Ludmila Oulitskaïa
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Ludmila Oulitskaïa
Ludmila Oulitskaïa (1943 - )
Ludmila Ievguenievna Oulitskaïa , née le 23 février 1943 à Davlekanovo (Russie, République de Bachkirie) dans la région de l’Oural, est une femme de lettres russe. Elle est l'auteure de nombreux romans et nouvelles, ainsi que de plusieurs scénarios de films. Elle est mariée au sculpteur Andreï Krassouline.
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Je ne lis jamais un livre dont je dois écrire la critique ; on se laisse tellement influencer. (Oscar Wilde)
Arabella- Messages : 4827
Date d'inscription : 29/11/2016
Re: Ludmila Oulitskaïa
Mensonges de femmes
Il s'agit d'un ensemble de récits, à première vue de sortes de nouvelles, dans lesquelles à un moment ou un autre apparaît Génia, fil rouge de l'ensemble. Mais les premiers récits sont centrés sur d'autres femmes, ou filles, Diana, Nadia, Lialia. le fil rouge est énoncé d'emblée, ce sont les mensonges que ces femmes ou ces filles s'inventent pour rendre le quotidien supportable. Mais l'essentiel ce sont elles, et leurs inventions ont pour fonction de révéler leurs rêves, aspirations, manques, finalement la part essentielle d'elle-mêmes. Et vers la fin du livre, Génia prend de plus en plus d'importance, elle n'est plus seulement le réceptacle des confidences des autres mais se découvre à nous. Et le dernier, et le plus long chapitre qui lui est consacré m'a dérouté, j'ai cherché le mensonge du titre, mais les choses sont plus compliquées, et ce dernier n'est pas donné d'emblée à nous. J'ai en fin de compte mon hypothèse, mais je ne vous la livrerai pas, à chacun de trouver sa réponse.
J'ai aimé ce livre, drôle, en apparence, léger, centré sur le quotidien, et ses petites souffrances et insatisfactions, comme l'univers de la plupart des femmes, mais en réalité plein d'humanité, et beaucoup plus subtil qu'il n'y paraît à première vue.
Il s'agit d'un ensemble de récits, à première vue de sortes de nouvelles, dans lesquelles à un moment ou un autre apparaît Génia, fil rouge de l'ensemble. Mais les premiers récits sont centrés sur d'autres femmes, ou filles, Diana, Nadia, Lialia. le fil rouge est énoncé d'emblée, ce sont les mensonges que ces femmes ou ces filles s'inventent pour rendre le quotidien supportable. Mais l'essentiel ce sont elles, et leurs inventions ont pour fonction de révéler leurs rêves, aspirations, manques, finalement la part essentielle d'elle-mêmes. Et vers la fin du livre, Génia prend de plus en plus d'importance, elle n'est plus seulement le réceptacle des confidences des autres mais se découvre à nous. Et le dernier, et le plus long chapitre qui lui est consacré m'a dérouté, j'ai cherché le mensonge du titre, mais les choses sont plus compliquées, et ce dernier n'est pas donné d'emblée à nous. J'ai en fin de compte mon hypothèse, mais je ne vous la livrerai pas, à chacun de trouver sa réponse.
J'ai aimé ce livre, drôle, en apparence, léger, centré sur le quotidien, et ses petites souffrances et insatisfactions, comme l'univers de la plupart des femmes, mais en réalité plein d'humanité, et beaucoup plus subtil qu'il n'y paraît à première vue.
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Arabella- Messages : 4827
Date d'inscription : 29/11/2016
Re: Ludmila Oulitskaïa
Intéressant. je vois qu'elle a une œuvre conséquente. Je vais voir ça...
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Nightingale- Messages : 2831
Date d'inscription : 09/12/2017
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Re: Ludmila Oulitskaïa
En effet, ton commentaire intrigue. J’ai souvent croisé le nom de cette auteure mais celui ci, je retiens
Et j’aime bien le principe de laisser plusieurs hypothèses en suspens, chacun interprétant à sa manière. Curieuse de tout ça...
Et j’aime bien le principe de laisser plusieurs hypothèses en suspens, chacun interprétant à sa manière. Curieuse de tout ça...
