Claude Pujade-Renaud
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kenavo
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Claude Pujade-Renaud
Source Wikipédia :
Claude Pujade-Renaud, née le 25 février 1932 à Bizerte (Tunisie) c’est une écrivaine française.
Elle a publié son premier roman La Ventriloque en 1978. Depuis, elle est l'auteur de plusieurs romans et recueils de nouvelles, remportant le prix Goncourt des lycéens pour Belle Mère (1994), le prix de l'écrit intime pour Le Sas de l'absence en 1998, le prix de la Fondation Thyde-Monnier de la SGDL en 2001 pour Un si joli petit livre. En 2004, elle a reçu le Grand prix Poncetton de la Société des gens de lettres, créé en 1970 et attribué à un auteur pour l'ensemble de son œuvre.
Après avoir enseigné la danse et l'expression corporelle dans le cadre de la formation des professeurs d'éducation physique, elle est devenue enseignante au département des sciences de l'éducation à l'Université Paris VIII, et est l'auteur de : Le Corps de l'élève dans la classe, Le Corps de l'enseignant dans la classe et L'École dans la littérature.
Claude Pujade-Renaud a créé et géré la revue Nouvelles Nouvelles (1985-1992) avec Daniel Zimmermann, avec qui elle a également écrit plusieurs livres à quatre mains (Les Écritures mêlées, Septuor, Duel).
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'La littérature est une maladie textuellement transmissible, que l'on contracte en général pendant l'enfance'. Jane Yolen.
domreader- Messages : 3627
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Re: Claude Pujade-Renaud
La Nuit La Neige
Claude Pujade-Renaud
Un roman à plusieurs voix, qui racontent une courte période de l’histoire espagnole alors très liée à l’histoire de France. Une de ces voix, la plus fréquente et la plus puissante est celle d’Anne-Marie des Ursins, la Princesse des Ursins, de son nom de jeune fille Marie-Anne de la Trémoille. Une femme extraordinaire qui a joué un rôle politique majeur en Espagne au 18ème siècle auprès du roi Philippe V.
Le roman s’ouvre sur une nuit glaciale terrible de 1714 à Jadraque alors qu’Anne-Marie des Ursins qui était déjà au service du roi d’Espagne depuis 20 vient à la rencontre de la future seconde épouse du roi d’Espagne, Elisabeth Farnèse. L’entrevue est courte et Madame de la Trémoille est brutalement envoyée en exil par la jeune femme qui la fait raccompagner à la frontière française sous bonne escorte dans le froid, la neige et la tempête.
Des années plus tard les deux femmes nous livrent leurs mémoires de ces temps troublés, de la nuit de Jadraque, et de tout ce qui va suivre. Petit à petit leur histoire s’éclaire, les machinations et les complots sont révélés :
‘tissant peu à peu l’Histoire de près d’un siècle de rivalités des Habsbourg et des Bourbons en terre d’Espagne, à travers les alliances, les enfantements, les combinaisons les plus intimes et les plus ‘’domestiques’’ de la politique.’ dixit l’éditeur.
Un très bon roman historique, je connaissais déjà Claude Pujade-Renaud, elle est de ces rares auteurs qui savent écrire des romans historiques qui ne sont ni mièvres (genre Christian Jacq) ni barbants, tout en étant relativement érudits. Ce n’est pas si courant et du coup j’ai passé un vrai bon moment de lecture plongée dans ces lignes au style élégant et fluide, au rythme des souvenirs de ces femmes et de leur plus proches suivantes. C'est le troisième roman que je lis de cet auteur et probablement pas le dernier.
Claude Pujade-Renaud
Un roman à plusieurs voix, qui racontent une courte période de l’histoire espagnole alors très liée à l’histoire de France. Une de ces voix, la plus fréquente et la plus puissante est celle d’Anne-Marie des Ursins, la Princesse des Ursins, de son nom de jeune fille Marie-Anne de la Trémoille. Une femme extraordinaire qui a joué un rôle politique majeur en Espagne au 18ème siècle auprès du roi Philippe V.
Le roman s’ouvre sur une nuit glaciale terrible de 1714 à Jadraque alors qu’Anne-Marie des Ursins qui était déjà au service du roi d’Espagne depuis 20 vient à la rencontre de la future seconde épouse du roi d’Espagne, Elisabeth Farnèse. L’entrevue est courte et Madame de la Trémoille est brutalement envoyée en exil par la jeune femme qui la fait raccompagner à la frontière française sous bonne escorte dans le froid, la neige et la tempête.
