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Roger Duchêne

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Message par Arabella Lun 12 Aoû - 11:12

Roger Duchêne (1930 - 2006)



Roger Duchêne Duchzo10


Source : Wikipédia

Roger Duchêne, né à Saint-Nazaire le 3 février 1930 et mort à Marseille le 25 avril 2006, est un écrivain et historien français, spécialiste de Madame de Sévigné et de l'art épistolaire, biographe de Molière, La Fontaine, Marcel Proust et historien de la ville de Marseille. 

Professeur des Universités après avoir été professeur au lycée de Bourg-en-Bresse, puis au lycée Thiers à Marseille (1955-1959)1, Roger Duchêne a, pendant trente ans, enseigné la littérature française du XVIIe siècle à l'Université d'Aix-Marseille. Il y a été successivement assistant, maître de conférences (1964) et professeur (1970). Il en était professeur émérite depuis septembre 1990.

Né à Saint-Nazaire, le 3 février 1930, Roger Duchêne a été bachelier (mathématiques élémentaires), licencié (lettres classiques et certificat de philosophie générale), agrégé de l'Université (lettres), docteur d’État (1969). Il a été membre élu du CCU (Comité consultatif des universités) puis CSCU (Conseil supérieur consultatif des universités) (1977-1982). Il a été treize ans (1978-1991) directeur de l'URA 10 45 (Unité de recherche associée au CNRS) sur le programme La Découverte de la Provence au XVIIe siècle. La Circulation des idées.

Dix ans vice-président de la Société d'étude du XVIIe siècle (1970-1980), il a fondé en 1971 le CMR17 (Centre Méridional de Rencontres sur le XVIIe siècle), dont il est président honoraire après en avoir été président jusqu'en 1998. Sous sa présidence, le CMR 17 a organisé vingt-quatre colloques internationaux, les dix premiers à Marseille, les suivants en alternance à Marseille et dans diverses universités françaises (1981, Nice ; 1983, Toulouse ; 1985, Grenoble ; 1990, Bordeaux) et étrangères (1987, Tübingen ; 1989, Oxford ; 1992, Gênes), puis au château de Grignan en 1996.

Roger Duchêne a longtemps collaboré à la presse régionale, où il a publié entre 1969 et 1980, notamment dans le Provençal et les Nouvelles Affiches de Marseille, nombre d'articles sur la littérature contemporaine, les questions universitaires, l'histoire de Marseille et de la Provence. Il a produit trois émissions de télévision et une série radiophonique sur FR3 Marseille. Il a été de 1990 à 1995 directeur d'une revue trimestrielle illustrée, Marseille, la revue culturelle de la ville. À l’occasion des 2600 ans de la ville, il a publié chez Fayard une « biographie » de la ville de Marseille (avec la collaboration de Jean Contrucci).

Roger Duchêne a été l'invité de Bernard Pivot à Apostrophes en 1982 et 1984 pour ses biographies de Mme de Sévigné et de Ninon de Lenclos, puis en mars 1995 à Bouillon de Culture (rediffusion en juin de la même année) pour la nouvelle édition de sa biographie de La Fontaine. Il a aussi été l'invité de Philippe Tesson, le 21 mars 1996 au Salon du livre à Paris, dans son émission Ah! quels titres, pour son livre Mme de Sévigné, naissances d’un écrivain. Il a également publié une biographie de Mme de La Fayette et une biographie minutieuse de Marcel Proust sous le titre L'Impossible Marcel Proust.

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Message par Arabella Lun 12 Aoû - 11:14

La Précieuse ou comment l'esprit vint aux femmes


La préciosités, et les femmes censées l'avoir portée, les Précieuses, sont définitivement associées au XVIIe siècle comme une de ses marques les plus distinctives. En reprenant mon Lagarde et Michard (désolée pour les plus jeunes qui n'ont pas connu ce monument aussi incontournable qu'horripilant ) je trouve tout un chapitre qui détaille la préciosité, la littérature précieuse, accompagné de quelques (rares) textes : Voiture, l'Astrée, Mlle de Scudéry… Et la fameuse carte du tendre. C'est à cette représentation officielle que s'attaque Roger Duchêne : qu'est-ce que la préciosité au XVIIe siècle, et surtout qu'est ce que la Précieuse qui l'aurait incarnée ? A-t-elle seulement existé ? N'est-t-elle que ridicule et affectation ? L'auteur est allé chercher à la source, dans les textes de l'époque pour essayer de trouver une définition, cerner son identité et préciser les enjeux qui se cachent derrière cette dénomination.

