Orhan Pamuk
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Orhan Pamuk
Orhan Pamuk (1952 - )

Source Wikipédia
Orhan Pamuk, de son vrai nom Ferit Orhan Pamuk, est un écrivain turc né le 7 juin 1952 à Istanbul. Ses romans ont rencontré un énorme succès dans son pays et dans le monde, où ils se sont vendus à plus de onze millions d'exemplaires, ce qui fait de lui l'écrivain turc le plus vendu dans le monde. Ils sont traduits en plus de 60 langues. L'auteur a remporté trois grands prix littéraires en Turquie, le prix France Culture en 1995, le prix du meilleur livre étranger du New York Times en 2004, le prix des libraires allemands le 22 juin 2005 et le prix Médicis étranger pour Neige le 7 novembre 2005. En 2006, Pamuk est classé par Time Magazine comme l'une des 100 personnalités les plus influentes du monde. En 2007, il enseigne l'écriture et la littérature comparée à l'université Columbia. Il est, avec José Saramago, à l'origine du Parlement européen des écrivains (European Writers' Parliament) qui s'est tenu à Istanbul en novembre 2010.
Le 12 octobre 2006, il obtient le prix Nobel de littérature, devenant ainsi le premier Turc à avoir reçu cette distinction.
Romans
- Cevdet Bey et ses fils
- La Maison du silence
- Le Château blanc
- Le Livre noir, roman
- La Vie nouvelle
- Mon nom est Rouge
- Neige
- Le Musée de l'innocence
- Cette chose étrange en moi
Autres
- D'autres couleurs, 76 essais, discours ou récits
- Istanbul, souvenirs d'une ville, essai,
- Mon père, et autres textes, discours
- Istanbul, photographies d'Ara Güler, texte d'Orhan Pamuk,
- L'innocence des objets, essai,
- Le Romancier naïf et le Romancier sentimental, essai,
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Je ne lis jamais un livre dont je dois écrire la critique ; on se laisse tellement influencer. (Oscar Wilde)
Arabella- Messages : 4732
Date d'inscription : 29/11/2016
Re: Orhan Pamuk
Neige
Le poète Ka, exilé en Allemagne, revient en Turquie, et se rend dans la petite ville de Kars, en principe en tant que journaliste, pour enquêter sur des suicides en série de filles, et les élections municipales, mais en réalité surtout pour retrouver Ipek, une ancienne camarades d'université, qui le fascine, et dont il pense qu'elle pourra combler sa solitude. Il va devenir le témoin privilégié de ce qui se passera à Kars bloquée par la neige, entre islamistes, opposants de gauche, kurdes, et le pouvoir militaire prêt à tout pour défendre son positions. Il vivra de l'intérieur un coup d'état, sera une sorte d'intermédiaire entre toutes les parties en présence, tout en essayant d'assurer son bonheur personnel avec Ipek.
La plus grande qualité du livre est la merveilleuse écriture d'Orhan Pamuk, poétique mais en même temps très précise et acérée. Et puis aussi son témoignage sur la situation inextricable de son paye. Evidemment, les personnages sont stéréotypés, Pamuk ne s'intéresse pas à la psychologie de tel ou tel individu, mais à une situation globale, et donc chaque personnage est un type plus qu'une personne. Mais l'auteur peut nous montrer de cette façon l'engrenage infernal dans lequel tout le monde est enfermé. Quel que soit l'attitude ou le comportement adopté, il sera forcement interprété par les camps en présence en fonction de leur intérêt, utilisé, récupéré. Quelle que soit la bonne volonté, l'honnêteté des individus, leur action ne peut que servir soit le pouvoir en place, et justifier les atrocités commises, soit l'extrémisme des opposants, islamistes en premier lieu et son lot d'horreurs. Aucun acte n'est perçu comme neutre, mais vaut engagement d'un côté ou de l'autre. Cela a un côté désespéré, aucune liberté de choix n'est laissée à l'individu, car chacune des perspectives en présence est inacceptable. La seule échappatoire laissée à Ka, c'est sa poésie.
J'ai beaucoup aimé ce livre sombre et rayonnant à la fois.
Le poète Ka, exilé en Allemagne, revient en Turquie, et se rend dans la petite ville de Kars, en principe en tant que journaliste, pour enquêter sur des suicides en série de filles, et les élections municipales, mais en réalité surtout pour retrouver Ipek, une ancienne camarades d'université, qui le fascine, et dont il pense qu'elle pourra combler sa solitude. Il va devenir le témoin privilégié de ce qui se passera à Kars bloquée par la neige, entre islamistes, opposants de gauche, kurdes, et le pouvoir militaire prêt à tout pour défendre son positions. Il vivra de l'intérieur un coup d'état, sera une sorte d'intermédiaire entre toutes les parties en présence, tout en essayant d'assurer son bonheur personnel avec Ipek.