Aeriale- Messages : 11968
Date d'inscription : 30/11/2016
Re: Ludmila Oulitskaïa
L'échelle de Jacob
Publié en 2015 en Russie et traduit dès 2018 en France, L’échelle de Jacob est un très ambitieux roman, qui conte sur environ un siècle l’histoire d’une famille, et en arrière-fond l’histoire de la Russie pendant cette période. Différentes époques sont évoquées, autour de quelques personnages clés, nous suivons en parallèle deux progressions, celle de Nora, scénographe de théâtre née en 1943 , et celle de ses parents, Maria et Jacob, le destin de ce dernier prenant de plus en plus de place.
Tout débute en 1975, à la mort de Maria. Nora récupère dans la chambre occupée par sa grand-mère, à qui elle a été très attachée à un moment, des livres et une malle en osier contenant divers documents, dont des lettres et carnets intimes. Le roman va ensuite dérouler, à tour de rôle, le récit de la vie de Nora, dans toutes ses évolutions, et les carnets et lettres de la malle, en partant de 1905. Les deux récits se répondent, et nous comprenons mieux certains événements de la vie de Nora à la lumière de l’histoire de grand-parents, parents, oncles, cousins, amis… L’auteure s’est inspirée pour écrire ce livre, de l’histoire de sa propre famille, des lettres qui ont existé, des archives de la police politique, des photos et sans doute des souvenirs. Il m’est difficile de dire à quel endroit se trouve la frontière entre le réel et l’imagination de l’écrivaine, mais c’est sans doute un livre très personnel, voire intime.
Le destin de tous ces personnages est façonné par l’histoire au combien tourmentée de leur pays. Pogroms, révolutions, guerres, répressions, déportations : il n’est pas possible d’échapper à tous les malheurs du temps. La maîtrise des événements échappe aux individus, dans tous les aspects de leurs vies, y compris les plus personnels. Car c’est sur cela qu’est centrée le roman, sur les personnages, sur leurs existences, leur quotidien, leurs bonheurs et malheurs, la manière dont ils se construisent, leurs valeurs pourraient-on dire. La grande histoire est au second plan, en filigrane, elle n’est pas vraiment détaillée ni expliquée. Par exemple, la guerre d’Afghanistan est évoquée par le choix que fait Nora d’envoyer son fils, Yourik, aux USA, pour échapper à son service militaire. Le lecteur qui voudrait en savoir plus sur l’histoire russe sera déçu, mais le projet de Ludmila Oulitskaïa n’est visiblement pas d’écrire un roman historique à proprement parlé.
La question centrale du livre, est à mon sens, comment vivre. Dans une époque tourmentée, pour les personnages du roman, mais la même question se pose évidemment partout et de tout temps. Jacob et Nora, décident, non pas d’ignorer ce qui se passe autour d’eux, mais de faire quand même ce qu’ils considèrent avoir à faire. Jacob va continuer à apprendre, à étudier, même si les résultats de ses recherches seront détruites. Nora va imaginer ses scénographies et mises en scène, même si certaines seront très vite retirées de la scène, voire jamais jouées. Mais l’essentiel est que tout cela a été fait, pensé, que le faire les a enrichi, leur a permis de se réaliser. Nous sommes dans un milieu intellectuel et artistique, et penser et créer donne sens à leur vie. Mais au-delà, c’est leur capacité à tirer plaisir des moments de bonheur que l’existence leur offre, plus ou moins parcimonieusement, qui est essentielle. Un refus de ressassement, de victimisation, de juger les autres, qui ont fait plus de compromissions, qui ont choisi un parcours moins inconfortable à priori.
Un très beau livre, très sensible et intelligent, très romanesque et très réflexif à la fois. Un immense plaisir de lecture.
Publié en 2015 en Russie et traduit dès 2018 en France, L’échelle de Jacob est un très ambitieux roman, qui conte sur environ un siècle l’histoire d’une famille, et en arrière-fond l’histoire de la Russie pendant cette période. Différentes époques sont évoquées, autour de quelques personnages clés, nous suivons en parallèle deux progressions, celle de Nora, scénographe de théâtre née en 1943 , et celle de ses parents, Maria et Jacob, le destin de ce dernier prenant de plus en plus de place.
Tout débute en 1975, à la mort de Maria. Nora récupère dans la chambre occupée par sa grand-mère, à qui elle a été très attachée à un moment, des livres et une malle en osier contenant divers documents, dont des lettres et carnets intimes. Le roman va ensuite dérouler, à tour de rôle, le récit de la vie de Nora, dans toutes ses évolutions, et les carnets et lettres de la malle, en partant de 1905. Les deux récits se répondent, et nous comprenons mieux certains événements de la vie de Nora à la lumière de l’histoire de grand-parents, parents, oncles, cousins, amis… L’auteure s’est inspirée pour écrire ce livre, de l’histoire de sa propre famille, des lettres qui ont existé, des archives de la police politique, des photos et sans doute des souvenirs. Il m’est difficile de dire à quel endroit se trouve la frontière entre le réel et l’imagination de l’écrivaine, mais c’est sans doute un livre très personnel, voire intime.