Précieuse en tant que substantif apparaît uniquement en 1654, c'est à dire tard dans le siècle, bien après la plus grande époque de la chambre bleue de L'Hôtel de Rambouillet, réputée le net plus ultra de la préciosité et des précieuses dans les manuels. Précédemment, utilisé comme adjectif, il est entièrement positif et attribué aux grandes dames que l'on souhaite flatter. Même en tant que substantif, il est régulièrement associé aux dames les plus en vue : nièces de Mazarin, des dames d'honneur de la reine etc. Des personnes influentes, censées être belles, intelligentes, spirituelles et qui donnent le ton à la bonne société. Sans forcément avoir grand-chose de commun entre elles ni avoir particulièrement à faire avec la littérature.

Roger Duchêne pointe une confusion entre la galanterie et la préciosité. La galanterie était surtout un art de vivre, un comportement social parfait dans la société qui l'a vu naître. Il s'exprime avant tout dans la conversation, c'est un art de plaire, qui exclu une approche trop sérieuse, art du brillant et de la distanciation. le galant homme (et la dame galante sans rien de péjoratif) remplace l'honnête homme du XVIe siècle en tant qu'idéal de l'homme social. La galanterie suppose la présence des femmes, mais l'amour n'est pas le seul, ni même le sujet principal. La galanterie s'intéresse à tout, il s'agit d'être plaisant, agréable, non pédant. Les galants sont les tenants d'une nouvelles culture, délivrée de l'emprise des doctes et de leurs règles, ne supposant pas des études poussés des Anciens, acquise par la conversation et la littérature en langue vulgaire, poésie et roman. Une culture accessible aux femmes, qui même issues de la meilleures société ne font pas d'études poussées, en particulier n'apprennent pas le latin. Il y a eu une littérature galante, en réalité, ce que notre vieux Lagarde et Michard classe en littérature précieuse, était appelé en son temps littérature galante. Cette approche galante permettait aux femmes de s'exprimer, de prendre position, de juger des oeuvres littéraires, et des oeuvres de l'esprit en général, puisqu'elle ne nécessitait pas des connaissances qui à l'époque, sauf des rares exceptions, n'étaient pas accessibles aux femmes. Elles en sont les bénéficiaires, mais cette nouvelle culture correspondait aussi à l'aspiration des hommes du monde, qui même mieux éduqués que leurs compagnes, préféraient une culture moins savante et moins rébarbative.

Parmi tous les textes qui évoquent les Précieuses, le plus fouillé et riche, est un roman de l'abbé de Pure, La précieuse ou les mystères des ruelles (les ruelles étant l'équivalent de ce qu'on appellera plus tard les salons). Malgré sa longueur, il n'arrive pas à définir réellement ce qu'est une Précieuse. Plusieurs pistes sont explorées, sans arriver à une conclusion. Les femmes de ce texte expriment une aspiration à une vie de l'esprit, se revendiquent comme êtres de raison et non pas uniquement de sensibilité et passion, et veulent juger dans le domaine de l'art et de la morale pratique. A l'époque du roman, cette revendication n'a rien de novateur, l'humanisme et la Réforme avaient déjà permis à des femmes d'exprimer ce genre d'aspirations, ce n'est pas une caractéristique suffisante de la Précieuse. Dans un tome suivant, l'abbé de Pure passe à d'autres questions, ceux de la condition de la femme, son rapport à l'amour et au mariage. Même si les femmes du roman discutent d'une façon très libre sur ces sujets, en se demandant par exemple s'il faut supprimer le mariage (questions déjà largement débattues par le courant philosophique libertin), elles finissent par une sorte de soumission aux normes sociales même si elles les déplorent. Elles s'émancipent plus dans la dernière partie de l'ouvrage, avec des revendications qu'on pourrait qualifier de féministes, en insistant par exemple sur l'éducation des filles.

Au final, le roman de l'abbé de Pure donne un panorama des questions et débats autour des femmes de son siècle dans leur ensemble, aussi bien critiques à leur égard que celles qui les défendent. Il est difficile de voir en quoi cela peut définir spécifiquement un groupe d'entre elles, les Précieuses. Mais le terme devient dans l'air du temps, et Molière va s'en emparer en 1659. Il y a un avant et un après Les précieuses ridicules ; le succès phénoménal de la pièce fait qu'on se réfère à elle pour dire ce que sont ces mystérieuses Précieuses.

