Karel Čapek
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Re: Karel Čapek
La Guerre des Salamandres
Karel Capek
Je ne ferai pas un autre résumé de ce livre dont Arabella a déjà parlé plus haut. C’est un livre surprenant, vraiment intéressant qui commence comme un récit fantastique, mais qui très vite se transforme en une parabole du monde passé et actuel. On est d’ailleurs surpris par la justesse et la profondeur des réflexions politico-économiques de Karel Capek et de sa connaissance des mécanismes qui les composent. Un roman visionnaire par bien des côtés quand on pense qu’il a été écrit en 1936 ! Où comment une logique d’exploitation maximum des ressources, et des espèces conduit un monde à sa perte. Très intéressant aussi de voir avec quelle ironie et quelle justesse Capek nous décrit les rapports des nations entre elles et comment chacune d’entre elle réagit face aux problèmes. C’est un peu caricatural mais on ne peut manquer d’y reconnaitre les fanfaronnades, les replis, les feintes, les coups bas qui font la une de l’actualité internationale en ce moment. Un livre riche et intelligent qui a une résonance étonnante à notre époque.
Karel Capek
Je ne ferai pas un autre résumé de ce livre dont Arabella a déjà parlé plus haut. C’est un livre surprenant, vraiment intéressant qui commence comme un récit fantastique, mais qui très vite se transforme en une parabole du monde passé et actuel. On est d’ailleurs surpris par la justesse et la profondeur des réflexions politico-économiques de Karel Capek et de sa connaissance des mécanismes qui les composent. Un roman visionnaire par bien des côtés quand on pense qu’il a été écrit en 1936 ! Où comment une logique d’exploitation maximum des ressources, et des espèces conduit un monde à sa perte. Très intéressant aussi de voir avec quelle ironie et quelle justesse Capek nous décrit les rapports des nations entre elles et comment chacune d’entre elle réagit face aux problèmes. C’est un peu caricatural mais on ne peut manquer d’y reconnaitre les fanfaronnades, les replis, les feintes, les coups bas qui font la une de l’actualité internationale en ce moment. Un livre riche et intelligent qui a une résonance étonnante à notre époque.
Dernière édition par domreader le Jeu 21 Sep - 14:27, édité 1 fois
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'La littérature est une maladie textuellement transmissible, que l'on contracte en général pendant l'enfance'. Jane Yolen.
domreader- Messages : 3618
Date d'inscription : 02/12/2016
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Re: Karel Čapek
Comme tu le dis Dom, un livre intelligent et surprenant. Et très plaisant à lire.
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Je ne lis jamais un livre dont je dois écrire la critique ; on se laisse tellement influencer. (Oscar Wilde)
Arabella- Messages : 4815
Date d'inscription : 29/11/2016
Re: Karel Čapek
RUR
Karel Čapek est un important écrivain tchèque de la première moitié du 20em siècle. Il a pratiqué différents genres littéraires : roman, conte, récit de voyage, journalisme même, et il a connu ses succès parmi les plus importants au théâtre. Sa pièce, voire son oeuvre la plus connue, en particulier en dehors de son pays, est sans conteste R.U.R (Rossum's Universal Robots).
La pièce est jouée à Prague en 1920, et traduite dans une vingtaine de langues. Elle est par exemple jouée à Paris en 1924 au théâtre Hébertot, avec un accueil très favorable. Un mot inventé par l'auteur pour les besoins de sa pièce va lui assurer la survie : le mot robot, provenant d'un mot signifiant travail de force en thèque va entrer dans le vocabulaire mondial et ne plus le quitter. Il n'a d'une certaine façon jamais été aussi d'actualité que de nos jours.
Nous sommes à une époque non clairement définie, dans une île, dans l'entreprise R.U.R qui fabrique et commercialise des robots. Dans le prologue, une jeune femme, Hélène, arrive dans l'île avec l'envie de visiter les usines, et surtout pousser les robots à demander un meilleur traitement. Domin, le directeur général la reçoit (elle est la fille d'un célèbre politicien) et tombe amoureux d'elle. Il lui raconte l'histoire de son entreprise.
Le grand précurseur, Rossum, vise à recréer la vie, récréer l'homme pour montrer que ce dernier peut se passer de Dieu. Il n'y arrive pas vraiment, mais un de ses neveux, le jeune Rossum, reprend ses travaux et crée le robot, une machine, capable de faire n'importe quel travail, mais qui ne ressent pas, ne pense pas par elle-même. Elle est programmée pour fonctionner environ vingt ans avant de s'arrêter.
