A l'affiche

Ah tiens j'ai deux potes qui l'ont adoré.
J'aime beaucoup les films de Kore-Eda HIrozaku généralement, j'essayerais de trouver le temps pour celui-ci

Aeriale a écrit:-Perfect days-





Le film se concentre sur le quotidien d'un homme menant une vie très simple, ascétique on peut même dire, entre ses horaires de travail comme agent de nettoyage des toilettes, l'arrosage de ses plantes et ses quelques incursions extérieures à ses heures libres. Chez la libraire, le photographe, aux bains publics ou dans un petit restau tenu par une femme dont on l'imagine secrètement sous le charme.

 Cet homme est un taiseux solitaire (la première demi heure aucun mot n'est prononcé) appliqué malgré le côté rébarbatif de sa tâche, et on le suit accomplir ses gestes avec un rituel qui semble le satisfaire pleinement. Chaque jour qui se lève est un ravissement pour lui, chaque trajet matinal au volant de son Van accompagné de cassettes de ses idoles de jeunesse (Sublime bande son de Lou Reed, Rolling Stones, Otis Redding ou Patti Smith ) chaque pause sandwich sur le même banc à contempler les arbres pour les prendre en photos. Très peu d'interactions avec d'autres personnes, si ce n'est l'arrivée impromptue d'une nièce fugueuse suivie de la venue de sa soeur nous révélant un milieu familial différent, très aisé, avec lequel on suppose une rupture définitive. 



C'est peu pour agrémenter deux heures et pourtant je me suis laissée porter par la candeur, la douceur et surtout la personnalité de ce héros si singulier qui se contente de peu et parait toucher du doigt le bonheur à chaque instant. Un bonheur qui se traduit par une empathie, une attention aux autres, une patience à toute épreuve, et on se dit qu'il a peut-être tout compris, au final. On n'en saura pas davantage sur lui mais sa dernière image sur "Feeling Good" suffit comme réponse. Un joli film contemplatif et une belle leçon d'humanité toute simple qui m'a ramenée avec délice au coeur de ce Japon. Un petit bonbon!

Je n'ai rien à rajouter au commentaire d'@aeriale. 
Une incroyable réussite. 
On pourrait s'ennuyer, et pas du tout (bon je pense que certain·e·s s'ennuieraient tout de même, mais ce serait des barbares !)
Quel tour de force. 
Magique et magnifique.
Un bonbon tout doux.

Les colons



Au tout début du 20e siècle, au Chili, un riche propriétaire terrien envoie son second, un soldat britannique accompagné d’un américain et d un métis chilien, dégager une route vers l’Atlantique pour son élevage de moutons. L’affaire se fera au mépris des autochtones, dans le sang et la barbarie dont le jeune chilien se retrouve témoin et complice malgré lui.




Une virée épique dans cette Terre de feu immense et sauvage où la violence est de mise. Le cinéaste ne nous épargne rien des horreurs perpétrées par ces colons sous couvert de civiliser les peuples, et la beauté des paysages intensifie beaucoup l’ensemble.

Je me suis laissée porter par le film, sa langueur, sa poésie brute, ses rares dialogues qui reflètent bien la tension entre des personnages bien distincts. La seconde partie tombe un peu comme un cheveu sur la soupe et révèle rapidement toute l’hypocrisie de l’histoire de ce pays cherchant a se refaire une morale. Bien mais peut être trop survolé sur la fin!

La vie rêvée de Miss Fran



Dans une petite ville portuaire assez calme et tranquille, une jeune femme célibataire mène une vie au diapason de son environnement, entre boulot et rêveries plus ou moins morbides. Très sauvage et renfermée elle a du mal à communiquer avec ses collègues mais l’arrivée d un nouveau à l’opposé d’elle va la forcer à s’ouvrir..




Ça fait forcément penser aux « Feuilles mortes » de Kaurismaki. Mêmes vies solitaires captées dans les petits détails, mêmes blocages à l’autre, tendance dépressive fortement insinuée. Peu à peu ces personnages en décalage s’ouvrent et la fin les laisse sur une ouverture pleine de promesses. C’est peu bavard, assez lent et presque rébarbatif mais cela a toujours ce petit soupcon d’humanité bien caché qui touche au final. A voir si on ne craint pas l’engourdissement :p

Bonnard, Pierre et Marthe





Un assez bon moment qui permet de mettre en lumière la longue relation de Bonnard et de sa muse Marthe, que l'artiste aborda dans la rue pour lui sevir de modèle. On suit sur plus de 50 ans leur parcours mouvementé du fait de l'infidélité de Bonnard et du caractère impétueux de Marthe à qui l'on reprochait de l'éloigner de la vie parisienne et de ses amis. De santé fragile, c'est en effet pour elle qu'il s 'installèrent à la campagne,  dans une maison des bords de Seine où on les voit recevoir d'autres peintres de l'époque, Vuillard et Monet principalement.

