Nadine Gordimer
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Nadine Gordimer
Nadine Gordimer, née à Springs (Afrique du Sud) le 20 novembre 1923 et morte à Johannesburg (Afrique du Sud) le 14 juillet 2014, est une femme de lettres sud-africaine, romancière, nouvelliste, critique et éditrice.
En 1991, le prix Nobel de littérature récompense l'écrivain dont « l’œuvre épique a rendu à l'humanité d'éminents services ».
Elle a combattu l'apartheid.
source et suite
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George Gershwin
Re: Nadine Gordimer
L’arme domestique
Livre pour lequel que je n’avais pas fait de commentaire après ma lecture… mais qui m’a laissé une forte impression et qui m’avait surtout donné envie de poursuivre avec elle…Présentation de l’éditeur
"Notre fils est un meurtrier". Cette terrible nouvelle vient brusquement bouleverser les parents de Duncan. Leur vie va basculer.
Les parents de Duncan sont blancs, et un hasard fait que le défenseur de leur fils est un avocat noir, une étoile montante du barreau, Hamilton Motsamaï.
Duncan a tué avec l'arme domestique, celle qu'on garde chez soi comme un chat, pour faire face à la criminalité qui entretient aujourd'hui un lourd climat de violence dans les grandes cités sud-africaines. Quelle attitude adopter envers ce fils élevé avec amour, qui n'a rien d'un dévoyé, quelle confiance accorder à cet avocat sûr de lui revenu dans son pays après un long exil ?
C'est toute la trame de ce roman à suspense où se succèdent de nombreuses révélations sur la vie intime de Duncan, en particulier une brève liaison homosexuelle secrète, et sa passion dominatrice pour une jeune fille lascive et névrosée, à l'origine du crime.
Le récit prend toute son ampleur avec le procès de Duncan, dans un prétoire enfiévré où défilent les témoins, les experts et les psychiatres. La défense parfois ambiguë de l'avocat Motsamaï ajoute une tension dramatique à cette affaire de mœurs et de meurtre.
Avec sa maîtrise habituelle, Nadine Gordimer dresse un tableau tout en nuances de la condition humaine avec ses ressorts secrets et ses ambiguïtés déconcertantes.
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George Gershwin
Re: Nadine Gordimer
Un amant de fortune
Ce livre m’a bouleversé plus que L’arme domestique. Surtout la deuxième – et plus grande – partie du livre est d’une force extraordinaire. J’en ressors charmée et ravie.Présentation de l’éditeur
Ces deux-là n'étaient pas faits pour se rencontrer. Et pourtant... quand la voiture de Julie tombe en panne à Johannesburg et que le jeune mécanicien Abdou émerge des entrailles du véhicule qu'il bricole, ce sont deux planètes qui entrent en collision. Elle est femme et blanche, fille rebelle d'un puissant homme d'affaires d'Afrique du Sud. Il est immigré en situation irrégulière, ayant fui la misère. Elle voudrait s'affranchir des valeurs bourgeoises qui l'étouffent ; lui, parvenir au monde de l'argent et du pouvoir dont elle est revenue. Elle, s'alléger pour être pardonnée ; lui, s'alourdir pour être respecté. Il prend l'inclination de cette femme pour un caprice ; elle prend l'attirance de cet homme pour de la passion. " Elle a honte de ses parents ; il pense qu'elle a honte de lui. Ils ne se connaissent pas l'un l'autre. " Dénoncé, il est chassé. Elle le suit dans son retour au pays, où la famille musulmane d'Abdou doit faire une place à " l'étrangère ". Que de malentendus et de drames leur faudra-t-il surmonter pour que chacun, devenu à l'autre la Terre Promise - " En elle il se sent lui-même, il n'appartient à personne, elle est le pays où il a émigré " -, accède finalement à son propre destin... Roman profond alliant puissance et concision, Un amant de fortune nous entraîne à la fois dans l'Afrique du Sud de la nouvelle mixité et dans un village arabe en plein désert. Ce singulier choc des cultures prend une dimension universelle : une exploration extraordinairement juste et émouvante des rites de passage de l'immigration, où l'amour ne peut survivre que s'il demeure la dernière des certitudes.
Le départ de Julie avec son amant pour ce lieu ‘oublié’ dans le désert qu’on s’imagine de devenir l’endroit d’échec de ce jeune couple nous montre une évolution de cette femme. Et Nadine Gordimer a écrit la fin dont j’avais le souhait de lire.
