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Jean-Paul Sartre

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Message par Arabella Sam 21 Mar - 11:13

Jean-Paul Sartre (1905-1980)



Jean-Paul Sartre Sartre10



Source : https://www.etudes-litteraires.com/sartre.php

Jean-Paul Sartre est né en juin 1905 à Paris. Son père meurt alors qu’il est encore très jeune. Il est issu d’un milieu bougeois et cultivé (cf. Les Mots). Il fait ses études à Paris où il rencontre Paul Nizan. En 1924, Sartre intègre l’École normale supérieure et obtient son agrégation de philosophie en 1929. À cette époque, il a déjà rencontré Simone de Beauvoir qui devient sa compagne. Il enseigne la philosophie au Havre. En 1938, il publie La Nausée, roman qui est reçu favorablement par la critique. En 1939, Sartre est mobilisé et, en juin 1940, il est fait prisonnier. Libéré un peu plus tard, Sartre se tourne vers le théâtre pour exprimer son engagement : il publie Les Mouches et, en 1943, L’Être et le néant. À la Libération, il fonde la revue Les Temps modernes et quitte l’enseignement. Sa théorie de l’existentialisme connaît un véritable succès. Il considère qu’un intellectuel doit être un homme d’action et que l’engagement est nécessaire : c’est pourquoi, à partir de 1950, il se rapproche du Parti communiste et, pendant la guerre d’Algérie, soutient les indépendantistes du Front de Libération Nationale (FLN). En 1964, il refuse le prix Nobel de littérature. Sartre participe à la révolte étudiante en mai 1968. Il meurt en avril 1980 à Paris, son enterrement devenant un événement populaire de grande ampleur.

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Message par Arabella Sam 21 Mar - 11:14

Huis-clos


Sans doute la pièce la plus célèbre de Jean-Paul Sartre, écrite en 1943 et représentée pour la première fois en 1944 au Théâtre du Vieux Colombier, donc un an après la publication de L'être et le néant, l'oeuvre emblème de la philosophie existentialiste de Sartre. de nombreux analystes ont fait le lien entre les deux ouvrage de Sartre, mais Huis-clos est avant tout une pièce, qui reste encore maintenant très efficace sur le plan dramatique, que l'on connaisse ou non la philosophie sartrienne.

Nous sommes donc en Enfer, un enfer aux allures d'un appartement du milieu de XXe siècle. Trois habitants viennent le peupler, l'un après l'autre, et font connaissance, en prenant conscience qu'ils sont condamnés à partager les lieux pour l'éternité sans échappatoire possible. Il y a tout d'abord Joseph Garcin, un journaliste qui vient d'être fusillé. Arrive ensuite une suicidaire, Inès Serrano, une employée de poste lesbienne, qui a entraîné dans sa mort sa compagne, qu'elle reconnaît avoir torturée psychologiquement, après avoir poussé son mari au suicide. En enfin Estelle Rigault, une jeune et jolie femme, morte d'une pneumonie, mariée à un vieil homme riche, qui refuse de reconnaître ses fautes, mais qui révèle au fur et à mesure son égoïsme et son indifférence aux autres, qui ont provoqué des catastrophes dont elle se fiche complètement.

Les personnages révèlent petit à petit leurs secrets honteux, ils voient quelques scènes de leur environnement, leurs proches, après leur mort. Ils se révèlent à eux-mêmes dans le regard des autres, aussi bien ceux qui sont toujours vivants, que les deux autres condamnés avec qui ils sont appelés à partager l'éternité. le rapport à soi-même prend en quelque sorte corps dans la reflet du regard de l'autre. Les trois personnages rassemblés ont été choisi de telle manière que les accommodements, les adoucissements des rapports humains, les hypocrisie de la vie sociale qui permettent de supporter, ne soient pas possibles. La dynamique des rapports en jeu aboutit forcément à un impitoyable jeu de massacre, sans possibilité de compromis. Et surtout, il n'y a rien à faire dans ce lieu, et donc tout ce qui reste sont les individus, livrés à eux-mêmes et leurs ruminations. Il n'y a pas la possibilité d'action, de remédiation à ses choix passés, à les réparer. Ils sont devenus irréversibles, définitifs. Les trois protagonistes sont donc figés dans leur faillite en tant qu'êtres humains, et les autres leur renvoient en permanence cette faillite.

Malgré quelques aspects datés maintenant, ce qui est inévitable, la pièce reste extraordinairement efficace et percutante, en jouant sur plusieurs registre, avec quelques effets comiques, un aspect jeu de massacre, tragédie. Elle mérite pleinement la dénomination de classique.

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Message par domreader Sam 21 Mar - 12:37

Un très vieux souvenir, mais un souvenir marquant !! A relire un jour bien sûr.

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Message par Aeriale Sam 21 Mar - 14:03

Ah oui, un des rares de Sartre que j'ai aimés. Avec Les mains sales peut-être.

Je l'ai quelque part dans la bibli, jauni et écorné, mais je sais qu'il n'est pas loin si l'envie me reprend. Merci Arabella!
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Message par Arabella Mer 23 Nov - 10:28

Les mots

Sartre commence à écrire ce texte autobiographique qui évoque son enfance en 1952-1953. Il le reprendra au début des années 60, et il sera publié dans les Temps Modernes en 1963 et en volume en 1964. L’auteur prévoyait de continuer le récit de sa vie, au-delà de la douzième année où s’arrêtent Les mots, mais ce projet ne s’est finalement pas concrétisé.