La ressemblance du robot avec l'être humain, pousse certains à y voir un être à part entière. Hélène fait partie de ces personnes. Elle épouse Domin, et incite le Dr Gall, à introduire des modifications amenant les robots à penser par eux-mêmes. Ils sont de plus en plus répandus et utilisés par les hommes, qui en viennent à ne plus travailler. Ils sont aussi utilisés pour la guerre. Et un jour ils se révoltent contre les hommes, poussés par les nouveaux modèles modifiés par le Dr Gall. Ils éliminent les hommes et encerclent la maison dans l'île où sont réfugiés les membres de l'équipe du R.U.R. Domin pense négocier avec eux, avec les documents Rossum, qui donnent les formules de la fabrication des robots. Mais Hélène les a brûlés.
Karel Čapek a écrit plusieurs oeuvres que l'on pourrait qualifier d'anticipation ou de science fiction. Mais il s'agit toujours pour lui d'y introduire des interrogations philosophiques, sur la nature de l'homme, sur ses choix politiques et sociétaux qui entraînent des conséquences qui peuvent être désastreuses pour lui. L'ironie, presque voltairienne, est toujours plus au moins présente dans ses oeuvres, même si Karel Čapek demeure un optimiste et un humaniste, et l'espoir est toujours au final présent, même dans les récits les plus sombres.
R.U.R. n'est pas à mon sens son oeuvre la plus aboutie et intéressante, même si elle reste agréable à lire et présente des questionnements toujours d'actualité.
Karel Čapek est un important écrivain tchèque de la première moitié du 20em siècle. Il a pratiqué différents genres littéraires : roman, conte, récit de voyage, journalisme même, et il a connu ses succès parmi les plus importants au théâtre. Sa pièce, voire son oeuvre la plus connue, en particulier en dehors de son pays, est sans conteste R.U.R (Rossum's Universal Robots).
La pièce est jouée à Prague en 1920, et traduite dans une vingtaine de langues. Elle est par exemple jouée à Paris en 1924 au théâtre Hébertot, avec un accueil très favorable. Un mot inventé par l'auteur pour les besoins de sa pièce va lui assurer la survie : le mot robot, provenant d'un mot signifiant travail de force en thèque va entrer dans le vocabulaire mondial et ne plus le quitter. Il n'a d'une certaine façon jamais été aussi d'actualité que de nos jours.
Nous sommes à une époque non clairement définie, dans une île, dans l'entreprise R.U.R qui fabrique et commercialise des robots. Dans le prologue, une jeune femme, Hélène, arrive dans l'île avec l'envie de visiter les usines, et surtout pousser les robots à demander un meilleur traitement. Domin, le directeur général la reçoit (elle est la fille d'un célèbre politicien) et tombe amoureux d'elle. Il lui raconte l'histoire de son entreprise.
Le grand précurseur, Rossum, vise à recréer la vie, récréer l'homme pour montrer que ce dernier peut se passer de Dieu. Il n'y arrive pas vraiment, mais un de ses neveux, le jeune Rossum, reprend ses travaux et crée le robot, une machine, capable de faire n'importe quel travail, mais qui ne ressent pas, ne pense pas par elle-même. Elle est programmée pour fonctionner environ vingt ans avant de s'arrêter.
La ressemblance du robot avec l'être humain, pousse certains à y voir un être à part entière. Hélène fait partie de ces personnes. Elle épouse Domin, et incite le Dr Gall, à introduire des modifications amenant les robots à penser par eux-mêmes. Ils sont de plus en plus répandus et utilisés par les hommes, qui en viennent à ne plus travailler. Ils sont aussi utilisés pour la guerre. Et un jour ils se révoltent contre les hommes, poussés par les nouveaux modèles modifiés par le Dr Gall. Ils éliminent les hommes et encerclent la maison dans l'île où sont réfugiés les membres de l'équipe du R.U.R. Domin pense négocier avec eux, avec les documents Rossum, qui donnent les formules de la fabrication des robots. Mais Hélène les a brûlés.
