Hong Sang-soo
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Hong Sang-soo
Hong Sang-soo (1960 - )
Fils d'un officier de l'armée sud-coréenne et d'une employée de maison de production cinématographique, Hong Sang-soo découvre le cinéma en regardant des films hollywoodiens à la télévision. Il se lance un peu par hasard dans des études de cinéma, d’abord à Séoul, puis aux Etats-Unis. Il passe aussi un an en Frnce, et le cinéma de Bresson est un grand choc pour lui.
Il réalise en 1996 son premier long métrage, Le Jour où le cochon est tombé dans le puits. Dès ce premier film, il bénéficie de critiques très positives, et ses films sont sélectionnés dans de nombreux festivals, y compris les plus prestigieux. Il obtient le Léopard d’or du meilleur film en 2015 pour Un jour avec, un jour sans
Son cinéma reste toutefois relativement confidentiel en terme de diffusion jusqu’à présent. Hong Sang-soo est un cinéaste très actif, il réalise un film tous les 10 mois environ.
Filmographie
1996 : Le Jour où le cochon est tombé dans le puits
1998 : Le Pouvoir de la province de Kangwon
2000 : La Vierge mise à nu par ses prétendants
2003 : Turning Gate
2003 : La femme est l'avenir de l'homme
2005 : Conte de cinéma
2007 : Woman on the Beach
2008 : Night and Day
2009 : Cheopcheopsanjung
2009 : Les femmes de mes amis
2010 : Hahaha
2010 : Oki's Movie )
2011 : Matins calmes à Séoul
2011 : List ( court métrage)
2012 : In another country
2013 : Haewon et les hommes
2013 : Sunhi
201416 : Hill of Freedom
2015 : Un jour avec, un jour sans
2016 : Yourself and Yours
2017 : On the Beach at Night Alone
2017 : La Caméra de Claire
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Je ne lis jamais un livre dont je dois écrire la critique ; on se laisse tellement influencer. (Oscar Wilde)
Arabella- Messages : 4815
Date d'inscription : 29/11/2016
Re: Hong Sang-soo
Oki's movie
En lisant un livre, ce à quoi je suis la plus sensible, c’est l’écriture, la façon dont l’auteur agence les mots, les lie ensemble, donne consistance à son univers. L’intrigue, le thème, le sujet ne sont que secondaires, comme une sorte de prétexte, l’essentiel est ailleurs. Pas dans l’objet regardé mais dans le regard. Ce style est plus difficile à définir pour moi dans un film mais il existe aussi, une façon de capter une image, la manière dont la caméra se pose, rend compte, invente le monde qu’elle saisit, le traduit. Et souvent dès les premières images d’un film, comme dès les premières phrases d’un livre, je me sent captivée, envoûtée, ou pas.
Les premières images d’Oki’s movie m’ont embarquées, un mur vu sous un certain angle, un personnage de dos, de profil, un couple, et voilà j’ai eu la sensation d’être au cœur de plein d’événements, de possibles, tout un monde de potentialités que le réalisateurs allait ouvrir petit à petit. Et le film tient ses promesses jusqu’au bout.
Il est composé de quatre parties, dans lesquelles trois personnages principaux évoluent. Une fille et deux hommes, un jeune et un plus âgé. Le premier récit se révèle être le plus avancé dans la vie de nos personnages, le deuxième le plus ancien, le troisième et le quatrième venant à la suite du deuxième. Mais il n’y a pas que le moment du récit qui change, les différents récits ne sa placent pas du point de vue du même personnage.
Un chassé croisé amoureux, un marivaudage subtile et très drôle par moments. Mais nos trois protagonistes sont des étudiants, professeurs ou réalisateurs de cinéma, et le film, au-delà d’histoires d’amour et de désir, parle aussi de la façon dont l’image s’approprie le réel pour en faire autre chose, une création, une œuvre. Et c’est à donner le vertige parfois, parce que d’un récit à un autre, les repères changent subtilement, sans en avoir l’air. Les personnages ont le même physique, mais sont-ils vraiment les mêmes ? Est-ce l’écoulement du temps qui les modifie ? Est-ce que le fait que le récit soit conduit par tel ou tel personnage fait que la vision des autres n’est plus tout à fait la même ? Est-ce le cinéaste qui décide d’en faire un peu autre chose ? Evidemment on ne le saura jamais vraiment avec certitude, on peut se reconstruire le film autant de fois qu’on le voudra sans arriver complètement à la même conclusion. Comme Oki revit presque la même situation (sans être la même) avec deux hommes différents (ou alors avec deux aspects d’un même homme).
