John O’Hara
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Aeriale
kenavo
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Books en Stock :: Hey Billie Y'a quoi dans ta bibliothèque ? :: Littérature nord-américaine :: Auteurs nés avant 1941
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Re: John O’Hara
commentaire de 2007 que je reprends pour lui ouvrir son fil lors de la republication de ce roman chez la maison d’édition L'Olivier
Rendez-vous à Samarra
Je le cite non seulement dans le contexte avec le roman de John O’Hara – mais dans l’édition anglaise, c’est aussi lui qui a écrit la préface de ce livre.
Avant de lire d’autres auteurs américains, j’ai toujours cru que John Updike avait inventé le ‘roman des banlieues’ – et naturellement j’en ai découvert d’autres – qui ont à un certain moment ou un autre donné une image à des petites villes ou les faubourgs des grandes villes.
John O’Hara est ma dernière découverte qui en plus est pour l’instant le teneur du titre ‘inventeur’ de ce genre de romans!
Rendez-vous à Samara est non pas seulement l’histoire du déclin sociale de John English – mais l’histoire de toute une petite ville en Amérique des années 30 (avec pour fond la récession et la prohibition de ces années).
Un critique littéraire assez connu en Allemagne aime dire ‘Qu’est-ce que ce roman me rapporte ?’ J’ai souvent cette phrase en mémoire quand je lis un livre – parfois c’est seulement pour le plaisir de lire, pour découvrir un nouveau style, pour savourer l’art de créer de superbes dialogues, pour la découverte de caractères intéressants, pour le charme de se trouver dans des situations nouvelles – chez John O’Hara c’est tout cela !
Rendez-vous à Samarra
Ma découverte d’auteurs américains a commencé avec John Updike.Présentation de l’éditeur
Décembre 1930, vacances de Noël.
Gibbsville, petite bourgade tranquille de Pennsylvanie, est en pleine effervescence. On y danse et on y boit, dans les bars louches comme dans le milieu très fermé de l'élite locale. Parmi les membres de cette élite se trouvent Julian et Caroline English. En pleine réception, Julian lance le contenu de son verre à la figure de Harry Reilly, sans raison apparente... simplement par agacement. Sans qu'il le sache, ce geste impulsif vient de précipiter Julian English dans une spirale autodestructrice qui va durer quarante-huit heures : après avoir cherché secours dans l'amour de sa femme et de ses amis, dans l'alcool, dans la fuite, il aura finalement à se rendre à ce " rendez-vous à Samarra ", qui est un rendez-vous avec la mort.
Le roman de John O'Hara avait fait scandale lors de sa parution en 1934. Exploration crue et directe des rapports entre les sexes, autopsie au scalpel de la vie de province américaine, pessimisme omniprésent, autant d'éléments qui ont fait de ce livre un chef d'œuvre précurseur de tout un pan de la littérature américaine. C'est également une fresque extraordinaire sur l'Amérique au temps de la Dépression, où l'on croise des personnages inoubliables, notamment des gangsters et des bootleggers.
Je le cite non seulement dans le contexte avec le roman de John O’Hara – mais dans l’édition anglaise, c’est aussi lui qui a écrit la préface de ce livre.
Avant de lire d’autres auteurs américains, j’ai toujours cru que John Updike avait inventé le ‘roman des banlieues’ – et naturellement j’en ai découvert d’autres – qui ont à un certain moment ou un autre donné une image à des petites villes ou les faubourgs des grandes villes.
John O’Hara est ma dernière découverte qui en plus est pour l’instant le teneur du titre ‘inventeur’ de ce genre de romans!
Rendez-vous à Samara est non pas seulement l’histoire du déclin sociale de John English – mais l’histoire de toute une petite ville en Amérique des années 30 (avec pour fond la récession et la prohibition de ces années).
Un critique littéraire assez connu en Allemagne aime dire ‘Qu’est-ce que ce roman me rapporte ?’ J’ai souvent cette phrase en mémoire quand je lis un livre – parfois c’est seulement pour le plaisir de lire, pour découvrir un nouveau style, pour savourer l’art de créer de superbes dialogues, pour la découverte de caractères intéressants, pour le charme de se trouver dans des situations nouvelles – chez John O’Hara c’est tout cela !
