Walter Tevis
4 participants
Books en Stock :: Hey Billie Y'a quoi dans ta bibliothèque ? :: Littérature nord-américaine :: Auteurs nés avant 1941
Page 1 sur 1
Walter Tevis
Né le 28 février 1928 à San Francisco et mort le 8 août 1984 à New York, est un écrivain américain de science-fiction et de roman noir.
Après avoir participé aux campagnes du Pacifique pendant la Seconde Guerre mondiale, Tevis obtient un diplôme à la Model High School en 1945 et est admis à l'université du Kentucky, où il décroche une maîtrise. Alors qu'il est étudiant, Tevis travaille dans une 'Eight ball|pool-room' et publie une histoire sur le billard écrite pour le cours d'écriture de A. B. Guthrie. Après avoir reçu sa maîtrise, Tevis enseigne à l'université du Kentucky. Il est professeur de littérature à l'université de l'Ohio de 1965 à 1978, où il reçoit une MFA.
Il commence à publier des nouvelles de science-fiction en 1954, puis le premier de ses récits policiers avec The Big Hustle, paru en 1955 , qui narre la lutte pour la victoire entre deux champions de billard, et The Hustler, paru en 1957, dans Playboy. Il reprend ces deux nouvelles en les étoffant dans son roman noir L'Arnaqueur (1959), qui est adapté sous le même titre au cinéma par Robert Rossen, avec Paul Newman.Il écrira ensuite The man who fail to earth, adapté aussi en film avec David Bowie.
Au cours de sa carrière d'écrivain, Tevis publie sept romans, dont trois sont des variations sur le même thème, et d'autres nouvelles pour des magazines, dont Cosmopolitan, Esquire, Playboy et Galaxy Science Fiction.
Pendant quelques années, Tevis disparaît du circuit littéraire, souffrant d'alcoolisme. Une grande mélancolie et un goût du jeu marquent chacun de ses romans. Pendant cette période, il vit en donnant des cours particuliers d'écriture. Il est nommé au prix Nebula du meilleur roman en 1980 pour L'Oiseau moqueur (ex L'oiseau d'Amérique). Il passera sa dernière année à New York, en tant qu'écrivain à plein temps.
Il meurt d'un cancer du poumon en 1984.
Aeriale- Messages : 11930
Date d'inscription : 30/11/2016
Re: Walter Tevis
L'oiseau moqueur
On est autour du XXVe siècle à New York. Un androïde Spofforth, se tient en haut de l'Empire State building prêt à se jeter dans le vide. Mais ses jambes ne lui obéissent pas, sa volonté est désactivée. Dans ce monde déshumanisé et géré par des robots, le travail n'existe plus. Tout a été créé pour le confort et le bien être des hommes, les empêcher de penser, de stresser "Pas de questions. Détends toi" est le mot d'ordre. Abrutis par les pilules (les sopors) fournis gracieusement par le gouvernement, et sans possibilité de communiquer ou d'éveiller leur conscience, la culture prohibée, ils s'éteignent peu à peu, préférant souvent s'immoler par le feu.
Paul Bentley, un professeur d'université, tombe un jour sur un film muet dans lequel des gens pleurent un mort, des enfants sont autour et, plus étrange, tous rentrent chez eux le soir pour former ce concept inconnu, "une famille". Conditionnés comme les autres à éviter tout contact avec ses semblables, Paul abasourdi par sa découverte, va se lancer à la recherche de livres, fermement décidé à apprendre à lire. C'est alors qu'il rencontre Mary, échappée d'un centre d'éducation depuis l'enfance, résistante solitaire réfugiée dans un zoo.
J'ai été d'emblée envoutée par ce roman d'anticipation, écrit en 1980, qui décrit un univers vide de sens dans lequel la réflexion est étouffée, laissant le champ libre à l'aliénation. Fascinant parcours de ce personnage qui va renaître grâce à l'apprentissage de ses propres sentiments et celui des mots. Fascinant aussi celui de Spofforth, robot supérieurement intelligent et malheureux, doté d'une copie d'un cerveau humain dont s'échappent des souvenirs d'un autre temps.
