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Albert Cohen

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Message par Aeriale Mar 21 Avr - 13:27

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Né dans l'île grecque de Corfou,en 1895 et mort à Genève en 1981, Francis Albert Cohen a un père d'origine juive romaniote et une mère juive de langue italienne. Son grand-père préside la communauté juive locale.

Issus d'une famille de fabricants de savon, les parents d'Albert décident d'émigrer à Marseille après un pogrom, alors qu'Albert n'est âgé que de 5 ans. Ils y fondent un commerce d'œufs et d'huile d'olive. Il évoquera cette période dans Le Livre de ma mère.

Il commence son éducation dans un établissement privé catholique. C'est en 1905 qu'il se fait traiter de « youpin » dans la rue, événement qu'il raconte dans "Ô vous, frères humains" (1972). En 1904, il entre au lycée Thiers, et en 1909, il se lie d'amitié avec un autre élève, Marcel Pagnol. En 1913, il obtient son baccalauréat.
En 1913, il obtient son baccalauréat.

En 1914, il quitte Marseille pour Genève où il s'inscrit à la faculté de droit. Dès lors, il s'engage en faveur du sionisme mais n'ira jamais en Israël. Il obtient sa licence en 1917 et s'inscrit à la faculté des lettres où il reste jusqu'en 1919. Cette année-là, il obtient la nationalité suisse (il était ottoman). Il tente sans succès de devenir avocat à Alexandrie. Il épouse cette même année Élisabeth qui meurt d'un cancer en 1924. En 1921, il publie "Paroles Juives," un recueil de poèmes.

En 1925, il prend la direction de la Revue juive à Paris, qui compte à son comité de rédaction Einstein et Freud. De 1926 à 1931, il occupe un poste de fonctionnaire attaché à la Division diplomatique du Bureau international du travail, à Genève. Il publie "Solal" (1930), premier volume d'un cycle qu'il poursuit avec "Mangeclous" (1938). En 1931, il se marie en secondes noces avec Marianne dont il divorce.

En 1941, il propose de regrouper les personnalités politiques et intellectuelles européennes réfugiées à Londres dans un comité interallié des amis du sionisme. Il est alors chargé par l'Agence juive pour la Palestine d'établir des contacts avec les gouvernements en exil. Il démissionne en 1944.

En 1943, il rencontre sa future troisième épouse, Bella. En 1944, il devient conseiller juridique au Comité intergouvernemental pour les réfugiés. Il est chargé de l'élaboration de l'accord international du 15 octobre 1946 portant sur le statut et la protection des réfugiés. En 1947, il rentre à Genève. Il est directeur d'une des institutions spécialisées des Nations unies.
Sources Babelio
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Message par Aeriale Mar 21 Avr - 13:42

Albert Cohen Cvt_be10

Belle du Seigneur est le récit de la passion de Solal et d'Ariane d'Auble ; une passion flamboyante qui peu à peu se désagrège. ... Puis Solal envoie Adrien Deume en mission à l'étranger pour trois mois. Il revoit Ariane et à l'issue d'un immense discours sur la séduction , Ariane finit par lui céder.


Je suis avec délice rentrée dans ce pavé de plus de 1000 pages ( j'avais de quoi hésiter) Et d'entrée l'écriture, l'ironie, l'étude de moeurs et des caractères m'ont emballée. Les descriptions des soirées à la SDN où chacun est croqué avec un humour mordant, d'une manière générale, où tous ces personnages qui gravitent autour d'un semblant de pouvoir s'agitent pathétiquement. C'est extrêmement bien ciblé et décrit. Albert Cohen est un fin observateur, très bavard, avec un maximum de débordements. Je me suis demandée si le rythme allait tenir la distance.