Le destin de tous ces personnages est façonné par l’histoire au combien tourmentée de leur pays. Pogroms, révolutions, guerres, répressions, déportations : il n’est pas possible d’échapper à tous les malheurs du temps. La maîtrise des événements échappe aux individus, dans tous les aspects de leurs vies, y compris les plus personnels. Car c’est sur cela qu’est centrée le roman, sur les personnages, sur leurs existences, leur quotidien, leurs bonheurs et malheurs, la manière dont ils se construisent, leurs valeurs pourraient-on dire. La grande histoire est au second plan, en filigrane, elle n’est pas vraiment détaillée ni expliquée. Par exemple, la guerre d’Afghanistan est évoquée par le choix que fait Nora d’envoyer son fils, Yourik, aux USA, pour échapper à son service militaire. Le lecteur qui voudrait en savoir plus sur l’histoire russe sera déçu, mais le projet de Ludmila Oulitskaïa n’est visiblement pas d’écrire un roman historique à proprement parlé.
La question centrale du livre, est à mon sens, comment vivre. Dans une époque tourmentée, pour les personnages du roman, mais la même question se pose évidemment partout et de tout temps. Jacob et Nora, décident, non pas d’ignorer ce qui se passe autour d’eux, mais de faire quand même ce qu’ils considèrent avoir à faire. Jacob va continuer à apprendre, à étudier, même si les résultats de ses recherches seront détruites. Nora va imaginer ses scénographies et mises en scène, même si certaines seront très vite retirées de la scène, voire jamais jouées. Mais l’essentiel est que tout cela a été fait, pensé, que le faire les a enrichi, leur a permis de se réaliser. Nous sommes dans un milieu intellectuel et artistique, et penser et créer donne sens à leur vie. Mais au-delà, c’est leur capacité à tirer plaisir des moments de bonheur que l’existence leur offre, plus ou moins parcimonieusement, qui est essentielle. Un refus de ressassement, de victimisation, de juger les autres, qui ont fait plus de compromissions, qui ont choisi un parcours moins inconfortable à priori.
Un très beau livre, très sensible et intelligent, très romanesque et très réflexif à la fois. Un immense plaisir de lecture.
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Arabella- Messages : 4827
Date d'inscription : 29/11/2016
Re: Ludmila Oulitskaïa
@Nightingale, @Aeriale je ne peux que vous inciter à lire Oulitskaïa, que j'ai découvert il y a quelques années, avec des livres plus courts, comme ce Secrets de femmes et que j'ai approché cette fois avec un très long et magnifique roman choral. Qui fait vraiment du bien dans ces moments peu réjouissants.
Mais pour l'instant, elle ne m'a jamais déçue.
Mais pour l'instant, elle ne m'a jamais déçue.
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Arabella- Messages : 4827
Date d'inscription : 29/11/2016
Re: Ludmila Oulitskaïa
L'échelle de Jacob = 812 pages !
J’ai vu qu’elle a aussi écrit des nouvelles. Tu en as lu aussi ?
J’ai vu qu’elle a aussi écrit des nouvelles. Tu en as lu aussi ?
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Nightingale- Messages : 2831
Date d'inscription : 09/12/2017
Age : 56
Localisation : Sur le bord de la marge
Re: Ludmila Oulitskaïa
805 en édition de poche pour L'échelle de Jacob (600 en grand format).
Le premier livre que j'ai lu d'elle, Sonietchka,que j'avais beaucoup aimé, fait une centaine de pages. Il a eu un certain succès, et obtenu le Médicis étranger. Cela peut être une façon de la découvrir en douceur.
Le premier livre que j'ai lu d'elle, Sonietchka,que j'avais beaucoup aimé, fait une centaine de pages. Il a eu un certain succès, et obtenu le Médicis étranger. Cela peut être une façon de la découvrir en douceur.
