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Jean Mairet

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Message par Arabella Mar 28 Mar - 20:52

Mairet Jean (1604 - 1686)



Jean Mairet Jeande10

Né à Besançon (donc en Franche Comté qui à l’époque ne faisait pas partie de la France) en 1604 et mort dans la même ville en 1686.

Orphelin de bonne heure, il part faire ses études au collège des Grassins à Paris, et très jeune débute au théâtre avec Chryséide et Arimand. Très inspiré par Théophile de Viau, en poésie et au théâtre, il continue à publier diverses pièces, dont La Silvanire, une tragi-comédie pastorale, dont la préface, défendant les règles prônées pour la tragédie par les théoriciens, dont Jean Chapelain, eut un grand retentissement. En 1634 il est le premier à participer à la renaissance de la tragédie avec Sophonisbe, jouée devant Louis XIII et qui eut un succès formidable, et valut à son auteur une pension de Richelieu.

Après le succès du Cid de Corneille, il se déchaîne contre ce dernier, accusé d’irrégularité. Sa dernière pièce est de 1640, il se consacre à partir de là à la politique au service de son pays.

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Message par Arabella Mar 28 Mar - 20:52

La Sophonisbe

Jalon important dans l’histoire de la tragédie française, elle est sans doute la première à être créée après une interruption de 6ans, pendant laquelle la tragi-comédie semblait avoir gagné la partie. Une tragédie renouvelée, avec une action plus haletante que dans la vieille tragédie humaniste du XVIe siècle, dans laquelle une place importante est accordée aux thématiques amoureuses. Mairet dans la préface de la Silvanire insiste sur la notion de plaisir que les règles et la relative sobriété de la tragédie (par rapport à la tragi-comédie) doivent apporter au spectateur, et La Sophonisbe doit en faire la démonstration.

Nous sommes en Afrique, avec comme toile de fond, la lutte entre Rome et Carthage. Sophonisbe est une princesse carthaginoise, épouse d’un roi africain, qui livre une bataille décisive contre les Romains, représentés par Scipion, et soutenus par un autre roi africain Massinissa. Or Sophonisbe a en quelque sorte jeté sont dévolu sur ce dernier, et après la mort de son premier mari au combat, séduit Massinissa, qui l’épouse dans l’instant. Mais Scipion ne l’entend pas ainsi : Sophonisbe en tant que Carthaginoise est l’ennemi, et doit être menée à Rome pour participer à son triomphe. Massinissa va lui éviter ce sort honteux en lui envoyant du poison, puis se tue lui-même. Comme dans Pyrame et Thisbé de son maître Théophile de Viau, les amants de Mairet se rejoignent dans la mort.

Disons le d’emblée, j’ai eu du mal à croire à cette passion si rapide et forte entre Sophonisbe et Massinissa, quasiment sur le cadavre du premier mari. Et je n’ai pas pu m’empêcher de penser que la fameuse règle des 24 heures, devait rendre certains événements très expéditifs. Une fois ce premier postulat admis, la pièce est merveilleusement écrite et pathétique à souhait, les oppositions entre Massinissa et Scipion particulièrement bien rendues.

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Message par Arabella Sam 17 Juin - 18:22

Sylvie


Jouée probablement en 1626, publiée en 1628, La Sylvie appartient au genre de la pastorale, ces histoires de bergers et bergères, amoureux les uns des autres, avec la convention de la chaîne amoureuse, qui fait que l'on aime quelqu'un qui ne vous aime pas, et qu'on aimé par un autre dont on ne veut pas, mais qui à son tour est aimé par quelqu'un d'autre...et ainsi de suite. Ce genre a connu un grand succès au début du XVIIe siècle, concomitant à celui de la tragi-comédie. Au point de faire disparaître la tragédie, pourtant genre roi chez les humanistes s'inspirant de l'antiquité. Aucune nouvelle tragédie n'est créée à Paris entre 1628 et 1634, au point de faire penser à certains que c'est un genre dépassé, ne convenant pas à l'esprit français. Une réaction suivra, qui enterrera aussi bien la tragi-comédie que la pastorale, même si certains des éléments constitutifs de ces deux genres subsisteront dans la tragédie ressuscitée, en feront une tragédie nouvelle, en quelque sorte. Mais nous en sommes pas là, et La Sylvie est un des fleurons du genre, même si sans le savoir, ce dernier jette ces derniers feux dans tout leur éclat.

