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Javier Cercas

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Message par kenavo Ven 3 Fév - 5:34

Javier Cercas A681

Javier Cercas Mena (né en 1962 à Ibahernando, dans la province de Cáceres) est un écrivain et traducteur espagnol.

Il est également chroniqueur du journal El País.


source et suite



Bibliographie
2002 Les soldats de Salamine
2004 A petites foulées
2006 A la vitesse de la lumière  
2010 Anatomie d'un instant  
2014 Les Lois de la frontière
2015 L’imposteur
2016 Le Mobile
2016 Le point aveugle

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Javier Cercas Empty Re: Javier Cercas

Message par kenavo Ven 3 Fév - 5:35

À part son essai, Le point aveugle (Chris du Sud nous en a parlé ici), j’ai lu tous les livres de cet auteur.
Mais je ne vais inaugurer ce fil qu’avec ce commentaire

Javier Cercas A283
L’imposteur
Présentation de l’éditeur
Icône nationale antifranquiste, symbole de l'anarcho-syndicalisme, emblème de la puissante association des parents d'élèves de Catalogne, président charismatique de l'Amicale de Mauthausen, qui pendant des décennies a porté la parole des survivants espagnols de l'Holocauste, Enric Marco s'est forgé l'image du valeureux combattant de toutes les guerres justes.
En juin 2005, un jeune historien met au jour l'incroyable imposture : tel un nouvel Alonso Quijano, qui à cinquante ans réinvente sa vie pour devenir Don Quichotte, Enric Marco a bâti le plus stupéfiant des châteaux de cartes ; l'homme n'a jamais, en vérité, quitté la cohorte des résignés, prêts à tous les accommodements pour seulement survivre.
L'Espagne d'affronter sa plus grande imposture, et Javier Cercas sa plus audacieuse création littéraire. L'Imposteur est en effet une remarquable réflexion sur le héros, sur l'histoire récente de l'Espagne et son amnésie collective, sur le business de la «mémoire historique», sur le mensonge (forcément répréhensible, parfois nécessaire, voire salutaire ?), sur la fonction de la littérature et son inhérent narcissisme, sur la fiction qui sauve et la réalité qui tue.
Si, à l'instar de Flaubert, Javier Cercas clame «Enric Marco, c'est moi !», le tour de force de ce roman sans fiction saturé de fiction est de confondre un lecteur enferré dans ses propres paradoxes. Qui n'est pas Enric Marco, oscillant entre vérités et mensonges pour accepter les affres de la vie réelle ? A un degré certes moins flamboyant que celui de ce grand imposteur, chacun ne s'efforce-t-il pas de façonner sa légende personnelle ?
Il faut vraiment lire ce livre pour croire à tout ce que cet Enric Marco a inventé au long de sa vie.

Mais il faut surtout mettre en relation une chose – tout comme dans la quatrième de couverture j’ai pu lire un peu partout que cet homme a fait pendant des décennies son imposteur concernant son séjour à Flossenburg. Cela n’est pas vrai. Il ne s’est déclaré que survivant de l’Holocauste qu’à partir de 1999 et l’affaire Marco a éclaté en Espagne en 2005. Donc, six ans. Cela n’embellie en aucun cas l’atrocité du fait, mais Javier Cercas fait bien de le montrer dès ses débuts et même si on ne va pas pouvoir l’excuser, on peut quand même arriver à le comprendre.

Depuis toujours il s’est inventé et réinventé. Enric Marco est le synonyme même de réinventions.

Il l’a fait après la Guerre d’Espagne, après la mort de Franco… et puis après qu’il n’avait plus d’autres choses à inventer pour faire sa vie plus intéressante, il est ‘devenu’ un survivant d’un camp de concentration.

Oui, c’est terrible. Oui, c’est inimaginable que quelqu’un puisse avoir une telle idée. Mais suivre cet homme et sa vie pendant 400 pages, on arrive à voir comment il est arrivé là. Et on arrive même à comprendre… même si je ne pourrais jamais ‘comprendre’ vraiment.

Javier Cercas est à la hauteur de son talent. Il a écrit un livre qui est une borne dans l’histoire de Marco, mais aussi dans sa carrière. Extra !