On suit son cheminement, son apprentissage, son arrestation et sa fuite dans une Amérique désertée. Ca se lit bien et sans temps morts, presque en apnée. Mais une fois la dernière page tournée, qui finit sur une note optimiste, j'ai senti un léger manque, comme si Walter Tevis n'avait pas vraiment trouvé de chute. Il m'a peut-être manqué un peu plus de frissons, plus d'angoisse? A découvrir quand même pour les adeptes de dystopies!
On est autour du XXVe siècle à New York. Un androïde Spofforth, se tient en haut de l'Empire State building prêt à se jeter dans le vide. Mais ses jambes ne lui obéissent pas, sa volonté est désactivée. Dans ce monde déshumanisé et géré par des robots, le travail n'existe plus. Tout a été créé pour le confort et le bien être des hommes, les empêcher de penser, de stresser "Pas de questions. Détends toi" est le mot d'ordre. Abrutis par les pilules (les sopors) fournis gracieusement par le gouvernement, et sans possibilité de communiquer ou d'éveiller leur conscience, la culture prohibée, ils s'éteignent peu à peu, préférant souvent s'immoler par le feu.
Paul Bentley, un professeur d'université, tombe un jour sur un film muet dans lequel des gens pleurent un mort, des enfants sont autour et, plus étrange, tous rentrent chez eux le soir pour former ce concept inconnu, "une famille". Conditionnés comme les autres à éviter tout contact avec ses semblables, Paul abasourdi par sa découverte, va se lancer à la recherche de livres, fermement décidé à apprendre à lire. C'est alors qu'il rencontre Mary, échappée d'un centre d'éducation depuis l'enfance, résistante solitaire réfugiée dans un zoo.
J'ai été d'emblée envoutée par ce roman d'anticipation, écrit en 1980, qui décrit un univers vide de sens dans lequel la réflexion est étouffée, laissant le champ libre à l'aliénation. Fascinant parcours de ce personnage qui va renaître grâce à l'apprentissage de ses propres sentiments et celui des mots. Fascinant aussi celui de Spofforth, robot supérieurement intelligent et malheureux, doté d'une copie d'un cerveau humain dont s'échappent des souvenirs d'un autre temps.
On suit son cheminement, son apprentissage, son arrestation et sa fuite dans une Amérique désertée. Ca se lit bien et sans temps morts, presque en apnée. Mais une fois la dernière page tournée, qui finit sur une note optimiste, j'ai senti un léger manque, comme si Walter Tevis n'avait pas vraiment trouvé de chute. Il m'a peut-être manqué un peu plus de frissons, plus d'angoisse? A découvrir quand même pour les adeptes de dystopies!
Dernière édition par Aeriale le Jeu 11 Fév - 18:56, édité 1 fois
Aeriale- Messages : 11930
Date d'inscription : 30/11/2016
Re: Walter Tevis
Le sujet me plaît bien, ce sera mon prochain Totem !
_________________
"Quand je pense à tous les livres qu'il me reste à lire, j'ai la certitude d'être encore heureux" Jules Renard
Liseron- Messages : 4306
Date d'inscription : 02/01/2017
Localisation : Toulouse
Re: Walter Tevis
Il a l'air top !
On dirait la suite de Fahreinheit 451 !
On dirait la suite de Fahreinheit 451 !
_________________
Et, du monde indistinct des rêves, là où se terrent les secrets mystiques, une réponse surgit.
Queenie- Messages : 7151
Date d'inscription : 29/11/2016
Localisation : Stable.
Re: Walter Tevis
Liseron a écrit:Le sujet me plaît bien, ce sera mon prochain Totem !
Queenie a écrit:Il a l'air top !
On dirait la suite de Fahreinheit 451 !
