Ernest J. Gaines

par Nightingale Dim 14 Avr - 9:38

Ernest J. Gaines

(Photo by Joseph Sanford)

Ernest J. Gaines est né en 1933 dans une plantation de Louisiane et mort le 5 novembre 2019.

À neuf ans, il y ramasse des pommes de terre pour 50 cents par jour. À quinze, il rejoint la Californie et commence à lire avec passion, en regrettant que "son monde" ne figure pas dans les livres. Il décide d’écrire pour le mettre en scène et s’affirme vite comme un des auteurs majeurs du "roman du Sud". Le National Book Critics Circle Award, décerné en 1994 à Dites-leur que je suis un homme, ainsi qu’une nomination pour le prix Nobel de Littérature en 2004, récompensent l’ensemble d’une œuvre magistrale.

par Nightingale Dim 14 Avr - 9:46

Dites-leur que je suis un homme [A lesson before dying]

L'histoire se situe dans la Louisiane de la fin des années 40. Jefferson, un jeune Noir, se trouve "au mauvais endroit au mauvais moment", et se voit accusé du meurtre d'un commerçant blanc. Durant son procès, il est qualifié d'animal par son avocat. Il sera évidemment condamné à mort.
Sa marraine, sa "nan-nan" demande alors à l'instituteur Grant Wiggins de rencontrer Jefferson dans sa cellule, pour qu'il l'amène à mourir en homme, et non en animal.

C'est ainsi que s'ouvre le roman. Le narrateur sera Grant Wiggins, l'instituteur. Lui ne comprend pas vraiment pourquoi on lui demande ça. Il n'était pas proche de ce Jefferson. Il s'efforce simplement de faire la classe aux enfants Noirs "des quartiers", ce qui ne le satisfait pas complètement d'ailleurs. Depuis toujours, même s'il est parvenu à se hisser à une meilleure condition que tous les autres, il veut partir d'ici.
Ce n'est pas le roman d'un procès, ni seulement la chronique d'une exécution annoncée. Au travers de personnages forts, ce sont surtout des thèmes forts qui vont être abordés : la justice, la ségrégation, la religion. Chacun verra ses convictions ébranlées, surtout l'instituteur, entre autre dans un fabuleux chapitre mettant en scène un dialogue entre lui et le révérend Ambrose.
Un roman poignant. Le dernier quart est particulièrement fort.
Une très belle façon de découvrir l’œuvre d'Ernest J. Gaines.

par Nightingale Dim 14 Avr - 9:59

A découvrir aussi :

Colère en Louisiane [A gathering of old men]

Dans la chaleur moite du bassin du Mississippi, un coup de fusil ébranle la plantation Marshall. Le Cajun Beau Boutan a été abattu devant la porte du vieux Mathu, un Noir indépendant et fier, que tout accuse. Pour sauver du lynchage celui qui l'a élevée, la fille du propriétaire, Candy Marshall, se déclare coupable. Puis, tour à tour, ouvriers agricoles et métayers noirs racontent le drame chacun à sa manière et s'accusent du crime. Au cours de cette veillée où les confessions se répondent, conflits et solidarités entre communautés se révèlent. Le plus faulknérien des romans de Gaines.

Le nom du fils [In my father's house]

Au début des années 70, la lutte pour l'égalité des droits est loin d'être terminée pour les Noirs américains. Pour certains, c'est même le combat de chaque instant. Le révérend Phillip Martin, leader du mouvement dans une petite ville de Louisiane, est de ceux-là ; il a bâti autour de ce combat une vie solide et respectable. Jusqu'au jour où un mystérieux jeune homme vient rôder sans but apparent autour de sa maison... Gaines, avec son immense talent, nous entraîne dans une histoire où tension et suspense vont crescendo.

par domreader Sam 18 Sep - 10:44

Dites Leur Que Je Suis Un Homme

A Lesson Before Dying

Ernest J. Gaines

Un livre magnifique, d’une immense humanité dont on ressort le souffle court et les yeux humides.