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Re: John O’Hara
kenavo a écrit:chez John O’Hara c’est tout cela !
Eh bien, tu l'as bien vendu!
Je ne l'ai jamais lu, merci Kena.
Aeriale- Messages : 11930
Date d'inscription : 30/11/2016
Re: John O’Hara
Aeriale a écrit:Eh bien, tu l'as bien vendu!
il vaut le détourAeriale a écrit:Je ne l'ai jamais lu, merci Kena.
j'ai lu trois autres romans et un recueil de nouvelles de lui, mais Rendez-vous à Samarra était vraiment le plus marquant, je voulais lui ouvrir son fil avec ce beau moment de lecture...
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Re: John O’Hara
Tu rejoins complètement l'excellente critique de Télérama, parue il y a une semaine !
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Liseron- Messages : 4307
Date d'inscription : 02/01/2017
Localisation : Toulouse
Re: John O’Hara
il s'agit vraiment d'une valeur sûre de la littérature américaine
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Re: John O’Hara
/
Hope of Heaven / Une lueur de paradis
C’était en effet le bon roman pour retrouver sa plume.
James Malloy, le caractère principal, est récurrent, O’Hara l’utilisait comme son alter-ego.
Hollywood fin des années 30… oui, on va y avoir quelques belles images. Mais je pense que c’est surtout un portrait de cette relation entre Malloy et Peggy qui se trouve au centre. Et sans que cela soit un roman d’amour, il dépeint une belle image de deux gens qui ont des problèmes de se lier pour de vrai avec quelqu’un d’autre.
Pour moi cela fût un bon moment de lecture. Si on aime la façon de raconter une histoire de John O’Hara, en voilà une bonne piste.
Hope of Heaven / Une lueur de paradis
Cela faisait un bout de temps que je n’avais rien lu de John O’Hara et cette lueur du paradis me disait bien de renouer avec lui.Présentation de l’éditeur
Scénariste à Hollywood, James Malloy est amoureux de Peggy, une jeune libraire qui l’aime aussi mais refuse de l’épouser. Quand le père de Peggy, disparu depuis des années, resurgit soudain, envahissant insensiblement leur existence, la romance tourne au drame.
Roman d’amour, roman noir et, pour finir, roman de toutes les passions, Une lueur de paradis est aussi l’un des plus beaux romans écrits sur Hollywood, où la mort et la désillusion se trouvent parfois au bout de l’histoire…
C’était en effet le bon roman pour retrouver sa plume.
James Malloy, le caractère principal, est récurrent, O’Hara l’utilisait comme son alter-ego.
Hollywood fin des années 30… oui, on va y avoir quelques belles images. Mais je pense que c’est surtout un portrait de cette relation entre Malloy et Peggy qui se trouve au centre. Et sans que cela soit un roman d’amour, il dépeint une belle image de deux gens qui ont des problèmes de se lier pour de vrai avec quelqu’un d’autre.
Pour moi cela fût un bon moment de lecture. Si on aime la façon de raconter une histoire de John O’Hara, en voilà une bonne piste.
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Re: John O’Hara
commentaire de 2007
La fille sur le coffre à bagages
Ce roman est particulier.
J’hésite presque de l’appeler ‘roman’ – on pourrait dire que c’est une pièce de théâtre – 85% des 125 pages sont du dialogue !
Mais pas n’importe lequel !
Il arrive à créer avec ses dialogues des scènes et atmosphères – mieux que d’autres auteurs avec beaucoup plus de mots. Et bien qu’on n’est qu’à ‘l’extérieur’ des protagonistes – avec les dialogues on ne nous montre pas leurs pensées et émotions – on ne doute pas un moment des sentiments entre les différentes personnes qui sont en train de discuter.
Un roman remarquable qui m’a fait encore plus envie de découvrir d’autres romans de ce auteur (en ce qui concerne ces nouvelles du temps du New Yorker, je ne prévois pas de les lire tous – ils sont rassemblés dans une éditions à 10 volumes !!)