 

Le biopic est honnête, sans folie, voire plutôt classique. Mais la beauté des paysages, des décors, la lumière globale et l'interprétation des deux acteurs, surprenante mais cohérente au final, colle bien au contexte. Donc rien de renversant mais j'ai aimé me plonger dans cette histoire qui reste fidèle à la réalité malgré quelques passages  plus ou moins  fantasmés. Juste la fin m'a semblée un peu longue..  

merci pour ton avis, j'étais curieuse d'avoir une impression hors des critiques pro

Toi, tu vas aimer Kena!

Rien que le fait de se fondre dans cette époque des Nabis, de les voir peindre (enfin surtout Bonnard) et de se repencher sur sa vie et ses oeuvres est un petit bonheur en soi !

J'ai d'ailleurs appris des choses, en vérifiant sa bio sur wikipedia. Par exemple qu'elle lui avait menti sur son âge, (16 ans avoués alors qu'elle en avait 24 à leur rencontre) ses origines modestes (alors qu'elle se disait orpheline descendant d'une vieille aristocratie italienne..) etc etc.

Par contre son caractère ronchon et même perturbé m'était connu. C'est quand même une bonne immersion et on revoit des coins qui me sont chers (Grasse, Le Cannet..)

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Quelques photos rien que pour te donner envie, où l’on retrouve les références de ses peintures. leur petite maison près de Vernon, « La Roulotte »

merci pour tout cela, je vais y aller, certaine!

kenavo a écrit:merci pour tout cela, je vais y aller, certaine!

 Tu nous diras?  

J'au vu sinon May December




Une jeune actrice devant incarner le rôle d'une femme ayant défrayé la chronique vingt ans auparavant, est envoyée par la production à Savannah où a eu lieu le scandale. Gracie et Joe, 36 et 14 ans au moment de leur liaison, ont depuis fondé une famille après l'incarcération de cette dernière.

Le film, d'une élégance folle, aborde le sujet des couples incestueux en s'inspirant d'une histoire vraie. Le cinéaste joue sur le thème du double, de l'ambiguïté. Il y a de superbes scènes de confrontation entre les deux femmes, l'une cherchant à percer le mystère qui se cache derrière Gracie, l'autre troublante dans sa zone d'ombre, hermétiquement close



En fait on ne saura jamais réellement jusqu'où va le déni, où débute la manipulation, c'est assez fort même si on reste dans le flou. La musique lancinante et répétitive, l'aspect glacé de l'atmosphère, tout ça accentue le principe. On s'attend donc à quelque chose de révélateur mais non.. A nous de décrypter.

Un beau film j'ai trouvé, l'interprétation des deux actrices est parfaite, mention spéciale à Natalie Portman, réellement sublime dans ce rôle, et aussi à l'acteur dans celui de Joe, qui prend tardivement conscience du piège dans lequel il s'est retrouvé enfermé. Un bon moment :-)

Aeriale a écrit: Tu nous diras?  

yep

Je vais voir le Todd Haynes dimanche je pense !

Queenie a écrit:Je vais voir le Todd Haynes dimanche je pense !

Et alors? Tu ne nous as pas dit ce que tu en pensais? 

Sinon vu Sans jamais nous connaître-




Dans une tour flambant neuve et quasi inhabitée de Londres, vit en solitaire Adam dans un silence un peu oppressant. Un jour le seul voisin qui semble l'occuper de même débarque chez lui bien éméché et tente de nouer le dialogue, voire plus. Mais Adam est obsédé par son passé. Un jour il retourne à la maison de son enfance, ses parents pourtant morts depuis plus de 30 ans.



Un Film énigmatique, à l'ambiance ouatée, très atmosphérique. De part ces retours sur un passé que le personnage revit, on a très vite l'impression de flotter entre deux mondes, le réel et le fantasmé, on ne sait plus trop ce qui existe vraiment et ce qui appartient au rêve lorsque les deux personnages, Harry et Adam, entament une relation, ni lorsque la caméra les laisse flottant entre ces deux univers. (Cette dernière image sur l'air de The Power of love   )



J'ai surtout ressenti beaucoup d'émotion dans les confrontations parents/ Adam. Ce sont pour moi les plus belles scènes. Ce fils qui imagine la confession de ses tourments d'enfant alors qu'ils ne sont plus là, ces parents qui réalisent qu'ils n'ont peut-être pas été toujours à la hauteur, ou qu'ils n'ont pas voulu voir...Ce sont des moments très forts, où les mots sont dits et de façon si juste ( "Le coming out n'est qu'un mot sur une distance qui existe déjà"), où le futur peut dès lors se construire pleinement

Un beau moment tout auréolé du jeu de ces acteurs, ceux des parents, magnifique et celui de Andrew Scott que je vois pour la première fois. Sans parler de la bande son, collée au sujet et que j'ai adorée!