Ernest J. Gaines nous dépeint là une petite communauté, au sein de la ville de Bayonne en Louisiane dans les années 40. Le racisme est dans l’ordre des choses, assumé et affiché. Les noirs sont loin d’avoir les mêmes droits que les blancs, ce sont des sous-hommes, du bétail tout juste bon à travailler les champs de canne à sucre. D’ailleurs, en plaidant la cause de son client Jefferson, un jeune noir accusé à tort, son avocat dit qu’il est si peu éduqué, si ignorant, que ce serait comme envoyer un porc à la chaise électrique ; il voulait dire par là que cela n’aurait pas grande utilité, ni grand sens, puisque selon lui son client n’est qu’un ahuri. La comparaison est mortifiante, humiliante, inhumaine. Et bien sûr le jeune noir est condamné à mort.

C’est bien ce que Jefferson retient, et dès lors il ne cessera de se conduire comme un animal que l’on va conduire à l’abattoir. Un jeune instituteur noir, Grant Wiggins va être chargé par la marraine du jeune homme, de faire en sorte qu’il relève la tête et se considère comme un homme avant de mourir. C’est ce cheminement des deux hommes dans un environnement hostile que décrit Ernest J. Gaines, ce lent retour à un semblant de dignité humaine.

Un roman magistral, à l’atmosphère très bien rendue, avec des dialogues forts, des personnages plus vrais que nature, qui traite bien sûr de la ségrégation, mais aussi de la religion et du rôle de l’enseignement dans une société ségrégationniste. Un livre à lire et à faire découvrir, je suis bien décidée à poursuivre avec cet auteur. Merci @Nightingale.

par **Queenie** Dim 19 Sep - 8:39

Quel commentaire !
Évidemment, j'ai vu mille fois le nom de cet auteur passer.
Je l'ai bien noter (ou re re noter), et je vais tenter de franchir le pas.

par domreader Dim 19 Sep - 8:45

Queenie a écrit:Quel commentaire !
Évidemment, j'ai vu mille fois le nom de cet auteur passer.
Je l'ai bien noter (ou re re noter), et je vais tenter de franchir le pas.

Je t'assure que ça vaut le détour et plus encore.

par Nightingale Dim 19 Sep - 8:56

domreader a écrit:Un livre à lire et à faire découvrir, je suis bien décidée à poursuivre avec cet auteur. Merci @Nightingale.

Oui, celui-ci est très fort. Si tu veux poursuivre avec cet auteur, je pense que aimeras les deux autres que j'ai cités.

En revanche, j'ai lu récemment Catherine Carmier.

Une plantation comme une autre, près de Bayonne, en Louisiane. Tout le monde se connaît, s’épie, s’aime ou se jalouse. Dans la touffeur de l’après-midi, la belle Catherine Carmier y promène parfois sa silhouette souple, sa peau si claire, sa solitude, sous les yeux de Jackson, un jeune professeur noir de retour sur sa terre natale. Mais Jackson n’est pas le seul qui la regarde, et, tout au long de soirées interminables, un drame se noue, silencieux.

Là, je dois dire que j'ai été moins emballé. Je me suis un peu ennuyé.
Autant dans le propos (un drame vraiment très classique que l'on peut trouver un peu simpliste et prévisible) que dans le style, je suis resté à distance des personnages.
Je pense que cela tient à la maturité de l'écriture de Gaines, qui n'est pas encore affirmée. En effet, celui-ci est son premier roman écrit en 1964.
Par comparaison, Le nom du fils est écrit en 1978 ; Colère en Louisiane en 1983 ; Dites-leur que je suis un homme est écrit en 1993.

par Liseron Dim 19 Sep - 19:24

C’est noté bien sûr, merci @domreader pour avoir relancé ce fil !

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