Karel Čapek a écrit plusieurs oeuvres que l'on pourrait qualifier d'anticipation ou de science fiction. Mais il s'agit toujours pour lui d'y introduire des interrogations philosophiques, sur la nature de l'homme, sur ses choix politiques et sociétaux qui entraînent des conséquences qui peuvent être désastreuses pour lui. L'ironie, presque voltairienne, est toujours plus au moins présente dans ses oeuvres, même si Karel Čapek demeure un optimiste et un humaniste, et l'espoir est toujours au final présent, même dans les récits les plus sombres.
R.U.R. n'est pas à mon sens son oeuvre la plus aboutie et intéressante, même si elle reste agréable à lire et présente des questionnements toujours d'actualité.
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Arabella- Messages : 4815
Date d'inscription : 29/11/2016
Re: Karel Čapek
-La vie et l'oeuvre du compositeur Foltyn-
Un régal de lecture. Le portrait, au travers de son entourage, différentes personnes l'ayant côtoyé au cours de sa vie, du faux célèbre Foltyn, piètre étudiant d'origine modeste, adulte égo centré doté d' un "orgueil hystérique et désespéré", qui très jeune se sentit habité par la passion de la musique et investi d'une mission quasi divine: Perpétuer son art et enrichir le monde de ses compositions. Hélas pour notre pauvre bouffon ( mais pour le plus grand plaisir du lecteur) il ne suffit pas de se sentir une âme torturée pour devenir nécessairement artiste de génie. Sa partition ne sera que piètres plagiats, mauvais copiages et ratés abyssales qu'il persistera à ne pas voir et il finira par se perdre en Don Quichotte à l'assaut d'une gloire fantasmée.
C'est extrêmement drôle, pathétiquement cynique, mais très juste et révélateur de ce que certains ont parfois de primordial en eux: Laisser une trace, marquer de leur empreinte un univers quel qu'il soit, ici la musique, pour exister coûte que coûte quitte à perdre contact avec la réalité en s'illusionnant eux mêmes et fourvoyant les autres. Un de ces mégalos bon teint que Capek croque ici avec une verve et une fantaisie irrésistibles.
Karel Capek nous livre aussi dans les dernières pages, sa propre conception de la création artistique, faite de respect et de dévouement total, absolument superbe ( voir extrait) et des observations fines sur l'âme humaine qui font de ce court texte un pur délice à lire à tout prix. D'autant plus important qu'il fut son dernier et qu'il paru à titre posthume. @Arabella, mais pas que. @Domreader, @Darkanny ou d'autres... vous allez adorer!
Un régal de lecture. Le portrait, au travers de son entourage, différentes personnes l'ayant côtoyé au cours de sa vie, du faux célèbre Foltyn, piètre étudiant d'origine modeste, adulte égo centré doté d' un "orgueil hystérique et désespéré", qui très jeune se sentit habité par la passion de la musique et investi d'une mission quasi divine: Perpétuer son art et enrichir le monde de ses compositions. Hélas pour notre pauvre bouffon ( mais pour le plus grand plaisir du lecteur) il ne suffit pas de se sentir une âme torturée pour devenir nécessairement artiste de génie. Sa partition ne sera que piètres plagiats, mauvais copiages et ratés abyssales qu'il persistera à ne pas voir et il finira par se perdre en Don Quichotte à l'assaut d'une gloire fantasmée.
C'est extrêmement drôle, pathétiquement cynique, mais très juste et révélateur de ce que certains ont parfois de primordial en eux: Laisser une trace, marquer de leur empreinte un univers quel qu'il soit, ici la musique, pour exister coûte que coûte quitte à perdre contact avec la réalité en s'illusionnant eux mêmes et fourvoyant les autres. Un de ces mégalos bon teint que Capek croque ici avec une verve et une fantaisie irrésistibles.
Jamais je ne l'avais vu aussi superbement sûr de lui. Il vociférait, parlait de lui, de son âme d'artiste comme si tout le monde voulait l'opprimer. Mais Il n'avait que mépris pour ce milieu médiocre et bourgeois. C'aurait été quelqu'un, Béda Folten, dans un autre monde! Mais maintenant, il allait accomplir son oeuvre, aveuglément... Il se sentait travaillé par une force créatrice terrible et barbare.