Des années plus tard les deux femmes nous livrent leurs mémoires de ces temps troublés, de la nuit de Jadraque, et de tout ce qui va suivre. Petit à petit leur histoire s’éclaire, les machinations et les complots sont révélés :
‘tissant peu à peu l’Histoire de près d’un siècle de rivalités des Habsbourg et des Bourbons en terre d’Espagne, à travers les alliances, les enfantements, les combinaisons les plus intimes et les plus ‘’domestiques’’ de la politique.’ dixit l’éditeur.
Un très bon roman historique, je connaissais déjà Claude Pujade-Renaud, elle est de ces rares auteurs qui savent écrire des romans historiques qui ne sont ni mièvres (genre Christian Jacq) ni barbants, tout en étant relativement érudits. Ce n’est pas si courant et du coup j’ai passé un vrai bon moment de lecture plongée dans ces lignes au style élégant et fluide, au rythme des souvenirs de ces femmes et de leur plus proches suivantes. C'est le troisième roman que je lis de cet auteur et probablement pas le dernier.
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domreader- Messages : 3627
Date d'inscription : 02/12/2016
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Re: Claude Pujade-Renaud
Merci pour ce fil, Claude Pujade-Renaud fait partie des auteurs que j'aime bien
je l'ai découvert avec Le Désert de la grâce, on y retrouve quelques faits historiques autour de l'abbaye de Port-Royal des Champs
ensuite j'ai lu La Danse océane qui se consacre de la vie de la danseuse Doris Humphrey
mais mon grand coup de coeur est Les femmes du braconnier qui raconte l'histoire entre Sylvia Plath et Ted Hughes, roman à plusieurs voix, un exploit
je l'ai découvert avec Le Désert de la grâce, on y retrouve quelques faits historiques autour de l'abbaye de Port-Royal des Champs
ensuite j'ai lu La Danse océane qui se consacre de la vie de la danseuse Doris Humphrey
mais mon grand coup de coeur est Les femmes du braconnier qui raconte l'histoire entre Sylvia Plath et Ted Hughes, roman à plusieurs voix, un exploit
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Re: Claude Pujade-Renaud
J'ai lu Au lecteur précoce et malgré un style qui m'a plu, je me suis pas mal ennuyée mais j'aime beaucoup les romans historiques et ça fait longtemps que je n'en ai pas lu, alors je le mets sur ma liste.
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Epi- Messages : 1943
Date d'inscription : 29/11/2016
Re: Claude Pujade-Renaud
Cela fait aussi bien longtemps que je n'ai lu de romans historiques, et jamais de cette auteure, mais tu as l'air enthousiaste, Dom
Je retiens le nom de ce roman!
Je retiens le nom de ce roman!
Ca me plairait ça!!!Kenavo a écrit:mais mon grand coup de coeur est Les femmes du braconnier qui raconte l'histoire entre Sylvia Plath et Ted Hughes, roman à plusieurs voix, un exploit
Aeriale- Messages : 11937
Date d'inscription : 30/11/2016
Re: Claude Pujade-Renaud
J'avais découvert cette auteure avec Le Jardin Forteresse, que j'avais trouvé magnifique. Un récit qui se passe en 400 avant JC dans un jardin enclos de hautes murailles et où s'amusent les trois filles du tyran Denys de Syracuse. J'ai du mal à en parler avec précision parce que ma lecture est trop lointaine. Mais je me souviens que ces murailles qui étaient censées protéger ces filles puis jeunes filles devenaient une prison incestueuse.
Un récit magnifique, troublant et avec une atmosphère étrange à la fois lumineuse et pesante. Je vous le recommande aussi.
Un récit magnifique, troublant et avec une atmosphère étrange à la fois lumineuse et pesante. Je vous le recommande aussi.
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domreader- Messages : 3627
Date d'inscription : 02/12/2016
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Re: Claude Pujade-Renaud
Les Femmes du Braconnier
Claude Pujade-Renaud
Encore un beau roman de Claude Pujade-Renaud, un roman à plusieurs voix qui nous narre les amours du poète Ted Hughes avec Sylvia Plath. Dans ce livre elle parvient vraiment à redonner vie à la flamboyante, fragile et très talentueuse Sylvia Plath qui semble former avec le ‘braconnier’ Ted Hughes le couple idéal tant ils sont complémentaires. Ted Hughes, un homme viril presque animal, magnétique avec un formidable appétit pour la vie, la nature, les mots, les femmes. Il est originaire du nord de l’Angleterre où il a passé son enfance dans la nature à chasser, observer, braconner et d’où il s’inspire beaucoup pour ses poèmes. Il fascine les femmes, bien sûr et Sylvia en fera les frais mais elle ne sera pas la seule puisque celles qui le côtoient de près finissent par se brûler les ailes.
