Alfred Kubin
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Alfred Kubin
Alfred Kubin (1877 - 1959)
Alfred Leopold Isidor Kubin, né à Litoměřice le 10 avril 1877 et mort à Wernstein am Inn (district de Schärding) le 20 août 1959, est un écrivain, dessinateur, graveur et illustrateur de livres autrichien.
Il naît d'une mère pianiste et d'un père géomètre. Timide et de faible constitution, Kubin a du mal à se faire des amis parmi les enfants de son âge, les déménagements successifs de sa famille dus au travail du père ne lui rendant pas la vie plus facile, et il passe de longs moments seul à dessiner.
En 1887, Kubin fait une première rencontre avec la mort : sa mère, malade de phtisie, meurt brutalement. La vision de son père, fou de chagrin, arpentant en tous sens la maison le cadavre de sa mère entre les bras, le marqua à jamais. Dans Le Meilleur Médecin, Kubin représente la Mort comme une femme vêtue de noir, une médaille autour du cou. Son visage ne comporte aucun trait.
Son père, se remarie la même année avec la sœur de sa dernière épouse, qui mourut à son tour un an plus tard en donnant naissance à Rosalie, sa deuxième sœur. Son père devient hargneux et violent ; Alfred se replie encore un peu plus sur lui-même. Ses dessins se font un peu plus morbides, terrifiants, incarnation de la haine qu'il porte au monde extérieur. Il est pris de visions fantastiques qu'il s'empresse de mettre en dessin.
À la suite de nombreux échecs scolaires, son père décide en 1891 de l'envoyer à l'École des arts appliqués de Salzbourg, mais malgré un début plutôt prometteur, Kubin est renvoyé l'année suivante en raison de ses mauvais résultats. Le frère de la troisième femme de son père (Irene Kühnel, avec qui il s'est remarié l'année précédente), photographe, finit par l'accepter auprès de lui en tant qu'apprenti. Mais il se brouille avec tout le monde, passe des soirées à boire, néglige son travail ; en 1896, il part se suicider devant la tombe de sa mère. Mais sa tentative échoue et il est renvoyé de nouveau. Il décide alors de s'engager dans l'armée, mais il fait une crise après trois semaines et passe trois mois à l'hôpital militaire de Graz.
Durant l'année de 1899, Kubin entre à l'Akademie der Bildenden Künste München, dans la classe de Nikolaos Gysis mais il ne vient pas souvent en cours et est forcé d'abandonner ses études. Il découvre également les travaux de Max Klinger, notamment son cycle de gravures Un gant, qui le marquent profondément et provoquent chez lui une sorte de « frénésie créative ». Il réalise durant cette période de très nombreux dessins et commence peu à peu à se faire connaître, en grande partie grâce à Hans von Weber qui lui voue une grande admiration. En 1902, Kubin réalise sa première exposition à Berlin. Il rencontre l'année suivante Emma Myer, dont il tombe aussitôt amoureux, mais qui meurt presque immédiatement du typhus. Il se remarie deux ans après avec Hedwig Gründler, sœur de l'écrivain Oscar A. H. Schmitz et s'installe avec elle à Zwickledt.
En 1908, il écrit en espace d'un mois et demi L'Autre Côté, qu'il publie l'année suivante. Hermann Hesse déclarera plus tard qu'il s'agit là d'un livre majeur ; il influencera Franz Kafka, H. P. Lovecraft, Ernst Jünger et les surréalistes.
Kubin entre à la Nouvelle Association des artistes munichois (Neue Künstlervereinigung München) en 1910, qu'il quitte la même année pour fonder avec Vassily Kandinsky, Franz Marc et Gabriele Münter l'association du Cavalier bleu (Der Blaue Reiter, d'après le nom d'un tableau de Franz Marc). Il rencontre également Paul Klee, avec qui il échange beaucoup jusqu'à l'arrivée de la Première Guerre mondiale. Jusqu'en 1914, la renommée de Kubin augmente rapidement, grâce à Paul Klee qui expose ses dessins et au journal Simplicissimus.
En 1915, Kubin approfondit sa connaissance des travaux de Nietzsche et Schopenhauer. La découverte des doctrines des deux philosophes jouèrent un rôle déterminant sur son art. De 1920 à 1930, de nombreuses expositions lui sont consacrées, retraçant son travail depuis ses débuts. La venue de la guerre perturbe assez peu ses activités.
En 1948, son épouse, Hedwig Gründler, décède. Il meurt à son tour le 20 août 1959 dans son château de Zwickledt, situé à Wernstein am Inn d'une maladie de la vessie, après avoir fait don de l'ensemble de son œuvre à l'Autriche.
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Je ne lis jamais un livre dont je dois écrire la critique ; on se laisse tellement influencer. (Oscar Wilde)
Arabella- Messages : 4815
Date d'inscription : 29/11/2016
Re: Alfred Kubin
L'Autre côté
Le narrateur reçoit une étrange visite. Et une étrange proposition. Un homme envoyé par un ancien condisciple d'école, Patera, qui l'avait plus que fortement marqué malgré la brièveté de leur relation, l'invite à venir au pays qu'il a fondé grâce à une fortune immense, l'Empire du Rêve. D'abord incrédule et réticent, notre narrateur succombe à l'appel, à cause de l'ennui de sa vie, et grâce à un portrait de Patera, qui exerce sur lui une grande fascination. Il arrive à convaincre sa femme, et les voilà partis dans un long voyage, payé par Patera, pour arriver quelque part en Asie et accéder au fameux Empire du Rêve. D'abord tout semble les attendre, un emploi se présente, ainsi qu'un appartement. Mais le fameux rêve devient vite plutôt cauchemar, les gens se comportent de façon étrange, il est difficile de dormir, les coutumes sont étranges. Et Patera semble impossible à rencontrer. Et le chemin de retour est fermé.