Oui, je vous y encourage, bien sûr! J'ai vraiment accroché aux trois quarts, après il y a une partie un peu longuette ou du moins assez fleur bleue, qui dénote avec le reste. On en reparlera si vous le lisez,
- Spoiler:
- quand il se retrouve chez des évangélistes, illuminés par la présence de Dieu, et son histoire avortée avec cette femme
Et surtout la fin est un peu trop prévisible. Mais j'imagine qu'en partant d'un tel sujet, il est toujours périlleux de retomber sur ses pattes avec davantage de panache.
J'attends vos commentaires, au cas où, il m'a bien embarquée tout de même!
Aeriale- Messages : 11930
Date d'inscription : 30/11/2016
Re: Walter Tevis
Je l'ai chopé chez Gallmeister !
On en reparle bientôt
On en reparle bientôt
_________________
Et, du monde indistinct des rêves, là où se terrent les secrets mystiques, une réponse surgit.
Queenie- Messages : 7151
Date d'inscription : 29/11/2016
Localisation : Stable.
Re: Walter Tevis
Chouette! On va pouvoir en reparler..
Il y a beaucoup de choses à en dire, le thème donne toujours des frissons. Surtout si on part du principe de base, prohiber la culture, conditionner les gens, les empêcher de penser par eux mêmes. Les déresponsabiliser au final, avec des intelligences supérieures créées par l'homme qui finissent par le piéger lui même.
Je n'ai jamais lu (ou vu) Fahreinheit 451 mais du coup, ça me dit!
Il y a beaucoup de choses à en dire, le thème donne toujours des frissons. Surtout si on part du principe de base, prohiber la culture, conditionner les gens, les empêcher de penser par eux mêmes. Les déresponsabiliser au final, avec des intelligences supérieures créées par l'homme qui finissent par le piéger lui même.
Je n'ai jamais lu (ou vu) Fahreinheit 451 mais du coup, ça me dit!
Aeriale- Messages : 11930
Date d'inscription : 30/11/2016
Re: Walter Tevis
Aeriale a écrit:
Je n'ai jamais lu (ou vu) Fahreinheit 451 mais du coup, ça me dit!
Ah oui, c'est un super bouquin !
Tiens d'ailleurs je vois que sur la 4e de couv de L'oiseau Moqueur il y a cette phrase :
Dans la lignée de Fahreinheit 451, ce roman remet les livres au cœur de notre histoire - San Francisco Chronicle.
_________________
Et, du monde indistinct des rêves, là où se terrent les secrets mystiques, une réponse surgit.
Queenie- Messages : 7151
Date d'inscription : 29/11/2016
Localisation : Stable.
Re: Walter Tevis
-Le jeu de la dame-
On est au Kentucky en 1957. Une fillette de huit ans, solitaire et ombrageuse, est placée dans un orphelinat à la mort accidentelle de sa mère. Gavée de petites pilules par l'institut, comme tous les autres jeunes pensionnaires, ses journées s'écoulent tristement jusqu'au jour où elle tombe par hasard sur l'homme à tout faire en pleine partie d'un jeu mystérieux. Fascinée, elle prend l'habitude de l'espionner jusqu'à ce qu'il finisse par lui concéder les rudiments. A partir de là, les échecs vont devenir son obsession. Rejouant mentalement les parties une fois couchée, elle va apprendre les combinaisons, étudier les techniques, dévorer les magazines traitant de ce sujet, puis participer à des tournois de plus en plus pointus pour gravir les échelons et rapidement s'imposer dans un univers réservé exclusivement aux hommes.
Walter Tevis nous plonge littéralement dans la tête de Beth, on partage son ascension, ses addictions, ses angoisses. On suit avidement son parcours qui partait mal, mais la pugnacité de cette héroïne surdouée dont la froideur masque les manques et qui se protège derrière cette façade en noyant ses doutes dans l'alcool ou les anxiolytiques, touche rapidement. Beth luttera seule dans ce monde fermé pour s'imposer par les échecs et être reconnue. Entre dépassement de soi et traumatismes refoulés, force et faiblesses, elle incarne une figure hors norme qu'on ne peut oublier.