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Arabella- Messages : 4827
Date d'inscription : 29/11/2016
Re: Ludmila Oulitskaïa
C’est parfait, tu m’as décidée!Arabella a écrit:@Nightingale, @Aeriale je ne peux que vous inciter à lire Oulitskaïa, que j'ai découvert il y a quelques années, avec des livres plus courts, comme ce Secrets de femmes et que j'ai approché cette fois avec un très long et magnifique roman choral. Qui fait vraiment du bien dans ces moments peu réjouissants.
Mais pour l'instant, elle ne m'a jamais déçue.
Je vais commander Mensonges de femmes qui semble impeccable pour une première approche de l’auteure. Merci :-)
Aeriale- Messages : 11968
Date d'inscription : 30/11/2016
Re: Ludmila Oulitskaïa
Sonietchka
Il peut paraitre d'étrange d'évoquer une "fresque familiale" pour un roman d'une centaine de pages. Et pourtant c'est le cas.
Finalement, tout n'est pas centré sur Sonietchka, nous suivons auprès d'elle plusieurs personnages, son mari bien sûr, puis leur fille, puis une amie de celle-ci.
Il ne faut pas en dire plus (contrairement à la quatrième de couv de l'édition grand format qui raconte carrément tout le roman !). Ces différents personnages vont vivre de façon différentes les jeux de l'amour, de la séduction, du désir. Sonietchka se trouve un peu comme une observatrice de tout cela, curieusement un peu à distance.
C'est aussi un roman qui parle de l'acte artistique, par exemple au travers du père qui finira par renouer avec la peinture.
C'est très inattendu, très original.
Et surtout quelle écriture ! En si peu de pages, mais par de longues phrases magnifiques qui s'enroulent avec volupté (on se surprend à vouloir en lire certaines à haute voix), l'histoire se déroule avec un vrai plaisir pour le lecteur.
Très belle découverte.
Merci @Arabella !
Sonia puise son bonheur dans la lecture et la solitude.
C'est dans une bibliothèque que, à sa grande surprise, Robert la demande en mariage. Avec ce peintre plus âgé qu'elle, qui a beaucoup voyagé en Europe et connu les camps, Sonia n'est plus seule. Elle lit moins mais, malgré les difficultés matérielles de l'après-guerre et les trahisons, elle cultive toujours la même sérénité mystérieuse.
Il peut paraitre d'étrange d'évoquer une "fresque familiale" pour un roman d'une centaine de pages. Et pourtant c'est le cas.
Finalement, tout n'est pas centré sur Sonietchka, nous suivons auprès d'elle plusieurs personnages, son mari bien sûr, puis leur fille, puis une amie de celle-ci.
Il ne faut pas en dire plus (contrairement à la quatrième de couv de l'édition grand format qui raconte carrément tout le roman !). Ces différents personnages vont vivre de façon différentes les jeux de l'amour, de la séduction, du désir. Sonietchka se trouve un peu comme une observatrice de tout cela, curieusement un peu à distance.
C'est aussi un roman qui parle de l'acte artistique, par exemple au travers du père qui finira par renouer avec la peinture.
C'est très inattendu, très original.
Et surtout quelle écriture ! En si peu de pages, mais par de longues phrases magnifiques qui s'enroulent avec volupté (on se surprend à vouloir en lire certaines à haute voix), l'histoire se déroule avec un vrai plaisir pour le lecteur.
Très belle découverte.
Merci @Arabella !
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Nightingale- Messages : 2831
Date d'inscription : 09/12/2017
Age : 56
Localisation : Sur le bord de la marge
Re: Ludmila Oulitskaïa
Contente de voir que tu as apprécié. Peut-être que maintenant tu pourras te lancer dans "L'échelle de Jacob" ?
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Arabella- Messages : 4827
Date d'inscription : 29/11/2016
Re: Ludmila Oulitskaïa
Arabella a écrit:Contente de voir que tu as apprécié. Peut-être que maintenant tu pourras te lancer dans "L'échelle de Jacob" ?
Ok, quand tu auras lu Zouleikha...
Dans L'échelle de Jacob, j'ai vu qu'il y a un arbre généalogique en début d'ouvrage. C'est le genre de truc qui me fait un peu peur. Genre des centaines de personnages à mémoriser !... C'est pas trop le bazar quand même ?
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Nightingale- Messages : 2831
Date d'inscription : 09/12/2017
Age : 56
Localisation : Sur le bord de la marge
Re: Ludmila Oulitskaïa
J'en suis à plus de la moitié de Zouleikha...
Non, il n'y a pas tant de personnages que cela, parce que certains sont centraux, et certains autres font des apparitions rapides, à des moments précis où cela a du sens.