Les narrateurs du roman sont à la fois les principaux personnages mais aussi leurs proches qui les suivent jusqu’à leur fin tragique. Un livre qu’on lit d’une traite en cherchant les textes des poèmes mentionnés pour faire écho au texte magnifique de Claude Pujade-Renaud. Voilà un écrivain que j’aime de plus en plus.
Claude Pujade-Renaud
Encore un beau roman de Claude Pujade-Renaud, un roman à plusieurs voix qui nous narre les amours du poète Ted Hughes avec Sylvia Plath. Dans ce livre elle parvient vraiment à redonner vie à la flamboyante, fragile et très talentueuse Sylvia Plath qui semble former avec le ‘braconnier’ Ted Hughes le couple idéal tant ils sont complémentaires. Ted Hughes, un homme viril presque animal, magnétique avec un formidable appétit pour la vie, la nature, les mots, les femmes. Il est originaire du nord de l’Angleterre où il a passé son enfance dans la nature à chasser, observer, braconner et d’où il s’inspire beaucoup pour ses poèmes. Il fascine les femmes, bien sûr et Sylvia en fera les frais mais elle ne sera pas la seule puisque celles qui le côtoient de près finissent par se brûler les ailes.
Les narrateurs du roman sont à la fois les principaux personnages mais aussi leurs proches qui les suivent jusqu’à leur fin tragique. Un livre qu’on lit d’une traite en cherchant les textes des poèmes mentionnés pour faire écho au texte magnifique de Claude Pujade-Renaud. Voilà un écrivain que j’aime de plus en plus.
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domreader- Messages : 3627
Date d'inscription : 02/12/2016
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Re: Claude Pujade-Renaud
contente de lire ton enthousiasme, ce roman est probablement mon préféré de Claude Pujade-Renaud, c'était un grand coup de coeur...
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Re: Claude Pujade-Renaud
La Danse Océane
C'est étrange de sortir d'une lecture qu'on a apprécié.. aimé même.. et dont on sait qu'on ne va pas pouvoir la recommander.Présentation de l'éditeur
Inventer une danse qui serait habitée par le ressac de l'océan, telle est l'obsession de Doris Humphrey, la célèbre danseuse et chorégraphe américaine des années 1930. L'itinéraire exceptionnel de Doris croise tôt celui de Pauline Lawrence, musicienne et décoratrice. Ensemble, avec leurs compagnons de vie et partenaires de scène, Charles Weidman et José Limon, elles vont créer, s'aimer, se haïr, se lier, se délier, s'opposer à la grande rivale, Martha Graham, protéger les débuts d'une danseuse nommée Louise Brooks...
Dans ce texte vibrant et sensuel, Claude PujadeRenaud retrace l'épopée des pionniers de la danse moderne américaine, mais elle se livre aussi, à travers le portrait de la fière, de la volontaire, de l'inflexible Doris Humphrey, vouant son corps et sa vie à la consécration de son entreprise, à une subtile réflexion sur la création et ses exigences.
En tout cas je ne pense pas qu'il y ait beaucoup de Bookies qui s'intéressent à cette femme qui a vécu pour la danse, l'expression du corps et la création de nouvelles formes de performance sur scène.
Je dois dire - je ne me suis pas intéressée non plus avant la lecture. J'avais choisi ce livre parce que je voulais lire un livre de Claude Pujade-Renaud et j'aime beaucoup les biographies romancées.
C'est ce que j'ai trouvé.. et à partir des premières pages c'était passionnant de suivre le chemin de cette femme hors norme.
Doris Humphrey disait: Le danseur est un penseur non verbal
je trouve que Claude Pujade-Renaud a trouvé de beaux mots pour traduire la danse de sa vie!
