André Malraux
2 participants
Books en Stock :: Hey Billie Y'a quoi dans ta bibliothèque ? :: Littérature française :: Auteurs nés entre 1871 et 1940
Page 1 sur 1
André Malraux
André Malraux (1901-1976)
Source : Wikipédia
André Malraux, né le 3 novembre 1901 dans le 18e arrondissement de Paris et mort le 23 novembre 1976 à Créteil (Val-de-Marne), est un écrivain, aventurier, homme politique et intellectuel français.
Essentiellement autodidacte et tenté par l'aventure, André Malraux gagne l'Indochine, où il participe à un journal anticolonialiste et est emprisonné en 1923-1924 pour vol et recel d'antiquités sacrées khmères. Revenu en France, il transpose cette aventure dans son roman La Voie royale publié en 1930, et gagne la célébrité dans la francophonie avec la parution en 1933 de La Condition humaine, un roman d'aventure et d'engagement qui s'inspire des soubresauts révolutionnaires de la Chine et obtient le prix Goncourt.
Militant antifasciste, André Malraux combat en 1936-1937 aux côtés des républicains espagnols. Son engagement le conduit à écrire son roman L'Espoir, publié en décembre 1937, et à en tourner une adaptation filmée Espoir, sierra de Teruel en 1938. Il rejoint la Résistance en mars 1944 et participe aux combats lors de la Libération de la France. Après la guerre, il s’attache à la personne du général de Gaulle, joue un rôle politique au RPF, et devient, après le retour au pouvoir du général de Gaulle, ministre d'État, ministre de la Culture de 1959 à 1969.
Il écrit alors de nombreux ouvrages sur l'art comme Le Musée imaginaire ou Les Voix du silence (1951) et prononce des oraisons funèbres mémorables comme lors du transfert des cendres de Jean Moulin au Panthéon le 19 décembre 1964 ou lors des funérailles de Le Corbusier le 3 septembre 1965 dans la cour du Louvre, ou de Georges Braque. En 1996, pour le vingtième anniversaire de sa mort survenue le 23 novembre 1976, ce sont les cendres de Malraux qui sont à leur tour transférées au Panthéon.
_________________
Je ne lis jamais un livre dont je dois écrire la critique ; on se laisse tellement influencer. (Oscar Wilde)
Arabella- Messages : 4644
Date d'inscription : 29/11/2016
Re: André Malraux
Antimémoires
Malraux a commencé l'écriture des Antimémoires en 1965, lors d'un voyage qui devait le mener en Chine pour rencontrer Mao. Un voyage diplomatique (il était ministre à l'époque), mais fait d'une étrange manière, par bateau. Mais Malraux est dans un état dépressif profond, et le but du voyage, dont la partie officielle sera définie tardivement, est aussi de lui permettre de reprendre pied.
En 1965 Malraux a depuis un bon moment terminé sa carrière de romancier. Il s'est tourné à la suite vers des écrits sur l'art, et il pensait d'ailleurs profiter du voyage qui s'offrait à lui pour travailler sur une nouvelle version du Musée imaginaire. Mais au Caire, il se lance dans l'écriture des Antimémoires, qui vont initier une nouvelle époque dans sa création, celle du mémorialiste. D'autres textes autobiographiques suivront, Malraux va les intégrer dans un cadre commun sous le titre le miroir des limbes, dont les Antimémoires sont une première partie. Bien plus célèbre que les ouvrages suivants, et qui dès sa parution a rencontré un grand succès, à la fois auprès du public et de la critique.
Le genre des mémoires à l'époque où Malraux s'est lancé dans son entreprise, a une acception plus large qu'aujourd'hui :
« Les Mémoires du XXe siècle sont de deux natures. D'une part, le témoignage sur des événements : c'est parfois, dans les Mémoires de guerre du général De Gaulle, dans Les Sept Piliers de la sagesse, le récit de l'exécution d'un grand dessein. D'autre part, l'introspection dont Gide est le dernier représentant illustre, conçue comme étude de l'homme. » ( Antimémoires)
C'est donc à la fois les Mémoires, mais aussi les autobiographies, ou comme le dit Malraux les Confessions. Il pense ce dernier genre obsolète, à cause de la psychanalyse, bien plus efficace pour décortiquer les profondeurs humaines. L'évolution actuelle de la littérature lui donnera complètement tort sur ce point. Mais cela indique la direction qu'il compte donner à son texte : en aucun cas il ne s'agit d'essayer de comprendre comment sa personnalité s'est construite, ni encore moins d'évoquer des souvenirs attendris du passé. Malraux dit d'ailleurs :
« Réfléchir sur la vie — sur la vie en face de la mort — sans doute n'est-ce qu'approfondir son
interrogation. [...] En face de cette question, que m'importe ce qui n'importe qu'à moi ? Presque tous les écrivains que je connais aiment leur enfance, je déteste la mienne. J'ai peu ou mal appris à me créer moi-même, si se créer, c'est s'accommoder de cette auberge sans routes qui s'appelle la vie. J'ai su quelquefois agir, mais l'intérêt de l'action, sauf lorsqu'elle s'élève à l'histoire, est dans ce qu'on fait et non dans ce qu'on dit. Je ne m'intéresse guère. (Antimémoires).