Sous les rires, les sourires et les plaisanteries cordiales, un sérieux profond régnait, tout d'inquiétude et d'attention, chaque invité veillant au grain de ses intérêts mondains. Remuant le glaçon de son verre ou se forçant à sourire, mais triste en réalité et dégoûté par l'ineffable inférieur qui lui cassait les pieds, chaque important se tenait prêt à s'approcher tendrement d'un surimportant enfin repéré, mais hélas déjà pris en main par un raseur, rival haï, surveillait sa proie future tout en feignant d'écouter le négligeable, se tenait sur le qui-vive, les yeux calculateurs et distraits, prêt à lâcher le bas de caste après un hâtif « à bientôt j'espère » (ne pas se faire d'ennemis, même chétifs) et à s'élancer, chasseur expert et prompt à saisir l'occasion, vers le surimportant, bientôt libre, il le sentait soudain. Aussi, ne le lâchait-il plus des yeux et tenait-il prêt un sourire. Mais le surimportant, pas bête, avait flairé le danger. S'étant brusquement débarrassé de son actuel raseur et faisant mine de n'avoir pas vu le regard et le sourire de l'horrible important, regard d'aimante convoitise et sourire de vassalité à peine esquissé mais tout prêt à s'élargir, le surimportant, feignant donc la distraction, s'esbignait en douce et disparaissait dans la foule buvante et masticante, tandis que le pauvre important, déçu mais non découragé, triste mais tenace et ferme en son propos, s'apprêtait, débarrassé de son casse-pieds personnel, à forcer et traquer une nouvelle proie.

Quelques pages plus loin, Ariane, l'héroïne, seule dans sa chambre en attendant Solal et perdue dans ses pensées convulsives, se lance dans une logorrhée sans fin. Ce chapitre entier sans ponctuation ni cohérence, a commencé à m'agacer.
 
Arrivée au quart du livre, changement de ton. On ne saura toujours pas ce qu'il en est de l'amorce entre Solal et Ariane, mais Albert Cohen en remet une couche sur la SDN et son jeu de pouvoir. Ce que je trouvais jouissif devient lassant, il n'en sort pas.

Dans la salle des pas perdus, les ministres et les diplomates circulaient, gravement discutant, l'oeil compétent, convaincus de l'importance de leurs fugaces affaires de fourmilières tôt disparues, convaincus aussi de leur importance, avec profondeur échangeant d'inutiles vues, comiquement solennels et imposants, suivi de leurs hémorroïdes, soudain souriants et aimables. Gracieusetés commandées par des rapports de force, sourires postiches, cordialités et plis cruels aux commissures, ambitions enrobées de noblesse, calculs et manoeuvres, flatteries et méfiances, complicités et rames de ces agonisants de demain. 

Viennent (enfin) les chapitres liés à la rencontre des deux amants, et là ce n'est pas non plus le romanesque qui ressort, plutôt le cynisme, le caractère basique qui existe dans tout rapport de séduction, ce que démontre Adrien.

Honte de devoir leur amour à ma beauté, mon écoeurante beauté qui fait battre les paupières des chéries, ma méprisable beauté dont elles me cassent les oreilles depuis mes seize ans. Elles seront bien attrapées lorsque je serai vieux et la goutte au nez ou, mieux encore, sous la terre en compagnie de ses racines et silencieux vermisseaux ondulants, tout vert et desséché dans ma caisse disjointe , et elle me trouveront moins succulent alors, et bien fait pour elles, et je m'en régale déjà. Ma beauté, c'est-à-dire une certaine longueur de viande, un certain poids de viande, et des osselets de bouche au complet, trente-deux, vous pourrez contrôler tout à l'heure avec un petit miroir comme chez le dentiste, à toutes fin garanties utiles avant le départ ivre vers la mer.

Vient enfin le passage où l'amoureuse transie attend son bien aimé dans d' interminables tergiversations sur le choix de ses robes, faisant tourner en bourrique son couturier. Quel ennui, je n'ai pas saisi l'intérêt. Alors quand sa femme de chambre, Mariette, se lance à son tour dans une litanie infernale dans son jargon indéchiffrable (Les mots déformés c'est drôle un moment mais sur plusieurs pages, ça lasse) j'ai craqué.