Cela peut peut-être paraître compliqué, mais ne l’est pas, c’est en fait terriblement amusant et très troublant de jouer avec tous ces possibles, un jeu dont le plaisir peut se renouveler quasiment sans fin.
En lisant un livre, ce à quoi je suis la plus sensible, c’est l’écriture, la façon dont l’auteur agence les mots, les lie ensemble, donne consistance à son univers. L’intrigue, le thème, le sujet ne sont que secondaires, comme une sorte de prétexte, l’essentiel est ailleurs. Pas dans l’objet regardé mais dans le regard. Ce style est plus difficile à définir pour moi dans un film mais il existe aussi, une façon de capter une image, la manière dont la caméra se pose, rend compte, invente le monde qu’elle saisit, le traduit. Et souvent dès les premières images d’un film, comme dès les premières phrases d’un livre, je me sent captivée, envoûtée, ou pas.
Les premières images d’Oki’s movie m’ont embarquées, un mur vu sous un certain angle, un personnage de dos, de profil, un couple, et voilà j’ai eu la sensation d’être au cœur de plein d’événements, de possibles, tout un monde de potentialités que le réalisateurs allait ouvrir petit à petit. Et le film tient ses promesses jusqu’au bout.
Il est composé de quatre parties, dans lesquelles trois personnages principaux évoluent. Une fille et deux hommes, un jeune et un plus âgé. Le premier récit se révèle être le plus avancé dans la vie de nos personnages, le deuxième le plus ancien, le troisième et le quatrième venant à la suite du deuxième. Mais il n’y a pas que le moment du récit qui change, les différents récits ne sa placent pas du point de vue du même personnage.
Un chassé croisé amoureux, un marivaudage subtile et très drôle par moments. Mais nos trois protagonistes sont des étudiants, professeurs ou réalisateurs de cinéma, et le film, au-delà d’histoires d’amour et de désir, parle aussi de la façon dont l’image s’approprie le réel pour en faire autre chose, une création, une œuvre. Et c’est à donner le vertige parfois, parce que d’un récit à un autre, les repères changent subtilement, sans en avoir l’air. Les personnages ont le même physique, mais sont-ils vraiment les mêmes ? Est-ce l’écoulement du temps qui les modifie ? Est-ce que le fait que le récit soit conduit par tel ou tel personnage fait que la vision des autres n’est plus tout à fait la même ? Est-ce le cinéaste qui décide d’en faire un peu autre chose ? Evidemment on ne le saura jamais vraiment avec certitude, on peut se reconstruire le film autant de fois qu’on le voudra sans arriver complètement à la même conclusion. Comme Oki revit presque la même situation (sans être la même) avec deux hommes différents (ou alors avec deux aspects d’un même homme).
Cela peut peut-être paraître compliqué, mais ne l’est pas, c’est en fait terriblement amusant et très troublant de jouer avec tous ces possibles, un jeu dont le plaisir peut se renouveler quasiment sans fin.
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Arabella- Messages : 4815
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Re: Hong Sang-soo
Matins calmes sur Séoul
C'est un film plus sobre, en apparence plus linéaire dans la narration que certaines de ses oeuvres précédentes, mais certes pas moins riche pour autant. Nous suivons le personnage principal pendant quelques jours d'un voyage à Séoul, voyage pendant lequel il va revoir des gens qu'il a connus, dont certains qui ont beaucoup compté, et faire de nouvelles connaissances. Un voyage en forme de bilan, qui dégage une nostalgie, et de fortes émotions. La quasi absence d'actions, d'événements, centre le film sur l'essentiel, c'est à dire les personnages, qui sont dessinés avec finesse et profondeur. Leurs aspirations en souffrance, leurs fêlures, encore plus profondes que ce qu'ils veulent bien en montrer, une certaine incapacité au bonheur, alors que pourtant tout semble possible. Le noir est blanc ajoute au climat doux-amer du récit, il n'est en aucun cas gratuit, mais comme consubstantiel au récit, même pas esthétisant juste évident, comme l'ensemble du film, qui est d'une cohérence limpide.