La plus grande qualité du livre est la merveilleuse écriture d'Orhan Pamuk, poétique mais en même temps très précise et acérée. Et puis aussi son témoignage sur la situation inextricable de son paye. Evidemment, les personnages sont stéréotypés, Pamuk ne s'intéresse pas à la psychologie de tel ou tel individu, mais à une situation globale, et donc chaque personnage est un type plus qu'une personne. Mais l'auteur peut nous montrer de cette façon l'engrenage infernal dans lequel tout le monde est enfermé. Quel que soit l'attitude ou le comportement adopté, il sera forcement interprété par les camps en présence en fonction de leur intérêt, utilisé, récupéré. Quelle que soit la bonne volonté, l'honnêteté des individus, leur action ne peut que servir soit le pouvoir en place, et justifier les atrocités commises, soit l'extrémisme des opposants, islamistes en premier lieu et son lot d'horreurs. Aucun acte n'est perçu comme neutre, mais vaut engagement d'un côté ou de l'autre. Cela a un côté désespéré, aucune liberté de choix n'est laissée à l'individu, car chacune des perspectives en présence est inacceptable. La seule échappatoire laissée à Ka, c'est sa poésie.
J'ai beaucoup aimé ce livre sombre et rayonnant à la fois.
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Arabella- Messages : 4732
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Re: Orhan Pamuk
Istanbul
Souvenirs d'une ville dit le sous-titre. Pamuk nous promène dans Istanbul, une Istanbul en grande partie disparue. Il y a l'Istanbul de son enfance, celle dont il se souvient, dans laquelle il a marché, beaucoup marché, mais aussi il y a la ville de ces photos en noir et blanc, qui ponctuent le livre, encore avant celle des dessins, celle aussi des voyageurs ou écrivains, voire des écrivains voyageurs, qui l'ont fréquentée à différentes époques, qu'elle a inspirés. Mais les souvenirs sont aussi ceux d'Orhan Pamuk, de sa famille, de l'immeuble familial…Et Istanbul fait partie intégrante de cette remémoration des couches fondatrices d'une personnalité. Nous voyons passer une ville et entrevoyons son évolutions, comme nous voyons passer des mentalités, des façons de vivre et de penser propres au milieu dont est issu l'auteur.
Un beau voyage dans le passé, nostalgique, un peu triste, mais avec une certaine délectation de la tristesse. Je n'imaginais pas Orhan Pamuk, à la seule lecture de ses romans, si porté à la mélancolie, au sentiment de perte, si solitaire aussi.
J'ai pris un plaisir fou à cette lecture, à ce voyage, vers l'ailleurs, vers une autre époque, vers l'univers intime d'un grand écrivain, qui le partage avec nous. Et il me reste encore des romans à lire, que j'aborderai forcément différemment, après avoir partagé ce moment d'intimité avec Orhan Pamuk
Souvenirs d'une ville dit le sous-titre. Pamuk nous promène dans Istanbul, une Istanbul en grande partie disparue. Il y a l'Istanbul de son enfance, celle dont il se souvient, dans laquelle il a marché, beaucoup marché, mais aussi il y a la ville de ces photos en noir et blanc, qui ponctuent le livre, encore avant celle des dessins, celle aussi des voyageurs ou écrivains, voire des écrivains voyageurs, qui l'ont fréquentée à différentes époques, qu'elle a inspirés. Mais les souvenirs sont aussi ceux d'Orhan Pamuk, de sa famille, de l'immeuble familial…Et Istanbul fait partie intégrante de cette remémoration des couches fondatrices d'une personnalité. Nous voyons passer une ville et entrevoyons son évolutions, comme nous voyons passer des mentalités, des façons de vivre et de penser propres au milieu dont est issu l'auteur.
Un beau voyage dans le passé, nostalgique, un peu triste, mais avec une certaine délectation de la tristesse. Je n'imaginais pas Orhan Pamuk, à la seule lecture de ses romans, si porté à la mélancolie, au sentiment de perte, si solitaire aussi.
J'ai pris un plaisir fou à cette lecture, à ce voyage, vers l'ailleurs, vers une autre époque, vers l'univers intime d'un grand écrivain, qui le partage avec nous. Et il me reste encore des romans à lire, que j'aborderai forcément différemment, après avoir partagé ce moment d'intimité avec Orhan Pamuk
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Arabella- Messages : 4732
Date d'inscription : 29/11/2016
Re: Orhan Pamuk