La fille sur le coffre à bagages
j'aime mieux le titre original: Sermons and Soda-Water!Présentation de l'éditeur
New York, 1930. James Malloy, jeune journaliste chargé de rédiger des rubriques nécrologiques de célébrités, est engagé comme attaché de presse par une société de production cinématographique pour jouer les chevaliers servants auprès
de Charlotte Sears, une star en visite. Charlotte n’a pas encore quarante ans, mais sa carrière est déjà sur le déclin. Elle est maltraitée par son producteur qui fait tout pour rompre son contrat, et ses amours ne lui apportent pas plus de réconfort.
Pourtant, elle n’est dupe de rien et force l’admiration de Malloy. Tout en multipliant les histoires sans lendemain, elle entretient une relation secrète avec Thomas R. Hunterden, mystérieux homme d’affaires lié à la pègre, qui éveille la curiosité de James
et avec lequel elle a un accident de voiture au retour d’une réception.
Ami d’Hemingway et de Fitzgerald, surnommé « le Balzac américain », John O’Hara dresse dans ce court roman le portrait désenchanté d’une société du paraître, cancanière et tapageuse, où les étoiles d’un jour peuvent brusquement tomber dans l’oubli.
Ce roman est particulier.
J’hésite presque de l’appeler ‘roman’ – on pourrait dire que c’est une pièce de théâtre – 85% des 125 pages sont du dialogue !
Mais pas n’importe lequel !
Il arrive à créer avec ses dialogues des scènes et atmosphères – mieux que d’autres auteurs avec beaucoup plus de mots. Et bien qu’on n’est qu’à ‘l’extérieur’ des protagonistes – avec les dialogues on ne nous montre pas leurs pensées et émotions – on ne doute pas un moment des sentiments entre les différentes personnes qui sont en train de discuter.
Un roman remarquable qui m’a fait encore plus envie de découvrir d’autres romans de ce auteur (en ce qui concerne ces nouvelles du temps du New Yorker, je ne prévois pas de les lire tous – ils sont rassemblés dans une éditions à 10 volumes !!)
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George Gershwin
Re: John O’Hara
Ce fil m'avait échappé je note le nom de l'auteur.
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'La littérature est une maladie textuellement transmissible, que l'on contracte en général pendant l'enfance'. Jane Yolen.
domreader- Messages : 3621
Date d'inscription : 02/12/2016
Localisation : Ile de France
Re: John O’Hara
Moi aussi... je n’y avais pas prêté ’attention mais La fille sur le coffre à baggage me dit quelque chose.
Peut être l’ais-je vu en pièce de théâtre ? Je ne sais pas s’il a été adapté ... en tout cas ça me parle!
Peut être l’ais-je vu en pièce de théâtre ? Je ne sais pas s’il a été adapté ... en tout cas ça me parle!
Aeriale- Messages : 11930
Date d'inscription : 30/11/2016
Re: John O’Hara
je ne saurais pas dire si on en a fait une pièce de théâtre, côté dialogue, comme je l'ai mentionné, c'est possible
j'ai lancé quelques recherches, mais pas trouvé plus d'infos
mais sinon, John O'Hara est toujours une bonne idée de lecture
j'ai lancé quelques recherches, mais pas trouvé plus d'infos
mais sinon, John O'Hara est toujours une bonne idée de lecture
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George Gershwin
Re: John O’Hara
Il est également réédité dans la belle collection de l'Olivier
Rendez-vous à Samarra
John O Hara
Décembre 1930, vacances de Noël. Gibbsville, petite bourgade tranquille de Pennsylvanie, est en pleine effervescence. On y danse et on y boit, dans les bars louches comme dans le milieu très fermé de l'élite locale. Parmi les membres de cette élite se trouvent Julian et Caroline English. En pleine réception, Julian lance le contenu de son verre à la figure de Harry Reilly, sans raison apparente... simplement par agacement. Sans qu'il le sache, ce geste impulsif vient de précipiter Julian English dans une spirale autodestructrice.
Exploration crue et directe des rapports entre les sexes, autopsie de la vie de province américaine, pessimisme omniprésent : autant d'éléments qui ont fait de ce livre un chef-d’œuvre précurseur de tout un pan de la littérature américaine.
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Et, du monde indistinct des rêves, là où se terrent les secrets mystiques, une réponse surgit.
