Alessandro Piperno

Alessandro Piperno

Alessandro Piperno, né en 1972, vit à Rome et enseigne la littérature à l’université. En 2005, Avec les pires intentions, son premier roman, provocateur, suscite une polémique en Italie. Sans se départir d’une féroce ironie, c’est avec un ton plus grave qu’il écrit Persécution, premier volet du diptyque «Le feu ami des souvenirs», Prix du meilleur livre étranger 2011 en France. Inséparables, le second volet, brillantissime, remporte le prix Strega en 2012 en Italie.

Biblio

Avec les pires intentions, 2006
Persécution, 2011
Inséparables, 2012
Là où l'histoire se termine, 2017

Là où l'histoire se termine, 2017


Matteo Zevi revient à Rome, après une dizaine d'années d'absence. En fuite à Los Angeles, pour échapper aux menaces de ses créanciers, il a accumulé les épouses (4) et a vécu de petits boulots. Apprenant la mort de l'homme à qui il devait de l'argent, il revient auprès de la femme qui l'a probablement le plus aimé, et de ses deux enfants. D'une bonhommie impressionnante, d'un flegme et d'un recul patient sur les choses et les gens, il est comme un électron libre qui vient semer le trouble dans sa petite famille fragile.
Le lecteur découvre alors, sous la plume acerbe, piquante, tendre, et drôlissime, des personnages embourbés dans une existence qu'ils ne contrôlent plus.
Federica, l'épouse qui aurait pu s'appeler Pénélope, et qui a attendu son Matteo toute sa vie. Qui sent peser le poids des années, voit son corps vieillir, rêve d'une seconde jeunesse dans les bras de son adoré.
Martina, la fille qui a épousé l'homme riche, trop jeune, trop pressée de trouver un carcan solide et qui voit ses pensées et ses sens exploser après avoir embrasser sa meilleure amie (et belle soeur).
Giorgino, le fils qui semble avoir tout réussi : une chaîne de restaurants qui cartonnent, une belle femme enceinte. Seulement, les petits soucis s'accumulent au travail, et il perd pied face à ce bébé qui doit arriver.

Piperno secoue ses personnages, fait sourire son lecteur en les peignant à gros traits grinçants. On suit cette saga familiale avec fascination, à voir les personnages tenter de se sortir de leurs problèmes, mais s'y enfonçant jusqu'au cou. Comme emprisonnés dans des sables mouvants.
Piperno parvient à la fois à créer l'empathie, puis d'un petit direct bien piquant, à faire prendre du recul au lecteur, et à le faire sourire de situations de plus en plus ingérables. On entendrait presque les portes qui claquent, les fous rires des spectateurs face à un personnage grimaçant à outrance sous une douleur exagérée, il y a quelque chose de rocambolesque. De théâtral.

Je regrette la fin. Là où d'autres y ont vu quelque chose de puissant, de terrible, j'ai eu un petit regret de voir tant de réalisme et de brutalité m'arracher à la fiction. Et je n'ai pas aimé ce que ça pouvait donner comme sens sur la vie des personnages, comme une remise à leur place.

Reste que c'est un livre jouissif, à la narration menée tambour battant, un régal de personnages hauts en couleur.
Belle découverte pour moi !

Pas mal du tout cette saga familiale. C'est un genre qui me plaît bien en général. Ton commentaire donne bien envie.