Je n'ai découvert ce cinéaste que récemment, mais j'ai comme la sensation après avoir vu quelques uns de ses premier films et les deux derniers, d'une grande cohérence, mais en même temps d'une évolution. L'intérêt pour ses personnages, toujours un peu les mêmes, professeurs, cinéastes, écrivains...En train d'essayer de régler les mêmes problèmes, de répondre aux mêmes questions. En même temps comme une sensation que l'art de Hong Sang-Soo est en perpétuel renouvellement, la forme du récit, la manière de traiter les personnages se réinvente à chaque film. Et parmi les 5 films que j'ai vu, le classement de mes préférés est exactement le classement chronologique. Ce qui fait que j'attends de plus en plus de ses films à venir...
C'est un film plus sobre, en apparence plus linéaire dans la narration que certaines de ses oeuvres précédentes, mais certes pas moins riche pour autant. Nous suivons le personnage principal pendant quelques jours d'un voyage à Séoul, voyage pendant lequel il va revoir des gens qu'il a connus, dont certains qui ont beaucoup compté, et faire de nouvelles connaissances. Un voyage en forme de bilan, qui dégage une nostalgie, et de fortes émotions. La quasi absence d'actions, d'événements, centre le film sur l'essentiel, c'est à dire les personnages, qui sont dessinés avec finesse et profondeur. Leurs aspirations en souffrance, leurs fêlures, encore plus profondes que ce qu'ils veulent bien en montrer, une certaine incapacité au bonheur, alors que pourtant tout semble possible. Le noir est blanc ajoute au climat doux-amer du récit, il n'est en aucun cas gratuit, mais comme consubstantiel au récit, même pas esthétisant juste évident, comme l'ensemble du film, qui est d'une cohérence limpide.
Je n'ai découvert ce cinéaste que récemment, mais j'ai comme la sensation après avoir vu quelques uns de ses premier films et les deux derniers, d'une grande cohérence, mais en même temps d'une évolution. L'intérêt pour ses personnages, toujours un peu les mêmes, professeurs, cinéastes, écrivains...En train d'essayer de régler les mêmes problèmes, de répondre aux mêmes questions. En même temps comme une sensation que l'art de Hong Sang-Soo est en perpétuel renouvellement, la forme du récit, la manière de traiter les personnages se réinvente à chaque film. Et parmi les 5 films que j'ai vu, le classement de mes préférés est exactement le classement chronologique. Ce qui fait que j'attends de plus en plus de ses films à venir...
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Arabella- Messages : 4815
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Re: Hong Sang-soo
In another country
Dans une station balnéaire de Corée, un coin des plus paumés. Une jeune et femme et sa mère sont en en stand-by. La jeune femme imagine des scenarii de courts métrages. Dans chacune d'eux, une Française, dans ce lieu improbable. Dans le premier c'est une cinéaste célèbre, dans le deuxième une épouse venue retrouver son amant coréen, dans le troisième une épouse quittée par son mari pour une coréenne. Dans chaque scenario on retrouve certains personnages, voire certains dialogues, mais tout prend un relief différent suivant les situations. De subtiles variations se jouent, en même temps que l'air de rien, Hong Sang-soo se livre à une brillante dissection de certains mécanismes inhérents à notre fonctionnement.
Quel bonheur que de retrouver un nouveau film de Hong Sang-soo, jamais le même, même si on se retrouve dans un terrain connu. Isabelle Huppert s'y trouve comme un poisson dans l'eau, parfaitement étrangère et parfaitement à sa place. Sa présence met en valeur le caractère universel de son cinéma. C'est peut être son film le plus carrément drôle, mais en même temps la nostalgie et un mal d'être difficile à comprendre est toujours là. Et les subtiles jeux des différents possibles, que l'on peut varier à l'infini, mais jamais gratuitement. Chaque détail est signifiant, une paire de chaussure peut donner un caractère très différent à un personnage.
Un pur bonheur, ne le manquez pas.
Dans une station balnéaire de Corée, un coin des plus paumés. Une jeune et femme et sa mère sont en en stand-by. La jeune femme imagine des scenarii de courts métrages. Dans chacune d'eux, une Française, dans ce lieu improbable. Dans le premier c'est une cinéaste célèbre, dans le deuxième une épouse venue retrouver son amant coréen, dans le troisième une épouse quittée par son mari pour une coréenne. Dans chaque scenario on retrouve certains personnages, voire certains dialogues, mais tout prend un relief différent suivant les situations. De subtiles variations se jouent, en même temps que l'air de rien, Hong Sang-soo se livre à une brillante dissection de certains mécanismes inhérents à notre fonctionnement.