Il y a aussi bien sûr une technicité très poussée, pour une néophyte comme je le suis, qui pourrait rebuter certains, mais l'ensemble se dévore, l'auteur réussissant à maintenir un suspense haletant jusque dans les parties les plus âpres. On est vraiment avec eux, sous tension,avec une atmosphère très prenante. Netflix en programmant cette série tirée du roman a réussi là un coup très fort. Elle a réactualisé le livre et fait connaître davantage cet auteur déjà à l'origine de nombreux films adaptés, traitant aussi du jeu et de la dépendance (L'Arnaqueur, La couleur de l'argent)Série très addictive et très fidèle d'ailleurs!
On est au Kentucky en 1957. Une fillette de huit ans, solitaire et ombrageuse, est placée dans un orphelinat à la mort accidentelle de sa mère. Gavée de petites pilules par l'institut, comme tous les autres jeunes pensionnaires, ses journées s'écoulent tristement jusqu'au jour où elle tombe par hasard sur l'homme à tout faire en pleine partie d'un jeu mystérieux. Fascinée, elle prend l'habitude de l'espionner jusqu'à ce qu'il finisse par lui concéder les rudiments. A partir de là, les échecs vont devenir son obsession. Rejouant mentalement les parties une fois couchée, elle va apprendre les combinaisons, étudier les techniques, dévorer les magazines traitant de ce sujet, puis participer à des tournois de plus en plus pointus pour gravir les échelons et rapidement s'imposer dans un univers réservé exclusivement aux hommes.
Walter Tevis nous plonge littéralement dans la tête de Beth, on partage son ascension, ses addictions, ses angoisses. On suit avidement son parcours qui partait mal, mais la pugnacité de cette héroïne surdouée dont la froideur masque les manques et qui se protège derrière cette façade en noyant ses doutes dans l'alcool ou les anxiolytiques, touche rapidement. Beth luttera seule dans ce monde fermé pour s'imposer par les échecs et être reconnue. Entre dépassement de soi et traumatismes refoulés, force et faiblesses, elle incarne une figure hors norme qu'on ne peut oublier.
Il y a aussi bien sûr une technicité très poussée, pour une néophyte comme je le suis, qui pourrait rebuter certains, mais l'ensemble se dévore, l'auteur réussissant à maintenir un suspense haletant jusque dans les parties les plus âpres. On est vraiment avec eux, sous tension,avec une atmosphère très prenante. Netflix en programmant cette série tirée du roman a réussi là un coup très fort. Elle a réactualisé le livre et fait connaître davantage cet auteur déjà à l'origine de nombreux films adaptés, traitant aussi du jeu et de la dépendance (L'Arnaqueur, La couleur de l'argent)Série très addictive et très fidèle d'ailleurs!
Aeriale- Messages : 11930
Date d'inscription : 30/11/2016
Re: Walter Tevis
Merci pour le commentaire @aeriale !
Ayant vu la série, que j’avais adorée, avant de lire le roman, j’avais dû mal à faire une critique du livre, mais je te rejoins complètement ! Beth est un personnage extraordinaire, que je ne suis pas près d’oublier !
Ayant vu la série, que j’avais adorée, avant de lire le roman, j’avais dû mal à faire une critique du livre, mais je te rejoins complètement ! Beth est un personnage extraordinaire, que je ne suis pas près d’oublier !
_________________
"Quand je pense à tous les livres qu'il me reste à lire, j'ai la certitude d'être encore heureux" Jules Renard
Liseron- Messages : 4306
Date d'inscription : 02/01/2017
Localisation : Toulouse
Re: Walter Tevis
Liseron a écrit:Merci pour le commentaire @aeriale !
Ayant vu la série, que j’avais adorée, avant de lire le roman, j’avais dû mal à faire une critique du livre, mais je te rejoins complètement ! Beth est un personnage extraordinaire, que je ne suis pas près d’oublier !
Il me semblait bien que tu l'avais lu aussi, Liseron!
Eh oui, Beth est vraiment une héroïne de roman telles qu'on les aime. Peu gâtées par la vie, mais dotées d'une volonté de fer et capables de changer le cours de leur destin!