L’innocence des objets
Quatrième de couverture
Le musée de l'Innocence, créé par Orhan Pamuk à Istanbul, est un projet culturel singulier, mûri pendant des décennies par son créateur, qui a cherché à y saisir la ville de sa jeunesse par les objets du quotidien : l'éphémère, le bric-à-brac, le désordre qui caractérisent la vie de chacun. Ces objets particuliers sont intimement liés au Musée de l'Innocence, le roman de l'amour perdu de Pamuk, qui prête sa structure narrative à leur présentation. Des vitrines ou des boîtes magnifiquement conçues, contenant des séries d'objets soigneusement disposés, entraînent le visiteur au fil du récit, dans un voyage à travers le temps et l'espace autant que dans l'esprit du collectionneur, identifié à Pamuk comme à son narrateur amoureux. L'auteur traite ici des sujets qui lui importent profondément : la psychologie du collectionneur, le rôle du musée, les photos du vieil Istanbul (que sa superbe collection personnelle vient illustrer), et bien sûr les coutumes et les traditions de sa ville.
J’ai adoré le roman Le musée de l’Innocence, probablement dû à ma prédilection de garder ici et là des souvenirs en forme d’objets anodins et je trouvais toujours son idée de faire un musée en même temps qu’un roman tout à fait sublime.
Et voilà que le musée est donc terminé et ne pouvant pas m’y rendre tout de suite, il me reste la découverte via ce livre.
Dans les premières 60 pages de ce livre, Orhan Pamuk raconte quand et comment cette idée du musée et de ce roman lui sont venues et comment il a vécu avec ce projet pendant très longtemps avant de le voir finaliser. Accompagné de photos, c’est déjà une lecture agréable qui met le lecteur bien en ambiance de ce qui va suivre.
J’ai relu le roman, tout en découvrant chapitre par chapitre les images du "catalogue" et c’était à nouveau un plaisir de retrouver ce roman mais cette fois-ci ensemble avec les vitrines conçues par Orhan Pamuk, ce qui donne encore une autre dimension au livre.
faut quand même mentionner que le livre avec les images ne contient pas les chapitres 24, 33, 48, 50, 52, 61, 62, 75, 76, 77, 78 et 79, la composition de ces boîtes n’était pas finalisées lors de la parution du livre
Superflu de vous dire que je suis enthousiaste et n’attends maintenant qu’une visite de ces lieux !



A noter aussi la couverture du livre en allemand

qui reprend une photo du chapitre 21 et on peut lire dans le livre du musée :
« Quant à la photographie de la jeune maîtresse dont parle le père de Kemal dans le roman, je l’ai trouvé une fois que j’avais écrit l’histoire. Tandis que je passais rapidement en revue des masse de photos conservées au fil des ans puis récupérées par des brocanteurs « parce qu’il y un bateau à l’arrière-plan », c’est moins l’image du bateau que la mine triste et abattue de la fille qui accrocha mon regard. LA carte postale des années 1960 ci-dessous est une image parfaite du Bosphore pendant cette période et elle illustre à la fois la joie de vivre et la mélancolie qui sous-tendent ce chapitre. »
Ainsi il donne en plus des photos des différentes vitrines pour chaque chapitre des petites histoires autour, parfois personnel, parfois concernant Istanbul, parfois le roman.. c’est tout à fait extra !!
Le site du musée en anglais
Les architectes allemands Brigitte et Gregor Sunder-Plassmann ont bâti le musée ensemble avec Orhan Pamuk

plus d'images

en anglais
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George Gershwin
Re: Orhan Pamuk
En ce moment, se rendre en Turquie paraît hasardeux. Sinon j'aurais bien fait le voyage avec toi @Kenavo...
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Arabella- Messages : 4732
Date d'inscription : 29/11/2016
Re: Orhan Pamuk
oui, malheureusement ce n'est pas le pays à visiter pour l'instant...
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George Gershwin
Re: Orhan Pamuk

