Émile Gaboriau
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Émile Gaboriau
Émile Gaboriau
Étienne Émile Gaboriau, né le 9 novembre 1832 à Saujon (Charente-Inférieure) et mort le 29 septembre 1873 à Paris dans le 9e arrondissement (Seine), est un écrivain français, considéré comme le père du roman policier. Son personnage, l'enquêteur Lecoq, a influencé Conan Doyle pour la création de Sherlock Holmes. Il a lui-même été influencé par Edgar Allan Poe.
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Je ne lis jamais un livre dont je dois écrire la critique ; on se laisse tellement influencer. (Oscar Wilde)
Arabella- Messages : 4815
Date d'inscription : 29/11/2016
Re: Émile Gaboriau
L'affaire Lerouge
Ce roman est souvent présenté, avec le double assassinat de la rue Morgue, comme l'un des premiers textes à l'origine du roman policier. Paru en 1865 en feuilleton sans grand succès, il le connaîtra après remaniement l'année d'après. Gaboriau va persévérer dans ce qui est en train de devenir un genre en faisant paraître d'autres livres basés sur des enquêtes criminelles, qui auront pour principal personnage un certain Lecoq, qui ne fait qu'un passage très rapide dans ce premier opus.
Nous sommes en 1862. Une femme, dite la veuve Lerouge est retrouvée assassinée dans sa maison de Bougival. le juge d'instruction Daburon, assisté par le commissaire Gévrol sont appelés sur les lieux du crime. Un certain Lecoq, qui fait partie de l'équipe de Gévrol conseille au juge de faire appel aux talents d'un certain Tabaret, retraité qui s'est pris de passion pour la résolution d'énigmes policières, et qui grâce à des talents de déduction hors du commun a permis à la police de résoudre des affaires sur lesquelles elle bloquait. Tabaret appelé sur la scène du crime va arriver à des conclusions très fortes, qui sembleront mettre Gévrol sur la touche. Tabaret va faire encore plus fort, et semble-t-il un peu par hasard, grâce à un de ses locataires, fournir un coupable qui semble certain à la police.
Nous trouvons bien dans ce roman quelques d'éléments que l'on considère spécifiques au roman policier : un meurtre, un scénario de déductions rigoureux. Mais l'intrigue de Gaboriau présente aussi des caractéristiques de la littérature feuilletonnesque, du mélodrame en vogue à l'époque. le personnage de Tabaret est juste une esquisse du détective, comme le seront Sherlock Holmes ou Hercule Poirot : il ne vit pas de ce métier, qui lui coûte en réalité de l'argent, et il arrive à ce qu'il pense être la conclusion un peu par hasard, grâce à une de ses relations. Il disparaît quelque peu à un moment du roman, et c'est Gévrol qui amène des éléments décisifs. D'ailleurs Tabaret renoncera à ses velléités de résoudre des énigmes policières à la fin du livre. Ce n'est donc pas un personnage complètement abouti, c'est Lecoq, simple comparse dans cette première tentative qui deviendra un véritable archétype. Mais il pose un certain nombre de points qui seront importants dans l'évolution du roman policier : la justice et la police sont de lourdes machines, avec des fonctionnements routiniers, et il faut pour aboutir à la vérité, surtout dans une affaire qui sort d'un cadre connu, des personnalités hors normes, qui ont l'agilité et la liberté de penser en dehors des schémas convenus, pour arriver à damner la pion aux criminels inventifs, capables de tirer profit du caractère sclérosé des institutions.
Mais ce que l'on pourrait appeler l'intrigue policière n'est qu'une partie du roman. Ce dernier brosse aussi des portraits de personnages, de milieux sociaux, donne une représentation de la société, transmet une morale. Assez conventionnelle d'ailleurs. Et selon les règles du mélodrame, la justice et le bien triomphent, après des épreuves imposées aux personnages vertueux, qui sortent grandis de l'expérience. A l'inverse, les scélérats sont punis, et la victime a au final bien mérité son triste sort. le désordre provoqué par le crime se trouve résolu, et l'ordre est restauré, permettant un renforcement des hiérarchies sociales et des normes en vigueur.
Malgré certaines longueurs, cela reste terriblement efficace et prenant. Même si l'on se doute un peu du dénouement, Gaboriau ménage jusque la fin un suspens, une action trépidante, avec une maîtrise redoutable.
Ce roman est souvent présenté, avec le double assassinat de la rue Morgue, comme l'un des premiers textes à l'origine du roman policier. Paru en 1865 en feuilleton sans grand succès, il le connaîtra après remaniement l'année d'après. Gaboriau va persévérer dans ce qui est en train de devenir un genre en faisant paraître d'autres livres basés sur des enquêtes criminelles, qui auront pour principal personnage un certain Lecoq, qui ne fait qu'un passage très rapide dans ce premier opus.
