Jean-Jacques Rousseau
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Re: Jean-Jacques Rousseau
message de 2016
Les Rêveries du promeneur solitaire
Je n’ai lu pour l’instant que la cinquième promenade :
Je dois cette découverte à Merlette qui a visité l’île Saint-Pierre. Un grand merci, c’était délicieux et tout comme Jean-Jacques Rousseau, j’ai pratiqué le farniente lors de cette lecture…
De toutes les habitations où j'ai demeuré (et j'en ai eu de charmantes), aucune ne m'a rendu si véritablement heureux et ne m'a laissé de si tendres regrets que l'île de St-Pierre. On ne m’a laissé passer guère que deux mois dans cette île, mais j’y aurais passé deux ans, deux siècles et toute l’éternité sans m’y ennuyer un moment. Je compte ces deux mois pour le temps le plus heureux de ma vie et tellement heureux, qu’il m’eût suffit durant toute mon existence, sans laisser naître un seul instant dans mon âme le désir d’un autre état.
L’île dans sa petitesse est tellement variée dans ses terrains et ses aspects, qu’elle offre toutes sortes de sites et souffre toutes sortes de cultures. On y trouve des champs, des vignes, des bois, des vergers, de gras pâturages ombragés de bosquets et bordés d’arbrisseaux de toute espèce dont le bord des eaux entretien la fraîcheur ; une haute terrasse plantée de deux rangs d’arbres borde l’île dans sa longueur, et dans le milieu de cette terrasse on a bâti un joli salon où les habitants des rives voisines se rassemblent et viennent danser les dimanches durant les vendanges.
… j’aurais voulu qu’on m’eût fait e cet asile une prison perpétuelle, qu’on m’y eût confiné pour toute ma vie, et qu’en m’ôtant toute puissance et tout espoir d’en sortir, on m’eût interdit toute espèce de communication avec la terre ferme de sorte qu’ignorant tout ce qui se faisait dans le monde j’en eusse oublié l’existence et qu’on y eût oublié la mienne aussi.
Les Rêveries du promeneur solitaire
Je n’ai lu pour l’instant que la cinquième promenade :
La Cinquième promenade fait l’éloge du "far niente", de l’oisiveté, ou plutôt d’une activité sans contrainte. Le texte est rédigé d’après les souvenirs qu’a gardés Rousseau de son séjour sur l’île Saint-Pierre au milieu du lac de Bienne en Suisse. Dans cette cinquième promenade, Rousseau parle du concept du bonheur "un état fugitif qui nous laisse encore le cœur inquiet et vide, qui nous fait regretter quelque chose avant, ou désirer encore quelque chose après."
Wikipédia
Je dois cette découverte à Merlette qui a visité l’île Saint-Pierre. Un grand merci, c’était délicieux et tout comme Jean-Jacques Rousseau, j’ai pratiqué le farniente lors de cette lecture…
De toutes les habitations où j'ai demeuré (et j'en ai eu de charmantes), aucune ne m'a rendu si véritablement heureux et ne m'a laissé de si tendres regrets que l'île de St-Pierre. On ne m’a laissé passer guère que deux mois dans cette île, mais j’y aurais passé deux ans, deux siècles et toute l’éternité sans m’y ennuyer un moment. Je compte ces deux mois pour le temps le plus heureux de ma vie et tellement heureux, qu’il m’eût suffit durant toute mon existence, sans laisser naître un seul instant dans mon âme le désir d’un autre état.
L’île dans sa petitesse est tellement variée dans ses terrains et ses aspects, qu’elle offre toutes sortes de sites et souffre toutes sortes de cultures. On y trouve des champs, des vignes, des bois, des vergers, de gras pâturages ombragés de bosquets et bordés d’arbrisseaux de toute espèce dont le bord des eaux entretien la fraîcheur ; une haute terrasse plantée de deux rangs d’arbres borde l’île dans sa longueur, et dans le milieu de cette terrasse on a bâti un joli salon où les habitants des rives voisines se rassemblent et viennent danser les dimanches durant les vendanges.
… j’aurais voulu qu’on m’eût fait e cet asile une prison perpétuelle, qu’on m’y eût confiné pour toute ma vie, et qu’en m’ôtant toute puissance et tout espoir d’en sortir, on m’eût interdit toute espèce de communication avec la terre ferme de sorte qu’ignorant tout ce qui se faisait dans le monde j’en eusse oublié l’existence et qu’on y eût oublié la mienne aussi.
