Margaret Atwood

Les testaments (2019)
ed. Robert Laffont
Trad. Michèle Albaret-Maatsch

Booker Prize

Suite de La Servante Écarlate (publié en 1985). Alors que ce premier opus était raconté de l'intérieur de la société totalitaire Galaad, à travers les confessions d'une Servante (un témoignage qui faisait ressentir toute l'oppression, la déshumanisation, la souffrance), Margaret Atwood fait basculer les points de vue et l'atmosphère dans Les Testaments. Ici, trois témoignages retrouvés, des "testaments", traces d'un régime qui s'effritent, se nécrose de l'intérieur.
Tante Lydia, la vieille et indétrônable Tante de Galaad. Femme de pouvoir, femme qui a aidé à la mise en place de ce système. Qui forme les autres Tantes, les Servantes et les futures Épouses. Ses confessions, écrites en secret, planquées dans un ouvrage de sa bibliothèque personnelle, dévoilent les travers d'un système basé sur la duplicité, le mensonge, la suprématie perverse et malsaine des hommes.
Agnes Jemima, une jeune fille de Galaad, qui n'a connu que ce pays, que ses règles. De bonne famille, mais qui découvre petit à petit tous les défauts et les secrets de son gouvernement, a du mal à accepter le rôle qu'on lui attribue.
Daisy, la jeune canadienne, qui du jour au lendemain va avoir sa vie bouleversée. Ses parents assassinées, résistants contre Galaad, elle enfant réfugiée qui se retrouve à ne plus savoir qui elle est, et découvrir son passé tout en prenant place dans la résistance.

Trois femmes. Trois parcours, de blessures, de révélations, de construction et de déconstruction, leurs identités vont s'affirmer au fur et à mesure qu'elles vont découvrir les mensonges dans lesquelles elles ont du les construire.
Chaque voix résonne différemment, s'exprime différemment, l'écriture et la traduction ont une telle justesse qu'on a l'impression d'entendre les accents, les ponctuations, le rythme, toute l'oralité de ces femmes se confiant sans tabou.

Les Testaments est un roman, une nouvelle fois, qui révèle les mécanismes d'un état totalitaire et fondé sur une religion extrémiste. Comme l'a dit Margaret Atwood dans une interview : elle n'invente rien, elle grossit juste un peu le trait de ce qu'elle voit autour d'elle.
Et c'est pourquoi ses deux livres sont si puissants, on y reconnaît ce qui se passe autour de nous. Les attentats, la manipulation des esprits, le cloisonnement, l'abolition des libertés et de la connaissance.

Mais cette fois, Margaret Atwood glisse de l'espoir, grâce à ces trois personnages, aux trajets si différents, et complémentaires. Elle démonte encore plus ce système reposant sur l'impunité de quelques-uns, à l'asservissement de toutes les autres.
Ce livre est palpitant, à suivre les personnages, découvrir encore plus en profondeur la construction de Galaad, la psychologie de ceux qui ont construit ce système, de ceux qui n'ont connu que ça.
C'est aussi un formidable tourne-page, un suspens haletant, plein d'action et d'espoir.

Wa, ton commentaire donne sacrement envie! 

J’avais été fascinée par La servante écarlate, mais je redoutais la suite, plus de 30 ans après. Je me disais qu’Atwood ne pouvait réussir quelque chose d’aussi bien pensé et structuré après ce coup de maître. 

Et tu démontres le contraire!

Je l’ai réservé, très hâte de le découvrir à mon tour 

Elle est très forte Margaret !

-Les testaments-


A la suite de la série, les lecteurs de La servante écarlate ont voulu savoir et demandé à l’auteure d'écrire une suite. La voilà donc, une plongée dans les pensées et témoignages de ces trois femmes de conditions et âges différents, toutes impliquées de près ou de loin dans le régime totalitaire de Galaad (ancien Gilead)

Agnès, enfant du système, est arrivée à l'âge où elle doit trouver sa place au sein de cette sphère, Daisy élevée au Canada est le témoin extérieur, la plus intrigante est Lydia, sa face noire, celle qui a établi les règles, participé à ses fondations et sa propagation. Personnage complexe, fascinant, qui nous dévoile les raisons de sa conversion et sa réussite en tant que Tante.