Quel bonheur que de retrouver un nouveau film de Hong Sang-soo, jamais le même, même si on se retrouve dans un terrain connu. Isabelle Huppert s'y trouve comme un poisson dans l'eau, parfaitement étrangère et parfaitement à sa place. Sa présence met en valeur le caractère universel de son cinéma. C'est peut être son film le plus carrément drôle, mais en même temps la nostalgie et un mal d'être difficile à comprendre est toujours là. Et les subtiles jeux des différents possibles, que l'on peut varier à l'infini, mais jamais gratuitement. Chaque détail est signifiant, une paire de chaussure peut donner un caractère très différent à un personnage.
Un pur bonheur, ne le manquez pas.
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Arabella- Messages : 4815
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Re: Hong Sang-soo
Haewon et les hommes
Encore une fois, j'ai succombé complètement à Hong Sang-soo. Un cinéma qui semble fait de petits rien de la vie, des conversations banales, de petits gestes et petits soucis de gens qui n'ont rien d'exceptionnel. Et qui ouvre en même temps sur des perspectives vertigineuses de complexité, sur le rapport au réel, aux possibles qui coexistent, et dont certains sont aussi forts pour les personnages, à la frontière mouvante entre rêve et réalité. Des personnages nomades, jamais enfermés dans des catégories solides, toujours à a frontière d'eux même, en mouvance.
Au fur et à mesure de films, cela devient de plus en plus épuré, les choses sont suggérées, juste entrevues, sans besoin d'être appuyées, par exemple la toujours présente scène de repas très arrosé, devient ici presque stylisée, sans insistance, elle remplit son rôle de faire dire des choses que l'on ne dirait pas autrement, de révéler, tout en exagérant, mais elle est courte, et remplie d'humour très fort.
J'ai vraiment du mal à expliciter d'où vient la force et l'originalité de ce cinéma, son charme irrésistible. Ce plaisir presque au premier degré à suivre les dialogues et les pérégrinations de ces personnages ordinaires, et en même temps tout le champ de possibles que le film liasse à la fin. Une possibilité de ruminations sans fin sur tel ou tel élément, façon de voir. Il est rare de voir des films qui donnent un tel sentiment de nécessité, de consistance interne, en dépit des modes, du temps qui passe, de tout ce qui peut advenir en dehors du cinéma. Un univers à part. Qui happe.
Encore une fois, j'ai succombé complètement à Hong Sang-soo. Un cinéma qui semble fait de petits rien de la vie, des conversations banales, de petits gestes et petits soucis de gens qui n'ont rien d'exceptionnel. Et qui ouvre en même temps sur des perspectives vertigineuses de complexité, sur le rapport au réel, aux possibles qui coexistent, et dont certains sont aussi forts pour les personnages, à la frontière mouvante entre rêve et réalité. Des personnages nomades, jamais enfermés dans des catégories solides, toujours à a frontière d'eux même, en mouvance.
Au fur et à mesure de films, cela devient de plus en plus épuré, les choses sont suggérées, juste entrevues, sans besoin d'être appuyées, par exemple la toujours présente scène de repas très arrosé, devient ici presque stylisée, sans insistance, elle remplit son rôle de faire dire des choses que l'on ne dirait pas autrement, de révéler, tout en exagérant, mais elle est courte, et remplie d'humour très fort.
J'ai vraiment du mal à expliciter d'où vient la force et l'originalité de ce cinéma, son charme irrésistible. Ce plaisir presque au premier degré à suivre les dialogues et les pérégrinations de ces personnages ordinaires, et en même temps tout le champ de possibles que le film liasse à la fin. Une possibilité de ruminations sans fin sur tel ou tel élément, façon de voir. Il est rare de voir des films qui donnent un tel sentiment de nécessité, de consistance interne, en dépit des modes, du temps qui passe, de tout ce qui peut advenir en dehors du cinéma. Un univers à part. Qui happe.
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Arabella- Messages : 4815
Date d'inscription : 29/11/2016
Re: Hong Sang-soo
Sunhi
Nous sommes en terrain connu chez Hong Sang-soo, et en même temps, avec des éléments qui en apparence se ressemblent, il arrive à faire des films différents, et à surprendre à chaque fois. Dans celui-ci, il brouille les pistes. Nous partons dans une histoire, qui semble d'une tonalité plus grave que dans ces derniers films.On peut parler de détresse, mais en même temps un constat d'incompréhension et d'incommunicabilité, d'impossibilité d'une relation entre hommes et femmes, mais aussi entre les hommes. Ils ont beau utiliser les mêmes expressions ou images, l'échange ne se fait pas. Un constat de solitude, d'un manque, de quelque chose qui ne se comble pas malgré l'alcool.