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Re: Jean-Jacques Rousseau
Pygmalion
Vous me connaissez bien, quand j‘ai lu sur la BD de Sandrine Revel „librement inspiré de“ - même pas question que je ne fasse d‘abord connaissance avec la sourceWikipédia a écrit:Pygmalion est une pièce en un acte de l'écrivain et philosophe Jean-Jacques Rousseau écrite vraisemblablement en 1762 lors de son exil à Neuchâtel. Il s'agit d'une scène lyrique comportant donc des commentaires musicaux.
Elle est constituée d'un long monologue confié au sculpteur Pygmalion entrecoupé de pantomimes et interrompu seulement à la fin par Galatée lorsque celle-ci s'éveille à la vie. La partie musicale a été composée par Horace Coignet, musicien lyonnais. La création eut lieu à Lyon en 1770 lors du passage de Rousseau dans cette ville.
Un texte très court (20 pages) qui donne l‘ambiance pour ensuite savourer au mieux les images de la version illustrée.
Pygmalion est un sculpteur qui tombe amoureux de sa statue, Galatée, et implore la déesse Aphrodite de donner vie à celle-ci afin qu’il puisse l’épouser. Ce mythe grec a été adapté pour le théâtre par Jean-Jacques Rousseau en 1770, sous une forme bien particulière : une pièce en un acte constituée d’un monologue du sculpteur Pygmalion, rythmé par les intermèdes musicaux du compositeur Georg Benda, qui souligne les mouvements du cœur du sculpteur. L’œuvre finale donne autant d’importance au texte qu’à la musique et donne naissance à un nouveau genre : le mélologue.
source
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Re: Jean-Jacques Rousseau
J'ignorais qu'il avait aussi écrit pour le théâtre en plus de l'opéra, merci pour la découverte @Kenavo.
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Je ne lis jamais un livre dont je dois écrire la critique ; on se laisse tellement influencer. (Oscar Wilde)
Arabella- Messages : 4799
Date d'inscription : 29/11/2016
Re: Jean-Jacques Rousseau
il s'agit vraiment que d'un texte très court
mais tout comme toi, j'étais surprise de le retrouver dans ce genre
mais tout comme toi, j'étais surprise de le retrouver dans ce genre
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Re: Jean-Jacques Rousseau
Les Confessions
Publié à titre posthume, en 1782 pour les livres I à VI et en 1789 pour les six dernières livres, le livre de Rousseau a connu néanmoins de son vivant quelques lectures, qui ont provoquées des vives réactions, au parfum de scandale. Dans ce livre présenté souvent comme une sorte de point de départ de récits autobiographiques au sens moderne du mot, Rousseau affirme vouloir se défendre, et exposer ce qu'il est, sans rien dissimuler, pour permettre au lecteur de le juger en pleine connaissance de cause, et il n'en doute pas, de l'absoudre, car il est « le meilleur des hommes ». Les Confessions suivent de près le cheminement chronologique de la vie de son auteur. Les livres I à VI sont consacrées à la période qui va jusqu'en 1740, au moment où l'auteur âgé de 28 ans arrive à Paris, c'est la période de jeunesse. Les livres VII à XII décrivent la période parisienne, et la fuite en Suisse, suite aux menaces d'emprisonnement provoquées par ses écrits, le récit s'arrête en 1765 dans un moment de grave crise.
C'est un livre très complexe, car Rousseau, au-delà du récit, volontairement scandaleux par son impudeur de son existence, y insère une partie de sa pensée philosophique, de sa vision du monde. Pas forcément d'une manière explicite, en partie en référence à d'autres textes. Loin de s'y montrer en pauvre être malheureux, l'auteur y fait preuve d'une capacité de persiflage très élaboré, pas plus bienveillant que la mordante ironie voltairienne, mais bien plus codé, réservé à ceux qui pourront le décrypter.