Cette chose étrange en moi
Présentation de l’éditeur
Comme tant d'autres, Mevlut a quitté son village d'Anatolie pour s'installer sur les collines qui bordent Istanbul. Il y vend de la boza, cette boisson fermentée traditionnelle prisée par les Turcs. Mais Istanbul s'étend, le raki détrône la boza, et pendant que ses amis agrandissent leurs maisons et se marient, Mevlut s'entête. Toute sa vie, il arpentera les rues comme marchand ambulant, point mobile et privilégié pour saisir un monde en transformation. Et même si ses projets de commerce n'aboutissent pas et que ses lettres d'amour ne semblent jamais parvenir à la bonne destinataire, il relèvera le défi de s'approprier cette existence qui est la sienne. En faisant résonner les voix de Mevlut et de ses amis, Orhan Pamuk décrit l'émergence, ces cinquante dernières années, de la fascinante mégapole qu'est Istanbul. Cette "chose étrange" , c'est à la fois la ville et l'amour, l'histoire poignante d'un homme déterminé à être heureux.

La couverture de l’édition turque utilise, tout comme celle en français, une photo d’Ara Güler.
Elle a aussi été reprise pour la traduction allemande, version dans laquelle j’ai lu ce livre.
J’entends une mélodie nostalgique dans les écrits de Patrick Modiano concernant le Paris du passé… une nostalgie similaire se trouve dans bon nombre de textes d’Orhan Pamuk. Dans son cas, il s’agit d’Istanbul et de son amour pour cette ville.
Son dernier roman dresse le portrait d’une famille, on suit surtout Mevlut et son destin.
À travers ses yeux on voit les changements de la ville d’Istanbul au cours de cinquante années, mais le lecteur devient aussi témoin des métamorphoses de la société turque.
J’aime beaucoup Orhan Pamuk et jusqu’à présent je n’étais encore jamais déçue par lui. Ce nouveau livre ne fait pas exception.
Un très joli voyage à travers le temps, la ville et la vie de Mevlut… un autre héros de son monde imaginaire qui va me rester en bonne mémoire.

Ara Güler, Vendeur de Boza
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Re: Orhan Pamuk
Merci Kenavo, il sort demain, et fera partie des rares livres de la rentrée littéraire que je vais sans doute acheter. Toi tu l'as déjà lu depuis un moment en allemand.
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Arabella- Messages : 4732
Date d'inscription : 29/11/2016
Re: Orhan Pamuk
oui, en effet, l'édition allemande est toujours un peu plus rapide en ce qui concerne les traductions de ses romans, ce livre est paru en février 2016 
je te souhaite bonne lecture, je pense que tu devrais aimer...