Malraux revendique donc pour son texte le genre des Mémoire, qu'il considère en prise avec l'action, avec l'histoire en train de se faire. Il a l'ambition de mener une réflexion sur la condition humaine, et non pas une introspection, qui rechercherait une vie dans sa singularité. La connaissance de soi est impossible et inutile, la question pertinente est non pas « qui je suis » mais « qu'est-ce qu'une vie ».
Mais s'il se voit mémorialiste, il questionne, voire déconstruit le genre des mémoires. Il réfute l'effacement trompeur de l'auteur au profit de l'observateur, prétendant à l'objectivité, il est présent en permanence et vit les événements qu'il décrit.
Il met aussi en cause la linéarité du récit. Comme le roman, les Mémoires doivent dépasser le récit, au-delà des faits, chercher le sent, toucher l'éternel au-delà de l'instant. L'auteur doit trouver une sorte de troisième dimension. D'où une dramatisation de la narration, il s'agit de mettre en scène, rendre présent. de très nombreux dialogues sont un outil utilisé abondamment par Malraux pour arriver à ce résultats. Comme les mises en abîmes, la mise en lien de moments différents qui se répondent : les différentes parties du texte entremêlent presque systématiquement deux-trois moments temporels parfois séparés par des décennies. L'unité du récit est un artifice, qui empêche la recherche des enjeux existentiels.
Enfin, il s'agit pour Malraux de mettre à nu les mécanisme de la mémoire, dans laquelle différents moments cohabitent, les périodes s'entremêlent, se répondent, ce qui va ensemble, non pas par la chronologie mais par le sens, s'agrège. Il s'agit de redonner la première place à une mémoire personnelle, en action, qui se met en scène. C'est par cela que le titre d'Antimémoires prend son sens : il ne s'agit pas d'une description d'événements où le moi de l'écrivain s'efface, ou fait semblant de le faire, mais où au contraire il est mis en avant, théâtralisé.
Evidemment cela peut agacer, car le personnage Malraux, avec ses excès, son emphase, est présent de bout en bout. Lorsqu'il fait parler Nehru, c'est lui qu'on entend parler, jusque dans ses tics de langage, ses partis pris. Mais en allant jusqu'au bout de sa démarche, il finit par faire apparaître son dessein, une réflexion sur l'histoire, sur les ressorts des actions, sur ce qu'il considère comme essentiel au-delà de l'écume des événements. Et il garde de son expérience de romancier un talent certain à construire, à tenir en haleine, à relever un détail, à caractériser. Si on arrive à trouver le rythme, cela devient très prenant, passionnant par moments. Et le livre continue à questionner une fois la dernière page tournée.
Malraux a commencé l'écriture des Antimémoires en 1965, lors d'un voyage qui devait le mener en Chine pour rencontrer Mao. Un voyage diplomatique (il était ministre à l'époque), mais fait d'une étrange manière, par bateau. Mais Malraux est dans un état dépressif profond, et le but du voyage, dont la partie officielle sera définie tardivement, est aussi de lui permettre de reprendre pied.
En 1965 Malraux a depuis un bon moment terminé sa carrière de romancier. Il s'est tourné à la suite vers des écrits sur l'art, et il pensait d'ailleurs profiter du voyage qui s'offrait à lui pour travailler sur une nouvelle version du Musée imaginaire. Mais au Caire, il se lance dans l'écriture des Antimémoires, qui vont initier une nouvelle époque dans sa création, celle du mémorialiste. D'autres textes autobiographiques suivront, Malraux va les intégrer dans un cadre commun sous le titre le miroir des limbes, dont les Antimémoires sont une première partie. Bien plus célèbre que les ouvrages suivants, et qui dès sa parution a rencontré un grand succès, à la fois auprès du public et de la critique.
Le genre des mémoires à l'époque où Malraux s'est lancé dans son entreprise, a une acception plus large qu'aujourd'hui :
« Les Mémoires du XXe siècle sont de deux natures. D'une part, le témoignage sur des événements : c'est parfois, dans les Mémoires de guerre du général De Gaulle, dans Les Sept Piliers de la sagesse, le récit de l'exécution d'un grand dessein. D'autre part, l'introspection dont Gide est le dernier représentant illustre, conçue comme étude de l'homme. » ( Antimémoires)
C'est donc à la fois les Mémoires, mais aussi les autobiographies, ou comme le dit Malraux les Confessions. Il pense ce dernier genre obsolète, à cause de la psychanalyse, bien plus efficace pour décortiquer les profondeurs humaines. L'évolution actuelle de la littérature lui donnera complètement tort sur ce point. Mais cela indique la direction qu'il compte donner à son texte : en aucun cas il ne s'agit d'essayer de comprendre comment sa personnalité s'est construite, ni encore moins d'évoquer des souvenirs attendris du passé. Malraux dit d'ailleurs :
« Réfléchir sur la vie — sur la vie en face de la mort — sans doute n'est-ce qu'approfondir son
interrogation. [...] En face de cette question, que m'importe ce qui n'importe qu'à moi ? Presque tous les écrivains que je connais aiment leur enfance, je déteste la mienne. J'ai peu ou mal appris à me créer moi-même, si se créer, c'est s'accommoder de cette auberge sans routes qui s'appelle la vie. J'ai su quelquefois agir, mais l'intérêt de l'action, sauf lorsqu'elle s'élève à l'histoire, est dans ce qu'on fait et non dans ce qu'on dit. Je ne m'intéresse guère. (Antimémoires).
