Marie Darrieussecq
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Marie Darrieussecq

Marie Darrieussecq, née le 3 janvier 1969 à Bayonne, est une écrivaine française.
Elle a exercé quelques années comme psychanalyste.
Propulsée sur la scène médiatique dès 1996 avec la parution de son premier roman Truismes, best-seller traduit dans une quarantaine de langues, elle est l'auteur d'une œuvre littéraire dense, lauréate en 2013 du Prix Médicis pour Il faut beaucoup aimer les hommes.
Accusée à plusieurs reprises de plagiat, notamment lors de la parution de Tom est mort, elle répond par l'écriture de son premier et seul essai Rapport de police.
Auteur d'une thèse sur l'autofiction, elle puise ses influences littéraires chez Franz Kafka ou dans la littérature antique, comme Ovide dont elle a traduit les Tristes et les Pontiques.
Source: Wikipédia
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Re: Marie Darrieussecq

Être ici est une splendeur Vie de Paula M.Becker
Présentation de l’éditeur
Paula Modersohn-Becker voulait peindre et c’est tout. Elle était amie avec Rilke. Elle n’aimait pas tellement être mariée. Elle aimait le riz au lait, la compote de pommes, marcher dans la lande, Gauguin, Cézanne, les bains de mer, être nue au soleil, lire plutôt que gagner sa vie, et Paris. Elle voulait peut-être un enfant - sur ce point ses journaux et ses lettres sont ambigus.
Elle a existé en vrai, de 1876 à 1907. Paula Modersohn-Becker est une artiste allemande de la fin du XIXème siècle, peintre, célèbre en Allemagne et dans beaucoup d'autres pays au monde, mais à peu près inconnue en France bien qu'elle y ait séjourné à plusieurs reprises et fréquenté l'avant-garde artistique et littéraire de son époque.
Née en 1876 et morte en 1907 des suites d'un accouchement, elle est considérée comme l'une des représentantes les plus précoces du mouvement expressionniste allemand.
La biographie que lui consacre Marie Darrieussecq (nouveau territoire pour l’auteur de "Il faut beaucoup aimer les hommes") reprend tous les éléments qui marquent la courte vie de Paula Modersohn-Becker. Mais elle les éclaire d’un jour à la fois féminin et littéraire. Elle montre, avec vivacité et empathie, la lutte de cette femme parmi les hommes et les artistes de son temps, ses amitiés (notamment avec Rainer Maria Rilke), son désir d’expression et d’indépendance sur lesquels elle insiste particulièrement.
Coup de cœur !
Les images de Paula Modersohn-Becker se trouvent aussi sur le fil de la Colonie des artistes à Worpswede.
La France semble découvrir cette artiste seulement maintenant à travers cette grande expo au Musée d’Art moderne de la Ville de Paris.
Et on peut approfondir cette découverte avec ce livre.
Marie Darrieussecq a écrit un sublime hommage, la maison d’édition l’appelle « biographie », mais en ce qui me concerne, c’est bien plus.
À côté de Paula, on découvre aussi un peu la colonie des artistes à Worpswede (surtout Rainer Maria Rilke et naturellement le mari de Paula, Otto Modersohn).
C’est intéressant, mais surtout plein de passion et d’enthousiasme de la part de Marie Darrieussecq. On ressent à travers ses mots son envie de partager son adoration pour cette artiste.
Cela vibre, chante, tourbillonne et on traverse cette courte vie de Paula avec beaucoup d’empathie et si on ne connait pas bien son œuvre, au plus tard à la fin on a envie de s’émerger dans son monde pictural.
Impressionnant et tout à fait à part.
J’ai adoré !
on peut lire les premières pages ici
Extraits les images ne se trouvent pas dans le livre


Fille devant fenêtre
1902. Une jeune fille devant la fenêtre. Le visage est encadré de deux vases. Errière, des arbres, et toujours la colline en triangle. Le visage est penché, le regard ailleurs, mélancolique et pensif.
Paula l’a peinte sur une plaque d’ardoise. De ce support singulier, il semble que la robe, les vases, les yeux, tirent un gris sombre. Le visage est fendu par une fine cassure. L’ardoise est fêlée. Le tableau est intransportable. Il m’est arrivé de retourner à Brême seulement pour le voir.