Et dans la fin du film, en particulier les scènes dans la parc, on en vient presque à un vaudeville, un ballet de coups de fils, de rencontres, imprévues ou manquées. D'omissions en mensonges, les personnages se fuient les uns les autres et se fuient eux-mêmes. D'une certaines façon, il vaut mieux en rire qu'en pleurer. Une sorte de conclusion qui évite le désespoir et le vide que l'on pouvait imaginer après la plus grande partie du film. Une élégante et jouissive pirouette.
Aucun cinéaste à l'heure actuelle ne ma procure autant de plaisir qu'Hong Sang-soo.
Nous sommes en terrain connu chez Hong Sang-soo, et en même temps, avec des éléments qui en apparence se ressemblent, il arrive à faire des films différents, et à surprendre à chaque fois. Dans celui-ci, il brouille les pistes. Nous partons dans une histoire, qui semble d'une tonalité plus grave que dans ces derniers films.On peut parler de détresse, mais en même temps un constat d'incompréhension et d'incommunicabilité, d'impossibilité d'une relation entre hommes et femmes, mais aussi entre les hommes. Ils ont beau utiliser les mêmes expressions ou images, l'échange ne se fait pas. Un constat de solitude, d'un manque, de quelque chose qui ne se comble pas malgré l'alcool.
Et dans la fin du film, en particulier les scènes dans la parc, on en vient presque à un vaudeville, un ballet de coups de fils, de rencontres, imprévues ou manquées. D'omissions en mensonges, les personnages se fuient les uns les autres et se fuient eux-mêmes. D'une certaines façon, il vaut mieux en rire qu'en pleurer. Une sorte de conclusion qui évite le désespoir et le vide que l'on pouvait imaginer après la plus grande partie du film. Une élégante et jouissive pirouette.
Aucun cinéaste à l'heure actuelle ne ma procure autant de plaisir qu'Hong Sang-soo.
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Arabella- Messages : 4815
Date d'inscription : 29/11/2016
Re: Hong Sang-soo
J'ai vu avec un grand plaisir Hill of freedom, le dernier film de Hong Sang-soo, et j'ai encore une fois été sous le charme. Le personnage principal est cette fois-ci un Japonais, Mori, qui vient en Corée pour revoir une femme qui compte beaucoup pour lui. Evidemment il débarque comme ça, elle est absente de chez elle, il lui écrit, et raconte tout ce qui lui arrive. Evidemment il rencontre une autre femme. Fait connaissance avec sa logeuse et un parent à elle. Des scènes de repas et de beuveries, de ballades dans des quartiers...Le tout dans un désordre orchestré, puisque le scénario suit la lecture de lettres qui ont été mélangées, voir certaines perdues.
Cela n'a rien d'artificiel, au contraire coule de source, comme une évidence. Les acteurs, alors qu'ils ne semblent pas jouer, ont une présence incroyable. Un film limpide, quelque part totalement optimiste, malgré une petite nostalgie, mais de celles qui procurent un plaisir et non une souffrance.
Cela n'a rien d'artificiel, au contraire coule de source, comme une évidence. Les acteurs, alors qu'ils ne semblent pas jouer, ont une présence incroyable. Un film limpide, quelque part totalement optimiste, malgré une petite nostalgie, mais de celles qui procurent un plaisir et non une souffrance.
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Arabella- Messages : 4815
Date d'inscription : 29/11/2016
Re: Hong Sang-soo
Woman on the beach
Un cinéaste se fait amener au bord de la mer par un ami, ce dernier se fait accompagner par une fille avec laquelle il flirte. Mais c'est entre le cinéaste et la jeune femme qu'un lien va se nouer.
Résumer un flm de Hong Sang-soo est un exercice tout à fait vain. Parce que cela donne l'impression qu'il ne s'y passe rien, ou que des choses futiles. Et que c'est toujours la même chose d'un film à l'autre. Et en effet, dans tous ses films, il y a des hommes et des femmes, qui marchent, qui parlent, qui mangent et qui boivent, et qui font l'amour, ou tout au moins essaient. Ce qui est très difficile à expliquer, c'est pourquoi ce cinéma, si minimaliste, si répétitif en apparence procure un tel plaisir, tout au moins à ses fans. Parce que si vais voir tous ses films, c'est avant tout pour ça, cet inexplicable plaisir et bonheur qu'il m'apporte.