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George Gershwin
Re: Orhan Pamuk
Merci.
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Arabella- Messages : 4732
Date d'inscription : 29/11/2016
Re: Orhan Pamuk
Cevdet Bey et ses fils
Premier roman d'Orhan Pamuk, publié en Turquie en 1982, il n'est paru en France qu'en 2014, sans doute grâce à la notoriété apportée à l'auteur par son prix Nobel de littérature. le livre est en effet très long : presque mille page dans la version poche, et fait beaucoup référence, pas toujours de façon explicite, à l'histoire de la Turquie.
Il s'agit d'une grande saga familiale, sur trois générations, chaque partie du livre se place à un moment crucial de l'histoire du pays. Dans la première partie, nous faisons connaissance avec le Cevdet Bey du titre, sur le point de se marier, de donner les assises à sa vie future, en 1905, au moment de la prise de pouvoir par les Jeunes Turcs, amenés par Mustafa Kemal, et la déposition d'Abdülhamid II.
Dans la deuxième partie, la plus longue, et qui se déroule sur plusieurs années, dans les années trente du siècle dernier, nous retrouvons Cevdet Bey, devenu un vieil homme, entouré de sa femme, de ses trois enfants, des premiers petit-enfants, dans sa luxueuse maison. Il a su faire prospérer son commerce, la succession est assurée. Cette partie est plus chorale, même si petit à petit, Refik, le fils cadet, apparaît comme le personnage principal, d'autres se voient accorder beaucoup de place, que ce soit dans la famille, où à l'extérieur, comme les deux meilleurs amis de Refik. Mustafa Kemal est sur le point de mourir, certains vont prendre la succession, l'Europe se dirige pendant ce temps vers la deuxième guerre mondiale.
Dans la troisième partie, qui conclut le roman, nous retrouvons certains personnages, nous avons les nouvelles d'autres, mais le récit suit Ahmed, le fils de Refik, jeune peintre. Nous sommes en 1970, à la veille du coup d'état militaire.
Les personnages du roman sont issus de la riche bourgeoisie qui va prendre son essor grâce aux changements initiés par Mustafa Kemal, qui s'occidentalise, dont la richesse et les modes de vie la coupent du reste de la population, dont le quotidien est bien plus difficile. Cette façon de suivre une famille de bourgeoisie aisée sur plusieurs générations, avec en arrière plan l'histoire du pays et du monde, rappelle bien sûr un certain nombre de livres célèbres : les Buddenbrook de Thomas Mann, les Forsyte de John Galsworthy, les Thibault de Roger Martin du Gard etc. de grands cycles romanesques qui ont marqué plusieurs générations de lecteurs et qui ont valu la reconnaissance à leurs auteurs.
Mais ces grands cycles romanesques centrés sur une classe moyenne aisée, qui ont marqué la première moitié du vingtième siècle, ont un côté un peu anachronique dans les années 80. Ce que reconnaît l'auteur lui-même. le livre n'est pas dépourvu de certaines maladresses de construction : la deuxième partie tellement plus longue que les deux autres, qui se passent elles, sur une seule journée, des longueurs dans cette deuxième partie, des répétitions, et le personnage principal, Refik, même s'il est sympathique, n'a pas une personnalité suffisamment forte pour le nombre de pages qui lui sont consacrées.
Néanmoins, cela fonctionne très bien, le livre est très prenant et très agréable à lire. Orhan Pamuk sait maintenir l'intérêt du lecteur, ce qu'il évoque lui tient à coeur : il est lui-même issu du même milieu que ses personnages, et c'est un peu ses souvenirs, son histoire et ses questionnements qu'il nous dit à travers des héros imaginaires.
J'aime beaucoup les livres d'Orhan Pamuk et je suis heureuse d'avoir pu découvrir son premier roman, qui même s'il ne sera pas mon oeuvre préférée de l'auteur, a été un bon moment de lecture, et m'a permis de voir le chemin qu'il a parcouru dans sa création littéraire.
Premier roman d'Orhan Pamuk, publié en Turquie en 1982, il n'est paru en France qu'en 2014, sans doute grâce à la notoriété apportée à l'auteur par son prix Nobel de littérature. le livre est en effet très long : presque mille page dans la version poche, et fait beaucoup référence, pas toujours de façon explicite, à l'histoire de la Turquie.
Il s'agit d'une grande saga familiale, sur trois générations, chaque partie du livre se place à un moment crucial de l'histoire du pays. Dans la première partie, nous faisons connaissance avec le Cevdet Bey du titre, sur le point de se marier, de donner les assises à sa vie future, en 1905, au moment de la prise de pouvoir par les Jeunes Turcs, amenés par Mustafa Kemal, et la déposition d'Abdülhamid II.