Elsbeth dans le jardinier
L’autre grand tableau de la féconde année 1902, c’est le portrait d’Elsbeth dans le verger. La fillette, quatre ans, porte une robe à manches courtes, blanche à pois bleus, que son ventre arrondit. Ce qui ôte toute mièvrerie à cette toile si jolie, c’est qu’elle vient après les corps crayonnés, charbonneux, cagneux, gonflés, mal fichus, des petits modèles de Worpswede. Elle vient après un énorme travail.
« Mère, pardon pour cette lettre peu ponctuelle [,,,]. Il n’y a de place pour rien d’autre que ma dévotion au travail. C’est l’aube en moi, et le jour approche. Je vais devenir quelqu’un. […] Je n’aurai plus à avoir honte et à rester silencieuse, et je sentirai avec fierté que je suis peintre. Je viens de finir un portrait d’Elsbeth, dans le verger des Brünjes, avec des poules qui courent et, à côté d’elle, une immense digitale en fleur. »
Paula a laissé tomber la perspective. Elsbeth est à plat sur la plaine. Elle est haute exactement comme la digitale. Les poules sont devant son torse. L’herbe, le bois et le ciel font trois bandes de couleur. Les pieds sont dans les racines. Le visage incliné est un infini vers l’enfance. La robe explose de blancheur. Aucune ombre. Comment a fait Paula pour donner à ces petites joues, à ces petits bras, le relief doux et rond absent du reste de la toile ? Elle a mis vingt-sept ans – elle a mis toute la vie.

Rainer Maria Rilke
Il pose alors pour Paula, dans ce temps retrouvé. Ils sont l’un devant l’autre, ils se regardent, dans la parole ou le silence, générosité mutuelle et don commun, ils font ce tableau comme on fait l’amitié. De leurs heures ensemble ce portrait est la trace. Rilke est orange, blanc, noir et vert. Il paraît très jeune. Une barbe de pharaon, une moustache de Hun, le col haut et rigide, le front large, les yeux cernés, le blanc de l’œil violet, le regard exorbité, les sourcils levés, la bouche ouverte. Il ressemble aux professeurs ahuris d’Adèle Blanc-Sec (et les chapeaux de Paula ressemblent à ceux d’Adèle). La bouche est lippue, le nez est gros, la barbe rectangulaire, les yeux noyés. Le visage est comme déformé par une tension vers la droite. Rilke regarde loin, ailleurs, dedans, il semble frappé par ce qui, le reste de sa vie, le fera écrire sans trop savoir vivre.

Autoportrait à la branche de camélia
Chez Paula il y a de vraies femmes. J’ai envie de dire des femmes enfin nues : dénudées du regard masculin. Des femmes qui ne posent pas devant un homme, qui ne sont pas vues par le désir, la frustration, la possessivité, la domination, la contrariété des hommes. Les femmes dans l’œuvre de Modersohn-Becker ne sont ni aguicheuses (Gervex), ni exotiques (Gauguin), ni provocantes (Manet), ni victimes (Degas), ni éperdues (Toulouse-Lautrec), ni grosses (Renoir), ni colossales (Picasso),m ni sculpturales (Puvis de Chavannes), ni éthérées (Caolus-Duran). Ni « en pâte d’amende blanche et rose » (Cabanel, moqué par Zola). Il n’y a chez Paula aucune revanche. Aucun discours. Aucun jugement. Elle montre ce qu’elle voit.
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George Gershwin
Re: Marie Darrieussecq
Eh bien voilà la suite
Beaucoup aimé aussi! Dévoré suite à la découverte de l'artiste lors de son expo...
Je reviendrai en dire quelques mots. Une vie passionnante et bouleversante à la fois.