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George Gershwin
Re: Claude Pujade-Renaud
Dans l'ombre de la lumière
Claude Pujade-Renaud, que je découvre avec ce livre, imagine la vie de la femme anonyme qui a partagé la vie de Saint-Augustin pendant une quinzaine d'année, lui a donné un fils, et qui a été répudiée à cause d'un projet de mariage en cours, qui finalement n'aura pas lieu. Elle n'aurait pas rejoint, comme la tradition le laisse entendre, une communauté religieuse, mais serait revenue à Carthage dont elle est originaire, là où elle a vécu la plus grande partie de sa relation avec Augustin. le roman évoque les souvenirs, la relation de couple, mais aussi ce qui advient de suite dans la vie d'Augustin et de celle que Claude Pujade-Renaud a choisi de nommer Elissa. Elle devient en effet proche d'un couple, dont le mari handicapé, Silvanus, est copiste, et reproduit un certain nombre d'écrits de l'évêque d'Hippone, dont les fameuses Confessions, ouvrage pour lequel il se passionne et qu'il évoque longuement devant Elissa , qui découvre un certain nombre de choses sur leur liaison vue par son compagnon, et qui livre aussi en écho son vécu à elle. En arrière plan, le contexte historique et social, les changements entraînés en particulier par le christianisme devenu religion d'état, les convulsion de l'empire romain qui s'achemine vers sa fin sous la poussée des Barbares.
J'ai au départ eu une petite réticence, à cause de l'invraisemblance des données de départ : cette femme qui a vécu un certain nombre d'année avec un homme en vue comme Augustin, qui revient chez sa soeur relativement rapidement (Elissa ne sera pas restée bien longtemps en Italie), dont les voisins et relations, ne devaient pas ignorer la situation, où d'ailleurs Alypius, un ami proche d'Augustin va la chercher sans problème lorsque le récit l'exige, peut devenir après son retour anonyme, personne n'ayant gardé la moindre trace de ses liens avec un Augustin qui devient de plus en plus célèbre. Et puis ce copiste qui lui lit les écrits d'Augustin, dont les Confessions, d'une façon si providentielle. Mais j'ai pu rapidement passer sur cet aspect quelque peu artificiel, car cela permettait en effet de mettre en parallèle les deux voix, et était indispensable pour que le roman puisse développer son propos. Une sorte de licence romanesque en somme.
Comme souvent, il vaut mieux ne pas lire et se fier aux présentation de l'éditeur, d'après qui Claude Pujade- Renaud « replique à l'histoire officielle ». Or elle suit en réalité avec une grande fidélité les données historiques que l'on peut trouver par exemple dans Les Confessions ou dans les biographies de référence, comme celles de Peter Brown ou Serge Lancel, qu'elle cite d'ailleurs parmi ses sources. Elle résume aussi sans réellement les déformer, un certain nombre d'idées exprimées par Saint-Augustin, surtout celles qui sont passées dans le débat plus grand public, en les simplifiant parfois très fortement, mais c'est inévitable dans un roman qui n'est pas par essence un traité de philosophie, et logique dans la bouche d'un personnage comme Elissa. Mais globalement le livre permet à quelqu'un qui n'aurait pas lu Les confessions et ne se serait pas intéressé à Saint-Augustin d'avoir une première idée de ce qu'a pu être la vie et un tout petit peu la pensée de cet homme.
Bien évidemment, c'est une femme blessée, rejetée par celui à qui elle a tout donné, qui a été séparée de son fils, et qui souffre. Et comme c'est elle qui parle, qu'elle est attachante, on peut avoir la sensation que l'auteur privilégie sa parole, son témoignage, par rapport à ceux de son illustre ex-compagnon. Mais là aussi je trouve que le livre est bien plus subtil et plus complexe que ce certains commentaires pourraient le laisser penser. Par exemple, Elissa évoque longuement Monique, la mère d'Augustin. Autant le dire, elle la déteste franchement, et cela dès le premier regard, pourrait-on penser à lire le roman. Tellement de choses ont été dites et écrites sur celle qui deviendra Sainte- Monique, sa relation avec son fils, en particulier a donné lieu à un nombre incalculables d'interprétations, entre autres psychanalytiques. Nul doute qu'elle aura été pour Saint-Augustin la femme de sa vie, qui n'a laissé que bien peu de place pour les autres. L'aversion d'Elissa est explicable, comme l'est sa façon d'essayer de lui attribuer la responsabilité de tout ce qui ne lui plaît pas chez Augustin, et en premier lieu son abandon. Mais on n'est pas obligé de la croire complètement sur parole, d'autant que Claude Pujade-Renaud suggère à un moment une sorte de mauvaise foi. Elissa exprime dans un passage de la sympathie pour Patricius, le père d'Augustin, qu'elle n'a pas connu. Elle lui reconnaît quelques défauts, comme ses infidélités et sa brutalité, envers serviteurs et animaux. Et là, le lecteur des Confessions s'attend qu'elle parle aussi du fait qu'il battait sa femme, élément qui figure à ce moment du livre de Saint-Augustin. Mais Elissa n'en dit rien, et il est clair qu'elle est au courant, à un autre moment ce passage est évoqué de façon très reconnaissable dans les lectures de Silvanus. Mais elle choisit de passer sous silence ce fait qui rendrait Patricius bien moins sympathique et Monique peut-être moins antipathique. Il ne faut donc pas prendre pour argent comptant tout ce qui dit Elissa, elle aussi livre sa version de l'histoire, qu'elle peut aussi arranger, ou dont elle n'a pas tous les éléments en main pour donner une version tout à fait complète et objective.