Et de nouveau cette écriture qui nous prend avec elle dans ce voyage, dans ce développement de ses protagonistes.
Je voudrais tant parler de ce livre mais me retrouve sans mots..
Je pense que ce livre est la lecture idéale pour entrer dans le monde de Nadine Gordimer.
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George Gershwin
Re: Nadine Gordimer
Ceux de July
Comment réagissent les gens quand leur mode de vie change plus que radicalement.Présentation de l’éditeur
En Afrique du Sud, les Noirs prennent le pouvoir. Ils pillent, occupent, et repoussent les Blancs affolés dans les aéroports. Plutôt que d'attendre un improbable avion qui leur permettrait de quitter le pays, les Smales fuient la capitale avec leurs trois enfants et vont chercher refuge dans un village perdu en pleine brousse, le village de July.
July était depuis quinze ans le domestique des Smales. En raison de leurs idées "progressistes", July a toujours été traité avec considération et dignité, mais sans échapper complètement à sa condition de "domestique noir". Au village, ce rapport maître-serviteur va évidemment se trouver inversé. C'est maintenant July qui accueille les Blancs et les protège. Nulle arrogance chez lui, nul esprit de revanche. Simplement la découverte, d'abord confuse, que le monde a changé.
Maureen et Bram Smales se retrouvent avec leurs enfants dans une situation où chacun d’entre eux doit trouver une nouvelle place dans un monde qui est tout à fait changé.
Et ce sont les enfants qui s’habituent le plus facilement. Ils apprennent avec les autres enfants du village la langue, ne se soucient après quelques jours plus des jouets et autres gadgets superflus – la vie est tout à coup une aventure pour eux. Tandis que leurs parents ont plus de problèmes.
Surtout le père qui se voit réduit à quelqu’un de superflu sans ses cartes bancaires et autres signes du succès dans le monde en dehors de la brousse.
Sous ces conditions, même la relation avec sa femme risque de changer durablement. On peut sentir qu’ils ne vont pas sortir de cette expérience indemne.
En plus, beaucoup de non-dits des années vécues ensemble apparaissent – et surtout entre Maureen et July il y a plusieurs scènes qui montrent que la relation « patron » - « employé » sera changée pour toujours.
Une histoire qui fascine, un développement décrit avec conviction. Nadine Gordimer trouve à nouveau un ton qui me plait et qui me donne envie de continuer.
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George Gershwin
Re: Nadine Gordimer
Un monde d’étrangers
Pour situer ce roman, faut savoir qu’il se déroule à la fin des années 50. Bien des choses (et heureusement) ont changées entretemps en Afrique du Sud. Mais Nadine Gordimer n’a pas écrit un livre politique (bien qu’il était trop ‘puissant’ dans le temps et on a essayé de l’interdire pour la publication), il garde son universalité puisqu’elle dresse le portrait de ce jeune homme, perdu dans une société dont il se heurte aux frontières. Lui, qui ne voit ni blanc ni noir, ne peux pas percer les interdits dans ce pays…Présentation de l’éditeur
Toby, un jeune Anglais, se rend à Johannesburg pour affaires, bien décidé à ne pas se compromettre par des prises de position entre Blancs et Noirs. Il fréquente d'abord des Blancs fortunés et partage avec eux la « bonne vie coloniale », puis une Africaine blanche engagée dans la lutte pour la libération des femmes noires. Par elle, il rencontre un Noir qui a fait ses études en Angleterre, le séduisant et énigmatique Steven Sitole avec lequel une amitié extrêmement forte s'établit. Mais, tandis que Toby se sent de plus en plus enraciné dans ce pays où il ne devait que passer, le drame couve, fomenté par ceux que les préjugés aveuglent.
Sans jamais prendre le ton d'un réquisitoire, ce roman passionnant aux admirables évocations de paysages africains, constitue une sorte d'analyse des deux sociétés de l'Afrique du Sud : la blanche et la noire, que l'apartheid a dressées l'une contre l'autre, mondes étrangers, voire ennemis irréductibles. Nadine Gordimer nous fait pénétrer dans ces mondes : « high society » blanche qui vit là comme en transit, ghetto noir où ceux qui sont les forces vives du pays rongent leur frein...
Vous connaissez ma fascination pour les langues et je dois dire que l’allemand est dans ce cas exceptionnel pour donner un accès direct à l’histoire à partir du titre.
