Thomas Tryon

L'autre (1971)
Editions Typhon (2023), Trad. Sarah Londin

Un été, en 1930, une famille bourgeoise, d'origine russe vit un été compliqué : le père est décédé depuis quelques mois, la mère vit recluse dans sa chambre. Les jumeaux Niles et Holland, âgés d'une dizaine d'années, se retrouvent pratiquement livrés à eux-mêmes. Si ce n'est la grand-mère Ada, douce, compréhensive et patiente.
Dans la maison, il y a aussi la tante, et surtout le petit cousin, un peu souffre-douleur des jumeaux. Surtout d'Holland.

Niles vénère son frère, mais celui-ci a des comportements parfois durs, voir violents. Assez taciturne, il rabroue souvent Niles, le petit garçon doux, gentil, serviable. Une relation complexe, de fusionnelle à conflictuelle.

Un livre à l'atmosphère étrange, des mystères, des non-dits qui semblent partout. Une famille fantaisiste, où la tristesse flotte. Toute une ambiance qui m'a fait pensé à Tchekhov, aussi. Cette façon de se voiler la face jusqu'au bout, pour maintenir la famille à flots.

Un roman psychologique sur l'enfance et ses aspects sombres et tortueux.

Une écriture qui laisse planer une aura fantastique, tout en restant du côté du vraisemblable, et qui rappelle ces œuvres du 20e siècle où l'étrangeté servait surtout à mettre en lumière les profondeurs psychologiques d'êtres déséquilibrés.
On se laisse happer dans cette histoire, au suspens parfaitement maîtrisé, et dont tous les fils seront peu à peu dénoués.

Tentant !

Ooooh oui ça  a l'air carrément bien ça ! 

Queenie le vend très bien en tous les cas.

Ah, ça fait plaisir.
N'hésitez pas, je pense que ça vous plairait (et cette collection Les Hallucinés chez Typhon, c'est presque à chaque fois des petites perles)

Arabella a écrit:Queenie le vend très bien en tous les cas.

Hé oui.. Son com est trop tentant! Je vais me le procurer, on verra bien..

-L'autre-

Tout commence par un monologue, une voix nous prend à témoin et donne vie à des taches d'humidité qui courent au plafond. La personne semble alitée, enfermée, prise en charge par une intendante, Mme Degroot. Puis changement de décor. On est au coeur de l'été 1930, en pleine campagne du Connecticut. Deux jumeaux isolés dans la ferme familiale cherchent à s'occuper. Depuis le décès de leur père suite à une chute, leur mère vit recluse dans sa chambre, noyant sa détresse dans l'alcool, étrangère au reste. Autour, tout un monde gravite, oncle tante cousin et proches, dont Ada la grand mère tient les rênes. Mais l'entente quasi fusionnelle entre ces deux frères si dissemblables parait mise à mal. D'autant que des évènements troublants vont survenir, amenant l'incompréhension et rapidement le doute. 

Quel étrange roman, captivant d'entrée. L'auteur sème tour à tour des mystères, des questionnements, parfois des indices, et si l'on sent très vite que quelque chose ne colle pas, on met finalement du temps à définir exactement où ça cloche. Le bon Niles face au vénéneux Holland, on se dit que c'est trop facile, que l'opposition est trop simpliste et que la relation cache des coins d'ombre. Mais quoi et qui surtout est le déclencheur de tous ces phénomènes de plus en plus tragiques? 

Thomas Tryon a le don de nous balader, son récit commence comme un conte aux aspects poétiques pour mieux nous surprendre à mesure que le rythme s'emballe et que la tension monte, jusqu' a cette fin que personnellement je n'avais pas vu venir et qui m'a bluffée par sa brillance. Un livre envoutant, merci @Queenie pour la découverte! Je vous le conseille vivement 

Tu confirmes, je vais regarder ça de plus près ! 

Oh super avis ! Je suis bienheureuse que le livre continue sa petite route. Il en vaut sacrément le détour.