Queenie- Messages : 7151
Date d'inscription : 29/11/2016
Localisation : Stable.
Re: John O’Hara
Oh ça me plairait bien!
Doublement noté comme auteure, et je retiens ce dernier
Doublement noté comme auteure, et je retiens ce dernier
Aeriale- Messages : 11930
Date d'inscription : 30/11/2016
Re: John O’Hara
Rendez-vous à Samarra
Premier roman de John O'Hara, publié en 1934, c'est aussi son oeuvre la plus célèbre, celle qui a le moins mal traversé les décennies. de son temps il a été un écrivain reconnu, proche d'Hemingway et de Fitzgerald, qui ont encensé ses écrits, mais qui de ce côté de l'Atlantique au moins, est nettement moins lu maintenant, même si plusieurs de ses livres sont accessibles.
Nous sommes aux USA en 1929, dans une petite ville, Gibbsville. le prospérité de la ville s'est bâtie sur les mines, mais elles sont en cours d'épuisement. La crise ne touche pas encore trop la bonne classe moyenne de la ville, même si certains commencent à éprouver des difficultés. le personnage au centre du roman est Julian English. Fils de médecin, il a refusé de suivre la même route, et il dirige une concession Cadillac, sans grande passion. Il a épousé Caroline, dont il semble très amoureux, au point de montrer une jalousie parfois envahissante. Une vie confortable, à priori sans soucis véritable, bien intégrée à la communauté. Mais tout déraille à une soirée de la bonne société. Julian balance le contenu de son verre à Harry Reilly, sans raison véritable, sauf en avoir marre d'entendre une fois de plus les histoires sans grand intérêt que raconte Reilly. A partir de cet incident, tout s'emballe, et la vie de Julian paraît craquer de tous les côtés.
Le livre décrit une mécanique impitoyable et imparable qui se met en marche, une sorte de tragédie à l'issue prévisible. L'incident de départ est révélateur de toutes les fissures, de toutes les insatisfactions, renoncements, toute la vacuité de l'existence de Julian. Tous les aspects de son existence obéissent à des rituels obligés, à des conventions sociales. Il doit les suivre pour avoir une place. Par exemple, pour pouvoir vendre ses voitures. Mais l'incident est aussi révélateur du côté factice de la concorde sociale, de la convivialité apparente. Reilly est Irlandais, catholique, et le geste de Julian est vite interprété comme l'expression d'une agression communautaire, d'une forme de racisme. Car la société de Gibbsville est profondément ségrégationniste, chacun demeure dans sa communauté d'origine, même si les gens peuvent sembler cordiaux, les haines et rejets sont là, très près de la surface policée, prêts à surgir. le rejet des autres est omniprésent, et l'essentiel est de rester à sa place, celle que la naissance vous a assignée, sinon on déchoit. Mais tout cela doit rester un non-dit, il ne s'agit surtout pas de mettre les choses en lumière. le geste de Julian, qu'il ne comprend pas lui-même, dont il ne voit pas la raison, brise les apparences, et ce pourquoi il est inacceptable. La pression mise par son entourage, en particulier sa femme, et le malaise qu'il éprouve lui-même, amènent Julian à dérailler de plus en plus, à commettre d'autres « inconvenances », comme si une digue avait cédé définitivement.
C'est un tableau brillant et très prenant d'une petite ville, de sa classe favorisée, enfermée dans une sorte de ghetto doré, où toutes les aspirations personnelles doivent céder la place à une forme de reproduction mutilante. Il s'agit de garder ses privilèges, son mode de vie, et de ne surtout pas faire place à des gens qui ne sont pas né dans ce milieu. Rejet du juif, de l'étranger, place subalterne de la femme, qui est un véritable objet. de la même manière que le caïd de la pègre local met sous surveillance sa maîtresse, les bonnes gens s'approprient leurs épouses. Pègre et bonne société faisant d'ailleurs très bon ménage, car les maffias ont leur utilité, par exemple pour fournier en alcool tout ce beau monde.
C'est un constat glaçant. Ces thématiques ont souvent été abordées dans la littérature américaine, mais John O'Hara l'a fait très tôt, et avec une grande efficacité et conviction. Un auteur à découvrir.