Il y avait dans tout cela quelque chose de contraint et de pas naturel. Folten, avec sa veste de velours, allait et venait d'un air jovial, donnait à l'un une tape sur l'épaule, conduisait l'autre au buffet, adressait un compliment à une jeune musicienne, c'était un curieux mélange de bienveillance, de confraternité, d'ostentation, de sans façon familier ou de pas de chichi exagérément bohème.
Karel Capek nous livre aussi dans les dernières pages, sa propre conception de la création artistique, faite de respect et de dévouement total, absolument superbe ( voir extrait) et des observations fines sur l'âme humaine qui font de ce court texte un pur délice à lire à tout prix. D'autant plus important qu'il fut son dernier et qu'il paru à titre posthume. @Arabella, mais pas que. @Domreader, @Darkanny ou d'autres... vous allez adorer!
Il était visiblement de ces artistes pour qui l'art n'est qu'une forme d'auto-expression et d'auto-accomplissement, une manifestation effrénée du moi. Je n'ai jamais pu admettre cette conception et je ne puis cacher que tout élément individuel constitue plutôt, selon moi, une profanation de l'expression artistique. Ce qui est en moi -ma substance humaine, ma personnalité, moi-même-tout cela n'est qu'une matière, nullement une forme. Et si je suis un artiste, je ne suis pas là pour multiplier la matière, mais pour imposer à la matière une forme et un ordre.
Car le diable aussi se mêle de l'art et y fait ses contrefaçons. Il est aisé de le reconnaître, car il est par nature ambitieux et vaniteux. Il tire son orgueil de la matière, de l'originalité ou du tour de force; il n'est pas d' excés, pas d'exubérance qu'il n'attise de son souffle vénéneux, tout gigantisme et toute grandiloquence s'enflent de son orgueil impur et convulsif; tout ce qui dans l'art est facilité, clinquant, complaisance, ce sont là les paillettes de sa vanité simiesque. Tout ce qui est imparfait, inachevé n'est que la trace hâtive de sa fébrile impatience et de son éternelle négligence; toute forme fausse et prétentieuse est le masque emprunté sous lequel il dissimule vainement sa désespérance nullité.
Aeriale- Messages : 11925
Date d'inscription : 30/11/2016
Re: Karel Čapek
Un commentaire qui donne envie @Aeriale, je l'inscris sur mes listes, mais de toutes les façons je compte lire tout de Capek, j'ai déjà passé de très bons moments en sa compagnie.
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Arabella- Messages : 4815
Date d'inscription : 29/11/2016
Re: Karel Čapek
il se trouve dans ma prochaine commande... dès que tu en as parlé sur le fil de nos lectures, j'étais intriguée... et après plusieurs bonnes lectures de lui, je suis partante pour plus
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George Gershwin
Re: Karel Čapek
Chouette! Et moi je compte bien continuer avec lui et m'en dénicher d'autres (Surtout La guerre des salamandres)Arabella a écrit:Un commentaire qui donne envie @Aeriale, je l'inscris sur mes listes, mais de toutes les façons je compte lire tout de Capek, j'ai déjà passé de très bons moments en sa compagnie.
kenavo a écrit:il se trouve dans ma prochaine commande... dès que tu en as parlé sur le fil de nos lectures, j'étais intriguée... et après plusieurs bonnes lectures de lui, je suis partante pour plus
J'ignorais que tu l'avais déjà lu! Alors c'est sûr que celui-ci va te réjouir :-)
Aeriale- Messages : 11925
Date d'inscription : 30/11/2016
Re: Karel Čapek
Pendant cette période de confinement, découvrez et écoutez l’histoire de Dachenka, le chiot tchèque le plus célèbre au monde ! Dans ce feuilleton des années des années 30, Dachenka raconte, par la main de l’auteur Karel Čapek, toutes les péripéties qui ont fait d’elle une chienne adulte très cabotine.
pour écouter
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Re: Karel Čapek
Super, merci @kenavo, très bonne idée.
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domreader- Messages : 3618
Date d'inscription : 02/12/2016
Localisation : Ile de France
Re: Karel Čapek
-La maladie blanche-
La pièce débute sur un échange entre deux lépreux victimes, comme la plupart des plus de 40 ans, de taches blanches qui peu à peu recouvrent le corps puis se transforment en lambeaux de chair jusqu'à les détruire. Ce virus inconnu venu de Chine ( Encore eux ) hyper contagieux et mortel, décime peu à peu la population. C'est alors que le professeur Galén, préférant se consacrer aux indigents plutôt qu'à la notoriété, propose au Maréchal (de ce pays non cité) un vaccin déjà vérifié sur les plus humbles. La seule condition étant que les dirigeants cessent la guerre et renoncent à toute suprématie.