Beaucoup aimé aussi! Dévoré suite à la découverte de l'artiste lors de son expo...
Je reviendrai en dire quelques mots. Une vie passionnante et bouleversante à la fois.
Aeriale- Messages : 10432
Date d'inscription : 30/11/2016
Re: Marie Darrieussecq
Être ici est une splendeur
Marie Darrieussecq raconte à sa façon la vie de Paula Modersohn-Becker, une peintre allemande de la fin du XIXe et tout début du XXe siècle, à l’époque quasi inconnue en France, qu’elle a découverte un peu par hasard. Le livre alterne, en brefs paragraphes, des extraits du journal et des lettres, écrits par Paula ou par ses proches, avec des passages de la plume de Marie Darrieussecq. Elle y résume quelques faits, mais donne aussi son sentiment sur la vie de Paula, sur la condition de la femme à l’époque, se positionne elle-même. C’est donc une sorte de biographie subjective, qui en dit autant sur son sujet déclaré que sur l’auteur elle-même.
Je me suis intéressée au livre, car j’ai découvert Paula Modersohn-Becker grâce à l’exposition qui lui a été consacré en 2016 par le musée d’Art Moderne de la Ville de Paris, et qui a été un véritable émerveillement. La lecture du livre de Marie Darrieussecq, qui a oeuvré pour la reconnaissance de sa peinture, me semblait intéressante.
Le procédé d’intercaler les textes m’a paru plutôt convaincant. Paula a tellement écrit, et retrouver sa voix authentique a quelque chose d’émouvant. Marie Darrieussecq trouve aussi des formules, des phrases fortes pour dire ce qu’elle perçoit de cette vie, pour nous traduire l’émotion qu’elle a ressentie face à l’artiste et à la femme.
J’ai toutefois commencé à un peu moins convaincue par ce dispositif au bout d’un moment, peut être parce que cela devenait un peu un procédé, et qu’il devenait difficile de lui garder sa fraîcheur et sa pertinence, ou peut être que l’auteur s’émoussait un tout petit peu au fur et à mesure que la vie de Paula se dirigeait vers sa fin. Mais c’est une petite restriction, j’ai pris un grand plaisir à cette lecture, j’ai aimé passer un moment en compagnie de Paula Modersohn-Becker et de Marie Darrieussecq.
Marie Darrieussecq raconte à sa façon la vie de Paula Modersohn-Becker, une peintre allemande de la fin du XIXe et tout début du XXe siècle, à l’époque quasi inconnue en France, qu’elle a découverte un peu par hasard. Le livre alterne, en brefs paragraphes, des extraits du journal et des lettres, écrits par Paula ou par ses proches, avec des passages de la plume de Marie Darrieussecq. Elle y résume quelques faits, mais donne aussi son sentiment sur la vie de Paula, sur la condition de la femme à l’époque, se positionne elle-même. C’est donc une sorte de biographie subjective, qui en dit autant sur son sujet déclaré que sur l’auteur elle-même.
Je me suis intéressée au livre, car j’ai découvert Paula Modersohn-Becker grâce à l’exposition qui lui a été consacré en 2016 par le musée d’Art Moderne de la Ville de Paris, et qui a été un véritable émerveillement. La lecture du livre de Marie Darrieussecq, qui a oeuvré pour la reconnaissance de sa peinture, me semblait intéressante.
Le procédé d’intercaler les textes m’a paru plutôt convaincant. Paula a tellement écrit, et retrouver sa voix authentique a quelque chose d’émouvant. Marie Darrieussecq trouve aussi des formules, des phrases fortes pour dire ce qu’elle perçoit de cette vie, pour nous traduire l’émotion qu’elle a ressentie face à l’artiste et à la femme.
J’ai toutefois commencé à un peu moins convaincue par ce dispositif au bout d’un moment, peut être parce que cela devenait un peu un procédé, et qu’il devenait difficile de lui garder sa fraîcheur et sa pertinence, ou peut être que l’auteur s’émoussait un tout petit peu au fur et à mesure que la vie de Paula se dirigeait vers sa fin. Mais c’est une petite restriction, j’ai pris un grand plaisir à cette lecture, j’ai aimé passer un moment en compagnie de Paula Modersohn-Becker et de Marie Darrieussecq.
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Je ne lis jamais un livre dont je dois écrire la critique ; on se laisse tellement influencer. (Oscar Wilde)
Arabella- Messages : 4644
Date d'inscription : 29/11/2016
Re: Marie Darrieussecq
Extrait
Les femmes n'ont pas de nom. Elles ont un prénom. Leur nom est un prêt transitoire, un signe instable, leur éphémère. Elles trouvent d'autres repères. Leur affirmation au monde, leur "être là", leur création, leur signature, en sont déterminés. Elles s'inventent dans un monde d'hommes par effraction.
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Arabella- Messages : 4644
Date d'inscription : 29/11/2016
Re: Marie Darrieussecq
je comprends ta petite restriction... mais je suis surtout contente que tu as autant aimé ce livre...Arabella a écrit:Mais c’est une petite restriction, j’ai pris un grand plaisir à cette lecture, j’ai aimé passer un moment en compagnie de Paula Modersohn-Becker et de Marie Darrieussecq.
à partir du moment qu'on est touché par les images de Paula Modersohn-Becker, je crois que les mots de Marie Darrieussecq ne laissent pas indifférents...
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George Gershwin
Re: Marie Darrieussecq
Tu as raison, les mots accompagnent les tableaux.
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Arabella- Messages : 4644
Date d'inscription : 29/11/2016
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