Franck Bouysse

Aeriale a écrit:Merci pour ton avis, @Nightingale.

Si je relis l'auteur, je pencherais plutôt pour Plateau alors, bien que les thèmes m'inspirent moins en ce moment. Des personnages cabossées, taiseux, emmurés etc... Je crains de me lasser à force.

Plateau, je suis en train de le lire.



Encore un livre qui vous embarque vite. On retrouve assez l'ambiance et l'unité de lieu de Grossir le ciel : un hameau perdu, la vie de quelques personnages isolés dans une campagne rude, des voisins aux origines et aux passés différents, un personnage qui vient y faire incursion et bousculer l'ordre établi.
Plus de dialogues dans celui-ci, il me semble, mais des dialogues souvent assez forts, pas de bavardage inutile, ces gens-là sont peut-être des taiseux, mais quand ils parlent, les mots ont leur importance.
Encore une fois, Bouysse démontre son grand attachement à ses personnages.

Né d'aucune femme

Je vais être la note discordante.
Je suis vraiment heureux d'avoir découvert cet auteur par les trois autres romans Grossir le ciel, Glaise, et Plateau.
Si j'avais commencé par Né d'aucune femme, c'est sûr que je ne serais pas allé plus loin avec Franck Bouysse.
J'ai trouvé le style très en-dessous des trois autres. Il y a bien quelques belles envolées, mais je trouve qu'elles ne servent pas aussi bien le récit. Quant à l'histoire, certes intéressante, je l'ai trouvée finalement très prévisible, et je n'ai guère pu m'attacher aux personnages, je suis resté très à distance et ne suis pas parvenu à être touché.
Non, vraiment, je suis passé à côté (mon épouse a eu exactement le même ressenti). Presque l'impression qu'il ne s'agit pas du même auteur.

J'ai eu le même ressenti pour 'Glaise'. Je crois bien que cet auteur n'est pas pour moi.

Ah, un avis discordant! Il en faut toujours, cela redonne matière à discussion.

Possible pour le côté prévisible, mais l'auteur m'avait bien embarquée sur le coup, j'ai moins vu les ficelles. Peut-être qu'à force de le lire on y est plus sensible? 

Je verrai si je le relis, pour l'instant il n'est pas dans mes priorités. Merci de ton avis!

Je sens qu'avec son prochain, chez Albin Michel, il va encore perdre de son beau plumage pour les fans de la première heure.

Aeriale a écrit:Ah, un avis discordant! Il en faut toujours, cela redonne matière à discussion.

Possible pour le côté prévisible, mais l'auteur m'avait bien embarquée sur le coup, j'ai moins vu les ficelles. Peut-être qu'à force de le lire on y est plus sensible? 

Je verrai si je le relis, pour l'instant il n'est pas dans mes priorités. Merci de ton avis!

C'est un peu ce truc étrange de découvrir un.e auteur.e par une œuvre plutôt qu'une autre.
Découvert avec Né d'aucune femme, j'ai ensuite lu Plateau que j'ai bien aimé, sans y retrouver la puissance qui m'avait soufflée avec Né d'aucune femme.
Plateau, je l'ai trouvé plus prévisible, plus ranplanplan, plus cliché grosses mains et grand cœur, que Né d'aucune femme.

Donc, au moins, cela veut dire que quelque chose se travaille dans son écriture, dans sa façon de raconter, dans les thèmes. Ce qui est bien, qu'un auteur bouge ses lignes intérieures. Après, il perd un public, en gagne un autre.
Espérons qu'il ne se perde pas en route, pas trop loin en tout cas.

Queenie a écrit:
Donc, au moins, cela veut dire que quelque chose se travaille dans son écriture, dans sa façon de raconter, dans les thèmes. Ce qui est bien, qu'un auteur bouge ses lignes intérieures. Après, il perd un public, en gagne un autre.
Espérons qu'il ne se perde pas en route, pas trop loin en tout cas.

Tu as tout à fait raison.

Buveurs de vent



Ils sont quatre, nés au Gour Noir, cette vallée coupée du monde, perdue au milieu des montagnes. Ils sont quatre, frères et sœur, soudés par un indéfectible lien.
Marc d’abord, qui ne cesse de lire en cachette.
Matthieu, qui entend penser les arbres.
Puis Mabel, à la beauté sauvage.
Et Luc, l’enfant tragique, qui sait parler aux grenouilles, aux cerfs et aux oiseaux, et caresse le rêve d’être un jour l’un des leurs.
Tous travaillent, comme leur père, leur grand-père avant eux et la ville entière, pour le propriétaire de la centrale, des carrières et du barrage, Joyce le tyran, l’animal à sang froid…

