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E. M. Forster

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Message par Arabella Dim 22 Jan - 11:37

E. M. Forster ( 1879 - 1970)



E. M. Forster Forste10


E. M. Forster, officiellement Edward Morgan Forster, né le 1er janvier 1879 à Londres et mort le 7 juin 1970 (à 91 ans) à Coventry, est un romancier, nouvelliste et essayiste britannique.

Il est le fils d'Edward Morgan Forster, architecte, et de son épouse, née Alice (« Lily ») Whichelo (cousine du peintre Philip Whichelo). Son grand-père paternel, le révérend Charles Forster (vers 1787-1871) était recteur de la paroisse anglicane de Stisted (à Braintree dans l'Essex) et spécialiste des langues sémitiques1.

Son baptême (qui tient lieu d'enregistrement d'état civil) est marqué par un incident : alors que ses parents ont choisi pour premier nom de baptême « Henry », il reçoit par erreur celui de son père, « Edward ».

Son père meurt jeune de la tuberculose. Edward Morgan fait ses études secondaires à Tonbridge, une école privée dans le Kent, dont il a gardé un mauvais souvenir, puis au King's College de l'université de Cambridge, où il trouve plus de compréhension et de liberté. À partir de 1901, il fait partie des Cambridge Apostles, connus aussi sous le nom de Cambridge Conversazione Society, dont nombre de membres ont ensuite fait partie du groupe de Bloomsbury. Durant cette période, Forster est également en relation avec Siegfried Sassoon, J. R. Ackerley, et Forrest Reid ; il voyage en Égypte, en Allemagne et aux Indes avec l'humaniste G.L. Dickinson en 1914.

Après ses études universitaires, Forster voyage en Europe en compagnie de sa mère avec qui il a vécu jusqu’à la mort de celle-ci en 1945. Il publie son premier roman à 26 ans ; ses livres sont appréciés des critiques, et il connaît le succès avec Howards End (1910).

Travaillant pour la Croix-Rouge en Égypte durant l’hiver 1916-1917, il tombe amoureux d’un jeune Égyptien de 17 ans, Mohammed el-Adl, mort prématurément en 1922. Après un second séjour aux Indes dans les années 1920, il écrit son roman le plus célèbre qui étudie les rapports entre Occidentaux et Indiens, La Route des Indes. Dans les années 1930 et 1940, il devient une figure populaire de la radio par ses interventions à la BBC.

Après la mort de sa mère, Forster est élu membre honoraire du King's College en janvier 19462,3 où il accepte un poste honorifique et où il passe le reste de sa vie, sans produire de nouvelles œuvres notables.

Il refuse d'être fait chevalier (knight) en 1949, mais il devient Companion of Honour en 19532 et titulaire de l'ordre du Mérite en 1969. Il meurt un an plus tard d’un accident vasculaire cérébral 4, le 7 juin 1970 à l'âge de 91 ans, chez Buckingham à Coventry2.

La publication de Maurice et de ses nouvelles explicitement homosexuelles ont été source de controverses après sa mort.

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Message par Arabella Dim 22 Jan - 11:38

Le plus long des voyages

C'est le deuxième roman de Forster, après Monteriano. Rickie, un jeune anglais, légèrement handicapé, est au centre du livre. Etudes à Cambridge, mariage, tentatives d'écriture, entrée dans l'enseignement, en parallèle avec la découverte d'une histoire familiale compliquée, nous sommes bien dans l'univers de Forster. Entre ordre social et les exigences de ce qui est juste, entre les besoins du corps, de l'esprit et la morale.

L'histoire est peut être pas moments un peu extrême, un peu plus exagérée et simplifiée que dans d'autres romans ultérieurs, néanmoins c'est un livre dans la même lignée que ceux qui suivent. L'observation très fine des individus et d'une société. Dans un style bien à lui, qui prend son temps, mais sait être terriblement précis quand il le faut.