Malgré tout, le vocable de Précieuse va continuer à être attribué à certaines femmes réelles de manière positive (la quintessence de la dame galante). Mais à côté, un aspect négatif va s'attacher au terme : une prétention au savant jusqu'à l'abscons, le refus du mariage voire de la sexualité, un désir de réglementer le langage, un côté affecté et maniéré. A quelques rares exceptions qui sentent le règlement de compte, ces aspects négatifs ne seront pas attribués à des personnes précises, mais à un groupe brumeux supposé, parfois qualifié de « fausses précieuses ». Un certain nombre d'attaques contre ce groupe relève d'une sorte de misogynie de toujours : vieilles filles laides, femmes à la sexualité frustrée, voire lesbiennes, qui cherche à discréditer sans vouloir mettre en discussion les supposées revendications de ces femmes. Les aspirations à une vie de l'esprit et une forme de liberté, y compris dans les rapports hommes-femmes se heurte à un mur de préjugés et un refus de remettre en cause les prérogatives masculines traditionnelles.

Je laisse la conclusion à Roger Duchêne :


« On doit plus généralement affirmer que la vraie précieuse, comme la précieuse ridicule, est une construction de l'esprit, une représentation, favorable ou défavorable, non d'un groupe de femmes défini dans le temps et dans l'espace, mais des questions que posait désormais la présence des femmes dans une société mondaine devenue mixte, où leur loisir et leur curiosité pour des sujets jusqu'alors défendus leur donnait une influence naissante, et même prépondérante ».



Un livre vraiment remarquable d'intelligence, d'érudition et de clarté.

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Message par Arabella Mer 13 Nov - 6:55

Etre femme au temps de Louis XIV 


Grand spécialiste du XVIIe siècle, auteur de plusieurs biographies de référence d'auteurs de l'époque, Roger Duchêne s'est particulièrement intéressé aux femmes qui ont vécu pendant ce que l'on a appelé le grand siècle, ou le siècle de Louis XIV. Dans ce livre, il présente la condition féminine et le quotidien des femmes dans une large perspective, qui fait en grande partie le tour de la question.

Nous sommes à une époque charnière, pendant laquelle un certain nombre de savoirs et de représentations ancestrales sont en train de bouger, sous l'influence de la science qui réalise des progrès à une vitesse inconnue jusque là, et aussi à tous les ébranlements et repositionnements entraînés par la religion réformée et les réponses qui y sont apportées par les catholiques. Ainsi, c'est la médecine expérimentale, qui pratique la dissection qui montre que la femmes n'est pas un homme inachevé ou manqué, mais qu'elle est un être spécifique, différent et complémentaire de l'homme du point de vue physique.

Une des conséquences du concile de Trente, qui reconnaît l'importance de la femme en tant que potentielle zélatrice de la foi, pouvant de par son influence entraîner sa famille, et en particulier son époux, est la légitimation de son instruction, certes élémentaire, pratique et tournée vers la religion, surtout pas identique à celle de l'homme de par son contenu et ses ambitions, mais néanmoins une légitimation réelle.

Certains hommes reconnaissent que les femmes sont capables d'apprendre, qu'elles peuvent en avoir envie, et les dames de milieux privilégiés s'adonnent de plus en plus aux apprentissages. Elles se cultivent d'une autre façon que les hommes dans les collèges, grâce à la lecture d'oeuvres en français (et non pas en latin que sauf des rares exceptions elles ne connaissent pas), en particulier des romans, genre réputé leur être réservé, et aussi par des échanges dans des lieux de sociabilité mixte, où la conversation « galante » est censée s'adapter à ceux qui savent le moins, et qui doit avant tout ne pas être pédante. Cette nouvelle culture les autorise à juger, en particulier les oeuvres littéraires, ce qui n'est pas sans provoquer des réactions de ceux qui estiment qu'elles n'ont pas de légitimité pour le faire. Certaines vont même jusqu'à s'essayer à écrire, mais surtout dans les genres jugés mineurs (lettres, romans etc) et sans forcément revendiquer leurs oeuvres ouvertement, voire en niant les avoir écrit. Car si le droit d'apprendre et de savoir commence à leur être reconnu, c'est à condition de ne pas l'étaler, ne pas concurrencer les hommes. le chemin sera long, mais quelque chose débute là.

De nombreux autres aspects seront successivement abordé dans ce livre, en partant du corps, de la maternité (fonction essentielle de la femme), du mariage, des lois, du travail, de l'éducation, du sentiment amoureux et de ses représentations etc. Il n'est pas possible de tout citer, tant le livre est riche. L'auteur part toujours des textes, surtout littéraires, mais donne aussi des chiffres, des statistiques. Extrêmement rigoureux, il est visiblement engagé également. Passionnant à lire de bout en bout, son livre nous fait voyager dans le temps, dans les mentalités, mais conserve incontestablement des résonances contemporaines.