Dans la deuxième partie, la plus longue, et qui se déroule sur plusieurs années, dans les années trente du siècle dernier, nous retrouvons Cevdet Bey, devenu un vieil homme, entouré de sa femme, de ses trois enfants, des premiers petit-enfants, dans sa luxueuse maison. Il a su faire prospérer son commerce, la succession est assurée. Cette partie est plus chorale, même si petit à petit, Refik, le fils cadet, apparaît comme le personnage principal, d'autres se voient accorder beaucoup de place, que ce soit dans la famille, où à l'extérieur, comme les deux meilleurs amis de Refik. Mustafa Kemal est sur le point de mourir, certains vont prendre la succession, l'Europe se dirige pendant ce temps vers la deuxième guerre mondiale.
Dans la troisième partie, qui conclut le roman, nous retrouvons certains personnages, nous avons les nouvelles d'autres, mais le récit suit Ahmed, le fils de Refik, jeune peintre. Nous sommes en 1970, à la veille du coup d'état militaire.
Les personnages du roman sont issus de la riche bourgeoisie qui va prendre son essor grâce aux changements initiés par Mustafa Kemal, qui s'occidentalise, dont la richesse et les modes de vie la coupent du reste de la population, dont le quotidien est bien plus difficile. Cette façon de suivre une famille de bourgeoisie aisée sur plusieurs générations, avec en arrière plan l'histoire du pays et du monde, rappelle bien sûr un certain nombre de livres célèbres : les Buddenbrook de Thomas Mann, les Forsyte de John Galsworthy, les Thibault de Roger Martin du Gard etc. de grands cycles romanesques qui ont marqué plusieurs générations de lecteurs et qui ont valu la reconnaissance à leurs auteurs.
Mais ces grands cycles romanesques centrés sur une classe moyenne aisée, qui ont marqué la première moitié du vingtième siècle, ont un côté un peu anachronique dans les années 80. Ce que reconnaît l'auteur lui-même. le livre n'est pas dépourvu de certaines maladresses de construction : la deuxième partie tellement plus longue que les deux autres, qui se passent elles, sur une seule journée, des longueurs dans cette deuxième partie, des répétitions, et le personnage principal, Refik, même s'il est sympathique, n'a pas une personnalité suffisamment forte pour le nombre de pages qui lui sont consacrées.
Néanmoins, cela fonctionne très bien, le livre est très prenant et très agréable à lire. Orhan Pamuk sait maintenir l'intérêt du lecteur, ce qu'il évoque lui tient à coeur : il est lui-même issu du même milieu que ses personnages, et c'est un peu ses souvenirs, son histoire et ses questionnements qu'il nous dit à travers des héros imaginaires.
J'aime beaucoup les livres d'Orhan Pamuk et je suis heureuse d'avoir pu découvrir son premier roman, qui même s'il ne sera pas mon oeuvre préférée de l'auteur, a été un bon moment de lecture, et m'a permis de voir le chemin qu'il a parcouru dans sa création littéraire.
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Arabella- Messages : 4732
Date d'inscription : 29/11/2016
Re: Orhan Pamuk
merci pour ton commentaire... autant que j'adore Orhan Pamuk... autant le trop de pages m'a toujours retenu de tenter ce roman...
mais tu m'as donné envie de retrouver sa plume, je vais voir de plus près son dernier paru, Kırmızı Saçlı Kadın (en 2017), qui est déjà traduit en allemand (la femme aux cheveux rouge)
mais tu m'as donné envie de retrouver sa plume, je vais voir de plus près son dernier paru, Kırmızı Saçlı Kadın (en 2017), qui est déjà traduit en allemand (la femme aux cheveux rouge)
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Best when you improvise
George Gershwin
Re: Orhan Pamuk
Ce livre se lit très vite, un vrai tourne page... 
J'aime de plus en plus cet auteur, et je vais attendre le nouveau.

J'aime de plus en plus cet auteur, et je vais attendre le nouveau.
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Arabella- Messages : 4732
Date d'inscription : 29/11/2016
Re: Orhan Pamuk
Merci pour ce commentaire bien précis, Arabella. Une saga familiale qui fait penser aux Buddenbrook, c'est vrai, mais pour une première approche la longueur me fait un peu peur...
Un auteur que je veux découvrir depuis un moment, aussi ;- )
Un auteur que je veux découvrir depuis un moment, aussi ;- )
Aeriale- Messages : 10735
Date d'inscription : 30/11/2016
Re: Orhan Pamuk
je suis certaine qu'il va te plaireAeriale a écrit:Un auteur que je veux découvrir depuis un moment, aussi ;- )

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