André Bucher
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Books en Stock :: Hey Billie Y'a quoi dans ta bibliothèque ? :: Littérature française :: Auteurs nés à partir de 1941
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Re: André Bucher
La montagne de la dernière chance
Le roman s'ouvre sur un premier chapitre qui fait la part belle à la nature, nous décrivant dans une très belle langue ce qui sera le théâtre de cette histoire.
La suite immédiate m'a fait douter. J'ai cru que j'aurais affaire à des personnages caricaturaux, les pauvres paysans qui se font prendre leur ferme, le vilain méchant entrepreneur, le berger récalcitrant, etc... (un peu dans le style des derniers Bouysse, qui justement signe la préface du roman de Bucher).
Mais finalement pas du tout, les personnages sont plutôt étonnants, en particulier par ce qu'ils expriment.
Cela dit, ce que je retiens, c'est bien sûr cette langue superbe, qui fait que le personnage principal, c'est ce coin de montagne, c'est la nature. Les mots sont tels que le paysage est littéralement vivant, à tel point que l'on se plait à croire que les êtres humains ne sont que des petites marionnettes, dérisoires figurants de cette histoire.
Quelques exemples :
C'est donc une bien belle découverte.
En plus c'est un court roman de 140 pages, qui se lisent très vite.
Juste un bémol toutefois, j'ai un peu le sentiment que la fin n'est pas à la hauteur, peut-être un peu précipitée.
Présentation de l'éditeur :
Poussé par la nécessité de fuir la ville, Geffray, délinquant en manque d’estime, fait la connaissance de Louis et Pauline, fermiers et parents amputés d’un fils qui les a mis sur la paille. Georges, un entrepreneur en quête de reconversion, rachète la ferme où ils vivent et entend bien modeler l’espace pour assouvir la démesure de son projet. Gravitant autour d’un canyon qui n’est autre que le poumon de la montagne, tous les personnages courent après leur dernière chance.
Je ne peux que confirmer.domreader a écrit:... André Bucher aime la langue, les mots, les images, la terre.
Le roman s'ouvre sur un premier chapitre qui fait la part belle à la nature, nous décrivant dans une très belle langue ce qui sera le théâtre de cette histoire.
La suite immédiate m'a fait douter. J'ai cru que j'aurais affaire à des personnages caricaturaux, les pauvres paysans qui se font prendre leur ferme, le vilain méchant entrepreneur, le berger récalcitrant, etc... (un peu dans le style des derniers Bouysse, qui justement signe la préface du roman de Bucher).
Mais finalement pas du tout, les personnages sont plutôt étonnants, en particulier par ce qu'ils expriment.
Il présumait qu'en général les fils aiment mal leur père au motif que souvent ces derniers se montrent trop exigeants envers eux. Jusqu'au jour où ils meurent, et dès lors qu'ils n'ont plus personne à envier ou défier, de savoir brusquement, intimement, qu'ils seront les prochains sur la liste, alors seulement s'autorisent-ils enfin un surcroît d'affection.
Il épiait la moindre manifestation de la voix de ses ancêtres, ceux qui vécurent dans ces parages, or l'espace d'une seconde, il crut qu'ils riaient. Certains plus près de la déploration, d'autres carrément sardoniques, en tout cas, se haussant par paliers, les ricanements s'adressaient davantage à lui qu'au canyon. Il s'ébroua, secoua leurs rires, tout en regrettant que les morts développent cette fâcheuse tendance à rigoler de tout et de rien.
Cela dit, ce que je retiens, c'est bien sûr cette langue superbe, qui fait que le personnage principal, c'est ce coin de montagne, c'est la nature. Les mots sont tels que le paysage est littéralement vivant, à tel point que l'on se plait à croire que les êtres humains ne sont que des petites marionnettes, dérisoires figurants de cette histoire.
Quelques exemples :
La corde tendue entre automne et hiver ne retenait plus rien.
La terre évanouie n'est plus qu'une oreille blanche. Les flocons amortis dans un jeu d'adresse susurrent des mots humides à ses tympans.
Après l'arrondi des collines les genoux pliés à l'aine des montagnes, au loin à l'horizon, une tache d'eau telle une coulure se propageait.
Les nuages clignent des cils puis replient leurs paupières. L'obscurité peu à peu ferme les cieux. La nuit vient. Les étoiles aussi se battent, comme des cœurs.
C'est donc une bien belle découverte.
En plus c'est un court roman de 140 pages, qui se lisent très vite.
Juste un bémol toutefois, j'ai un peu le sentiment que la fin n'est pas à la hauteur, peut-être un peu précipitée.
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Re: André Bucher
contente de te lire
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Re: André Bucher
Le cabaret des oiseaux
J'avais bien aimé La montagne de la dernière chance, mais j'ai encore préféré Le cabaret des oiseaux.
Je le trouve plus subtil, plus délicat. Et j'ajouterai sans doute moins prévisible dans le déroulé de son intrigue.
On retrouve cette belle écriture, charnelle, poétique, vivante. Ces belles descriptions de la nature et des ressentis des hommes.
Et surtout, ce qui est particulièrement réussi, c'est le style qui évolue progressivement au fil du roman, alors que le narrateur avance en âge. Il y a vraiment de très belles images quand il s'agit pour l'enfant Tristan d'exprimer ce qu'il ressent.
Encore un bien beau moment passé avec André Bucher.
Le deuxième roman d’André Bucher est un long blues, dont les notes mélancoliques et poignantes trouvent écho dans la nature grandiose qu’il décrit si bien. C’est au bout du monde, dans la cour d’une ferme isolée au cœur de la montagne, qu’échouent les deux repris de justice qui vont tuer la mère de Tristan, sous ses yeux, le jour de ses six ans.
De son enfance solitaire et rêveuse dans les arbres et avec ses oiseaux, un merle et une corneille apprivoisés ; de son adolescence habitée par le secret et la nostalgie ; du crime dont il s’est rendu coupable comme en écho à celui qui lui a enlevé sa mère, il tente de dénouer les fils emmêlés dans un récit qu’il achève à dix-neuf ans, au sortir de prison.
Au Cabaret des oiseaux, la ferme auberge où il a grandi, l’attendent le vieux Germain et Maryse, figure féminine qui a illuminé ses jeunes années et qui fut naguère recueillie par son père. Entre ces personnages cabossés par la vie, se sont tissés tout au long du roman des liens profonds et durables grâce auxquels s’est construit et se reconstruira Tristan et dont André Bucher a su dire la complexité et la beauté.
J'avais bien aimé La montagne de la dernière chance, mais j'ai encore préféré Le cabaret des oiseaux.
Je le trouve plus subtil, plus délicat. Et j'ajouterai sans doute moins prévisible dans le déroulé de son intrigue.
On retrouve cette belle écriture, charnelle, poétique, vivante. Ces belles descriptions de la nature et des ressentis des hommes.
Et surtout, ce qui est particulièrement réussi, c'est le style qui évolue progressivement au fil du roman, alors que le narrateur avance en âge. Il y a vraiment de très belles images quand il s'agit pour l'enfant Tristan d'exprimer ce qu'il ressent.
Encore un bien beau moment passé avec André Bucher.
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Re: André Bucher
oh, trop contente de te lire, tu me donnes envie de reprendre cet auteur...
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