Après, dans un deuxième temps, on peut faire des tas d'analyses très élaborées, et certains ne s'en privent pas. Oui c'est vrai, ce cinéma parle d'une façon intelligente et pensée de tas de choses importantes. Le rapport à l'autre, amical et amoureux, vital et impossible à la fois. L'altérité homme femme, et l'altérité tout court. L'instant et la difficulté de le vivre vraiment.
Mais je ne suis pas critique, ni universitaire. Je leur laisse les analyses savantes, pour me concentrer avant tout sur le plaisir.
Un cinéaste se fait amener au bord de la mer par un ami, ce dernier se fait accompagner par une fille avec laquelle il flirte. Mais c'est entre le cinéaste et la jeune femme qu'un lien va se nouer.
Résumer un flm de Hong Sang-soo est un exercice tout à fait vain. Parce que cela donne l'impression qu'il ne s'y passe rien, ou que des choses futiles. Et que c'est toujours la même chose d'un film à l'autre. Et en effet, dans tous ses films, il y a des hommes et des femmes, qui marchent, qui parlent, qui mangent et qui boivent, et qui font l'amour, ou tout au moins essaient. Ce qui est très difficile à expliquer, c'est pourquoi ce cinéma, si minimaliste, si répétitif en apparence procure un tel plaisir, tout au moins à ses fans. Parce que si vais voir tous ses films, c'est avant tout pour ça, cet inexplicable plaisir et bonheur qu'il m'apporte.
Après, dans un deuxième temps, on peut faire des tas d'analyses très élaborées, et certains ne s'en privent pas. Oui c'est vrai, ce cinéma parle d'une façon intelligente et pensée de tas de choses importantes. Le rapport à l'autre, amical et amoureux, vital et impossible à la fois. L'altérité homme femme, et l'altérité tout court. L'instant et la difficulté de le vivre vraiment.
Mais je ne suis pas critique, ni universitaire. Je leur laisse les analyses savantes, pour me concentrer avant tout sur le plaisir.
Dernière édition par Arabella le Ven 17 Fév - 12:14, édité 1 fois
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Arabella- Messages : 4815
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Re: Hong Sang-soo
Un jour avec, un jour sans
Un cinéaste vient pour la projection de ses films dans une ville de province. Par erreur, il arrive un jour trop tôt. Il flâne, tue le temps, et rencontre une jeune femme, dont la principale activité est la peinture. Une relation de séduction s’instaure, entre marche, discussion, beuveries… Et le cinéaste repart. Mais une autre version de la même rencontre (un peu plus longue) nous est proposée à la suite de la première.
Même si on retrouve dans cet opus les thèmes et les procédés familiers chez Hong Sang-soo, ce dernier film renouvelle à mon sens son univers d’une façon assez sensible. Alors que ses dernières oeuvres tendaient à l’épure, dans une grande limpidité et fluidité, avec un aspect ludique, d’une apparente légèreté, Un jour avec, un jour sans, s’installe dans la durée, dans une certaine forme de complexité et dans une rechercher d’émotion. Les deux « versions » de la même journée, plus que des variations, sont complémentaires mais en s’opposant. Elles mettent en évidence la fragile frontière entre le cliché et la non communication et une forme de sincérité grâce à laquelle la rencontre peut se faire. Sans aucune perspective, et sans éviter la douleur de la rupture, mais aussi éphémère et frustrante qu’elle puisse être, elle existe. Les deux personnages principaux sont parmi les plus attachants dans l’univers du cinéaste coréen. La figure du cinéaste s’affranchit en partie du paradigme du dragueur minable, si fréquent dans les films de Hong Sang-soo (la composition de Jung Jae-young dans le rôle est fabuleuse), et la jeune femme, tout en douceur et fragilités, est très touchante.
L’intelligence et la maîtrise dans la mise en scène est fabuleuse, il faudrait étudier le film plan par plan pour mettre en évidence toutes ses richesses. Les deux séquences dans l’atelier de peinture sont particulièrement époustouflantes. Entre la femme qui regarde le tableau qu’elle peint, l’homme qui regarde la femme et un peu le tableau, la femme de dos sans qu’on voit le personnage masculin, les rapports dans le couple et de chacun de personnages face à lui-même sont disséqués, mis à nu, d’une façon foudroyante.