Non, il n'y a pas tant de personnages que cela, parce que certains sont centraux, et certains autres font des apparitions rapides, à des moments précis où cela a du sens.
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Arabella- Messages : 4827
Date d'inscription : 29/11/2016
Re: Ludmila Oulitskaïa
-Sonietchka-
Un court roman qui raconte le destin de Sonia, bibliothécaire russe au physique peu attrayant qui, suite à un revers traumatisant dans son adolescence, préfère rêver sa vie dans les livres qu'elle dévore, réfugiée dans un sous sol. Un jour un artiste peintre de 20 ans son ainé, ancien aventurier revenu des camps, lui propose de l épouser.
On se demande comment cette femme, animée d'une foi intense en l'amour et émerveillée par ce bonheur inespéré qu'elle craint de perdre, réussit jusqu'à la fin à tenir la barre malgré les coups bas, les désillusions et la dureté de l'existence. Sans doute sous Staline, le simple fait d'avoir "une maison normale avec l'eau courante, une cuisine, une chambre pour sa fille et un atelier pour son mari" était déjà une forme de bonheur, mais son don d'abnégation et son inébranlable confiance en la vie sont une force pour Sonia.
Le récit est concis, il dit l'essentiel sur un ton détaché, jouant sur cette distance pour immiscer quelques pointes d'humour. Et surtout il nous plonge dans cette atmosphère si particulière de la Russie Soviétique où misère et beauté pouvaient se côtoyer. Bien envie de continuer avec cette auteure, merci à vous pour le conseil @Arabella et @Nightingale!
Un court roman qui raconte le destin de Sonia, bibliothécaire russe au physique peu attrayant qui, suite à un revers traumatisant dans son adolescence, préfère rêver sa vie dans les livres qu'elle dévore, réfugiée dans un sous sol. Un jour un artiste peintre de 20 ans son ainé, ancien aventurier revenu des camps, lui propose de l épouser.
On se demande comment cette femme, animée d'une foi intense en l'amour et émerveillée par ce bonheur inespéré qu'elle craint de perdre, réussit jusqu'à la fin à tenir la barre malgré les coups bas, les désillusions et la dureté de l'existence. Sans doute sous Staline, le simple fait d'avoir "une maison normale avec l'eau courante, une cuisine, une chambre pour sa fille et un atelier pour son mari" était déjà une forme de bonheur, mais son don d'abnégation et son inébranlable confiance en la vie sont une force pour Sonia.
Le récit est concis, il dit l'essentiel sur un ton détaché, jouant sur cette distance pour immiscer quelques pointes d'humour. Et surtout il nous plonge dans cette atmosphère si particulière de la Russie Soviétique où misère et beauté pouvaient se côtoyer. Bien envie de continuer avec cette auteure, merci à vous pour le conseil @Arabella et @Nightingale!
Aeriale- Messages : 11968
Date d'inscription : 30/11/2016
Re: Ludmila Oulitskaïa
Le chapiteau vert
Et voilà, à cause d'@Arabella, je viens de dévorer un pavé de 500 pages (ou 775 pages en poche).
Mais quel monument ce roman !
L'histoire débute en mars 1953 (au moment de la mort de Staline) et nous amène jusqu'en 1996.
Il y est question des ces trois personnages Ylia, Micha et Sania. Mais pas seulement. Autour d'eux gravitent tout un ensemble d'autres personnages.
Tout comme eux, le lecteur se retrouve plongé dans la grande histoire de l'Union soviétique et ses nombreux tourments.
Je pourrais reprendre mot pour mot une partie du commentaire d'Arabella sur L'échelle de Jacob. Ici aussi, le roman est centré sur les personnages, la manière dont ils se construisent, comment ils réussissent à vivre dans cette société tellement absurde, entre dénonciations saugrenues, arrestations, voire déportation.
Chacun trouvera (plus ou moins) sa façon de s’accommoder de cette vie. Et là, on aborde ce qui est aussi au centre du roman : l'art. Essentiellement la littérature (les nombreuses citations permettent d'envisager une LAL conséquente !) mais aussi la musique, la poésie...
J'ai adoré la construction du roman, qui n'est pas linéaire.
Dès le premier quart du roman, on est déjà confrontés à la mort de certains personnages principaux, les années ont filées. Déjà, se dit-on ?