Ecrite en 1937, en pleine montée du fascisme et après la parution de La guerre des Salamandres (qui l'aurait voué à une arrestation certaine. Il est mort avant) Karel Capek livre dans cette courte pièce, une critique acerbe et volontiers caricaturale du totalitarisme sous forme de farce burlesque, ceci pour mieux en dénoncer l'absurdité. Insistant sur la légèreté des puissants en contradiction avec la gravité des faits, il force le trait, en faisant ressortir l'incongru et l'ironie tragique. Une façon de passer au travers de la censure bien sûr, mais qui n'évitera pas les drames à venir.
C'est un troublant parallèle avec nos sociétés dites évoluées où le profit, l'ignorance des uns face à la cupidité des autres se mêlent parfois pour favoriser les nationalismes ou les dérives liberticides qui en découlent. Un appel au secours resté vain qui résonne bizarrement de nos jours. J'ai juste été frustrée de ne pas l'avoir découvert joué, la démesure passant toujours beaucoup mieux en live qu'à l'écrit. Mais il m'a donné très envie de lire La guerre des Salamandres, cette fois ci!
La pièce débute sur un échange entre deux lépreux victimes, comme la plupart des plus de 40 ans, de taches blanches qui peu à peu recouvrent le corps puis se transforment en lambeaux de chair jusqu'à les détruire. Ce virus inconnu venu de Chine ( Encore eux ) hyper contagieux et mortel, décime peu à peu la population. C'est alors que le professeur Galén, préférant se consacrer aux indigents plutôt qu'à la notoriété, propose au Maréchal (de ce pays non cité) un vaccin déjà vérifié sur les plus humbles. La seule condition étant que les dirigeants cessent la guerre et renoncent à toute suprématie.
Ecrite en 1937, en pleine montée du fascisme et après la parution de La guerre des Salamandres (qui l'aurait voué à une arrestation certaine. Il est mort avant) Karel Capek livre dans cette courte pièce, une critique acerbe et volontiers caricaturale du totalitarisme sous forme de farce burlesque, ceci pour mieux en dénoncer l'absurdité. Insistant sur la légèreté des puissants en contradiction avec la gravité des faits, il force le trait, en faisant ressortir l'incongru et l'ironie tragique. Une façon de passer au travers de la censure bien sûr, mais qui n'évitera pas les drames à venir.
C'est un troublant parallèle avec nos sociétés dites évoluées où le profit, l'ignorance des uns face à la cupidité des autres se mêlent parfois pour favoriser les nationalismes ou les dérives liberticides qui en découlent. Un appel au secours resté vain qui résonne bizarrement de nos jours. J'ai juste été frustrée de ne pas l'avoir découvert joué, la démesure passant toujours beaucoup mieux en live qu'à l'écrit. Mais il m'a donné très envie de lire La guerre des Salamandres, cette fois ci!
Dernière édition par Aeriale le Mer 2 Nov - 14:03, édité 2 fois (Raison : t)
Aeriale- Messages : 11925
Date d'inscription : 30/11/2016
Re: Karel Čapek
Tu donnes envie, que de tentations....
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domreader- Messages : 3618
Date d'inscription : 02/12/2016
Localisation : Ile de France
Re: Karel Čapek
Oui, très tentant et pourtant, tout comme toi, j’aime beaucoup mieux voir jouer les pièces de théâtre que les lire !
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"Quand je pense à tous les livres qu'il me reste à lire, j'ai la certitude d'être encore heureux" Jules Renard
Liseron- Messages : 4303
Date d'inscription : 02/01/2017
Localisation : Toulouse
Re: Karel Čapek
Aeriale a écrit:Mais il m'a donné très envie de lire La guerre des Salamandres, cette fois ci!
Ça tombe bien, il vient d'être réédité
Et pour l'occasion, je ressors mon commentaire de lecture de 2015 (à noter que je ne me souviens de rien de ce livre, même en relisant ce que j'en disais)
Le marin - pirate Van Toch, homme passionné, virulent, grossier, et charismatique, découvre lors d'une expédition des êtres étranges, à l'aspect repoussant mais qui s'avèreront curieux, doux, dociles et utiles. Les salamandres se dressent facilement, apprennent vite, et se contentent en récompense de leur travail d'un peu de nourriture.