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Message par Arabella Dim 22 Jan - 11:39

Monteriano

Une veuve, sous la coupe de sa belle famille depuis la mort de son mari, tente de s'échapper du milieu snob et bien pensant dans lequel on veut l'enfermer. Au cours d'un voyage en Italie, elle épouse un Italien plus jeune qu'elle. le scandale est immense. Mais ce mariage ne rend pas Lilia heureuse, et elle meurt rapidement en couches. La belle famille de Lilia fait le maximum pour récupérer l'enfant, par sens du devoir.

Le résumé de ce roman est extrêmement difficile, parce qu'à la limite ce n'est pas le plus important. Les événements qui arrivent sont surtout là pour mettre en évidence la personnalité des différents protagonistes. Nous sommes chez Forster, l'opposition entre la façon de vivre en Grande-Bretagne et l'Italie, et les aspects mortifères de la morale et de la mentalité britannique sont très présents. Même si ce n'est pas une caricature, et que certains personnages sont plus complexes et plus susceptibles de changer qu'il n'y paraît au prime abord.

L'écriture et le talent de conteur de Forster rendent le récit très fluide, très vivant, on se demande comment tout cela va bien évoluer, et jusqu'à la fin l'auteur sait nous ménager des surprises.

Une lecture plaisir, mais qui va bien au-delà par la justesse d'observation et l'étude des personnages.

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Message par Moune Dim 22 Jan - 11:52

Aussi intéressant à lire qu'à regarder, dans des films généralement très réussis (en particulier par James Ivory).
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Message par Merlette Dim 22 Jan - 11:57

Maurice est celui que j'ai découvert en dernier et que je préfère car c'est un condensé du talent de Forster (critique sociale, analyse psychologique, humour, intelligence).

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Message par Epi Dim 22 Jan - 12:13

J'adore Forster, malheureusement je n'ai pas de commentaires car lu avant que je traîne sur les forums mais il m'en reste encore à découvrir et ça c'est chouette ! Maurice et La route des Indes sont mes préférés.

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Message par Arabella Dim 22 Jan - 12:24

Incontestablement ma préférence va à La route des Indes, à qui je trouve une ampleur et une ambition plus forte que dans ses autres oeuvres. Mais déjà lu deux fois, avant les forum, dont pas de commentaire en stock.

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Message par Moune Dim 22 Jan - 12:37

J'en ai lu un certain nombre (mais pas La Route des Indes), mais c'était il y a très longtemps. Quant aux films d'Ivory, je les ai vus plusieurs fois, et toujours avec grand plaisir.
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Message par Epi Dim 22 Jan - 12:54

J'aime beaucoup Ivory et ses adaptations de Forster sont vraiment réussies.

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Message par eXPie Mar 21 Fév - 21:40

E. M. Forster Forster-indes-p
En couverture : photo extraite du film de David Lean : A passage to India (1984).

Route des Indes (Passage to India, 1924). Traduit de l'anglais par Charles Mauron en 1927. Christian Bourgois Editeur. 407 pages.

"Route des Indes fut immédiatement un gros succès de vente et de critique. C’est de beaucoup le meilleur roman de l’auteur, qui a su, cette fois, faire abstraction de soi et laisser vivre ses personnages hors de lui-même. L’ouvrage provoqua en outre de furieuses discussions en posant d’une façon objective tout le problème anglais aux Indes. Les sympathies de l’auteur étaient acquises aux indigènes sans qu’il se dissimulât la difficulté de trouver une solution." (introduction, page 10).

Le début du roman présente les lieux.

"Hormis les grottes de Marabar - et elles sont à vingt milles de distance - la cité de Chandrapore n’offre rien d’extraordinaire. Bordée plutôt qu’arrosée par le Gange, elle s’étire pendant deux milles le long de la rive, à peine discernable des débris qu’elle y dépose si généreusement." (page 15).
Chandrapore est une ville inventée par l'auteur, contrairement aux grottes de Marabar.

E. M. Forster Forster-marabar-p
Extérieur des Grottes de Marabar

Le thème principal du roman est l'incompréhension réciproque des Anglais et des Indiens.

