Lorrie Moore
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Lorrie Moore
Lorrie Moore est née en 1957.Elle est professeur à l'université du Wisconsin.Nouvelliste et romancière reconnue dans son pays, elle suscite l'admiration de nombreux auteurs anglo-saxons comme Jay McInerney ou Alison Lurie. Son "La passerelle"(ed.de l'Olivier-2010) sorti aux EU en octobre 2009, s'est classé plusieurs semaines dans la liste des meilleures ventes du New York Times .
Bibliographie
1989 Des histoires pour rien
1991 Vies cruelles
1993 Anagrammes
1995 Que vont devenir les grenouilles?
2003 Déroutes
2010 La passerelle
Queenie- Messages : 7151
Date d'inscription : 29/11/2016
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Re: Lorrie Moore
(Un Grand Merci à Darkanny qui m'a donnée envie de la découvrir)
Quel livre.
Des nouvelles. Des histoires de tous les jours où la grisaille enveloppe les personnages. C'est triste mais absolument pas pathos ou mélodramatique. C'est d'une justesse sur l'humanité, sur les peines, les douleurs, les impossibilités, les incompréhensions, qui m'a touchée-coulée-enpleindanslemille.
Écriture de la proximité, au cœur des sentiments et des pensées des personnages, retranscrits en quelques phrases concises et claires. Pas d'emphase, pas d'étalage. Lorrie Moore est dans le discours direct, la dissection du malaise, le diagnostic du trouble, l'analyse du doute. Et ses personnages sont toujours sur la ligne, la faille, sur le point de s'effondrer ou de s'accrocher.
C'est dans l'affect qu'elle nous entraîne Lorrie Moore, qu'elle m'a entraîné. Où je l'ai suivie avec une douce mélancolie.
Une envie de relecture.
Queenie- Messages : 7151
Date d'inscription : 29/11/2016
Localisation : Stable.
Re: Lorrie Moore
Idem, je crois qu'elle n'a rien sorti de nouveau, faut que je vérifie
Merci de ce rappel , je n'ai que de bons souvenirs de mes lectures
Merci de ce rappel , je n'ai que de bons souvenirs de mes lectures
darkanny- Messages : 826
Date d'inscription : 29/11/2016
Re: Lorrie Moore
(Lu en deux étapes au cours d'une LC, je pense. Je vous recopie les posts)
Après quelques agacements dûs peut-être à ces multi pistes et l' impression inévitable d'effleurement qui s'en suit, l'histoire m'a reprise de plein fouet par cette réalité qui surgit avec une violence froide alors qu'on ne s'y attend plus vraiment. Cette sensation de neige qui envahit l'espace et isole le narrateur, Tassie en l'occurence, dont use souvent l'auteure, je l'ai ressentie vraiment. Les réflexions mordantes et cet humour ravageur spécifiques des deux premiers tiers du roman font subitement place à une étrange gravité, et avec quel talent. Comme si l'auteure cherchait à nous mettre en confiance, à nous rendre son héroïne très intime, vulnérable et un peu naïve malgré son sens aigu de l'observation.
On rit souvent, ça pétille comme un feu d'artifice et chaque remarque (jamais appuyée) révèle beaucoup de ce fameux american way of life idyllique où chacun pense qu'il est dessus de la médiocrité ambiante (les séances du mercredi sont en ce sens significatives) et se cache derrière des façades pour se donner bonne conscience. Mais l'impact est d'autant plus fort car il nous prend à rebours.
...
Un livre qui m'a fait passer par plusieurs états, le style vif et très percutant m'a rapidement embarquée, puis un malaise s'est peu à peu immiscé, suivi de l' impatience d'en venir au fait. Qui sont-ils en fait tous ?
Chaque personne dans cette maisonnée, moi y compris, semblait issue d'un horrible conte de fées Mais de contes différents. Nous étions tous grotesques et égocentriques, chacun dans sa propre histoire, si bien que nos échanges étaient incompréhensibles et dépourvus de sens, comme les personnages dans une pièce de Tennessee Williams qui déclament une tirade futile mais envoûtante de folie
Et puis là vers les cents dernières pages tout s'emballe. On rentre au coeur de l'histoire et la patine trop brillante laisse place à la torpeur d'une vie qui s'abat sans crier gare.
J 'étais réduite à peu de choses. J'étais à peine présente. Je savais maintenant que lorsque le malheur s'abattait, il vous mitraillait et vous laissait aussi léger qu'une chemise de nuit, aussi transparente qu'un jupon. La lumière semblait traverser mes mains, mon sang n'était plus rouge : ma peau flottait dans l'air, telle une méduse sur les vagues. Je glissais vers une transe qui réveillait quelques souvenirs enfouis, mais à vrai dire le temps m'effleurait. La vie était insaisissable, si bien que je ne pouvais la prendre à pleines mains. Elle virevoltait et tourbillonnait. On aurait dit un tas d'ordures et je passais les jours comme un fantôme invité à une plage par une journée étincelante.
J'ai aimé l'ensemble au final, sans y trouver de trop plein. Je crois que tout l'art du conteur est dans cette approche, toute en subtilité, jamais pesante ni larmoyante. Lorsqu'à la fin Tassie ouvre incidemment ce mail, on est derrière elle, submergé par l'émotion. Les non dits, les ratés, la solitude et l'incompréhension, le désarroi et les remords, tout cela en vrac nous assaille. Ces petits condensés de vie que l'on connaîtra tous un jour ou l'autre, des sentiments diffus et cruels très délicats à exprimer mais dont Loorie Moore a le secret. Malgré tout la dernière note n'est pas si sombre, la vie pousse en avant et on grandit malgré soi.