Seulement, évidemment, les choses vont prendre des proportions ahurissantes : cette force de travail bon marché, efficace, et soumise, va être exploitée par une grosse entreprise puis par les états.
Ce livre est terriblement bien construit, une ascension inexorable vers le l’inéluctable (annoncé par le titre).
Capek, par le biais fantastique, pose un regard très critique et sarcastique, sur le fonctionnement humain : militarisation extrême, exploitation d'êtres considérés comme inférieur, aveuglement des masses...
C'est un livre dense, très bien écrit, qui sonne très contemporain, et toujours d'actualité, Capek multiplie les points de vue et les personnages, renforçant l'aspect inéluctable et universel de son histoire. Personne n'y échappe. Personne n'y échappera.
Cela dit, l'aspect "dossier historique" de ce livre perdait un petit peu de mon attention, je préférais quand le livre restait proche d'individus, plutôt que lorsqu'il multipliait les coupures de presse, les rapports écrits de procès, les articles de scientifiques et chercheurs. Même si je reconnais l'aspect ludique et intéressant de varier les sources narratives, quand il y avait trop d'écrits de rapports, articles et analyses, je trouvais que c'était trop répétitif, que ça n'avançait pas vite et ça m’ennuyait.
(J'ai même fini par sauter quelques passages).
Et puis, Capek a complètement bâclé sa fin, laissant une étrange porte ouverte, qui pose question sur Qui est le narrateur ? Que devient l'humanité ? Les salamandres ?
Je n'aime pas tellement lire 300 pages ultra documentées, très précises, pour qu'ensuite, en 100 pages, on me dise : "bon ben on verra pour la fin une autre fois, salut !".
Donc, un bon moment avec ce livre, mais pas non plus un coup de cœur incroyable.
Il a une richesse de contenu sur l'humain, la société et les fonctionnements politiques, vraiment très justes et très bien amenés, et avec humour et de vrais grands moments narratifs. Mais je ne suis pas adepte des explications à rallonge, des comptes rendus, des articles, des documents officiels. C'est un aspect des livres de SF qui m'ennuie toujours : une étrange volonté de vouloir faire Vrai et Sérieux en ajoutant des tas de données qui "font vrai et sérieux".
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Et, du monde indistinct des rêves, là où se terrent les secrets mystiques, une réponse surgit.
Queenie- Messages : 7151
Date d'inscription : 29/11/2016
Localisation : Stable.
Re: Karel Čapek
Illustrations : Josef Čapek
L’année du jardinier
À part que je ne peux que lui donner raison – l’humour de Karel Čapek est si extra, cela fait déjà moitié du plaisir de lecture.
En plus il y a un intérêt pour tout lecteur – il ne faut pas être jardinier assidu… même pas jardinier du tout.
C’est réjouissant, cette lecture met de bonne humeur.
J’en ressors enthousiaste.
L’année du jardinier
Arabella a fait un si bon commentaire… inutile pour moi de tenter d’ajouter quoi que ce soit.Présentation de l’éditeur
Ce livre de Karel Čapek, paru à Prague en 1929, est une véritable petite merveille, et non un "pensum" d'horticulture comme son titre pourrait le faire croire. En effet, il suffit de regarder les quelques dessins de Josef Čapek - le frère de Karel - qui font partie intégrante de l’œuvre, pour saisir tout l'humour, la tendresse et l'originalité de l'ouvrage.
Fleurs et plantes sont bien présentées avec la rigueur du spécialiste, mais un spécialiste qui est aussi poète : et qui mieux que le poète peut nous faire sentir les fleurs, humer la terre et respirer la beauté d'un jardin ? Mois par mois, tel un almanach, Karel Čapek nous propose de saisir notre jardin à pleines mains, pour en faire notre paradis !
À part que je ne peux que lui donner raison – l’humour de Karel Čapek est si extra, cela fait déjà moitié du plaisir de lecture.
En plus il y a un intérêt pour tout lecteur – il ne faut pas être jardinier assidu… même pas jardinier du tout.
C’est réjouissant, cette lecture met de bonne humeur.
J’en ressors enthousiaste.
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Re: Karel Čapek
Un très bon souvenir ce livre. Merci d'en reparler.
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