L'ironie et le persiflage débutent dès les premières lignes du texte, lignes devenues très célèbres :
« Je forme une entreprise qui n'eut jamais d'exemple, et dont l'exécution n'aura point d'imitateur. Je veux montrer à mes semblables un homme dans toute la vérité de la nature ; et cet homme, ce sera moi. »
Or Rousseau sait parfaitement que tout lecteur de son oeuvre, connaît les Confessions de St Augustin (ce n'est plus forcément le cas maintenant, mais cela l'était au XVIIIe siècle) et fera immédiatement le rapprochement. C'est comme s'il déclarait nulle et non avenue la grande oeuvre de son illustre prédécesseur. Et de nombreux passages du livre de Rousseau peuvent paraître s'inspirer de l'évêque d'Hippone, voire d'en offrir des sortes de parodies. On peut citer le vol de pomme perpétré par Rousseau, en opposition au vol de poires de St Augustin. Mais Rousseau décrit l'épisode de manière très humoristique, dans une sorte de fausse innocence, sans aucun sentiment de culpabilité. Son seul problème, c'est le fait d'être découvert et puni.
Le fait majeur, celui qui change toute la vie de St Augustin, c'est sa conversion de coeur, qui a lieu dans un jardin à Milan. Rousseau semble s'y référer dans une scène importante de ses Confessions, celle d'une sorte d'illumination qu'il connaît sur la route de Vincennes (il y va pour rendre visite à Diderot emprisonné). Sous un arbre, il lit, non pas la Bible, mais le Mercure de France, qui annonce un concours (Si le progrès des sciences et des arts a contribué à corrompre ou à épurer les moeurs ? ). St Augustin a reçu la grâce divine, le poussant à prêcher, à célébrer Dieu, et en essayant de convertir les hommes. Rousseau se sentira aussi la mission de répandre une bonne parole, mais une parole « laïque », une parole de raison, d'où Dieu est absent.
Il y a une opposition radicale dans la vision de l'humanité des deux hommes. St Augustin considère que l'homme est corrompu depuis le péché originel, et que seul la grâce de Dieu peut le sauver. Livré à ses seules forces, il est perdu, car le mal l'habite. Pour Rousseau, le mal vient de la société, de son organisation. L'homme est naturellement bon, c'est l'éducation et l'organisation de la société qui le corrompent. Les deux auteurs puisent dans leurs expériences respectives de quoi illustrer ces deux thèses opposés. Rousseau met en exergue son expérience lors de son apprentissage, chez un maître cruel, où il aurait appris à voler et à mentir, pour survivre plus que par plaisir.
Rousseau va bien sûr développer ses théories d'une manière plus approfondie et construite dans d'autres oeuvres, comme Emile, le contrat social, ou le discours sur l'origine et les fondements de l'inégalité parmi les hommes. Les Confessions sont plutôt une approche intuitive, sensible, de ses idées, illustrées, par des épisodes de son existence. Même s'il prend un visible plaisir à étaler des détails très intimes et troubles, au risque, ou plutôt dans le but de déstabiliser, de mettre mal à l'aise son lecteur, avec lequel il semble prendre un malin plaisir à jouer parfois. Car là aussi, au contraire de St Augustin, Rousseau s'adresse en permanence au lecteur, semble s'engager dans un dialogue, dit vouloir convaincre. Même si ce lecteur a très vite l'impression d'être en face de quelqu'un qui ne s'écoute que lui-même, et au final ne paraît avoir grande considération pour qui que ce soit d'autre que sa personne.
Sans aucun doute une oeuvre très importante, que son écriture rend très accessible. Que l'on soit d'accord ou non avec les idées de Rousseau, que l'on apprécie ou pas le personnage, il est difficile d'en faire l'impasse, tant elle a eu des résonances et des influences jusqu'à nos jours.
Publié à titre posthume, en 1782 pour les livres I à VI et en 1789 pour les six dernières livres, le livre de Rousseau a connu néanmoins de son vivant quelques lectures, qui ont provoquées des vives réactions, au parfum de scandale. Dans ce livre présenté souvent comme une sorte de point de départ de récits autobiographiques au sens moderne du mot, Rousseau affirme vouloir se défendre, et exposer ce qu'il est, sans rien dissimuler, pour permettre au lecteur de le juger en pleine connaissance de cause, et il n'en doute pas, de l'absoudre, car il est « le meilleur des hommes ». Les Confessions suivent de près le cheminement chronologique de la vie de son auteur. Les livres I à VI sont consacrées à la période qui va jusqu'en 1740, au moment où l'auteur âgé de 28 ans arrive à Paris, c'est la période de jeunesse. Les livres VII à XII décrivent la période parisienne, et la fuite en Suisse, suite aux menaces d'emprisonnement provoquées par ses écrits, le récit s'arrête en 1765 dans un moment de grave crise.