Premier roman de John O'Hara, publié en 1934, c'est aussi son oeuvre la plus célèbre, celle qui a le moins mal traversé les décennies. de son temps il a été un écrivain reconnu, proche d'Hemingway et de Fitzgerald, qui ont encensé ses écrits, mais qui de ce côté de l'Atlantique au moins, est nettement moins lu maintenant, même si plusieurs de ses livres sont accessibles.
Nous sommes aux USA en 1929, dans une petite ville, Gibbsville. le prospérité de la ville s'est bâtie sur les mines, mais elles sont en cours d'épuisement. La crise ne touche pas encore trop la bonne classe moyenne de la ville, même si certains commencent à éprouver des difficultés. le personnage au centre du roman est Julian English. Fils de médecin, il a refusé de suivre la même route, et il dirige une concession Cadillac, sans grande passion. Il a épousé Caroline, dont il semble très amoureux, au point de montrer une jalousie parfois envahissante. Une vie confortable, à priori sans soucis véritable, bien intégrée à la communauté. Mais tout déraille à une soirée de la bonne société. Julian balance le contenu de son verre à Harry Reilly, sans raison véritable, sauf en avoir marre d'entendre une fois de plus les histoires sans grand intérêt que raconte Reilly. A partir de cet incident, tout s'emballe, et la vie de Julian paraît craquer de tous les côtés.
Le livre décrit une mécanique impitoyable et imparable qui se met en marche, une sorte de tragédie à l'issue prévisible. L'incident de départ est révélateur de toutes les fissures, de toutes les insatisfactions, renoncements, toute la vacuité de l'existence de Julian. Tous les aspects de son existence obéissent à des rituels obligés, à des conventions sociales. Il doit les suivre pour avoir une place. Par exemple, pour pouvoir vendre ses voitures. Mais l'incident est aussi révélateur du côté factice de la concorde sociale, de la convivialité apparente. Reilly est Irlandais, catholique, et le geste de Julian est vite interprété comme l'expression d'une agression communautaire, d'une forme de racisme. Car la société de Gibbsville est profondément ségrégationniste, chacun demeure dans sa communauté d'origine, même si les gens peuvent sembler cordiaux, les haines et rejets sont là, très près de la surface policée, prêts à surgir. le rejet des autres est omniprésent, et l'essentiel est de rester à sa place, celle que la naissance vous a assignée, sinon on déchoit. Mais tout cela doit rester un non-dit, il ne s'agit surtout pas de mettre les choses en lumière. le geste de Julian, qu'il ne comprend pas lui-même, dont il ne voit pas la raison, brise les apparences, et ce pourquoi il est inacceptable. La pression mise par son entourage, en particulier sa femme, et le malaise qu'il éprouve lui-même, amènent Julian à dérailler de plus en plus, à commettre d'autres « inconvenances », comme si une digue avait cédé définitivement.
C'est un tableau brillant et très prenant d'une petite ville, de sa classe favorisée, enfermée dans une sorte de ghetto doré, où toutes les aspirations personnelles doivent céder la place à une forme de reproduction mutilante. Il s'agit de garder ses privilèges, son mode de vie, et de ne surtout pas faire place à des gens qui ne sont pas né dans ce milieu. Rejet du juif, de l'étranger, place subalterne de la femme, qui est un véritable objet. de la même manière que le caïd de la pègre local met sous surveillance sa maîtresse, les bonnes gens s'approprient leurs épouses. Pègre et bonne société faisant d'ailleurs très bon ménage, car les maffias ont leur utilité, par exemple pour fournier en alcool tout ce beau monde.
C'est un constat glaçant. Ces thématiques ont souvent été abordées dans la littérature américaine, mais John O'Hara l'a fait très tôt, et avec une grande efficacité et conviction. Un auteur à découvrir.
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Je ne lis jamais un livre dont je dois écrire la critique ; on se laisse tellement influencer. (Oscar Wilde)
Arabella- Messages : 4815
Date d'inscription : 29/11/2016
Re: John O’Hara
trop contente de te lire
John O'Hara mérite d'être plus connu
John O'Hara mérite d'être plus connu
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