Louis-Philippe Dalembert

Né à Port-au-Prince le 8 Décembre 1962, Louis-Philippe Dalembert est un écrivain haïtien d'expression française et créole.
Son père meurt quelques mois après sa naissance et plonge sa famille dans de grandes difficultés matérielles, il grandit alors dans un quartier populaire de la capitale, essentiellement entourée de femmes.
De formation littéraire et journalistique, il travaille d'abord comme journaliste dans son pays natal avant de partir en 1986 en France pour y poursuivre des études en littérature.
Depuis 1993, il publie des romans, des essais, des nouvelles et de la poésie.
Il a obtenu le Prix de la langue française en 2019
-Source Babelio-

Mur Méditerranée

Inspiré d'un fait divers, le naufrage d'un chalutier en 2014 avec à son bord plus de 700 migrants dont une partie fut sauvée par le pétrolier danois Torm Lotte, ce très beau roman retrace le parcours de trois femmes, qui pour des raisons diverses, ont décidé de quitter leur pays pour l'Europe.
Il y a la plantureuse Chochana, de la communauté juive ibo du Nigéria, qui se rêvait avocate : les sécheresses successives ont ruiné ses parents et l'ont contrainte à envisager un avenir ailleurs que dans son pays.
Il y a la frêle Semhar, une chrétienne orthodoxe d'Erythrée, qui voulait devenir institutrice mais qui doit effectuer son service militaire obligatoire, service qui dans ce pays peut parfois durer 20 ans...
Et enfin, il y a Dima, une femme musulmane plus âgée, Syrienne aisée de la bourgeoisie d'Alep, mariée avec deux enfants, qui fuit les bombardements avec sa famille.
Trois femmes, trois histoires. Avec une grande empathie pour ses personnages, Louis-Philippe Dalembert évoque leur vie dans leur pays respectif puis ce qui les a menés à prendre le chemin de l'exil et enfin leur voyage jusqu'en Italie sur ce bateau qui les réunit, Chochana et Semhar dans la cale, Dima sur le pont.
La question de l'immigration est au cœur du roman et à travers ces portraits magnifiques, l'écrivain rend un très bel hommage à tous les migrants, qui souvent n'ont pas d'autre choix que de fuir. Ces trois histoires enchevêtrées et qui alternent avec le récit de la traversée forment un très beau récit, qui happe le lecteur jusqu'au dénouement final. L'écriture est belle, parfois empreinte de poésie et apporte un peu de douceur au récit. 
Car ce roman est extrêmement bien documenté et ne cache rien sur le cynisme et la barbarie des passeurs, sur les conditions horribles de la traversée et sur le racisme qui existe entre les Arabes et les Subsahariens. Mais il y est aussi question de détermination, de courage, de foi et de solidarité.
Un texte fort, poignant et empreint d'humanité.

-Milwaukee blues-



Dans ce roman L.P Dalembert s'inspire librement du drame causé par la mort de ce jeune délinquant, George Floyd, plaqué au sol lors de son interpellation à Minneapolis par des policiers et mort étouffé, drame qui avait bouleversé le monde en mai 2020. Il resitue donc cet évènement dans la ville de Milwaukee, ville triste abandonnée à ses errances, et prend comme personnage principal Emmet, un type sans histoire, ancien joueur de foot, élevé dans la foi par une mère bigote, qui aurait vu ses espoirs réduits à néant suite à une mauvaise blessure. Emmet tentera de s'en sortir mais sera rattrapé par le destin lors d'un simple contrôle de chèque impayé et connaitra la même fin atroce que George Floyd lors de son arrestation.

Son personnage nous est présenté pat la voix de ceux qui l'ont connu et aimé. Sa prof, sa petite amie, son coach, etc. Plusieurs voix se superposent ainsi pour nous le décrire suite à son décès. Timide, humble mais volontaire, c'est quelqu'un  qui nous apparait comme bon, concerné par l'éducation de ses filles dont il a seul la charge et forcément attachant. Le problème est qu'on a du mal à se projeter, cette succession de témoignages exprimés selon le langage parlé des intervenants m'a parfois laissée à quai. Certains plus intéressants, d'autres carrément caricaturaux (L'ami d'enfance par exemple ou la compagne ) avec des facilités ou des raccourcis qui mis bout à bout m'ont finalement lassée.

Dommage, le thème très actuel et fort, avait évidemment de quoi émouvoir mais il m'a manqué l'élan, le ressenti. Je ne suis pas toujours sensible aux rapports de police, aux procès, où chaque appelé cite sa vision des choses, je m'y ennuie. Sans doute est ce pour cela que je n'ai pas poursuivi. J'ai surtout trouvé que le tout manquait de relief, de nuance. Le précédent dont parle @Liseron m'aurait davantage plu? Ici, le parallèle m'a semblé un peu placardé, ça m'a gênée quelque part!

 
 
 
 
 

Noté !

Ah tiens… Oui cela nous apprend certains faits ignorés, je vois. Toujours intéressant!

Je le relirai peut être, cet auteur. Son style d écriture est agréable, ses thèmes accrochent… À tenter!