mental profond. Vincent Cassel et Reda Kateb y sont vraiment très bons. Le sujet n'y est pas traité de façon dramatique, mais aborde vraiment les problèmes sans donner dans le pathos.

vu hier Le Chardonneret
Adapté par jenesaisqui du roman de Donna Tartt (que je n'ai pas lu)

Avec plein d'acteurs et actrices excellents (Nicole Kidman, Sarah Paulson, Ansel Elgort etc)

Histoire complexe, alambiquée, de flash back en et forward. Mais qui tient.
Les personnages sont touchants avec une certaine épaisseur.
Les retournements inattendus sont bien amenés.

Après...
Ce n'est pas remuant ou bouleversant : réalisation assez classique, qui se permet parfois quelques écarts intéressants, mais qui pèsent presque trop et usés jusqu'à la corde (images de l'explosion qui reviennent 3-4 fois, peut-être plus, qui aurait pu être mieux exploitées, ou moins redondantes...)

La nette impression qu'il y avait trop de choses dans le livre pour être contenu en un film de 2h30.

Bien aimé l'atmosphère un peu vaporeuse, comme un rêve permanent, ou comme ouatée derrière un voile

Pour le Chardonneret, les critiques n'étaient en général pas très tendres, voire même pires.
Donc, c'est quand même visible, c'est déjà ça. Il y a déjà le dernier Woody et Ad Astra à voir...