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Molière

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Molière - Page 2 Empty Re: Molière

Message par Arabella Mar 21 Déc - 22:32

L'école des maris


L'école des maris a été créée le 24 juin 1961 sur la scène du Palais Royal. L'année qui précède a été difficile pour la troupe de Molière. En octobre 1660, les comédiens sont chassés du théâtre du Petit-Bourbon qu'ils partageaient avec les Comédiens Italiens, car le bâtiment doit être démoli pour permettre l'agrandissement du Louvre, projeté de longue date. On leur offre en échange la salle de théâtre du Palais Royal, construit par Richelieu et légué au roi après sa mort. La salle est très grande, et a été à la pointe de la technique lors de sa construction. Mais elle est délabrée et nécessite des travaux coûteux. La troupe de Molière va donc connaître plusieurs mois sans pouvoir jouer, le temps de remettre la salle en état, au moins partiellement.

Le démarrage dans ce nouveau lieu est laborieux : Molière a dans sa besace Don Garcie de Navarre, qu'il a déjà crée à la cour. Mais cette pièce, qui est une comédie héroïque, genre éphémère inventé par Pierre Corneille, et qui n'a pas le potentiel comique que le public associe déjà à Molière, ne rencontre guère le succès. D'autant plus que les théâtres concurrents mettent à l'affiche des pièces qui attirent les foules : une tragédie de Thomas Corneille pour l'hôtel de Bourgogne, et une pièce à machines, La conquête de la Toison d'or, écrite par le grand Pierre Corneille, pour le théâtre du Marais. le public délaisse le Palais Royal au profit de ces deux spectacles des frères Corneille. Les revenus de la troupe de Molière connaissent une baisse sensible. Il se doit donc de proposer à la troupe et au public une oeuvre qui fasse revenir les spectateurs en nombre, d'autant plus qu'il vient d'obtenir de recevoir deux parts au lieu d'une seule, dans le partage des bénéfices du théâtre.

L'école des maris est une pièce à la croisée des chemins. Jusque là, Molière a connu le succès soit grâce à des grandes pièces en 5 actes, adaptées surtout du théâtre italien, soit grâce à des petites pièces en un acte, dont les trames pouvaient faire écho à des débats dans la société de l'époque, comme Les précieuses ridicules. L'école des maris sera une pièce en trois actes, qui va à la fois s'appuyer sur des canevas pré-existants, mais en même temps évoquer des thèmes en débat dans la société mondaine de l'époque, qui constitue l'essentiel du public de Molière.

Une des sources de l'oeuvre se trouve dans une pièce espagnole de Mendoza, en cours d'adaptation par Scarron juste avant sa mort, et qu'il lègue en quelque sorte à Molière. Deux frères qui ont épousé deux soeurs, ont des comportement diamétralement opposés avec leurs épouses : l'un se montre libéral, et l'autre répressif. Et c'est ce dernier qui se trouve trompé par son épouse. La liberté qui devait être ou non accordée aux femmes, de même que l'idée qu'il est impossible d'empêcher une femme qui décide d'être infidèle de l'être, étaient très discutées dans les milieux galants, et elle est évoquée dans de nombreuses oeuvres de l'époque. Molière est donc complètement dans l'air du temps en s'y attaquant.

Nous retrouvons les deux frères de la pièce espagnole dans l'Ecole des maris. Mais pour des raisons de bienséance, ils ne sont pas encore mariés. Ils sont tuteurs de deux jeunes soeurs, qu'ils envisagent d'épouser. Ariste, le plus âgé des deux, laisse une grande liberté à Léonor, au point de lui laisser décider si elle souhaite ou non l'épouser. A l'opposé, Sganarelle, limite au maximum la liberté d'Isabelle, qui trouvera pourtant moyen d'entrer en contact avec un jeune homme, Valère, qui en suivant les indications d'Isabelle, arrivera à l'enlever et l'épouser, en bernant Sganarelle ; alors que Léonor choisit de convoler avec le vieil Ariste. La trame est donc très simple, et le comique vient essentiellement de Sganarelle joué par Molière, présent sur la scène presque en permanence.