Voici le Dr Aziz, un des protagonistes principaux du roman, qui mange avec des amis : 
"Ils discutaient pour savoir s’il était possible, oui ou non, de lier amitié avec un Anglais. [...]
- Je soutiens seulement que c’est possible en Angleterre, répondit Hamidullah qui l’avait habitée autrefois, avant la grande poussée, et avait été cordialement accueilli à Cambridge.
- C’est impossible ici, Aziz ! [...]
- En effet, il n’y a rien à faire ici pour eux, voilà mon avis. Ils arrivent avec l’intention d’être gentlemen, puis on leur dit que ça n’ira pas. [...] Ils deviennent tous exactement les mêmes, ni meilleurs ni pires. Je donne deux ans à n’importe quel Anglais [...]. À une Anglaise quelconque, je lui donne six mois. Elles sont toutes exactement semblables." (pages 19-20).

La bonne volonté, les belles idées cèdent tôt ou tard (et plus tôt que tard) devant les opinions de la majorité. Car, même si certains Anglais, individuellement, ne sont pas forcément d'accord avec la façon de considérer les Indiens, il y a l'instinct grégaire qui va faire qu'un Anglais préférera toujours avoir tort avec un Anglais que raison avec un Indien.
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Message par eXPie Mar 21 Fév - 21:41

E. M. Forster Forster-indes-lean-01-p
Aziz (Victor Banerjee, à gauche) avec ses amis, dans le film de David Lean adapté du roman (1984)

Il arrive à Aziz de prendre la vie du bon côté :

"Lorsqu’il était de belle humeur, les Anglais lui apparaissaient comme une invention comique et il se réjouissait de n’en être pas compris." (page 72).
Mais il n'y a pas qu'un problème d'incompréhension entre Anglais et Indiens ; les Indiens eux-mêmes ne se comprennent pas toujours, ce qui est logique au vu de la diversité de l'Inde. 
Les religions, les convenances imposées par la société constituent des obstacles, mais ce ne sont les pas seuls : de façon plus générale, le livre aborde le problème de la compréhension de tout individu par un autre. Quand Aziz fait une bonne action (le prêt d'un bouton), il finit par être mal vu d'un Anglais, et uniquement parce que ce dernier aura eu des préjugé : lorsque quelque chose va de travers dans la tenue d'un Indien, l'Anglais ne va pas chercher une excuse "positive" : c'est nécessairement dans la nature même de l'Indien que d'être fautif.

Il y a souvent de l'humour désabusé. Voici par exemple comment Forster parle d'un certain Mr McBryde :

"Mr McBryde, le surintendant de police du district, était le plus réfléchi et le mieux éduqué des fonctionnaires de Chandrapore. Il avait beaucoup lu et beaucoup pensé, et, grâce à un mariage assez malheureux, s’était construit une philosophie complète de l’existence." (page 213).
Voici le début de la trame de l'histoire :.
Adela Quested, une jeune femme, est arrivée d'Angleterre en compagnie de Mrs Moore, une dame d'un certain âge : il se pourrait fort qu'Adela épouse son fils, Ronny, qui travaille à Chandrapore comme magistrat. Elle le connaissait d'avant son départ en Inde.
Peu après leur arrivée, les Anglais du club jouent Cousine Kate.

"On avait fermé les contrevents des fenêtres pour éviter que les domestiques ne vissent jouer leurs maîtres, et la chaleur était devenue étouffante." (page 35).
Toujours les convenances... C'est vrai qu'une telle vision pourrait saper l'autorité britannique.

E. M. Forster Forster-indes-lean-02-p
Ah, Cousine Kate, un grand moment de musique et de bon goût anglais...
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Message par eXPie Mar 21 Fév - 21:41

Adela s'imagine ce que serait sa vie si elle se mariait avec Ronny.