En anglais A world of strangers, la traduction française suit à 100% avec Un monde d’étrangers, tandis qu’en allemand ce livre porte le titre Fremdling unter Fremden. Contrairement à l’anglais et au français, l’allemand possède deux mots pour désigner étranger : Fremder et Fremdling, dont le Fremdling porte en lui-même le sens : quelqu’un qui se sent intérieurement étranger ou qui est surtout étranger à ses alentours… et c’est tout à fait cela. Toby et en occurrence ce livre, devient à travers l’apartheid une parabole pour le manque de communication entre les hommes.
Une fois de plus je suis sous le charme de cette écriture, jusqu’à présent toutes mes rencontres avec des livres de Nadine Gordimer étaient extraordinaires…
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George Gershwin
Re: Nadine Gordimer
Un amant de fortune
Sorti en 2001, traduit en 2002 en France, c’est l’un des derniers romans de Nadine Gordimer, publié après la fin de l’apartheid en Afrique du Sud. Le roman explore donc le nouveau type de relations qui s’est installé dans le pays suite aux bouleversements politiques.
Julie, le personnage principal du roman est une jeune femme blanche, issue d’un milieu très favorisé, qu’elle rejette. Suite à une panne de sa voiture, elle rencontre un homme noir, Abdou, en situation irrégulière, venu d’un pays pauvre où il se trouve sans avenir. Une histoire s’ébauche entre eux, un peu à l’initiative de Julie. Mais Abdou se voit ordonner de quitter le territoire. Malgré les démarches entreprises par Julie, il doit partir. Elle ne se résout pas à le perdre, et part avec lui. Elle découvre sa famille, le village dont il est issu, et tente d’y trouver sa place. Pendant ce temps, lui ne songe qu’à repartir, se servant aussi de son mariage avec elle, des relations qu’elle peut avoir dans des pays plus riches, pour obtenir un visa.
Un roman puissant, qui aborde des thématiques variées et très contemporaines. Le rapport à l’autre, qui ne peut s’extraire d’un contexte social, historique. L’individu n’est pas une tabula rasa, il réagit en fonction de ce qui lui a très transmis, des stéréotypes, idées reçues. Même en s’opposant, prenant le contre-pied des valeurs de son milieu, il est forcément déterminé par ce qu’il reçu, son opposition s’exprime en fonction de ce qu’il connaît.
C’est aussi une histoire d’amour, ou plus exactement un récit qui questionne, tente de définir, le sentiment amoureux. Sans aucun sentimentalisme ni idéalisme. L’écriture au scalpel de Nadine Gordinmer traque les faux semblants, tente de cerner le plus authentique, le moins romancé. Il y a ce mouvement qui pousse vers l’autre, vers un autre, qui reste autre, différent de soi, incompréhensible et étranger. D’autant plus qu’il est issu d’une autre culture, qu’il est impossible de le voir, de le ressentir, en dehors des représentations, des à priori que l’on a vis-à-vis de cette culture.
Ce qui uni peut-être le plus fortement Julie et Abdou, c’est la volonté quasi viscérale de vouloir fuir, sa condition, le lieu, la position, assignés à la naissance à chacun d’entre eux. Abdou veut quitter son village, partir dans un pays étranger à n’importe quel prix, changer son destin. Julie refuse aussi fortement de s’identifier à ses parents, à leurs valeurs, à la vie à laquelle elle est destinée, aussi privilégiée soit-elle. Aucun ne se sent à sa place là d’où il vient. Sans forcément exprimer clairement ce qu’il souhaite d’autre. Leur rencontre va leur permettre de mieux saisir cette nécessité intérieure et tenter de la réaliser.
Malgré des analyses sociologiques, des descriptions précises, une approche qui semble objective, le récit n’est pas réaliste. C’est plutôt une fable, une métaphore, que le récit véritable d’une histoire entre deux individus. D’ où des passages, des événements que l’on peut critiquer sous l’angle de la vraisemblance. Mais cela ne met pas en cause le propos du roman, qui est une sorte d’analyse, de réflexion sur des thématiques, plus qu’un récit romanesque.
J’ai eu un peu de mal à accrocher au début du roman, à cette écriture si froide, si minimaliste, et à ce récit où je ne sentais pas l’âme et la chair des individus. Mais la deuxième moitié du livre m’a réellement convaincue, le projet de l’auteure apparaît dans toute sa richesse et complexité. Le personnage masculin a plus de poids qu’au début, les rapports s’équilibrent, et l’évolution des deux personnages devient passionnante.
Une belle découverte.