C'est un livre très complexe, car Rousseau, au-delà du récit, volontairement scandaleux par son impudeur de son existence, y insère une partie de sa pensée philosophique, de sa vision du monde. Pas forcément d'une manière explicite, en partie en référence à d'autres textes. Loin de s'y montrer en pauvre être malheureux, l'auteur y fait preuve d'une capacité de persiflage très élaboré, pas plus bienveillant que la mordante ironie voltairienne, mais bien plus codé, réservé à ceux qui pourront le décrypter.
L'ironie et le persiflage débutent dès les premières lignes du texte, lignes devenues très célèbres :
« Je forme une entreprise qui n'eut jamais d'exemple, et dont l'exécution n'aura point d'imitateur. Je veux montrer à mes semblables un homme dans toute la vérité de la nature ; et cet homme, ce sera moi. »
Or Rousseau sait parfaitement que tout lecteur de son oeuvre, connaît les Confessions de St Augustin (ce n'est plus forcément le cas maintenant, mais cela l'était au XVIIIe siècle) et fera immédiatement le rapprochement. C'est comme s'il déclarait nulle et non avenue la grande oeuvre de son illustre prédécesseur. Et de nombreux passages du livre de Rousseau peuvent paraître s'inspirer de l'évêque d'Hippone, voire d'en offrir des sortes de parodies. On peut citer le vol de pomme perpétré par Rousseau, en opposition au vol de poires de St Augustin. Mais Rousseau décrit l'épisode de manière très humoristique, dans une sorte de fausse innocence, sans aucun sentiment de culpabilité. Son seul problème, c'est le fait d'être découvert et puni.
Le fait majeur, celui qui change toute la vie de St Augustin, c'est sa conversion de coeur, qui a lieu dans un jardin à Milan. Rousseau semble s'y référer dans une scène importante de ses Confessions, celle d'une sorte d'illumination qu'il connaît sur la route de Vincennes (il y va pour rendre visite à Diderot emprisonné). Sous un arbre, il lit, non pas la Bible, mais le Mercure de France, qui annonce un concours (Si le progrès des sciences et des arts a contribué à corrompre ou à épurer les moeurs ? ). St Augustin a reçu la grâce divine, le poussant à prêcher, à célébrer Dieu, et en essayant de convertir les hommes. Rousseau se sentira aussi la mission de répandre une bonne parole, mais une parole « laïque », une parole de raison, d'où Dieu est absent.
Il y a une opposition radicale dans la vision de l'humanité des deux hommes. St Augustin considère que l'homme est corrompu depuis le péché originel, et que seul la grâce de Dieu peut le sauver. Livré à ses seules forces, il est perdu, car le mal l'habite. Pour Rousseau, le mal vient de la société, de son organisation. L'homme est naturellement bon, c'est l'éducation et l'organisation de la société qui le corrompent. Les deux auteurs puisent dans leurs expériences respectives de quoi illustrer ces deux thèses opposés. Rousseau met en exergue son expérience lors de son apprentissage, chez un maître cruel, où il aurait appris à voler et à mentir, pour survivre plus que par plaisir.
Rousseau va bien sûr développer ses théories d'une manière plus approfondie et construite dans d'autres oeuvres, comme Emile, le contrat social, ou le discours sur l'origine et les fondements de l'inégalité parmi les hommes. Les Confessions sont plutôt une approche intuitive, sensible, de ses idées, illustrées, par des épisodes de son existence. Même s'il prend un visible plaisir à étaler des détails très intimes et troubles, au risque, ou plutôt dans le but de déstabiliser, de mettre mal à l'aise son lecteur, avec lequel il semble prendre un malin plaisir à jouer parfois. Car là aussi, au contraire de St Augustin, Rousseau s'adresse en permanence au lecteur, semble s'engager dans un dialogue, dit vouloir convaincre. Même si ce lecteur a très vite l'impression d'être en face de quelqu'un qui ne s'écoute que lui-même, et au final ne paraît avoir grande considération pour qui que ce soit d'autre que sa personne.
Sans aucun doute une oeuvre très importante, que son écriture rend très accessible. Que l'on soit d'accord ou non avec les idées de Rousseau, que l'on apprécie ou pas le personnage, il est difficile d'en faire l'impasse, tant elle a eu des résonances et des influences jusqu'à nos jours.
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