C’est un film à mon sens essentiel dans l’œuvre du grand maître coréen, et le jury de Locarno a fait preuve d’une grande intelligence en lui accordant la récompense suprême. J’ai déjà très envie de le revoir, et j’attends avec encore plus d’impatiente le film suivant, pour voir comment va évoluer le cheminement artistique de Hong Sang-soo.
Un cinéaste vient pour la projection de ses films dans une ville de province. Par erreur, il arrive un jour trop tôt. Il flâne, tue le temps, et rencontre une jeune femme, dont la principale activité est la peinture. Une relation de séduction s’instaure, entre marche, discussion, beuveries… Et le cinéaste repart. Mais une autre version de la même rencontre (un peu plus longue) nous est proposée à la suite de la première.
Même si on retrouve dans cet opus les thèmes et les procédés familiers chez Hong Sang-soo, ce dernier film renouvelle à mon sens son univers d’une façon assez sensible. Alors que ses dernières oeuvres tendaient à l’épure, dans une grande limpidité et fluidité, avec un aspect ludique, d’une apparente légèreté, Un jour avec, un jour sans, s’installe dans la durée, dans une certaine forme de complexité et dans une rechercher d’émotion. Les deux « versions » de la même journée, plus que des variations, sont complémentaires mais en s’opposant. Elles mettent en évidence la fragile frontière entre le cliché et la non communication et une forme de sincérité grâce à laquelle la rencontre peut se faire. Sans aucune perspective, et sans éviter la douleur de la rupture, mais aussi éphémère et frustrante qu’elle puisse être, elle existe. Les deux personnages principaux sont parmi les plus attachants dans l’univers du cinéaste coréen. La figure du cinéaste s’affranchit en partie du paradigme du dragueur minable, si fréquent dans les films de Hong Sang-soo (la composition de Jung Jae-young dans le rôle est fabuleuse), et la jeune femme, tout en douceur et fragilités, est très touchante.
L’intelligence et la maîtrise dans la mise en scène est fabuleuse, il faudrait étudier le film plan par plan pour mettre en évidence toutes ses richesses. Les deux séquences dans l’atelier de peinture sont particulièrement époustouflantes. Entre la femme qui regarde le tableau qu’elle peint, l’homme qui regarde la femme et un peu le tableau, la femme de dos sans qu’on voit le personnage masculin, les rapports dans le couple et de chacun de personnages face à lui-même sont disséqués, mis à nu, d’une façon foudroyante.
C’est un film à mon sens essentiel dans l’œuvre du grand maître coréen, et le jury de Locarno a fait preuve d’une grande intelligence en lui accordant la récompense suprême. J’ai déjà très envie de le revoir, et j’attends avec encore plus d’impatiente le film suivant, pour voir comment va évoluer le cheminement artistique de Hong Sang-soo.
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Arabella- Messages : 4815
Date d'inscription : 29/11/2016
Re: Hong Sang-soo
Yourself and yours
Encore une histoire de couple,Youngsoo et Minjung. Tout le monde les trouve mal assortis, les amis de Youngsoo lui rapporte des choses qui provoquent une "pause" dans leurs relations. Nous voyons évoluer Minjung, jouer (ou pas) à être une autre, et Youngsoo tenter de la retrouver.
Une tonalité différentes, alors que le récit semble proche des récits habituels de Hong Sang-soo. Mais il y a moins de légèreté, le jeu n'en est pas forcément un, et une vraie souffrance pointe le nez. Et des sentiments réels s'expriment avec force, ce qui n'est pas très fréquent dans le cinéma de Hong Sang-soo.
C'est un peu déstabilisant, et j'avoue que j'y suis moins entrée que dans ses films plus ludiques récents du réalisateur. Mais c'est toujours intéressants comme son oeuvre évolue, et d'une certaine façon enrichit son discours de film en film.
Encore une histoire de couple,Youngsoo et Minjung. Tout le monde les trouve mal assortis, les amis de Youngsoo lui rapporte des choses qui provoquent une "pause" dans leurs relations. Nous voyons évoluer Minjung, jouer (ou pas) à être une autre, et Youngsoo tenter de la retrouver.