Encore plus intéressant à mon sens, ce passage dans lequel Sylvanus lit un extrait des Confessions dans lequel Augustin exprime une intense souffrance psychique, avant sa conversion. Cela aussi a donné lieu à énormément de lectures, à des diagnostics cliniques (dépression etc). Et Elissa réalise qu'elle n'avait pas eu conscience de cette souffrance chez l'homme qu'elle aimait. Comme si deux histoires parallèles se vivaient en même temps, sans réussir à vraiment se rejoindre. Ce qui pose la question du couple, du vivre ensemble, de ce qui est vraiment partagé, commun. Toute cette angoisse existentielle d'Augustin, dont la grande affaire aura été de donné un sens au monde et à son existence, qu'il a résolu uniquement par sa plongée dans la foi, semble avoir complètement échappé à Elissa. Ce qui pose aussi le questionnement, à mon avis essentiel, de savoir pourquoi tant d'hommes se satisfont très bien d'une relation de couple dans lequel leur partenaire partage (en réalité prend en charge) le quotidien, mais pas le reste, dans le cas d'Augustin, le philosophique, le spirituel. Où elle reste exclue de ce qui est considéré comme le plus essentiel. le livre évoque l'histoire biblique de Marthe et Marie, et suggère l'assimilation d'Elissa à Marthe. On a plus tendance maintenant à vouloir, tout au moins dans des déclarations d'intentions, que les femmes assurent les deux postures. Mais c'est vraiment une exigence énorme, si en même temps les hommes ne prennent pas en charge une part conséquente de la part de Marthe, parce que faire peser tout sur les femmes, les quotidien, le professionnel, le sensible, l'intellectuel, les met forcément dans une situation impossible qui peut mener rapidement à un sentiment d'échec.
Aimer Augustin aura été au final la seule chose qui ait eu de l'importance pour Elissa, tout le roman évoque cet amour, dont elle ne s'affranchit pas malgré la trahison, malgré l'absence, malgré les années. le livre est au final une sorte de déclaration d'amour à cet homme, comme Les confessions sont aussi une déclaration d'amour que cet homme fait à son Dieu, qui exclut tout autre amour, comme l'amour qu'Elissa porte à Augustin lui rend impossible d'aimer quelqu'un d'autre. L'absolu de l'un répond à l'absolu de l'autre.
Un beau livre qui ouvre beaucoup de pistes de réflexion.
Claude Pujade-Renaud, que je découvre avec ce livre, imagine la vie de la femme anonyme qui a partagé la vie de Saint-Augustin pendant une quinzaine d'année, lui a donné un fils, et qui a été répudiée à cause d'un projet de mariage en cours, qui finalement n'aura pas lieu. Elle n'aurait pas rejoint, comme la tradition le laisse entendre, une communauté religieuse, mais serait revenue à Carthage dont elle est originaire, là où elle a vécu la plus grande partie de sa relation avec Augustin. le roman évoque les souvenirs, la relation de couple, mais aussi ce qui advient de suite dans la vie d'Augustin et de celle que Claude Pujade-Renaud a choisi de nommer Elissa. Elle devient en effet proche d'un couple, dont le mari handicapé, Silvanus, est copiste, et reproduit un certain nombre d'écrits de l'évêque d'Hippone, dont les fameuses Confessions, ouvrage pour lequel il se passionne et qu'il évoque longuement devant Elissa , qui découvre un certain nombre de choses sur leur liaison vue par son compagnon, et qui livre aussi en écho son vécu à elle. En arrière plan, le contexte historique et social, les changements entraînés en particulier par le christianisme devenu religion d'état, les convulsion de l'empire romain qui s'achemine vers sa fin sous la poussée des Barbares.