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Message par Liseron Sam 16 Nov - 17:12

Très intéressant !

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Message par Arabella Dim 19 Jan - 12:25

Molière


Grand spécialiste du XVIIe siècle, Roger Duchêne s'est beaucoup intéressé aux femmes : les Précieuses, certaines auteures dont Mme de Sévigné etc. Mais il a aussi écrit cette biographie de Molière, considérée comme de référence avant la sortie il y a un peu plus d'un an de celle de Georges Forestier, le grand spécialiste actuel du théâtre classique. Après avoir lue cette dernière, j'ai voulu la comparer à celle de Roger Duchêne, dont j'ai apprécié certains autres ouvrages.

La biographie de Roger Duchêne est très longue (presque 700 pages) et très détaillée. Elle s'appuie, comme il se doit, sur les sources, les textes. Mais il ne faut pas se faire d'illusions : beaucoup de choses, surtout les plus personnelles nous échappent, et l'homme Molière restera toujours une énigme, parce que presque aucun document personnel n'a été conservé. Les biographes, et c'est inévitable, en viennent à interpréter, à projeter, à faire des hypothèses, qui en disent parfois plus sur eux que sur le personnage principal. D'où certaines divergences, inévitables. Roger Duchêne est un auteur honnête et scrupuleux : il nous donne les éléments sur lesquels il se base, même si certains ne vont pas dans son sens, ce qui peut par moments d'ailleurs alourdir le texte. Il prend comme fil rouge de son livre deux textes, la première biographie écrite sur Molière par Grimarest hagiographique à souhait, et une comédie satirique de le Boulanger de Chalussay qui attaque à outrance l'auteur du Tartuffe. On sait maintenant à quel point les deux textes sont loin de la vérité, qu'ils sont au moins à manier avec précaution : Georges Forestier a préféré ne pas en tenir compte, autrement qu'en démontrant leurs invraisemblances en préambule et partir d'autres sources. Roger Duchêne les réfute de façon plus détaillée tout le long de son ouvrage, ce qui malgré tout, à tendance à les légitimer, et peut-être qu'il eut mieux valu les laisser de côté, mais pendant longtemps, la biographie de Grimarest a été la source de référence et l'image de Molière qu'elle a transmis continue à nourrir les représentations de Molière dans le grand public.

Probablement, si on lit une seule biographie, celle de Georges Forestier est préférable : l'auteur est vraiment un spécialiste pointu de l'auteur du Misanthrope, et pour de nombreux points il donne des analyses qui sont très éclairantes et convaincantes. Par exemple pour la genèse du Tartuffe : la pièce et ses contradictions s'expliquent très bien si on part du principe d'une première version en trois actes cohérente, réécrite en cinq actes pour obtenir la levée de l'interdiction la concernant. de même en ce qui concerne l'attitude de Louis XIV : le fait que l'interdiction survient alors qu'il s'apprête à une offensive contre les jansénistes justifie très bien qu'il ne veuille pas indisposer l'Eglise à ce moment précis, et qu'une fois l'affaire réglée, il puisse autoriser la pièce, comme une affirmation de son pouvoir, et qu'à cette époque il est très loin d'être le bigot achevé qu'il sera à la fin de sa vie. Tout cela est un peu flou chez Roger Duchêne, qui n'a sans doute pas autant étudié les textes de Molière de près que Georges Forestier.

Néanmoins, il y a des vrais plus, dans la description du contexte, de la vie au quotidien d'une troupe de théâtre, dans l'étude détaillée de l'évolution du répertoire du théâtre de Molière après son retour à Paris, de l'équilibre financier et malgré le succès de sa fragilité. Etrangement, la personne de Molière m'a parue plus proche : Roger Duchêne détaille les fréquentations de l'auteur-comédien, et il est clair que ce n'était pas des enfants de coeur : visiblement de bons vivants, portés à une forme de libertinage intellectuel, voire pour certains à l'athéisme. Molière devait mener parmi eux une vie plutôt animée et joyeuse, qui comportait aussi des échanges intellectuelles iconoclastes. Ce qui explique aussi une partie de son oeuvre, et laisse supposer une personnalité qui devait s'accommoder mal de la perspective de reprendre les activités professionnelles paternelles avec la vie bourgeoise rangée qui allait avec.

Un ouvrage très recommandable.

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Message par Arabella Jeu 16 Fév - 15:18

Jean de La Fontaine

Une biographie publiée il y a trente ans par un grand spécialiste du XVIIe siècle, et qui a édité les Fables, donc un familier de l'oeuvre.