Parce qu'Il fallait bien vivre, ne serait-ce que par politesse
Bref, une très belle lecture que je dois à @Darkanny, j'espère qu'elle vous captera autant, je crois qu'elle en vaut le coup. Une auteure que j'ai envie de suivre, c'est certain!
Aeriale- Messages : 11925
Date d'inscription : 30/11/2016
Re: Lorrie Moore
ça me rappelle de bons souvenirs tout ça.
darkanny- Messages : 826
Date d'inscription : 29/11/2016
Re: Lorrie Moore
Okay. Je suis bonne pour la ré-éduction de la mémoire.
J'ai pris Déroutes dans ma PAL, je me suis aperçue que je l'ai lu il y a 7 ans. J'en ai fait un comm' élogieux à l'époque. J'ai créé ici son fil d'auteur.
Sauvez-moi. Je perds l'esprit.
J'ai pris Déroutes dans ma PAL, je me suis aperçue que je l'ai lu il y a 7 ans. J'en ai fait un comm' élogieux à l'époque. J'ai créé ici son fil d'auteur.
Sauvez-moi. Je perds l'esprit.
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Et, du monde indistinct des rêves, là où se terrent les secrets mystiques, une réponse surgit.
Queenie- Messages : 7151
Date d'inscription : 29/11/2016
Localisation : Stable.
Re: Lorrie Moore
poverina... cela peut arriver...
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George Gershwin
Re: Lorrie Moore
Ca me fait penser que j'avais commencé Déroutes mais jamais terminé et je ne sais même pas pourquoi. Pourtant j'avais bien aimé La passerelle. Je vais le reprendre.
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Let It Be
Epi- Messages : 1943
Date d'inscription : 29/11/2016
Re: Lorrie Moore
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Who Will Run the Frog Hospital? / Que vont devenir les grenouilles ?
Probablement il y a autant d’histoires de jeunes adolescents (fille ou garçon, n’importe) dans des petits villages d’Amérique que d’auteurs qui se consacrent pour raconter ces moments.
J’avoue, j’adore et je ne m’en rassasie pas.
Probablement l’attrait pour moi de ce livre est aussi le fait qu’elle a situé son histoire de ces deux filles lors d’années que je connais bien (60-70s… ah la douce jeunesse)
Ainsi j’ai pu « comparer » les expériences de ma jeunesse avec celle de ces deux amies. Il y a le plus souvent de grandes différences, mais je me suis sentie quand même très proche d’elles. Lorrie Moore a le don de donner facilement accès aux mondes qu’elle crée.
Une fois de plus j’ai passé un très moment en sa compagnie…
Who Will Run the Frog Hospital? / Que vont devenir les grenouilles ?
Cela faisait un bout de temps que je n’avais rien lu d’elle et c’était un vrai plaisir de retrouver sa plume.Présentation de l’éditeur
Cet été-là, je travaillais avec Sils au Pays des légendes. Elle était Cendrillon, et moi, caissière à l'entrée. Avec elle, les journées finissaient par passer. On n'espérait pas grand-chose de la vie, seulement être ensemble. C'était l'été de nos quinze ans et rien ne comptait plus que l'amitié. Puis Sils a eu de sérieux ennuis. Pour l'aider, j'étais prête à tout, même à enfreindre la loi.
Probablement il y a autant d’histoires de jeunes adolescents (fille ou garçon, n’importe) dans des petits villages d’Amérique que d’auteurs qui se consacrent pour raconter ces moments.
J’avoue, j’adore et je ne m’en rassasie pas.
Probablement l’attrait pour moi de ce livre est aussi le fait qu’elle a situé son histoire de ces deux filles lors d’années que je connais bien (60-70s… ah la douce jeunesse)
Ainsi j’ai pu « comparer » les expériences de ma jeunesse avec celle de ces deux amies. Il y a le plus souvent de grandes différences, mais je me suis sentie quand même très proche d’elles. Lorrie Moore a le don de donner facilement accès aux mondes qu’elle crée.
Une fois de plus j’ai passé un très moment en sa compagnie…
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George Gershwin
Re: Lorrie Moore
Tiens, bonne idée de la relire!
Merci Kena pour tes impressions :-)
Merci Kena pour tes impressions :-)
Aeriale- Messages : 11925
Date d'inscription : 30/11/2016
Re: Lorrie Moore
Il me reste à la découvrir ! J'étais persuadée de l'avoir déjà lue mais je crois bien que je la confondais avec Alison Lurrie.
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'La littérature est une maladie textuellement transmissible, que l'on contracte en général pendant l'enfance'. Jane Yolen.
domreader- Messages : 3618
Date d'inscription : 02/12/2016
Localisation : Ile de France
Re: Lorrie Moore
c'était pour moi un très bon moment de lecture...Aeriale a écrit:Tiens, bonne idée de la relire!
en ce qui me concerne, je trouve que les histores de Alison Lurie manquent un peu de "vitesse", chez Lorrie Moore, cela bouge, ça avance... j'aime bien son rythme...domreader a écrit:je crois bien que je la confondais avec Alison Lurrie.
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Re: Lorrie Moore
Idem pour moi !domreader a écrit:Il me reste à la découvrir ! J'étais persuadée de l'avoir déjà lue mais je crois bien que je la confondais avec Alison Lurrie.
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"Quand je pense à tous les livres qu'il me reste à lire, j'ai la certitude d'être encore heureux" Jules Renard
Liseron- Messages : 4304
Date d'inscription : 02/01/2017
Localisation : Toulouse
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