Le texte a très vite eu une forte résonance et reconnaissance, y compris parmi des personnes très éloignées, voire opposées à la pensée de Sartre. Ses grandes qualités littéraires ont fait l’unanimité. Le choix d’évoquer ses années d’enfance par celui qui s’est orienté vers la philosophie et la politique et non plus la littérature, peut apparaître surprenant, mais Sartre utilise le genre autobiographique dans un projet qui est avant tout politique. En effet, dans les années 1952-53  où il rédige l’essentiel du texte, Sartre devient un compagnon de route du parti communiste. Il s’agit donc de lire ses années d’enfance non pas comme un récit nostalgique, mais comme une tentative pour saisir la manière dont se construit le rapport dialectique individu-société. Il s’agit de comprendre une trajectoire individuelle par le milieu social et une époque historique donnée. L’analyse marxiste fournit des clés d’analyse, mais elle n’est pas suffisante. En effet, Sartre reproche au marxisme de ne pas prendre en compte l’enfant :

« Les marxistes d’aujourd’hui n’ont souci que des adultes : on croirait à les lire que nous naissonsà l’âge où nous gagnons notre premier salaire ; ils ont oublié leur propre enfance et tout se passe, à les lire, comme si les hommes éprouvaient leur aliénation et leur réification dans leur propre travaild’abord, alors que chacun la vit d’abord, comme enfant, dans le travail de ses parents. »(Questions de méthode [Les Temps modernes, 1957]) »

Donc une autre clé de lecture s’impose, celle de la psychanalyse :

« Seule, aujourd’hui, la psychanalyse permet d’étudier à fond la démarche par laquelle un enfant, dans le noir, à tâtons, va tenter de jouer sans le comprendre le personnage social que les adultes lui imposent... »(Questions de méthode [Les Temps modernes, 1957]) .

C’est donc l’association d’une grille de lecture psychanalytique à une grille de lecture marxiste. Les deux utilisées très librement par Sartre, qui les adapte en fonction de sa propre pensée.

Les mots commencent par l’évocation des origines familiales, en particulier celles de la famille maternelle, les Schweitzer. En effet, le père de Sartre, meurt très jeune, à peine son fils venu au monde. Sa mère, Anne-Marie, revient vivre chez ses parents, et c’est donc les Schweitzer qui seront le terreau de Jean-Paul, celui où il va grandir et se construire. L’absence du père va jouer un rôle essentiel, de même la solitude de l’enfant unique, qui n’ira véritablement à l’école et pourra fréquenter ses pairs qu’à partir de 10 ans. C’est dans ce milieu familial petit -bourgeois que va se construire une forme de sacralisation de la littérature (j’aurais envie de dire de la culture) chez l’enfant, sacralisation que l’adulte Sartre va considérer comme une forme de névrose. Qu’il arrive à déconstruire, en démystifiant la littérature et en s’arrachant à l’aliénation de son milieu. Les mots vont s’ingénier à expliquer comment cette sacralisation s’est progressivement construite, dans ce milieu familial, à cette époque.

Le livre se compose de deux parties, « Lire » puis « Ecrire ». La lecture, occupation principale de l’enfant seul avec des adultes, puis l’écriture. Une vocation d’écrivain, qui provoque chez le grand-père des réactions contradictoires. Car si la littérature est sacralisée, les écrivains, eux, ne sont pas forcément considérés. Pauvres, alcooliques, en marge, ils ne sont pas respectés. Mais une alternative existe, celui de l’écrivain fonctionnaire, professeur, qui a des revenus fixes, une respectabilité sociale, et qui s’adonne à l’écriture comme un passe-temps. Un écrivain qui va produire des œuvres respectables, qui pourront lui ouvrir une reconnaissance sociale, augmenter ses revenus, voire lui assurer une survie après sa mort, lui permettre de rejoindre les bibliothèques des honnêtes gens.

L’enfant Jean-Paul, pour satisfaire son milieu familial, se livre à une série d’impostures, des attitudes inauthentiques, où il fait semblant, où il se met en scène. En intériorisant de plus en plus les attentes de son entourage, les règles et représentations en vigueur. Ce petit docile n’est pas forcément sympathique à l’adulte qu’il est devenu, comme ne l’est pas le milieu familial dont il a rejeté les codes et valeurs. Le livre est plein d’ironie, avec de bons mots parfois un peu cruels. Aucun attendrissement, pas de nostalgie chez l’adulte qui évoque ses souvenirs : il s’agit de mettre à nu, d’analyser, de comprendre. L’anticipation de l’adulte apparaît parfois, en particulier avec ses camarades de collège : la fin de la solitude, la possibilité de contacts et d’échanges avec les enfants de son âge apparaît comme fondamental.

Ce livre se présente d’une certaine manière comme un adieu à la littérature, Sarte se considérant désormais guéri de sa névrose, mais en même temps une célébration, car le livre est une magnifique œuvre littéraire.

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