Mais non, l'auteure nous ramène ensuite en arrière, avec d'autres personnages. Puis nous retrouvons, mais à d'autres périodes, ceux que nous avons perdus, de sorte qu'on va ensuite suivre leur vie sous un autre angle. C'est vertigineux. Certes il faut suivre, d'autant que beaucoup de noms se ressemblent pour nous autres occidentaux, sans parler des surnoms et diminutifs dont raffolent les russes ! Mais rien à faire, on ne se perd pas, et on est passionnés par tout ce que traversent les personnages, tellement l'ampleur du roman permet de s'y attacher et de ressentir littéralement les différentes personnalités.
Rien à dire, c'est magnifique ! Je n'en ai pas fini avec Ludmila Oulitskaïa !
@Arabella, si tu n'as pas encore lu celui-ci, je suis à peu près certain que tu adorerais.
Enfin, je ne résiste pas à vous délivrer ces vers, que l'auteure attribue dans son roman à un poète tatar :
Présentation de l'éditeur :
Trois amis deviennent dissidents par amour pour la littérature : Ilya, Sania et Micha font connaissance à l'école où ils sont les souffre-douleur d'autres camarades, plus grands ou plus forts. Car Ilya est laid et pauvre ; Sania un musicien fragile ; quant à Micha, il est juif...
Le soutien de leur professeur de lettres est essentiel pour les trois amis, en cette Union Soviétique qui vient de vivre la mort de Staline et où chacun doit se positionner par rapport au pouvoir. Ilya documente ces années mouvementées en prenant des photos, tandis que Micha se rapproche du samizdat. Et lorsque Micha est dénoncé et déporté dans un camp, c'est Sania qui se charge de s'occuper de sa femme et de son enfant...
Et voilà, à cause d'@Arabella, je viens de dévorer un pavé de 500 pages (ou 775 pages en poche).
Mais quel monument ce roman !
L'histoire débute en mars 1953 (au moment de la mort de Staline) et nous amène jusqu'en 1996.
Il y est question des ces trois personnages Ylia, Micha et Sania. Mais pas seulement. Autour d'eux gravitent tout un ensemble d'autres personnages.
Tout comme eux, le lecteur se retrouve plongé dans la grande histoire de l'Union soviétique et ses nombreux tourments.
Je pourrais reprendre mot pour mot une partie du commentaire d'Arabella sur L'échelle de Jacob. Ici aussi, le roman est centré sur les personnages, la manière dont ils se construisent, comment ils réussissent à vivre dans cette société tellement absurde, entre dénonciations saugrenues, arrestations, voire déportation.
"La vie soviétique a vraiment quelque chose d’étonnant, à moins que ce ne soit russe, ça... On ne peut jamais savoir d'où viendra la trahison et d'où viendra l'aide. Les rôles peuvent être intervertis en un clin d’œil..."
Chacun trouvera (plus ou moins) sa façon de s’accommoder de cette vie. Et là, on aborde ce qui est aussi au centre du roman : l'art. Essentiellement la littérature (les nombreuses citations permettent d'envisager une LAL conséquente !) mais aussi la musique, la poésie...
J'ai adoré la construction du roman, qui n'est pas linéaire.
Dès le premier quart du roman, on est déjà confrontés à la mort de certains personnages principaux, les années ont filées. Déjà, se dit-on ?
Mais non, l'auteure nous ramène ensuite en arrière, avec d'autres personnages. Puis nous retrouvons, mais à d'autres périodes, ceux que nous avons perdus, de sorte qu'on va ensuite suivre leur vie sous un autre angle. C'est vertigineux. Certes il faut suivre, d'autant que beaucoup de noms se ressemblent pour nous autres occidentaux, sans parler des surnoms et diminutifs dont raffolent les russes ! Mais rien à faire, on ne se perd pas, et on est passionnés par tout ce que traversent les personnages, tellement l'ampleur du roman permet de s'y attacher et de ressentir littéralement les différentes personnalités.
Rien à dire, c'est magnifique ! Je n'en ai pas fini avec Ludmila Oulitskaïa !
@Arabella, si tu n'as pas encore lu celui-ci, je suis à peu près certain que tu adorerais.
Enfin, je ne résiste pas à vous délivrer ces vers, que l'auteure attribue dans son roman à un poète tatar :
Ce n'est pas un chien qui hurle d'une voix terrible
Dans les nuits glaciales de Moscou,
C'est le maitre du Kremlin assoiffé de sang,
Qui hurle et rugit, le ventre vide...
(roman écrit en 2010)_________________
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