Je ne saurai pas la fin et dommage quelque part. Un curieux mélange d'excellence et de plus improbable. C'est vraiment particulier, ce regard hautement cynique (et pourtant drolissime) sur les rapports amoureux. L'écriture est superbe par moment, un plaisir de la langue que l'on rencontre peu, c'est vrai. C'est percutant, brillant, mais beaucoup trop bavard pour moi. J'ai abandonné vers la page 650.

Dommage, des passages irrésistibles perdus dans un flux incontrôlable. (Soupir)

Elle lui tendit les mains. Il les prit, et il plia le genou devant elle. Inspirée, elle plia le genou devant lui, et si noblement qu'elle renversa la théière, les tasses, le pot à lait et toutes les rondelles de citron. Agenouillés, ils se souriaient, dents éclatantes, dents de jeunesse. Agenouillés, ils étaient ridicules, ils étaient fiers et beaux, et vivre était sublime.
Baiser qui n'était plus qu'un rite, pensa-t-il. O le baisemain sacré du premier soir au Ritz, ce don enthousiaste de l'âme.
Devenus protocole et politesses rituelles, les mots d'amour glissaient sur la toile cirée de l'habitude.
Elle toussa, et il la vit si lamentable... avec son imperméable, sa combinaison , ses bas écroulés, son nez grossi, ses paupières enflées de larmes, ses beaux yeux cernés de bleu malade. Sa chérie, sa pauvre chérie. O maudit amour des corps , maudite passion. 
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Message par Liseron Mar 21 Avr - 15:59

Jamais lu donc ça attendra encore un peu...J'ai déjà 2 énormes pavés à lire à la maison + ceux dont tu avais parlé @aeriale (le dernier Paul Auster et le Thomas Mann) !

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Message par kenavo Mer 22 Avr - 6:12

au moins tu es arrivée à la page 650... j'avais abandonné bien avant en me disant que j'allais y revenir un jour
d'après ton commentaire cela ne se fera pas Wink

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Message par Aeriale Mer 22 Avr - 13:27

Liseron a écrit:Jamais lu donc ça attendra encore un peu...J'ai déjà 2 énormes pavés à lire à la maison + ceux dont tu avais parlé @aeriale (le dernier Paul Auster et le Thomas Mann) !
Ah oui, 4321! Il m'avait plu. Et Thomas Mann, c'est les Buddenbroock? En effet, tu as de quoi faire quelques mois de confinement de plus  grin

kenavo a écrit:au moins tu es arrivée à la page 650... j'avais abandonné bien avant en me disant que j'allais y revenir un jour
d'après ton commentaire cela ne se fera pas Wink
Oui... Et hier en cherchant des citations, j'ai regretté de ne pas avoir sauté les passages trop ch... ennuyeux, car il a un humour et une acuité pour dépeindre des situations carrément délirants. 

Peut-être j'y reviendrai, qui sait?
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Message par domreader Ven 24 Avr - 10:23

Il y a longtemps j'ai avalé ce livre comme un pensum, je rejoins totalement ton avis @Aeriale, très bavard, trop bavard, des effets de style et d'écriture à n'en plus finir avec des pensées décortiquées par le menu, longuement, si longuement. J'ai détesté tout cet arsenal artificiel même si par moments on y trouve des passages géniaux.

peut-être faut-il essayer quelque chose de plus court, je n'en ai jamais eu le courage après Belle Du Seigneur.

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Message par domreader Ven 24 Avr - 10:29

Un lien intéressant sur l'œuvre de Cohen dans la République des livres ICI

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Message par Arabella Ven 24 Avr - 11:25

Oserais-je dire je l'ai adoré et savouré avec ses registres différents ? Je compte bien relire un jour.

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Je ne lis jamais un livre dont je dois écrire la critique ; on se laisse tellement influencer. (Oscar Wilde)
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