Nous sommes en 1862. Une femme, dite la veuve Lerouge est retrouvée assassinée dans sa maison de Bougival. le juge d'instruction Daburon, assisté par le commissaire Gévrol sont appelés sur les lieux du crime. Un certain Lecoq, qui fait partie de l'équipe de Gévrol conseille au juge de faire appel aux talents d'un certain Tabaret, retraité qui s'est pris de passion pour la résolution d'énigmes policières, et qui grâce à des talents de déduction hors du commun a permis à la police de résoudre des affaires sur lesquelles elle bloquait. Tabaret appelé sur la scène du crime va arriver à des conclusions très fortes, qui sembleront mettre Gévrol sur la touche. Tabaret va faire encore plus fort, et semble-t-il un peu par hasard, grâce à un de ses locataires, fournir un coupable qui semble certain à la police.
Nous trouvons bien dans ce roman quelques d'éléments que l'on considère spécifiques au roman policier : un meurtre, un scénario de déductions rigoureux. Mais l'intrigue de Gaboriau présente aussi des caractéristiques de la littérature feuilletonnesque, du mélodrame en vogue à l'époque. le personnage de Tabaret est juste une esquisse du détective, comme le seront Sherlock Holmes ou Hercule Poirot : il ne vit pas de ce métier, qui lui coûte en réalité de l'argent, et il arrive à ce qu'il pense être la conclusion un peu par hasard, grâce à une de ses relations. Il disparaît quelque peu à un moment du roman, et c'est Gévrol qui amène des éléments décisifs. D'ailleurs Tabaret renoncera à ses velléités de résoudre des énigmes policières à la fin du livre. Ce n'est donc pas un personnage complètement abouti, c'est Lecoq, simple comparse dans cette première tentative qui deviendra un véritable archétype. Mais il pose un certain nombre de points qui seront importants dans l'évolution du roman policier : la justice et la police sont de lourdes machines, avec des fonctionnements routiniers, et il faut pour aboutir à la vérité, surtout dans une affaire qui sort d'un cadre connu, des personnalités hors normes, qui ont l'agilité et la liberté de penser en dehors des schémas convenus, pour arriver à damner la pion aux criminels inventifs, capables de tirer profit du caractère sclérosé des institutions.
Mais ce que l'on pourrait appeler l'intrigue policière n'est qu'une partie du roman. Ce dernier brosse aussi des portraits de personnages, de milieux sociaux, donne une représentation de la société, transmet une morale. Assez conventionnelle d'ailleurs. Et selon les règles du mélodrame, la justice et le bien triomphent, après des épreuves imposées aux personnages vertueux, qui sortent grandis de l'expérience. A l'inverse, les scélérats sont punis, et la victime a au final bien mérité son triste sort. le désordre provoqué par le crime se trouve résolu, et l'ordre est restauré, permettant un renforcement des hiérarchies sociales et des normes en vigueur.
Malgré certaines longueurs, cela reste terriblement efficace et prenant. Même si l'on se doute un peu du dénouement, Gaboriau ménage jusque la fin un suspens, une action trépidante, avec une maîtrise redoutable.
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Je ne lis jamais un livre dont je dois écrire la critique ; on se laisse tellement influencer. (Oscar Wilde)
Arabella- Messages : 4815
Date d'inscription : 29/11/2016
Re: Émile Gaboriau
Le crime d'Orcival
Publié en 1867, ce roman met en vedette le personnage de Lecoq, qui n'était qu'un comparse dans L'affaire Lerouge. Deux braconniers découvrent dans le parc le cadavre de le comtesse de Tremorel, assassinée d'une manière très violente. le maire, M. Courtois fait venir le juge de paix, M. Plantat, un médecin Gendron, et le juge d'instruction. Il ne peuvent que constater le meurtre de la comtesse, défigurée. Mais malgré toutes les recherches, le corps du comte reste introuvable. Toutefois, le juge suppose qu'un double meurtre aurait été commis par une groupe de malfaiteurs, pour dérober une grosse somme d'argent que le comte détenait. Les braconniers sont arrêtés, ainsi qu'un domestique, Guespin, qui semble le coupable désigné. L'enquête paraît donc bouclée à l'arrivée de Lecoq venu spécialement de Paris, mais très vite il est évident que Lecoq ne fait pas la même analyse à partir de la scène du crime, analyse partagée par Plantat, qui semble en savoir beaucoup. Plantat invite Lecoq et Gendron chez lui, les trois hommes vont échanger leurs informations, et proposer une version du crime très différente de celle du juge d'instruction.
Dans un deuxième temps, Plantat lit un texte, qui raconte l'histoire pour le moins compliquée du comte et de la comtesse, et qui explique les raisons du crime, et fournit un mobile au coupable. Dans une troisième partie, Lecoq accompagné par Plantat, très intéressé pour des raisons personnels à cette affaire, arrivent à retrouver le coupable, et à résoudre l'affaire à la satisfaction de tout le monde.