Sorti en 2001, traduit en 2002 en France, c’est l’un des derniers romans de Nadine Gordimer, publié après la fin de l’apartheid en Afrique du Sud. Le roman explore donc le nouveau type de relations qui s’est installé dans le pays suite aux bouleversements politiques.
Julie, le personnage principal du roman est une jeune femme blanche, issue d’un milieu très favorisé, qu’elle rejette. Suite à une panne de sa voiture, elle rencontre un homme noir, Abdou, en situation irrégulière, venu d’un pays pauvre où il se trouve sans avenir. Une histoire s’ébauche entre eux, un peu à l’initiative de Julie. Mais Abdou se voit ordonner de quitter le territoire. Malgré les démarches entreprises par Julie, il doit partir. Elle ne se résout pas à le perdre, et part avec lui. Elle découvre sa famille, le village dont il est issu, et tente d’y trouver sa place. Pendant ce temps, lui ne songe qu’à repartir, se servant aussi de son mariage avec elle, des relations qu’elle peut avoir dans des pays plus riches, pour obtenir un visa.
Un roman puissant, qui aborde des thématiques variées et très contemporaines. Le rapport à l’autre, qui ne peut s’extraire d’un contexte social, historique. L’individu n’est pas une tabula rasa, il réagit en fonction de ce qui lui a très transmis, des stéréotypes, idées reçues. Même en s’opposant, prenant le contre-pied des valeurs de son milieu, il est forcément déterminé par ce qu’il reçu, son opposition s’exprime en fonction de ce qu’il connaît.
C’est aussi une histoire d’amour, ou plus exactement un récit qui questionne, tente de définir, le sentiment amoureux. Sans aucun sentimentalisme ni idéalisme. L’écriture au scalpel de Nadine Gordinmer traque les faux semblants, tente de cerner le plus authentique, le moins romancé. Il y a ce mouvement qui pousse vers l’autre, vers un autre, qui reste autre, différent de soi, incompréhensible et étranger. D’autant plus qu’il est issu d’une autre culture, qu’il est impossible de le voir, de le ressentir, en dehors des représentations, des à priori que l’on a vis-à-vis de cette culture.
Ce qui uni peut-être le plus fortement Julie et Abdou, c’est la volonté quasi viscérale de vouloir fuir, sa condition, le lieu, la position, assignés à la naissance à chacun d’entre eux. Abdou veut quitter son village, partir dans un pays étranger à n’importe quel prix, changer son destin. Julie refuse aussi fortement de s’identifier à ses parents, à leurs valeurs, à la vie à laquelle elle est destinée, aussi privilégiée soit-elle. Aucun ne se sent à sa place là d’où il vient. Sans forcément exprimer clairement ce qu’il souhaite d’autre. Leur rencontre va leur permettre de mieux saisir cette nécessité intérieure et tenter de la réaliser.
Malgré des analyses sociologiques, des descriptions précises, une approche qui semble objective, le récit n’est pas réaliste. C’est plutôt une fable, une métaphore, que le récit véritable d’une histoire entre deux individus. D’ où des passages, des événements que l’on peut critiquer sous l’angle de la vraisemblance. Mais cela ne met pas en cause le propos du roman, qui est une sorte d’analyse, de réflexion sur des thématiques, plus qu’un récit romanesque.
J’ai eu un peu de mal à accrocher au début du roman, à cette écriture si froide, si minimaliste, et à ce récit où je ne sentais pas l’âme et la chair des individus. Mais la deuxième moitié du livre m’a réellement convaincue, le projet de l’auteure apparaît dans toute sa richesse et complexité. Le personnage masculin a plus de poids qu’au début, les rapports s’équilibrent, et l’évolution des deux personnages devient passionnante.
Une belle découverte.
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Je ne lis jamais un livre dont je dois écrire la critique ; on se laisse tellement influencer. (Oscar Wilde)
Arabella- Messages : 4815
Date d'inscription : 29/11/2016
Re: Nadine Gordimer
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'La littérature est une maladie textuellement transmissible, que l'on contracte en général pendant l'enfance'. Jane Yolen.
domreader- Messages : 3618
Date d'inscription : 02/12/2016
Localisation : Ile de France
Re: Nadine Gordimer
ah oui, c'est trop bien de voir remonter ce fil... et surtout avec un tel avis, merci Arabella
il faut aussi que je la retrouve dans un de ses romans...
il faut aussi que je la retrouve dans un de ses romans...
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