Malraux revendique donc pour son texte le genre des Mémoire, qu'il considère en prise avec l'action, avec l'histoire en train de se faire. Il a l'ambition de mener une réflexion sur la condition humaine, et non pas une introspection, qui rechercherait une vie dans sa singularité. La connaissance de soi est impossible et inutile, la question pertinente est non pas « qui je suis » mais « qu'est-ce qu'une vie ».
Mais s'il se voit mémorialiste, il questionne, voire déconstruit le genre des mémoires. Il réfute l'effacement trompeur de l'auteur au profit de l'observateur, prétendant à l'objectivité, il est présent en permanence et vit les événements qu'il décrit.
Il met aussi en cause la linéarité du récit. Comme le roman, les Mémoires doivent dépasser le récit, au-delà des faits, chercher le sent, toucher l'éternel au-delà de l'instant. L'auteur doit trouver une sorte de troisième dimension. D'où une dramatisation de la narration, il s'agit de mettre en scène, rendre présent. de très nombreux dialogues sont un outil utilisé abondamment par Malraux pour arriver à ce résultats. Comme les mises en abîmes, la mise en lien de moments différents qui se répondent : les différentes parties du texte entremêlent presque systématiquement deux-trois moments temporels parfois séparés par des décennies. L'unité du récit est un artifice, qui empêche la recherche des enjeux existentiels.
Enfin, il s'agit pour Malraux de mettre à nu les mécanisme de la mémoire, dans laquelle différents moments cohabitent, les périodes s'entremêlent, se répondent, ce qui va ensemble, non pas par la chronologie mais par le sens, s'agrège. Il s'agit de redonner la première place à une mémoire personnelle, en action, qui se met en scène. C'est par cela que le titre d'Antimémoires prend son sens : il ne s'agit pas d'une description d'événements où le moi de l'écrivain s'efface, ou fait semblant de le faire, mais où au contraire il est mis en avant, théâtralisé.
Evidemment cela peut agacer, car le personnage Malraux, avec ses excès, son emphase, est présent de bout en bout. Lorsqu'il fait parler Nehru, c'est lui qu'on entend parler, jusque dans ses tics de langage, ses partis pris. Mais en allant jusqu'au bout de sa démarche, il finit par faire apparaître son dessein, une réflexion sur l'histoire, sur les ressorts des actions, sur ce qu'il considère comme essentiel au-delà de l'écume des événements. Et il garde de son expérience de romancier un talent certain à construire, à tenir en haleine, à relever un détail, à caractériser. Si on arrive à trouver le rythme, cela devient très prenant, passionnant par moments. Et le livre continue à questionner une fois la dernière page tournée.
_________________
Je ne lis jamais un livre dont je dois écrire la critique ; on se laisse tellement influencer. (Oscar Wilde)
Arabella- Messages : 4644
Date d'inscription : 29/11/2016
Re: André Malraux
Tiens, un jeune auteur plein de promesses !
Ce livre m'a l'air d'être un sacré pavé, non ?
...
Malraux, j'avais adoré, au lycée, La condition humaine. Une de ces lectures imposées par les études qui marque.
Je n'ai jamais tenté autre chose (c'est tout de même très très très sérieux. Et je n'ai plus le sérieux de la jeunesse). Je ne pense pas que ces Antimémoires soient la porte judicieuse pour moi.
Néanmoins, j'ai lu ses correspondances avec Casarès, et je suis tombée amoureuse de leur histoire, de leurs lettres.
Ce livre m'a l'air d'être un sacré pavé, non ?
...
Malraux, j'avais adoré, au lycée, La condition humaine. Une de ces lectures imposées par les études qui marque.
Je n'ai jamais tenté autre chose (c'est tout de même très très très sérieux. Et je n'ai plus le sérieux de la jeunesse). Je ne pense pas que ces Antimémoires soient la porte judicieuse pour moi.
Néanmoins, j'ai lu ses correspondances avec Casarès, et je suis tombée amoureuse de leur histoire, de leurs lettres.
_________________
Et, du monde indistinct des rêves, là où se terrent les secrets mystiques, une réponse surgit.
Queenie- Messages : 6604
Date d'inscription : 29/11/2016
Localisation : *CabanCouette*
Books en Stock :: Hey Billie Y'a quoi dans ta bibliothèque ? :: Littérature française :: Auteurs nés entre 1871 et 1940
Page 1 sur 1
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
|
|