Il me reste quelques épisodes de la série à voir, je voulais d'abord lire le roman avant :-)
Aeriale- Messages : 11930
Date d'inscription : 30/11/2016
Re: Walter Tevis
-L'homme tombé du ciel-
Un individu d'apparence humaine, Thomas J Newton, envoyé sur notre planète depuis Anthéa, un monde à l'apogée de la connaissance mais dramatiquement à court de ressources naturelles, tente d'élaborer un plan de sauvetage pour les siens voués à disparaitre. Muni d'or et d'un savoir faire à la pointe, il va peu à peu s'introduire dans les milieux de la recherche scientifique, vendre ses brevets tout en s'efforçant de copier le comportement de son entourage, puis planifier, grâce à sa fortune accumulée, la construction d'un vaisseau spatial. Aidé dans sa tâche de Nathan Bryce, un chimiste revenu de tout et de Betty Jo, une femme sans attaches portée sur le gin, Newton s'engage dans sa folle entreprise.
Ce roman écrit en 1963 dans un climat de forte angoisse liée aux missiles de Cuba, résonne étrangement de nos jours face au défi écologique et à cette guerre en Ukraine où l'ombre de la menace nucléaire refait surface. Walter Tevis livre ici un plaidoyer plutôt désenchanté en forme de conte où des extraterrestres, loin de vouloir anéantir la terre, cherchent à nous prévenir des effets dévastateurs d’une course effrénée au progrès et à la suprématie militaire.
Son héros, souffrant de la pesanteur et perdu dans un univers qu'il ne comprend pas, est rattrapé par des sentiments inconnus. La peur, la solitude, l'incompréhension de ce monde vont petit à petit l'envahir et l'alcool lui servir d'exutoire. Isolé, affaibli, ses prédictions non entendues, Newton, humain malgré lui, est un personnage que l'on ne risque pas d'oublier. J'ai sans cesse eu l'image de Bowie, l'ange déchu venu d'ailleurs, en tête lors de ma lecture. Un super roman, d'une richesse surprenante, qui m'a laissée songeuse, une vague inquiétude au fond de l'esprit. Je vais vite me procurer le film..
il se sentit dégouté, fatigué de cet endroit sordide et étranger, de cette culture bruyante, rauque, sensuelle et sans racines, de cet agglomérat de primates habiles et narcissiques - qui restaient vulgaires et indifférents alors même que leur piètre civilisation était en train, comme le pont de Londres et tous les autres ponts, de s'effondrer, s'effondrer, s'effondrer..
Un individu d'apparence humaine, Thomas J Newton, envoyé sur notre planète depuis Anthéa, un monde à l'apogée de la connaissance mais dramatiquement à court de ressources naturelles, tente d'élaborer un plan de sauvetage pour les siens voués à disparaitre. Muni d'or et d'un savoir faire à la pointe, il va peu à peu s'introduire dans les milieux de la recherche scientifique, vendre ses brevets tout en s'efforçant de copier le comportement de son entourage, puis planifier, grâce à sa fortune accumulée, la construction d'un vaisseau spatial. Aidé dans sa tâche de Nathan Bryce, un chimiste revenu de tout et de Betty Jo, une femme sans attaches portée sur le gin, Newton s'engage dans sa folle entreprise.
Ce roman écrit en 1963 dans un climat de forte angoisse liée aux missiles de Cuba, résonne étrangement de nos jours face au défi écologique et à cette guerre en Ukraine où l'ombre de la menace nucléaire refait surface. Walter Tevis livre ici un plaidoyer plutôt désenchanté en forme de conte où des extraterrestres, loin de vouloir anéantir la terre, cherchent à nous prévenir des effets dévastateurs d’une course effrénée au progrès et à la suprématie militaire.
Son héros, souffrant de la pesanteur et perdu dans un univers qu'il ne comprend pas, est rattrapé par des sentiments inconnus. La peur, la solitude, l'incompréhension de ce monde vont petit à petit l'envahir et l'alcool lui servir d'exutoire. Isolé, affaibli, ses prédictions non entendues, Newton, humain malgré lui, est un personnage que l'on ne risque pas d'oublier. J'ai sans cesse eu l'image de Bowie, l'ange déchu venu d'ailleurs, en tête lors de ma lecture. Un super roman, d'une richesse surprenante, qui m'a laissée songeuse, une vague inquiétude au fond de l'esprit. Je vais vite me procurer le film..