Théleme, un prince, aime une bergère, Sylvie, aimée également par le berger Philène, qu'elle n'aime pas. Mais, c'est bien connu, les princes n'épousent pas les bergères, et l'amour des deux jeunes gens est désapprouvé aussi bien par les parents de Sylvie, que par le roi, père de Théleme. Philène, que les parents de Sylvie voudraient bien lui faire épouser, essaie de susciter la jalousie de Sylvie par un stratagème, mais il est déjoué. le roi quand à lui utilise la méthode forte. Il fait arrêter Sylvie, renonce toutefois à la faire mourir, pour faire jeter un sortilège sur les deux jeunes gens, chacun croit que l'autre est mort, et ils sombrent presque dans la folie à cette idée. le roi, pris de remord devant leur désespoir, voudrait revenir en arrière. Un preux chevalier amoureux de sa fille, arrive à lever la malédiction, et Théleme et Sylvie finiront par convoler.

Très marqué par les conventions de l'époque, même si c'est incontestablement habile et bien construit, c'est surtout la langue de Mairet que je trouve un peu impersonnelle. le vers est bien maîtrisé, tout cela est bien fait, mais il me manque un petit peu une écriture plus originale, plus inspirée que bien exécutée.

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Message par Arabella Sam 17 Juin - 18:23

La Silvanire ou la Morte Vivante


Représentée en 1630, publiée en 1631, cette pièce, qui est une tragi-comédie pastorale, a une grande importance dans l'évolution du théâtre de l'époque. Cette importance vient moins de la pièce elle-même, que de la préface qui l'accompagne lorsqu'elle est publiée. En plein débat concernant ce que doit être le théâtre, entre les tenants de la tragi-comédie irrégulière, faisant fi de toutes les règles, revendiquant le plaisir du spectateur, et les tenants d'un théâtre régulier, s'appuyant sur les règles, et en tous premier lieu les fameuses règles des trois unités, ce texte marque une étape essentielle des tendances qui se mettent en place. La tragi-comédie, le baroque et l'irrégulier semblent avoir parti gagnée, puisqu'aucune nouvelle tragédie n'est jouée à Paris entre 1628 et 1634. Mais la réaction des réguliers est en marche.

Mairet se place résolument du côté du théâtre régulier, ce qui en soit est un soutient important et pas forcément attendu d'un admirateur déclaré de Théophile de Viau, grand baroque et libertin. Il défend ardemment les règles, que sa pièce respecte, comme elle respecte la bienséance. La préface définit ce que doit être l'art théâtral selon Mairet, certains y ont vu un Art poétique qui ne dit pas son nom.

La pièce est inspirée de l'Astrée, le roman des romans de l'époque. Aglante aimé Silvanire, qui semble le rejeter, alors qu'elle l'aime, mais que cet amour lui est interdit, car son père souhaite lui faire épouser Théante. Tirinte, un autre amoureux repoussé par Silvanire lui présente un miroir magique, qui provoque une sorte de catalepsie qui la fait passer pour morte. Avant de sombrer, elle fait connaître son amour pour Aglante, ses parents promettent de les marier. le mage qui a fabriqué le sortilège la tire de sa mort apparente, Tirinte tente de la violer, elle est toutefois sauvée par Aglante. Ses parents veulent revenir sur leurs promesses, mais les druides les obligent à tenir parole et à marier Silvanire et Aglante. Tirinte, au moment d'être exécuté, est sauvé par Fossinde amoureuse repoussée, avec qui il se marie à son tour.