Javier Cercas A_212

Werner Bischof,  Chômeurs français cherchant un travail à la gare de Rouen,  1945


Extrait

Marco a réinventé sa vie à un moment où le pays entier était en train de se réinventer. C’est ce qui s’est passé pendant la transition de la dictature à la démocratie en Espagne. À la mort de Franco, presque tout le monde s’est mis à se construire un passé pour s’intégrer au présent et préparer l’avenir. Les politiciens l’ont fait, les intellectuels et les journalistes de premier, deuxième et troisième ordre l’ont fait, mais aussi le commun des mortels ; les militants de droite tout comme les militants de gauche l’ont fait, les uns autant que les autres désireux de montrer qu’ils étaient démocrates depuis toujours et que, pendant le franquisme, ils avaient été des opposants clandestins, des officiels maudits, des résistants silencieux ou des antifranquistes en sommeil ou actifs. Tout le monde n’a pas menti avec la même science, la même effronterie, la même insistance, bien sûr, et rares furent ceux qui réussirent à s’inventer entièrement une identité nouvelle ; la majorité s’est contentée de maquiller ou d’embellir son passé (ou de finalement lever le voile sur une intimité pudiquement ou opportunément cachée jusqu’alors). Quoi qu’il en soit, tout le monde l’a fait tranquillement, sans embarras moral ou sans trop d’embarras moral, sachant que tout le monde en faisait autant et que par conséquent tout le monde l’acceptait ou le tolérait et que personne n’avait d’intérêt à faire des révélations sur le passé de qui que ce soit parce que tout le monde avait des choses à cacher : au milieu des années 1970, de fait, le pays entier portait sur ses épaules quarante années de dictature à laquelle personne n’avait dit Non et à laquelle presque tout le monde avait dit Oui, avec laquelle presque tout le monde avait collaboré de gré ou de force et durant laquelle presque tout le monde avait prospéré, une réalité qu’on a essayé de cacher ou de maquiller ou d’embellir, tout comme Marco avait embelli ou maquillé ou caché la sienne, en inventant  un passé individuel et collectif fictif, un passé noble et héroïque pendant lequel très peu d’Espagnol avaient été franquistes, un passé pendant lequel avaient été résistants ou dissidents antifranquistes précisément tous ceux qui n’avaient pas levé le petit doigt contre le franquisme ou qui avaient travaillé avec lui, main dans la main.
C’est la réalité: au cours des années du passage de la dictature à la démocratie, l’Espagne a été un pays aussi narcissique que Marco ; il est également vrai, donc, que la démocratie en Espagne s’est construite sur un mensonge, sur un grand mensonge collectif ou sur une longue série de petits mensonges individuels. Aurait-elle pu se construire autrement ? La démocratie aurait-elle pu se construire sur la vérité ? Le pays entier pouvait-il honnêtement se reconnaître tel qu’il était, dans l’horreur et la honte et la lâcheté et la médiocrité de son passé, et continuer de l’avant malgré tout cela ? Pouvait-il se reconnaître ou se connaître lui-même, tel Narcisse et, malgré tout, comme lui, ne pas mourir par excès de réalité ? À moins que ce grand mensonge n’ait été l’un des nobles mensonges de Platon ou l’un des mensonges officieux de Montaigne ou l’un des mensonges vitaux de Nietzsche ? Je ne le sais pas. Ce que je sais, tout du moins en ce qui concerne ces années-là, c’est que les mensonges de Marco sur son passé n’ont pas été l’exception mais la norme et qu’au fond, il s’est contenté de porter à son paroxysme une pratique alors commune : quand l’affaire a éclaté, Marco n’a pas pu se défendre en disant que ce qu’il avait fait était justement ce que tout le monde avait fait dans les années où il s’était réinventé, mais il le pensait sans aucun doute. Et je sais aussi, bien que personne n’ai osé aller aussi loin dans l’imposture que Marco, parce que personne n’avait peut-être l’énergie, le talent et l’ambition pour le faire, que notre homme – en partie, au moins en partie – a été du côté de la majorité.



et voilà Javier Cercas lui-même parlant de son livre en espagnol


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Message par Queenie Ven 3 Fév - 7:37

L'écriture fait très document, analyse et réflexion. Est-ce que c'est ainsi tout le long du livre ?

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Message par kenavo Ven 3 Fév - 8:47

disons, oui, ... mais c'est tellement prenant et captivant, pour moi une lecture tourne-pages

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Message par Queenie Ven 3 Fév - 9:18

D'acc

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Message par Chrisdusud Ven 3 Fév - 19:03

Tu me conseilles lequel @Kenavo ?  parce que j'aimerais bien, après son travail sur le roman, lire un des siens...
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Message par kenavo Ven 3 Fév - 19:20

Les soldats de Salamine A la vitesse de la lumière
le premier raconte une 'anecdote' de la Guerre d'Espagne, c'est d'une force extraordinaire, le deuxième se passe lors de son séjour en Amérique, atmosphère de campus universitaire...
tous les deux très différents l'un de l'autre, mais ils donnent une bonne entrée dans son oeuvre

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Message par Chrisdusud Ven 3 Fév - 19:30

Je viens de lire en diagonal le résumé Des Soldats de Salamine et je l'ai commandé. Forcément. Merci Kena!!
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Message par kenavo Ven 3 Fév - 19:38

j'espère que tu vas autant aimer que moi...
en ce qui me concerne, un des livres les plus forts autour de ce sujet

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