Aeriale- Messages : 11930
Date d'inscription : 30/11/2016
Re: Walter Tevis
Extraits du livre pour vous inciter à le découvrir! @Liseron surtout qui se demandait, étant un peu déçue de "L'Oiseau moqueur".
Celui ci est bien plus abouti, et très marquant, en tout cas!
Celui ci est bien plus abouti, et très marquant, en tout cas!
C'était peut être la fraicheur de la pièce qui l'apaisait après cet atroce voyage en plein été, auquel ses veines n'étaient pas encore habituées, qui suscitait en lui cet état d'esprit si proche de la nostalgie humaine-sentimentalité, égocentrisme, amertume- Il eut envie, soudain, d'entendre des gens parler sa langue à lui, de voir les couleurs claires du sol anthéen, de sentir l'odeur âcre du désert, d'entendre les mélodies lourdes de la musique anthéenne et de revoir la poussière de ses villes. Et tout à coup, en regardant à nouveau la pièce, ses discrets murs gris et ses meubles vulgaires, il se sentit dégoûté, fatigué de cet endroit sordide et étranger, de cette culture bruyante, rauque, sensuelle et sans racines, de cet agglomérat de primates habiles, susceptibles et narcissiques, qui restaient vulgaires et indifférents alors même que leur piètre civilisation était en train de s'effondrer...
Parfois il rendait Betty Jo responsable, responsable de sa propre faiblesse face à ce monde. Comme il était devenu humain, pour rationaliser de la sorte! Il la rendait responsable de son identification aux indigènes, de son obsession grandissante pour de vagues culpabilités et des doutes plus vagues encore. Elle lui avait appris à boire du gin, elle lui avait montré un aspect de l'humanité fait de force, de confort, et d'hédonisme irréfléchi que ses quinze années passées à regarder la télévision ne lui avaient permis de découvrir. Elle lui avait montré une vitalité hébétée d'ivrogne que les Anthéens, dans leur intemporalité et leur sagesse horriblement divines, ne pourraient jamais connaître ou même imaginer. Il se sentait comme un homme entouré d’animaux relativement aimables, un peu gauches et moyennement intelligents, qui découvre peu à peu que leurs concepts et leurs relations sont beaucoup plus complexes que son éducation ne pouvait lui permettre de le supposer. Un tel homme peut finir par découvrir que, selon qu’il emploie telle ou telle des nombreuses formes de jugement et d’évaluation qui sont l’apanage d’une intelligence supérieure, les animaux qui l’entourent, qui souillent leur propre tanière et mangent leurs propres excréments, pouvaient être plus heureux ou plus sages que lui.
Aeriale- Messages : 11930
Date d'inscription : 30/11/2016
Re: Walter Tevis
Merci @Aeriale !
_________________
"Quand je pense à tous les livres qu'il me reste à lire, j'ai la certitude d'être encore heureux" Jules Renard
Liseron- Messages : 4306
Date d'inscription : 02/01/2017
Localisation : Toulouse
Re: Walter Tevis
L'homme tombé du ciel est très bien, oui.
Après le très bon film, une nouvelle adaptation arrive en avril sous la forme d'une série Showtime. 10 épisodes, avec Chiwetel Ejiofor.
Bande-annonce :
5 minutes d'un épisode :
Après le très bon film, une nouvelle adaptation arrive en avril sous la forme d'une série Showtime. 10 épisodes, avec Chiwetel Ejiofor.
Bande-annonce :
5 minutes d'un épisode :
eXPie- Messages : 780
Date d'inscription : 04/12/2016
Books en Stock :: Hey Billie Y'a quoi dans ta bibliothèque ? :: Littérature nord-américaine :: Auteurs nés avant 1941
Page 1 sur 1
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum