David James Poissant

Nouvelliste qui a publié dans pas mal de journaux américains, des nouvelles, quelques essais. Il a obtenu quelques prix.
Prof à l'université de Floride. Il vit à Orlando.

Le paradis des animaux (2014) est son premier livre (recueil de nouvelles).
Il serait en train d'écrire son premier roman.





Quel roman! Des shorts cuts captés dans des moments cruciaux de vies en déroute affective, des êtres entre deux chaises qui s'escriment à garder l'équilibre et se raccrochent à un quotidien bancal, où de petits bonheurs peuvent surgir de façon insolite comme du sauvetage d'un alligator, ou d'une rencontre fortuite une nuit au bord d'une piscine. Tous en sursis, en attente de quelque chose qui pourrait les libérer de ce mal qui les tenaille, tel ces petits poissons qui vous rongent de l'intérieur...

En peu de mots, David James Poissant pose un univers, sonde ses personnages, et nous prend à revers. Tous sont des gens simples, à la recherche de sentiments qu'ils ont perdus, par lâcheté ou par bêtise. Ou par confort moral. Ils ont bousillé le lien, gâché leur chance, et l'auteur les saisit à cet instant précis où ils pourraient forcer le destin, reprendre les rennes et se racheter. Ou bien baisser les yeux et faire comme si.

J'ai pris un énorme plaisir à lire ces tranches de vie, toutes lumineuses dans cette vision pourtant cruelle des rapports humains. Cet auteur est doté d'une sensibilité extrême, qu'ils soient des enfants piégés dans une farce qui les dépasse ou bien père amputé d'un amour filial, Poissant s'immisce dans leur psychisme avec une puissance émotionnelle rare chez un écrivain débutant. A la fois tendre et violent, ce recueil est un coup de poing. Merci Queenie de me l'avoir mis dans les mains, c'est un des plus marquants que j'ai pu lire depuis un moment, superbe  

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Cela me tenterait bien aussi, surtout que je suis très amatrice de nouvelles, je me le note pour ma prochaine commande en anglais!

Merci @Aeriale pour le fil.
@Chrisdusud viens !

Ce n'est pas si souvent des livres qui me Marque, me reste. Me donne Furieusement Envie de m'y replonger (je ne l'ai même pas chez moi je crois...). celui-ci en fait parti.



Le paradis des animaux (2015)

Des hommes coincés dans leur solitude, qui n'ont pas réussi à garder l'équilibre d'une vie "normale". Ils survivent, vivotent, sont comme dans un état d'attente, intermédiaire. Ils risquent de tout perdre ou ont déjà tout perdu. Et n'osent pas prendre le taureau par les cornes pour changer les choses.
Et lorsqu'une occasion se présente, seront-ils capables de saisir leur chance ?

David James Poissant a une belle écriture pour raconter ces êtres (surtout les hommes) perdus, en proie à des questionnements intérieurs, qui voient leurs vies brisées devant eux. Qui portent le poids de leur culpabilité dans un monde où ils ont du mal à trouver leur place.
En quelques phrases, et quelques situations, Poissant pose une ambiance délétère, en suspens, où tout peut basculer d'un moment à l'autre. Où tout peut rester dans son état latent.
Il pose un regard tendre, franc et parfois drôle sur ses personnages. Là où un Bret Easton Ellis aurait choisi le cynisme et la violence, James David Poissant offre à ses personnages mélancolie et espoir.
Il y a une forme doucement poétique aux mots de Poissant, dans la langueur, l'incursion d'éléments en décalage, les paysages décrits.

Mais pour tous, le rêve américain n'est qu'un tapis de cendres depuis longtemps froid.

je l'ai noté depuis que vous en aviez parlé... tout comme Céline, j'adore les nouvelles, il me faut vraiment faire le pas

Ca va être difficile parce que vous en parlez tellement bien toutes les deux, et puis je l'ai lu il y a quelques temps et je n'ai plus le livre en main.

Ce dont je me souviens et que j'ai aimé c'est la facilité et la fluidité de l'écriture. On sent déjà la maturité du style chez Poissant. Les articulations de phrase sont travaillées. je me souviens aussi de pas mal de comparaisons de balancements entre des situations véçues par les personnages. Des échos à l'interieur des histoires.
Et puis et surtout cette profondeur dans la faiblesse ou dans la force des personnages. Il parvient en quelques lignes à nous attacher aux personnages parce qu'en quelques lignes nous pouvons les définir. Je ne parle pas de stéréotypes  mais de quelque chose de profondément humain qui se définit au fond de nous. J'ai trouvé ça très fort.
Des personnages sur le fil à chaque fois. 
J'ai super envie de le relire là!

Queenie a écrit:Mais pour tous, le rêve américain n'est qu'un tapis de cendres depuis longtemps froid.

Joliment dit!

Kenavo a écrit:je l'ai noté depuis que vous en aviez parlé... tout comme Céline, j'adore les nouvelles, il me faut vraiment faire le pas

Oui Kena tu vas aimer, forcément!

Chrisdusud a écrit:Et puis et surtout cette profondeur dans la faiblesse ou dans la force des personnages. Il parvient en quelques lignes à nous attacher aux personnages parce qu'en quelques lignes nous pouvons les définir. Je ne parle pas de stéréotypes  mais de quelque chose de profondément humain qui se définit au fond de nous. J'ai trouvé ça très fort.
Des personnages sur le fil à chaque fois. 

C'est ça, ils sont sur le fil, en proie au doute, coincés dans leur culpabilité comme dit Queenie. Mais toujours avec cette petite lueur d'espoir. Et c'est en cela qu'ils sont terriblement humains.

Un p'tit up de fil parce que ce super extra bouleversant recueil de nouvelles vient de paraître en poche (c'est pas trop tôt !)

Encore un bouquin de la très bonne collection Terres d'Amériques. Hop ! c'est noté. 

Queenie a écrit:Un p'tit up de fil parce que ce super extra bouleversant recueil de nouvelles vient de paraître en poche (c'est pas trop tôt !)

J'ai vu ça hier, je voulais en parler justement

Nightingale a écrit:Encore un bouquin de la très bonne collection Terres d'Amériques. Hop ! c'est noté. 

Super @Nightingale! Tu viendras nous dire!!!