Au travers de ces voix croisées, chacune avec leur parcours et leur vision des choses, Atwood nous éclaire sur les aspects les plus sordides de Galaad, la manipulation exercée sur les filles dès l'enfance, l'endoctrinement à l'école, les mariages arrangés, le recrutement des Perles envoyées en mission pour enrôler les plus fragiles, tout ceci avec la complaisance de pays voisins malgré les réseaux de résistance (Mayday) et la rébellion de certains autres (manifs organisées) Mais aussi la gangrène inhérente au système, les jeux de pouvoir, les failles internes ou la corruption, dès que celui ci repose sur la peur et une foi simulée.

Un roman bien pensé, maîtrisé de bout en bout, et aussi tristement pas si éloigné de notre actualité où tout état bâti sur la tyrannie ou l'ignorance et favorisé par l'aveuglement des autres, parvient à s'implanter. Mais, et peut-être est-ce un espoir, échappe tôt ou tard au contrôle de ceux qui le gère en se retournant contre eux.

Je n'ai pourtant pas eu du tout les mêmes émotions ni la délicieuse angoisse ressentie avec La servante écarlate. Et dommage, mais pour moi le premier reste inclassable, bien au dessus tout de même!

Tout là-haut dans l’arbre

Présentation de l’éditeur
Deux enfants habitent dans un arbre. Ils y dansent, ils y mangent, ils y dorment. Mais, de tout là-haut, surveillent-ils assez leur échelle ?...

Récemment j’ai pu voir un documentaire sur Margaret Atwood sur ARTE (qui était disponible pour mon pays, malheureusement ce n’est pas possible pour toutes leurs vidéos en ligne) et je la trouve si sympa et si extra… il me fallait lire quelque chose d’elle.

Malheureusement parmi ses romans il n’y a plus aucun qui m’attire côté contenu, tellement loin de mes goûts littéraires… mais j’ai trouvé un petit album pour la jeunesse.

Je ne vais pas lui ouvrir un fil dans cette section mais je laisserais quelques mots ici.

Puisqu’il n’y a nul part mentionné un nom d’illustrateur, elle est aussi responsable pour les images.
Très réussies, chapeau.

Ainsi en voilà une belle histoire de ces deux enfants vivant dans un arbre.

Elle décrit leur aventure après qu’on leur a volé l’échelle pour pouvoir descendre et finalement leur ingéniosité de trouver une solution de pouvoir monter et descendre sans cette fameuse échelle.

C’est tout bon et voilà que j’ai quand même fait une lecture d’un livre de Margaret Atwood

Sympa !

Photo by Tim Walker

Margaret Atwood a fêté ses 82 ans la semaine passée…
pour célébrer, en voici une photo et un poème qu’elle a publié pour cette occasion…

The Moment
The moment when, after many years
of hard work and a long voyage,
you stand in the centre of your room,
house, half-acre, square mile, island, country,
knowing at last how you got there,
and say, I own this,
Is the same moment the trees unloose
their soft arms from around you,
the birds take back their language,
the cliffs fissure and collapse,
the air moves back from you like a wave
and you can’t breathe.
No, they whisper. You own nothing.
You were a visitor, time after time
Climbing the hill, planting the flag, proclaiming.
We never belonged to you.
You never found us.
It was always the other way round.

Très beau, et aussi un peu triste. Des phrases désenchantées et pleines de lucidité qui forcément traduisent le long parcours d’une vie.

Je ne savais ias qu’elle écrivait des poèmes, aussi..

Et elle fait de beaux poèmes.
J'en ai lu un récemment : Circé. (Évidemment)
Et en janvier, des livres traduits en français vont sortir

Superbe poème !

Bravo Margaret!


Pour lutter contre la censure, Margaret Atwood sort le lance-flammes

source et suite