Une tonalité différentes, alors que le récit semble proche des récits habituels de Hong Sang-soo. Mais il y a moins de légèreté, le jeu n'en est pas forcément un, et une vraie souffrance pointe le nez. Et des sentiments réels s'expriment avec force, ce qui n'est pas très fréquent dans le cinéma de Hong Sang-soo.
C'est un peu déstabilisant, et j'avoue que j'y suis moins entrée que dans ses films plus ludiques récents du réalisateur. Mais c'est toujours intéressants comme son oeuvre évolue, et d'une certaine façon enrichit son discours de film en film.
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Arabella- Messages : 4815
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Re: Hong Sang-soo
Oui, c'est vraiment tun curieux film, qui ne donne pas de clefs...je me suis demandé s'il y avait une forme particulière d'ivresse, même très légère, qui faisait perdre la mémoire... Mais faut-il trouver une explication rationnelle à cette histoire... Sans doute pas.
Il y a des scènes drôles, je pense à un retour à la réalité après une scène imaginée ; ou encore la rencontre avec un ancien condisciple (j'ai vraiment cru que le film allait partir dans un gros délire, avec que des gens qui ne se reconnaissent plus alors qu'ils le devraient et des gens qui en reconnaissent d'autres à tort).
Ce n'est sans doute pas le meilleur de l'auteur, mais il se laisse bien voir.
Il y a des scènes drôles, je pense à un retour à la réalité après une scène imaginée ; ou encore la rencontre avec un ancien condisciple (j'ai vraiment cru que le film allait partir dans un gros délire, avec que des gens qui ne se reconnaissent plus alors qu'ils le devraient et des gens qui en reconnaissent d'autres à tort).
Ce n'est sans doute pas le meilleur de l'auteur, mais il se laisse bien voir.
eXPie- Messages : 780
Date d'inscription : 04/12/2016
Re: Hong Sang-soo
Ils se laissent tous bien voir pour moi.
L'improbable rencontre de deux types qui étaient ensemble au collège est en effet très drôle, alors qu'ils étaient prêts à en venir aux insultes et aux mains, ils se racontent leurs souvenirs avec plaisir, et laissent complètement laisser tomber la fille.
La confusion entre rêve et réalité, la question de ce qui est vrai ou pas, est très bien amenée aussi.
L'improbable rencontre de deux types qui étaient ensemble au collège est en effet très drôle, alors qu'ils étaient prêts à en venir aux insultes et aux mains, ils se racontent leurs souvenirs avec plaisir, et laissent complètement laisser tomber la fille.
La confusion entre rêve et réalité, la question de ce qui est vrai ou pas, est très bien amenée aussi.
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Je ne lis jamais un livre dont je dois écrire la critique ; on se laisse tellement influencer. (Oscar Wilde)
Arabella- Messages : 4815
Date d'inscription : 29/11/2016
Re: Hong Sang-soo
À propos de leurs souvenirs, il y avait une anecdote qu'un ded deux types avait totalement oublié alors que, d'après l'autre, on ne parlait que de ça. C'était étrange, on restait dans thématique des choses oubliées inexplicablement...
eXPie- Messages : 780
Date d'inscription : 04/12/2016
Re: Hong Sang-soo
En même temps, à 45 ans, les souvenirs de collège, c'est assez normal qu'ils divergent, il y a des choses qu'on oublie, la mémoire sélectionne, ils n'étaient pas forcément dans le même groupe, copains avec les mêmes gens. Cela met en évidence le travail de mémoire, la reconstruction des souvenirs.
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Je ne lis jamais un livre dont je dois écrire la critique ; on se laisse tellement influencer. (Oscar Wilde)
Arabella- Messages : 4815
Date d'inscription : 29/11/2016
Re: Hong Sang-soo
Il ne s'arrête pas ce garçon !
J'ai emprunté le coffret DVD avec ses trois premiers ; ça m'avait moyennement emballé.
J'ai ensuite vu celui avec Isabelle Huppert (In another country), c'était léger et plutôt poétique. Puis ça la changeait de ses rôles de psychopate !
Le prochain que je compte voir, sera sûrement Matins calmes à Seoul.
J'ai emprunté le coffret DVD avec ses trois premiers ; ça m'avait moyennement emballé.
J'ai ensuite vu celui avec Isabelle Huppert (In another country), c'était léger et plutôt poétique. Puis ça la changeait de ses rôles de psychopate !
Le prochain que je compte voir, sera sûrement Matins calmes à Seoul.
Invité- Invité
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