En préambule, je tiens à souligner à quel point il peut être quelque peu frustrant de lire des biographies des hommes de cette époque. En effet, peu de traces de la vie, de ce qu'a été l'homme. Peu de lettres ont survécu par exemple, et souvent, surtout chez un homme de lettres, elles étaient des morceaux de bravoure, destinées à circuler, à être lues dans un cercle, plus que l'expression de sentiments ou d'opinions intimes et personnelles. On se base donc sur des documents officiels, juridiques entre autres, actes de mariages, achats et ventes de biens, procès etc. Eventuellement des écrits des gazettes ou ce que ses contemporains ont pu en dire, en sachant que tout cela obéit à des codes précis. Mais on ne peut pas réellement avoir accès à l'intime d'un homme, on peut juste inférer.

Né en 1621, dans une famille de bourgeoisie aisée à Château-Thierry, La Fontaine était destiné à suivre la carrière paternelle de maître des Eaux et Fôrets, dans le meilleur des cas à s'enrichir encore davantage, voire viser l'ennoblissement, qui validait en quelque sorte la réussite sociale. Il devait devenir un notable de province, ce qu'il a d'ailleurs été une partie de son existence. Comme la plupart des jeunes de sa condition, il fait des études de droit, où il rencontre des joyeux compagnons, poètes qui taquinent les muses, fait un bref passage par l'Oratoire, mais décidément la religion n'était pas sa vocation. En 1647 son père arrange un mariage avec une jeune fille de la même condition sociale, ce qui permet d'agrandir le patrimoine familiale. Il partage les fonctions de maîtres des Eaux et Forêts avec son père, et après sa mort l'occupe tout entier. Il partage son existence entre la province et Paris. Il finira par se débarrasser de sa charge, se séparer plus ou moins de sa femme, même si officiellement ils sont toujours mariés et gardent des relations. Il dilapidera l'héritage familial, entre autres à cause de sa passion pour le jeu. Il vivra la vie d'un célibataire impécunieux, subsistant surtout grâce à des amis, une sorte de vieillard indigne, même si académicien. Il finira par se convertir à la toute fin de sa vie.

Il écrit sans doute dès sa jeunesse, mais publie tardivement, à 33 ans, une pièce de théâtre, L'Eunuque, qui a été un échec. Il rêve à la grande littérature, poésie ou théâtre, mais en fréquentant Foucquet et son cercle, et pour plaire dans ce milieu, écrit des petits poèmes galants, s'adapte en quelque sorte. La chute du puissant surintendant sera un coup rude. Il va s'essayer à différents genres, sans grand succès, mais il commencera à acquérir une forme de reconnaissance, même si quelque peu scandaleuse, avec ses Contes. Tirées de Boccace, des Cent nouvelles nouvelles etc, elles ne sont pas forcément originales, mais La Fontaine arrive à leur imprimer sa marque. Cependant, le XVIIe siècle devient de plus en plus intolérant pour ce genre de productions "licencieuses", et à la fin de sa vie, ces écrits lui seront fortement reprochés : il devra promettre de ne plus en écrire pour entrer à l'Académie, et devra les abjurer lorsqu'il sera vieux et malade pour obtenir le pardon de la religion.

Mais bien entendu, c'est avec ses Fables qu'il va donner le meilleur de lui-même. Genre mineur, peu reconnu, c'est pourtant celui qui va convenir le mieux à son talent, celui d'un conteur, et d'un homme sans doute plus à l'aise dans la forme brève que dans les grands genres. Il va transformer l'héritage antique d'Esope et de Phèdre, écrire des textes moins lapidaires, et dans lesquelles la moralité est parfois absente. Il va porter le genre à son apogée. Il semble avoir souffert d'avoir été identifié à ces oeuvres seules, qui ne lui permettaient pas d'être reconnu comme un grand auteur, même si dès la fin de sa vie, leur qualité et importance commençaient à être reconsidérées. Elles lui permettront toutefois de toucher un vaste public très rapidement. Et de traverser les siècles, ce que bon nombre de ses contemporains qui tenaient le haut du pavé, n'ont pas réussi à faire.

Cette biographie, peut-être un peu longue (il y a quelques répétitions par moments) m'a permis de mieux connaître l'homme et son époque, et de lire un peu différemment ses oeuvres.

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Message par Aeriale Ven 17 Fév - 11:16

Merci pour cette présentation de la biographie de La Fontaine. On a tous connu ses fables mais c'est vrai que l'homme lui même nous paraît inconnu, d'autant que peu d'écrits authentiquement personnels nous restent, comme tu le précises.

Je n'aurai pas le courage de la lire mais je retiens l'auteur pour celle de Molière qui m'inspire davantage!
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