J'ai au départ eu une petite réticence, à cause de l'invraisemblance des données de départ : cette femme qui a vécu un certain nombre d'année avec un homme en vue comme Augustin, qui revient chez sa soeur relativement rapidement (Elissa ne sera pas restée bien longtemps en Italie), dont les voisins et relations, ne devaient pas ignorer la situation, où d'ailleurs Alypius, un ami proche d'Augustin va la chercher sans problème lorsque le récit l'exige, peut devenir après son retour anonyme, personne n'ayant gardé la moindre trace de ses liens avec un Augustin qui devient de plus en plus célèbre. Et puis ce copiste qui lui lit les écrits d'Augustin, dont les Confessions, d'une façon si providentielle. Mais j'ai pu rapidement passer sur cet aspect quelque peu artificiel, car cela permettait en effet de mettre en parallèle les deux voix, et était indispensable pour que le roman puisse développer son propos. Une sorte de licence romanesque en somme.
Comme souvent, il vaut mieux ne pas lire et se fier aux présentation de l'éditeur, d'après qui Claude Pujade- Renaud « replique à l'histoire officielle ». Or elle suit en réalité avec une grande fidélité les données historiques que l'on peut trouver par exemple dans Les Confessions ou dans les biographies de référence, comme celles de Peter Brown ou Serge Lancel, qu'elle cite d'ailleurs parmi ses sources. Elle résume aussi sans réellement les déformer, un certain nombre d'idées exprimées par Saint-Augustin, surtout celles qui sont passées dans le débat plus grand public, en les simplifiant parfois très fortement, mais c'est inévitable dans un roman qui n'est pas par essence un traité de philosophie, et logique dans la bouche d'un personnage comme Elissa. Mais globalement le livre permet à quelqu'un qui n'aurait pas lu Les confessions et ne se serait pas intéressé à Saint-Augustin d'avoir une première idée de ce qu'a pu être la vie et un tout petit peu la pensée de cet homme.
Bien évidemment, c'est une femme blessée, rejetée par celui à qui elle a tout donné, qui a été séparée de son fils, et qui souffre. Et comme c'est elle qui parle, qu'elle est attachante, on peut avoir la sensation que l'auteur privilégie sa parole, son témoignage, par rapport à ceux de son illustre ex-compagnon. Mais là aussi je trouve que le livre est bien plus subtil et plus complexe que ce certains commentaires pourraient le laisser penser. Par exemple, Elissa évoque longuement Monique, la mère d'Augustin. Autant le dire, elle la déteste franchement, et cela dès le premier regard, pourrait-on penser à lire le roman. Tellement de choses ont été dites et écrites sur celle qui deviendra Sainte- Monique, sa relation avec son fils, en particulier a donné lieu à un nombre incalculables d'interprétations, entre autres psychanalytiques. Nul doute qu'elle aura été pour Saint-Augustin la femme de sa vie, qui n'a laissé que bien peu de place pour les autres. L'aversion d'Elissa est explicable, comme l'est sa façon d'essayer de lui attribuer la responsabilité de tout ce qui ne lui plaît pas chez Augustin, et en premier lieu son abandon. Mais on n'est pas obligé de la croire complètement sur parole, d'autant que Claude Pujade-Renaud suggère à un moment une sorte de mauvaise foi. Elissa exprime dans un passage de la sympathie pour Patricius, le père d'Augustin, qu'elle n'a pas connu. Elle lui reconnaît quelques défauts, comme ses infidélités et sa brutalité, envers serviteurs et animaux. Et là, le lecteur des Confessions s'attend qu'elle parle aussi du fait qu'il battait sa femme, élément qui figure à ce moment du livre de Saint-Augustin. Mais Elissa n'en dit rien, et il est clair qu'elle est au courant, à un autre moment ce passage est évoqué de façon très reconnaissable dans les lectures de Silvanus. Mais elle choisit de passer sous silence ce fait qui rendrait Patricius bien moins sympathique et Monique peut-être moins antipathique. Il ne faut donc pas prendre pour argent comptant tout ce qui dit Elissa, elle aussi livre sa version de l'histoire, qu'elle peut aussi arranger, ou dont elle n'a pas tous les éléments en main pour donner une version tout à fait complète et objective.