"Devant elle tomba comme une jalousie une vision de leur vie commune. Elle viendrait au club avec Ronny chaque soir, une voiture les ramènerait chez eux au moment de s’habiller ; ils verraient les Lesley, les Callendar et les Turton et les Burton qu’ils inviteraient et par qui ils seraient invités, cependant qu’à côté d’eux l’Inde vraie glisserait, inaperçue. La couleur resterait : le déploiement des oiseaux à l’aube, les corps bruns, les blancs turbans, les idoles à chair écarlate ou bleue ; et le mouvement resterait, aussi longtemps qu’il y aurait une foule aux bazars et des baigneurs aux citernes. Perchée sur le siège élevé d’un dog-cart, elle regarderait. Mais la force qui anime couleur et mouvement lui échapperait et même plus sûrement qu’aujourd’hui. Elle verrait l’Inde comme une frise, elle n’en connaîtrait jamais l’âme [...]" (pages 63-64) .
Est-ce parce qu'elles sont arrivées depuis peu de temps, ou bien parce qu'elles sont plus ouvertes d'esprit (qualité qui peut d'ailleurs se perdre), toujours est-il que Mrs Moore et Adela parlent correctement aux Indiens, s'intéressent à ce qu'ils ont à dire, et voudraient comprendre l'Inde.
De fil en aiguille, le Dr Aziz, qu'elles ont rencontré, va décider d'organiser pour elles une visite des grottes de Marabar... C'est alors que le livre bascule, avec l'irruption d'un événement mystérieux.

Il est clair que les fameuses grottes symbolisent quelque chose. 
"Les grottes de Marabar représentent un endroit dans lequel la concentration peut prendre place. Une cavité. Elles étaient quelque chose qui concentrait tout, elles devaient engendrer un événement comme un oeuf." (cf une interview de l'auteur à lire - en anglais - sur http://losarciniegas.blogspot.fr/2012/12/em-forster-art-of-fiction.html ).

Il y a beaucoup d'interprétations possibles (une confrontation à soi-même, ou à l'univers primitif, aux forces telluriques...), c'est aussi ce qui fait la richesse du livre.
On doit pouvoir le relire, trouver des détails, réfléchir à sa construction en trois parties (thèse, anti-thèse, synthèse), l'influence des saisons sur l'histoire (printemps, chaleur d'été, mousson)... Et se dire que le titre anglais "A Passage to India" est meilleur que "Route des Indes", qui suggère une trop grande facilité (il n'y aurait en somme qu'à suivre la route).

Route des Indes est vraiment un excellent roman, profond, prenant.


La Route des Indes (1984), de David Lean est tiré du roman ainsi que de l'adaptation théâtrale de Santha Rama Rau. Il a remporté l'Oscar de la meilleure actrice de second rôle (Peggy Ashcroft, dans le rôle de Mrs Moore) et celui de la meilleure musique (Maurice Jarre). Il a également eu 9 nominations (meilleur film, réalisateur, etc.).
On notera que l'Indien Godbole est interprété par Alec Guiness. 
L'adaptation est très bien faite. Il y a forcément quelques coupures, quelques ajouts ; des scènes difficilement adaptables ont été remplacées par d'autres scènes qui finalement signifient à peu près la même chose mais passent mieux au cinéma. David Lean n'a pas chercher à coller à tout prix au texte. C'est du très bon boulot. Evidemment, le livre reste meilleur, mais c'est quand même un très bon film.

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Message par kenavo Mer 22 Fév - 5:17

Merci pour ce beau commentaire, que de bons souvenirs il fait remonter... aussi bien côté livre que film j'ai adoré

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Message par Aeriale Mer 22 Fév - 8:37

Super présentation, merci Expie!

Je ne l'ai jamais lu, mais j'ai adoré les films tirés de ses oeuvres. Retour à Howard Ends avec Anthony Hopkins et Emma Thompson me reste encore en mémoire!

La route des indes doit être énorme, c'est ce qui me freine!
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Message par domreader Mer 22 Fév - 19:07

Un des mes auteurs préférés, à relire....

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