La pièce connaîtra un beau succès, à la ville mais aussi à la cour. Elle sera d'abord représentée à Vaux-le-Vicomte devant Fouquet, puis à Fontainebleau devant le roi. Elle est un peu oubliée maintenant, peut-être éclipsée par l'Ecole des femmes, qui reprend en partie les mêmes thématiques, et qui est sans doute un peu plus aboutie et ambitieuse.

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Message par Arabella Sam 26 Mar - 13:24

Le malade imaginaire


La dernière pièce de Molière, créée sur la scène du Palais-Royal le 10 février 1673 a donné lieu à des mythes et légendes tenaces, plus vrais que la vérité, serais-je tenté de dire. Molière mort sur scène, miné par un « longue maladie » qui donnerait un côté prémonitoire et testamentaire à sa pièce. Ses lectures ont parfois eu tendance à se focaliser sur ces aspects, alors que qu'il est à peu près certain maintenant que tout cela est faux. Molière n'est pas mort sur scène, mais dans son lit, et sa mort est loin d'être la suite d'une longue agonie de phtisique, comme dans les mythes romantiques. Ses contemporains, par exemple dans les gazettes, ont été surpris par un décès qui leur a paru soudain et étonnant, suite à ce qu'on appellerait maintenant une maladie saisonnière, que de nombreux éléments donnent à penser particulièrement virulentes pendant l'hiver 1673.

La pièce est annoncée dans le Mercure Galant dès l'automne 1672, des ballets de Beauchamp sont prévus. Suite aux différents avec Lully, Molière s'est tourné vers un jeune musicien, qui connaîtra un bel avenir, Charpentier. C'est qu'il tient au spectacle mixte, mêlant musique et comédie, qui rencontre d'ailleurs un grand succès auprès du public. Il a pu faire adoucir le monopole obtenu par Lully de musique chantée sur scène, et peut aligner 6 chanteurs et 12 instrumentistes, ce qui suffit largement à son projet scénique. Cette musique tenait une place importante dans la pièce, sa durée était en effet d'environ une heure, ce qui explique que la pièce en elle-même est « une petite pièce » en trois actes. La trame en est au final fort simple, et très proche de celle du Bourgeois gentilhomme, autre pièce où la musique occupe une grande place. Simplement ici, Argan, le personnage principal, a non pas la folie de la noblesse, mais de la maladie et de la médecine, et souhaite donc pour sa fille Angélique, un mariage avec un médecin, contrariant les amours de la jeune fille avec Cléante. Ce fil rouge permet de relier les épisodes comiques liés à la maladie et aux médecins. Une intrigue secondaire met en scène la jeune et intéressée femme d'Argan, qui essaie de détourner son héritage. Tous ces petits embarras seront résolu par la mort supposée du personnage principal, qui permet de dévoiler les caractères respectifs de sa femme et de sa fille. Comme dans le Bourgeois gentilhomme, la pièce se conclut par intronisation du personnage principal, ici comme médecin.

La pièce est particulièrement réussie, à mon sens, pour deux raisons. Déjà, le rire ici est sans arrière pensée. Il ne s'agit pas en effet de rire d'un personnage du commun qui veut pénétrer dans une caste interdite du fait de son origine, comme dans le Bourgeois gentilhomme, Georges Dandin, Les précieuses ridicules et d'autres pièces. Un rire au service des interdits sociaux en quelque sorte. La terreur de la mort et la fascination de la médecine au-delà du raisonnable, qui devient une pathologie, concerne tout le monde, dans tous les milieux et dans tous les temps.

Ensuite, la dénonciation des médecins, peut aussi avoir une autre lecture. Elle intervient chez Molière en grande partie à la suite de ses difficultés pour évoquer les hommes d'église et la religion. On peut donc faire l'hypothèse que sous couvert d'attaquer la médecine et ses représentants, Molière s'en prend également à ces autres hommes en noir que sont les religieux. Qui eux aussi prospèrent sur la peur de la mort, qui utilisent le latin, qui ont leurs rites et cérémonies, leurs querelles etc. Certains passages de la pièces vont clairement dans ce sens. Ce qui lui donne une profondeur supplémentaire.

Mais n'oublions pas que la pièce est avant tout une comédie, d'une efficacité redoutable et qui a traversé les siècles sans perdre de son potentiel comique.

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