Encore plus intéressant à mon sens, ce passage dans lequel Sylvanus lit un extrait des Confessions dans lequel Augustin exprime une intense souffrance psychique, avant sa conversion. Cela aussi a donné lieu à énormément de lectures, à des diagnostics cliniques (dépression etc). Et Elissa réalise qu'elle n'avait pas eu conscience de cette souffrance chez l'homme qu'elle aimait. Comme si deux histoires parallèles se vivaient en même temps, sans réussir à vraiment se rejoindre. Ce qui pose la question du couple, du vivre ensemble, de ce qui est vraiment partagé, commun. Toute cette angoisse existentielle d'Augustin, dont la grande affaire aura été de donné un sens au monde et à son existence, qu'il a résolu uniquement par sa plongée dans la foi, semble avoir complètement échappé à Elissa. Ce qui pose aussi le questionnement, à mon avis essentiel, de savoir pourquoi tant d'hommes se satisfont très bien d'une relation de couple dans lequel leur partenaire partage (en réalité prend en charge) le quotidien, mais pas le reste, dans le cas d'Augustin, le philosophique, le spirituel. Où elle reste exclue de ce qui est considéré comme le plus essentiel. le livre évoque l'histoire biblique de Marthe et Marie, et suggère l'assimilation d'Elissa à Marthe. On a plus tendance maintenant à vouloir, tout au moins dans des déclarations d'intentions, que les femmes assurent les deux postures. Mais c'est vraiment une exigence énorme, si en même temps les hommes ne prennent pas en charge une part conséquente de la part de Marthe, parce que faire peser tout sur les femmes, les quotidien, le professionnel, le sensible, l'intellectuel, les met forcément dans une situation impossible qui peut mener rapidement à un sentiment d'échec.
Aimer Augustin aura été au final la seule chose qui ait eu de l'importance pour Elissa, tout le roman évoque cet amour, dont elle ne s'affranchit pas malgré la trahison, malgré l'absence, malgré les années. le livre est au final une sorte de déclaration d'amour à cet homme, comme Les confessions sont aussi une déclaration d'amour que cet homme fait à son Dieu, qui exclut tout autre amour, comme l'amour qu'Elissa porte à Augustin lui rend impossible d'aimer quelqu'un d'autre. L'absolu de l'un répond à l'absolu de l'autre.
Un beau livre qui ouvre beaucoup de pistes de réflexion.
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Je ne lis jamais un livre dont je dois écrire la critique ; on se laisse tellement influencer. (Oscar Wilde)
Arabella- Messages : 4815
Date d'inscription : 29/11/2016
Re: Claude Pujade-Renaud
waouh, quel commentaire...
tu me donnes envie de remettre un des livres de Claude Pujade-Renaud sur ma PAL
tu me donnes envie de remettre un des livres de Claude Pujade-Renaud sur ma PAL
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Re: Claude Pujade-Renaud
Moi j'ai envie de continuer avec elle.
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Arabella- Messages : 4815
Date d'inscription : 29/11/2016
Re: Claude Pujade-Renaud
C'était le suivant de ma liste à lire de cette auteure ! Tu confirmes mon choix.
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domreader- Messages : 3627
Date d'inscription : 02/12/2016
Localisation : Ile de France
Re: Claude Pujade-Renaud
Les enfants des autres
Ayant apprécié Dans l'ombre de la lumière, le livre que Claude Pujade-Renaud a consacré à la compagne anonyme de Saint-Augustin, et avec le sens de la mesure qui me caractérise, je me suis offert un gros volume, Oeuvres tome1, comprenant 8 de ses livres, choisis parmi les plus précoces. le premier opus est Les enfants des autres, un recueil de 13 nouvelles, paru en 1985.
Même s'il est questions d'enfants dans certaines de ces nouvelles, on y évoque encore davantage les femmes, leurs angoisses (maternité, ménopause etc) leur difficulté à ne pas vivre une sorte d'existence secondaire dans l'ombre des hommes, ou dans leur absence (ou manque si on veut). Sauf le premier texte (dont le récit commence en 1935), les autres se placent à l'époque où ils sont été écrits, donc pas si loin de la nôtre.
Ces textes ont d'indéniables qualités, mais je n'ai pas été aussi charmée que par Dans l'ombre de la lumière. J'ai énormément aimé la première nouvelle, le prix du bal, l'histoire de cette gamine née en dehors du mariage, élevée dans un couvent, forte personnalité que l'on voit se construire, s'affirmer, et qui découvre toute la cruauté du monde. de même la dernière nouvelle du recueil, La maison des demoiselles, une belle ballade dans la nature, à la recherche d'une maison qui semble à chaque fois se dérober, m'a enchantée. le texte qui donne son titre au livre, avec une petite fille impétueuse, a aussi du charme et l'auteure y fait preuve d'un peu d'humour, même si certains traits sont un peu trop appuyés à mon sens. Mais j'ai été moins convaincue par toutes ces histoires de femmes, un peu trop amorphes, victimes consentantes, que j'aurais eu terriblement envie de secouer pour les faire sortir d'une forme de passivité et d'acceptation. Les portraits de certains de ces personnages m'ont parus moins convaincants, un peu trop orientés sur une dimension.