Malgré la préface, et le respect affiché des règles, nous ne sommes pas encore vraiment dans le sobriété et la rigueur que l'on associe généralement au théâtre classique français. Les conventions de la pastorale, les influences du roman, qui ont infestés les tragi-comédies, sont encore bien présentes dans la pièce. Même si au niveau théorique il rejette le baroque, dans cette pièce Mairet n'est qu'à la moitié du chemin. Cela en fait un objet curieux, pas réellement convaincant. L'auteur va aller jusqu'au bout de la logique qu'il revendique un peu plus tard, ce sera la Sophonisbe, le retour de la tragédie, même si cette dernière gardera des éléments venant de la tragi-comédie, en particulier un suspens, une action en train de se faire et non pas une situation où tout est joué d'avance dès le départ. Mais c'est une autre histoire.

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Message par Arabella Lun 19 Juin - 9:48

Les galanteries du duc d’Ossonne

La mort du duc de Montmorency, protecteur de Mairet, a pour conséquence de l’obliger à entrer dans la sphère d’influence du comte de Belin, soutien de la troupe de comédiens du Marais, troupe plus novatrice que la vieille troupe de l’hôtel de Bourgogne, moins soumise aux traditions. Cela va freiner les aspirations à un théâtre très régulier, que Mairet défendait dans la préface de la Silvanire.

Les galanteries du duc d’Ossonne, sans doute joué en 1632 pour la première fois, publié en 1636, est une comédie. Il ne s’agit pas d’une adaptation plus ou moins fidèle d’une autre œuvre, même si quelques éléments de l’intrigue peuvent être rapprochés de telle ou telle pièce. La comédie s’inspire très librement d’un personnage historique, le duc d’Ossonne, un grand seigneur espagnol, grand capitaine, vice-roi de Sicile, qui mourut en prison.

La pièce ne respecte pas les conventions des genres théâtraux : l’intrigue est du ressort de la comédie, alors que les personnages, en particulier celui du duc, grand seigneur, appartiennent à la tragi-comédie. Oeuvre hybride donc, qui met entre parenthèse les aspirations de Mairet à un théâtre réglé.

Le duc est amoureux d’Emilie, et il profite du fait que le mari de celle-ci, Paulin, ait blessé Camille, l’amoureux de sa femme, pour l’envoyer à la campagne, soit disant pour le protéger. Mais Paulin, craignant que sa femme ne profite de son absence, l’installe chez sa sœur, Flavie. Cette dernière est éprise du duc, qui l’ignore. Le duc surveillant la maison, surprend une silhouette qui utilise une échelle de soie pour sortir et entrer discrètement par une fenêtre. C’est le moyen qu’a trouvé Emilie pour sortir voir son amant blessé. Le duc s’introduit dans la maison, et se retrouve dans le lit de Flavie. Je passe quelques détails de l’intrigue qui est compliquée, mais un jeu de séduction complexe s’installe entre les quatre personnages, qui sont tous plus ou partant pour s’offrir deux partenaires, tout en essayant de garder leur duplicité secrète.

Une pièce assez étonnante, tout à fait immorale et cynique, les hommes et les femmes ont exactement la même attitude vis à vis du sexe opposé, fait d’opportunité et de la recherche du plaisir, même si la position sociale des hommes rend leur marges de manœuvre plus grandes. Malgré certaines maladresses dans la construction (un homme aux portes de la mort est très rapidement prêt à toutes les acrobaties par exemple), c’est vraiment une pièce intéressante, où il se passe toujours quelque chose. Je trouve que Mairet gagne à sortir des sentiers de la régularité et de la bienséance, dans lesquels ses vers un peu trop lisses et trop sages en deviennent rapidement un peu ennuyeux, alors que visiblement il est capable d’inventer des intrigues originales, qui sortent des sentiers battus, et qui fixent l’attention.

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