Ce livre est quasiment impossible à résumer, c'est une sorte de rêve ou plutôt de cauchemar, mais un cauchemar rêvé avec l'accord du rêveur en quelque sorte, et donc en partie délectable. Sauf le démarrage, il n'y a pas d'action vraiment racontable, une suite d'événements ou d'épisodes, qui amène vers la fin certes, mais sans véritable intrigue. Mais d'une façon logique, même si c'est la logique des rêves, très différente de celle de la veille. Un étrange voyage donc, dans lequel il faut accepter de perdre ses repères, et de prendre les choses telles qu'elles se présentent, même si elles heurtent notre propre logique. Si on accepte de se laisser embarquer, nous avons droit à de magnifiques scènes oniriques, pleines de détails, d'éléments poétiques, inquiétants, d'autant plus que l'on y reconnaît des envies ou des angoisses qui nous traversent tous, ou attirants, attirants peut être parce qu'inquiétants.
Impossible d'être plus claire, si vous vous voulez en savoir plus, il vous faut lire le livre….
Et j'ai oublié de préciser, des nombreux dessins de l'auteur sont présents dans l'ouvrage.
Le narrateur reçoit une étrange visite. Et une étrange proposition. Un homme envoyé par un ancien condisciple d'école, Patera, qui l'avait plus que fortement marqué malgré la brièveté de leur relation, l'invite à venir au pays qu'il a fondé grâce à une fortune immense, l'Empire du Rêve. D'abord incrédule et réticent, notre narrateur succombe à l'appel, à cause de l'ennui de sa vie, et grâce à un portrait de Patera, qui exerce sur lui une grande fascination. Il arrive à convaincre sa femme, et les voilà partis dans un long voyage, payé par Patera, pour arriver quelque part en Asie et accéder au fameux Empire du Rêve. D'abord tout semble les attendre, un emploi se présente, ainsi qu'un appartement. Mais le fameux rêve devient vite plutôt cauchemar, les gens se comportent de façon étrange, il est difficile de dormir, les coutumes sont étranges. Et Patera semble impossible à rencontrer. Et le chemin de retour est fermé.
Ce livre est quasiment impossible à résumer, c'est une sorte de rêve ou plutôt de cauchemar, mais un cauchemar rêvé avec l'accord du rêveur en quelque sorte, et donc en partie délectable. Sauf le démarrage, il n'y a pas d'action vraiment racontable, une suite d'événements ou d'épisodes, qui amène vers la fin certes, mais sans véritable intrigue. Mais d'une façon logique, même si c'est la logique des rêves, très différente de celle de la veille. Un étrange voyage donc, dans lequel il faut accepter de perdre ses repères, et de prendre les choses telles qu'elles se présentent, même si elles heurtent notre propre logique. Si on accepte de se laisser embarquer, nous avons droit à de magnifiques scènes oniriques, pleines de détails, d'éléments poétiques, inquiétants, d'autant plus que l'on y reconnaît des envies ou des angoisses qui nous traversent tous, ou attirants, attirants peut être parce qu'inquiétants.
Impossible d'être plus claire, si vous vous voulez en savoir plus, il vous faut lire le livre….
Et j'ai oublié de préciser, des nombreux dessins de l'auteur sont présents dans l'ouvrage.
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Arabella- Messages : 4815
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Re: Alfred Kubin
Histoires burlesques et grotesques
Il s'agit d'un ensemble de courts récits, qui semblent avant tout autobiographiques, dont chacun est centré sur un épisode saillant, avec une charge humoristique. Mais il y a quelque chose de grinçant, de décalé, dans ces histoires. Ainsi dans le premier récit, l'auteur nous conte sa première émotion amoureuse, qu'il a ressenti pour une morte, une petite fille qui en vie le laissait indifférent, et une fois dans son cercueil, se met à le fasciner. Ce n'est pas réellement macabre, l'humour est vite présent et désamorce quelque chose qui aurait pu être malsain, mais il flotte comme une possibilité, une amorce, une vague inquiétude.
Ces nouvelles se situent dans un entre deux, d'un côté des souvenirs, surtout d'enfance et d'adolescence, plutôt anodins et amusants, et de l'autre une sorte d'image brouillée qui laisse entrevoir la possibilité d'un monde qui coexiste avec le monde banal du quotidien, un monde distordu et angoissant. Et un petit détail de tous les jours peut éventuellement être une porte d'entrée, de basculement. Mais dans ce livre, nous ne basculons pas, l'auteur nous suggère juste que cela pourrait peut être se produire.
Il s'agit d'un ensemble de courts récits, qui semblent avant tout autobiographiques, dont chacun est centré sur un épisode saillant, avec une charge humoristique. Mais il y a quelque chose de grinçant, de décalé, dans ces histoires. Ainsi dans le premier récit, l'auteur nous conte sa première émotion amoureuse, qu'il a ressenti pour une morte, une petite fille qui en vie le laissait indifférent, et une fois dans son cercueil, se met à le fasciner. Ce n'est pas réellement macabre, l'humour est vite présent et désamorce quelque chose qui aurait pu être malsain, mais il flotte comme une possibilité, une amorce, une vague inquiétude.
Ces nouvelles se situent dans un entre deux, d'un côté des souvenirs, surtout d'enfance et d'adolescence, plutôt anodins et amusants, et de l'autre une sorte d'image brouillée qui laisse entrevoir la possibilité d'un monde qui coexiste avec le monde banal du quotidien, un monde distordu et angoissant. Et un petit détail de tous les jours peut éventuellement être une porte d'entrée, de basculement. Mais dans ce livre, nous ne basculons pas, l'auteur nous suggère juste que cela pourrait peut être se produire.
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