La première partie est très intéressante et bien faite, posant un certain nombre de bases du roman policier : l'interprétation des indices matériels, la capacité à démonter les fausses pistes laissées par les criminels, comme l'heure du crime grâce à une horloge brisée etc. Lecoq anticipe par ses nombreux déguisements ceux de Sherlock Holmes. Tout cela est très efficace, la résolution de l'énigme semble très convaincante, et on se demande de quelle manière l'auteur va occuper le reste de son roman. Malheureusement, il nous sert une histoire feuilletonesque et mélodramatique, de noceur sans foi ni loi, de fille séduite, de vengeance au-delà de la mort etc. J'ai trouvé cela assez long et pas très convaincant. On revient à plus d'action dans la dernière partie, mais on ne doute à aucun moment que Lecoq trouvera le criminel, et en effet, il y parvient très facilement et rapidement. Et l'aspect mélodramatique est toujours présent. Sans oublier une fin, qui paraissait sans doute très satisfaisante à l'époque, mais qui semble choquante maintenant : le mariage d'un homme d'âge mûr et d'une toute jeune femme, enceinte du misérable criminel, pour qui c'est le seul moyen de garder son « honneur » et donc une place dans la société.
Tout cela est tout de même un peu daté, la seule partie vraiment intéressante, est la partie enquête du début. Lecoq, même s'il est plus caractérisé que Tabaret (le personnage principal de L'affaire Lerouge) est tout de même bien moins intéressant que Sherlock Holmes, Hercule Poirot, ou d'autres détectives ; Lecoq est surtout là pour résoudre l'enquête et on apprend finalement peu sur lui, il est donc difficile de s'y attacher.
Il existe une version radiophonique du roman, que l'on peut écouter en podcast sur le site de Radio-France : https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/le-crime-d-orcival?p=1
Publié en 1867, ce roman met en vedette le personnage de Lecoq, qui n'était qu'un comparse dans L'affaire Lerouge. Deux braconniers découvrent dans le parc le cadavre de le comtesse de Tremorel, assassinée d'une manière très violente. le maire, M. Courtois fait venir le juge de paix, M. Plantat, un médecin Gendron, et le juge d'instruction. Il ne peuvent que constater le meurtre de la comtesse, défigurée. Mais malgré toutes les recherches, le corps du comte reste introuvable. Toutefois, le juge suppose qu'un double meurtre aurait été commis par une groupe de malfaiteurs, pour dérober une grosse somme d'argent que le comte détenait. Les braconniers sont arrêtés, ainsi qu'un domestique, Guespin, qui semble le coupable désigné. L'enquête paraît donc bouclée à l'arrivée de Lecoq venu spécialement de Paris, mais très vite il est évident que Lecoq ne fait pas la même analyse à partir de la scène du crime, analyse partagée par Plantat, qui semble en savoir beaucoup. Plantat invite Lecoq et Gendron chez lui, les trois hommes vont échanger leurs informations, et proposer une version du crime très différente de celle du juge d'instruction.
Dans un deuxième temps, Plantat lit un texte, qui raconte l'histoire pour le moins compliquée du comte et de la comtesse, et qui explique les raisons du crime, et fournit un mobile au coupable. Dans une troisième partie, Lecoq accompagné par Plantat, très intéressé pour des raisons personnels à cette affaire, arrivent à retrouver le coupable, et à résoudre l'affaire à la satisfaction de tout le monde.
La première partie est très intéressante et bien faite, posant un certain nombre de bases du roman policier : l'interprétation des indices matériels, la capacité à démonter les fausses pistes laissées par les criminels, comme l'heure du crime grâce à une horloge brisée etc. Lecoq anticipe par ses nombreux déguisements ceux de Sherlock Holmes. Tout cela est très efficace, la résolution de l'énigme semble très convaincante, et on se demande de quelle manière l'auteur va occuper le reste de son roman. Malheureusement, il nous sert une histoire feuilletonesque et mélodramatique, de noceur sans foi ni loi, de fille séduite, de vengeance au-delà de la mort etc. J'ai trouvé cela assez long et pas très convaincant. On revient à plus d'action dans la dernière partie, mais on ne doute à aucun moment que Lecoq trouvera le criminel, et en effet, il y parvient très facilement et rapidement. Et l'aspect mélodramatique est toujours présent. Sans oublier une fin, qui paraissait sans doute très satisfaisante à l'époque, mais qui semble choquante maintenant : le mariage d'un homme d'âge mûr et d'une toute jeune femme, enceinte du misérable criminel, pour qui c'est le seul moyen de garder son « honneur » et donc une place dans la société.
Tout cela est tout de même un peu daté, la seule partie vraiment intéressante, est la partie enquête du début. Lecoq, même s'il est plus caractérisé que Tabaret (le personnage principal de L'affaire Lerouge) est tout de même bien moins intéressant que Sherlock Holmes, Hercule Poirot, ou d'autres détectives ; Lecoq est surtout là pour résoudre l'enquête et on apprend finalement peu sur lui, il est donc difficile de s'y attacher.
Il existe une version radiophonique du roman, que l'on peut écouter en podcast sur le site de Radio-France : https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/le-crime-d-orcival?p=1
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Je ne lis jamais un livre dont je dois écrire la critique ; on se laisse tellement influencer. (Oscar Wilde)
Arabella- Messages : 4815
Date d'inscription : 29/11/2016
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