Rosamond Lehmann

-Intempéries-



Nous retrouvons Olivia, l'héroïne de L'invitation à la valse, dix ans après, séparée de son mari et installée à Londres où elle travaille chez une de ses amies photographe. Appelée auprès de son père alité suite à une pneumonie, elle retrouve dans le train le séduisant Rollo, rencontré furtivement lors de ce fameux bal chez les Spencer, à présent marié lui aussi, dont elle retombe immédiatement sous le charme. Ils vont alors s'engager dans une relation passionnelle mais les conventions et la difficulté de s'en affranchir seront autant d'obstacles impossibles à éviter.

Après les rêves et l'insouciance de sa jeunesse, Olivia va connaitre les affres de la clandestinité, de l'adultère vécu dans l'incertitude, les tourments et parfois la honte. Une liaison dévorante qu'elle aura du mal à gérer, partagée entre la volonté de s'émanciper, de vivre sa passion, et la conscience que rien n'est simple dans une société encore très clivée, régie par la bienséance.

On imagine que l'auteure s'est inspirée de sa propre expérience, qu'elle a dû subir elle même ce carcan imposé aux femmes éprises de liberté, dans une époque où peu d'alternatives étaient laissées à celle vivant en célibataire ou en marge. Une époque où sous les conventions, les ardeurs couvaient et des drames se nouaient.

Ici encore elle observe et analyse magnifiquement les revirements, les questionnements de son personnage. On suit pas à pas Olivia, à la fois de l'extérieur, témoin de ses agissements, mais aussi de l'intérieur, avec cette alternance de 1ere et 3eme personne (dans la même phrase) On ressent tout de ses doutes, de sa souffrance et aussi de l'amour qui la consume. Des instants volés dont Rollo seul est le maître, qui la mettront au pied du mur, la forceront à considérer les choses plus froidement, avec lucidité, et comme le dit @Arabella, trouver sa vraie place pour mieux se définir.

Une description très fine, très complexe de cet état amoureux et du rôle ingrat de celles qui tentent de sortir des clous pour affirmer leur indépendance. On est loin des tergiversations de l'Olivia adolescente, ici le ton est grave, la réflexion bien là, mais les dialogues allègent l'ensemble, le rendent vivant et donnent au roman un aspect toujours actuel, bien que le style le situe dans son époque. J'y ai juste trouvé quelques longueurs dès qu'on s'éloignait du vrai sujet, mais peu de choses par rapport au plaisir de cette lecture. Un très bon moment, encore une fois!

Que c'est beau   !!
merci les filles pour ce fil, j'espère que la fin n'est pas triste
en tout cas j'ai entamé le tome II je sais que je n'aurai pas le temps avant la LC mais j'essayerai de faire les deux.
Bonne journée à vous