Je ne voudrais pas paraître trop sévère pour ce recueil, qui comporte comme je l'ai déjà dit deux très beaux textes, et les autres ne sont pas non plus sans intérêt. En tous les cas l'ensemble me donne envie de continuer à explorer Claude Pujade-Renaud, d'autant plus que j'ai vu que dans le livre suivant de mon gros tome, La danse océane, il est entre autres question de Louise Brooks, dont j'ai vu presque tous les films.
Ayant apprécié Dans l'ombre de la lumière, le livre que Claude Pujade-Renaud a consacré à la compagne anonyme de Saint-Augustin, et avec le sens de la mesure qui me caractérise, je me suis offert un gros volume, Oeuvres tome1, comprenant 8 de ses livres, choisis parmi les plus précoces. le premier opus est Les enfants des autres, un recueil de 13 nouvelles, paru en 1985.
Même s'il est questions d'enfants dans certaines de ces nouvelles, on y évoque encore davantage les femmes, leurs angoisses (maternité, ménopause etc) leur difficulté à ne pas vivre une sorte d'existence secondaire dans l'ombre des hommes, ou dans leur absence (ou manque si on veut). Sauf le premier texte (dont le récit commence en 1935), les autres se placent à l'époque où ils sont été écrits, donc pas si loin de la nôtre.
Ces textes ont d'indéniables qualités, mais je n'ai pas été aussi charmée que par Dans l'ombre de la lumière. J'ai énormément aimé la première nouvelle, le prix du bal, l'histoire de cette gamine née en dehors du mariage, élevée dans un couvent, forte personnalité que l'on voit se construire, s'affirmer, et qui découvre toute la cruauté du monde. de même la dernière nouvelle du recueil, La maison des demoiselles, une belle ballade dans la nature, à la recherche d'une maison qui semble à chaque fois se dérober, m'a enchantée. le texte qui donne son titre au livre, avec une petite fille impétueuse, a aussi du charme et l'auteure y fait preuve d'un peu d'humour, même si certains traits sont un peu trop appuyés à mon sens. Mais j'ai été moins convaincue par toutes ces histoires de femmes, un peu trop amorphes, victimes consentantes, que j'aurais eu terriblement envie de secouer pour les faire sortir d'une forme de passivité et d'acceptation. Les portraits de certains de ces personnages m'ont parus moins convaincants, un peu trop orientés sur une dimension.
Je ne voudrais pas paraître trop sévère pour ce recueil, qui comporte comme je l'ai déjà dit deux très beaux textes, et les autres ne sont pas non plus sans intérêt. En tous les cas l'ensemble me donne envie de continuer à explorer Claude Pujade-Renaud, d'autant plus que j'ai vu que dans le livre suivant de mon gros tome, La danse océane, il est entre autres question de Louise Brooks, dont j'ai vu presque tous les films.
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Je ne lis jamais un livre dont je dois écrire la critique ; on se laisse tellement influencer. (Oscar Wilde)
Arabella- Messages : 4815
Date d'inscription : 29/11/2016
Re: Claude Pujade-Renaud
Inventer une danse qui serait habitée par le ressac de l'océan, telle est l'obsession de Doris Humphrey, la célèbre danseuse et chorégraphe américaine des années 1930. L'itinéraire exceptionnel de Doris croise tôt celui de Pauline Lawrence, musicienne et décoratrice. Ensemble, avec leurs compagnons de vie et partenaires de scène, Charles Weidman et José Limón, elles vont créer, s'aimer, se haïr, se lier, se délier, s'opposer à la grande rivale, Martha Graham, protéger les débuts d'une danseuse nommée Louise Brooks...
Dans ce texte vibrant et sensuel, Claude Pujade-Renaud retrace l'épopée des pionniers de la danse moderne américaine, mais elle se livre aussi, à travers le portrait de la fière, de la volontaire, de l'inflexible Doris Humphrey, vouant son corps et sa vie à la consécration de son entreprise, à une subtile réflexion sur la création et ses exigences.
408 pages
Nous avons fait une lecture commune autour de ce livre : à retrouver en cliquant ici
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Et, du monde indistinct des rêves, là où se terrent les secrets mystiques, une réponse surgit.
Queenie- Messages : 7153
Date d'inscription : 29/11/2016
Localisation : Stable.
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