Aeriale a écrit:

Queenie a écrit:Je vais voir le Todd Haynes dimanche je pense !

Et alors? Tu ne nous as pas dit ce que tu en pensais? 

J'ai beaucoup aimé.
C'est fou comme ils ont réussi à ne pas être dans un jugement, tout en provoquant le questionnement, les petites réflexions qui font trembler l'édifice.
Acteurs et actrices sont époustouflants : beaucoup de retenus, de non-dits. Beaucoup de choses se passent dans les regards, les gestes retenus.
Les êtres sont touchants, surtout le mec, complètement paumé, on le voit comme un véritable adulescent.
Les émotions sont d'ailleurs contenues et très fortes.

Je suis contente de l'avoir vu, et d'avoir laissé passer un peu de temps avant d'écrire des mots ici, car c'est un film qui avait besoin de "reposer".

Sinon vu Sans jamais nous connaître-

sujet et que j'ai adorée![/quote]

Ah oui, la BA était déjà un chouille vaporeuse et énigmatique. Je ne suis pas certaine d'aller le voir, j'ai l'impression que je sais d'avance exactement ce que je vais voir, qu'il n'y aura pas trop de surprises (même si je ne doute pas qu'il soit beau)

La Bête, Bertrand Bonello

Un film très étrange, entre plusieurs genres.
Grosso modo : dans un monde futur, les émotions sont bannies, du moins si l'on veut s'intégrer et évoluer dans la société. Un moyen pour ne plus avoir d'émotions : aller visiter ses vies antérieures et se laver des nœuds émotionnels qui y traînent.

Gabrielle, au départ réfractaire, s'ennui tellement dans son travail, se sent si inutile et à part, décide de franchir le pas.

Nous allons donc la voir début XXe siècle, dans le faste, coulant une belle vie entre bals et mondanités, jusqu'à ce qu'elle croise Louis - celui-ci réveille le trouble, lui rappelle son anxiété refoulée, celle d'un mal terrible qu'elle pressent.
Puis une partie moderne, où elle garde une grande maison, mais sent comme une menace rôder, où elle croise Louis, veut l'attirer à elle, mais il lui échappe. Louis qui n'est alors que frustration et violence.

Dans le monde du futur, elle croise Louis, encore, le trouble, la reconnaissance de ce qu'il est. Alors qu'elle doit se débarrasser de ses émotions, elle veut essayer de nouer un lien avec lui.


...

Je ne vous le cache pas : ce film, on en sort troublée. Un peu perdue. Tout est pourtant très clair quand on le voit, et même quand on y pense ou quand on en parle. Mais je sens comme quelque chose qui m'échappe, qui reste à creuser. C'est étrange, un peu comme être dans la peau de Gabrielle : chercher à dénouer quelque chose sur laquelle on n'a pas vraiment de prise.

C'est un film très beau, les atmosphères différentes sont intenses, denses, immersives. Il y a à la fois quelque chose de glacial et de très sensuel qui se dégage de chaque époque, du duo Gabrielle/Louis.
Il y a aussi ce danger permanent qui plane, cette Bête dont on ne saura jamais exactement ce que c'est (un ami pense qu'il s'agit de l'amour, destructeur, impossible... je me demande si ce n'est pas le contraire : si la Bête n'est pas la disparition de l'amour, de émotions. Les deux se tiennent)

Si vous tentez l'expérience, j'aimerais bien avoir d'autres avis !

-Une vie-





L'histoire réelle d'un courtier à Londres, Nicholas Winton, venu à Prague durant l'hiver 1938 et découvrant avec stupeur l'état de dénuement de familles juives voulant échapper à la politique hitlérienne. Avec ténacité et un certain courage, il mis au point un comité chargé d'organiser leur fuite pour l'Angleterre et leur assurer un abri. Il resta dans l'ombre jusqu'à ce qu'une émission, 50 ans plus tard, ait l'idée de réunir les survivants face à leur sauveur. 



L'idée de consacrer un film à ce héros inconnu est louable, c'est certain, mais quel ennui. On se partage entre deux périodes, celle des prémices des persécutions nazies, et la plus contemporaine de 1988. Les flash back sont assez convenus, les décors un peu trop parfaits, on a du mal à pénétrer vraiment dans l'horreur affichée. 

J'avoue que j'avais hâte d'arriver au bout, le seul moment où l'émotion jaillit enfin est cette dernière partie, la confrontation avec les rescapés. D'autant que certains ont réellement participé à la scène. Mais j'ai trouvé l'ensemble trop cliché, on est loin de La liste de Schindler, c'est clair.  Heureusement que Hopkins sauve un peu la fin. 

Je ne suis toujours pas revenue des critiques qui l'encensent…4 étoiles voire plus sur Allo ciné??