*****

Bon, cette fois c'est sûr, le divorce est définitivement consumé entre Franck Bouysse et moi !
Que dire ?
D'accord, le style est encore là avec de belles envolées. D'accord il y a une ambiance, des paysages, des personnages intéressants (en particulier cette fratrie, leurs parents, et le grand-père). D'accord il y a une histoire intéressante.
Mais on se demande où on est. Pourtant l'histoire semble inscrite dans une époque, on sait que le père a fait la guerre, qu'il a connu sa femme ensuite et que les 4 enfants sont nés. Alors qu'on est plongés dans une petite ville avec une usine et une carrière, et que le patron a la main-mise sur tout, on pourrait donc être dans une chronique "sociale". Mais on ne va pas franchement dans cette direction. Et on ne va pas non plus dans le sens d'une fable. Aucune des deux options n'est aboutie.
En plus, pour moi tout est gâché par d'autres personnages complètement caricaturaux, Joyce, Lynch, Snake (d'ailleurs pourquoi ces noms ridicules alors que tous les autres personnages ont des patronymes qui sonnent français ?). Chacun des actes de ces trois-là est totalement prévisible, tout est "gros", sans aucune subtilité.

Spoiler:

Personnellement, comme dans Né d'aucune femme, je n'y ai pas cru un seul instant.

Adieu M. Bouysse...

Je ne l’ai pas terminé, il se lit facilement pourtant, l’écriture est lumineuse avec une ambiance hors temps, des personnages charismatiques, de belles envolées, parfois un peu trop peut être..

On suit l’intrigue bien ancrée dans le réel, il y a effectivement des bons, des méchants (très méchants) un décor bien planté. Mais je comprends ce que veut dire Nightingale. 

Un peu trop de tout sans que l’on ressente la petite faille dans les personnages qui fait toute la différence. Ils me semblent trop éthérés, pas toujours crédibles. 

C’est ce mélange entre réalisme et conte qui dénote sans doute. Je continue...

Il n'avait qu'à pas trahir sa maison d'édition qui la soutenue depuis le début pour rejoindre Albin Michel et la thune. Vendu.

-Buveurs de vent-

Je suis arrivée au bout, mais il a fallu me forcer, j'avoue. Quel roman étrange. Ni conte car ancré dans une réalité sociale (une centrale, des ouvriers exploités, un patron tyrannique) Ni roman traditionnel car atemporel, peuplé de personnages aux noms bibliques (ou quasi empruntés à la BD ) tous plutôt éthérés et stéréotypés. Une sorte de fresque où des méchants très méchants oppriment des gentils peu crédibles, dans une succession de caractères brossés à la hâte et dépourvus de nuances. 

Résumé à la louche: Quatre frères et soeurs malmenés par un père traumatisé par la guerre qui ne rechigne pas à saisir le fouet, sauf pour sa fille, belle et  légère, chassée un jour de chez elle par la mère férue de religion. Elle trouvera refuge dans une pension et servira dans un bar malfamé où se réunissent les asservis de ce petit royaume tenu par un despote dont les sbires à sa botte, entre autres un shérif corrompu et un géant doublé d'un nain "au sand froid" Snake, terrorisent de pauvres hères. 

Comment y croire? Je n'ai pas pu m'attacher à cette (ces?) histoire(s) cousue(s) de fil blanc. Plusieurs intrigues s'entrecroisent, les protagonistes changent de comportement sans que l'on comprenne bien pourquoi (La subite révélation du père, de Snake, etc) L'impression que Bouysse, emporté par sa verve poétique, en oublie la logique. Son écriture est toujours très travaillée, trop à mon goût, mais elle en devient lourde et même vide de sens (j'ai dû relire des passages pour en saisir la signification tant les comparaisons affluent) Bref, je m'y suis assez vite ennuyée.

Dans une interview il disait avoir imaginé les personnages en fonction de ce paysage, ce viaduc d'où les frères se balancent au bout de cordes, et que tout s'était mis en place ensuite, qu'il les avait suivis, c'est eux qui avaient conduit le récit. C'est peut-être ça qui cloche. On ne sent pas réellement de fil conducteur, comme si l'auteur dépassé par l'ampleur de son projet, abordait trop de choses sans vraiment structurer l'ensemble ou y apporter un véritable dénouement. Déçue moi aussi, je le relirai peut-être mais dans ses tout premiers livres alors!

Voilà, Aeriale a tout dit !
Un peu facile de raconter que les personnages ont conduit le récit. C'est quand même bien lui écrit, non ? Quoique ?...


Je n'en reviens toujours pas, en comparaison du triptyque Glaise, Grossir le ciel, Plateau, où il créait des personnages tellement forts. Comment a-t-il pu en arriver à cette caricature de roman ?!
Et encore je ne vais pas redire du mal de Né d'aucune femme, car je sais que vous avez aimé, ici. Mais pour moi, ça préfigurait totalement ce dernier roman, avec les invraisemblances et les personnages déjà caricaturaux (des vilains-pas-beaux-très-très-méchants-pas-gentils...).

Merci pour vos commentaires, j’avais bien aimé Né d’aucune femme comme @aeriale, je passe mon tour pour celui-ci et j’essaierai plutôt Plateau !

Fatalité, hier après avoir pris quelques livres à la librairie, j'ai pu choisir un poche en cadeau. Et il y avait Plateau dans le lot. 

Je vous dirai donc ce que j'en pense bientôt ;-)