Jean-Bernard Pouy
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Jean-Bernard Pouy
Fayard a écrit:Jean-Bernard Pouy, né à Paris, en 1946, est l’un des principaux auteurs contemporains du roman noir français. Bien qu’il ait un lien fort avec le Lot-et-Garonne (Nérac), le pavé parisien n’a plus de secret pour lui. Il y vit, y bouscule l’ordre établi, lors d’un fameux printemps, tout en poursuivant des études tout azimut. Après avoir obtenu un DEA d’Histoire de l’art (section cinéma) à l’ École pratique des hautes études, J.B. Pouy pratique divers métiers jusqu’à l’âge de 35 ans, où l’écriture le prend et devient sa principale occupation. Son premier texte Spinoza encule Hegel (1983) dont le titre n’apparaît pas sur la première de couverture, clôt la collection « Sanguine » chez Albin Michel. Plusieurs fois réédité depuis, ce roman un peu dadaïste pose un regard ironique et cynique sur Mai 68. Avec son deuxième roman, Nous avons brûlé une Sainte (Gallimard, 2001), il entre à la « Série Noire » chez Gallimard sous le numéro 1968. Il ne la quittera plus, tout en continuant de publier chez de nombreux autres éditeurs.
Amoureux de la langue et de la littérature, romancier et nouvelliste, Oulipien, J.B. Pouy s’impose en permanence des contraintes formelles et narratives. Il propose toujours à celui qui le lit plusieurs niveaux de lecture. Ses récits font de lui un auteur qui suscite en permanence l’attente impatiente du lecteur. La Belle de Fontenay (Gallimard, 1999), ainsi que le tragique R.N.86 (Gallimard, 1998) en sont deux beaux exemples. Son dernier « Série Noire », Le Rouge et le Vert (Gallimard, 2005), semble clore un cycle précis.
Auteur inclassable, inventif, prolifique et multiforme, J.B. Pouy se définit lui-même comme un « styliste pusillanime » : scénariste occasionnel, animateur de radio à France-Culture, poète et dessinateur (Cendres Chaudes, Éditions du Ricochet, 1999), il emprunte de nouvelles pistes dans le polar futuriste chez l’Atalante, et même y invente un écrivain autrichien qu’il traduit impunément (Le Merle d’Arthur Keelt). Il collabore aussi à de nombreuses revues. Ardent défenseur de la littérature populaire, J.B. Pouy crée, en 1995, la collection « Le Poulpe », suivies d’autres qui n’auront pas le même accueil (« Pierre de Gondol », « Série Grise »… ). Toujours prêt à servir la cause du roman noir et du roman populaire (il a reçu, en 1996, le Grand Prix Paul Féval de littérature populaire), il s’engage de plus en plus auprès de petits éditeurs et, après la disparition du format poche de la Série Noire, lance, en hommage, la « Suite Noire » aux éditions La Branche.
J.B. Pouy est l'auteur d'une cinquantaine de romans et d’une centaine de nouvelles, dont Plein tarif (1997), Chasse à l’homme (2000), Nus (2007) et La Récup' (2008), publiées chez Fayard Noir et aux éditions Mille et une nuits.
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Re: Jean-Bernard Pouy
Fratelli
2006
2010 pour l'édition illustrée par Joe G. Pinelli
1946. Dans le port de New-York affluent des milliers d’émigrants fuyant l’Europe en ruine, en quête du rêve américain. Mais Emilio, lui, une lame tachée de sang au fond de son maigre bagage, débarque de sa Sicile natale dans un but différent, retrouver l’"Autre", son frère Ercole qui a refait sa vie à Little Italy, et accomplir une vendetta oubliée de tous mais qui l’obsède depuis 40 ans…
Ce roman très noir, aussi court que captivant, repose sur l’aller-retour entre les "fratelli", les deux frères ennemis, entre le passé et le présent, l’amour et la haine, la tragédie passée et celle à venir, et surtout entre une New-York sombre, sinistre, tentaculaire, inquiétante (illustrée à merveille par Joe G. Pinelli) et une Sicile écrasée de couleurs, d’odeurs, de soleil et de traditions ancestrales. Laquelle est le Paradis, laquelle est l’Enfer ? D’une écriture concise mais faisant la part belle aux atmosphères, Pouy nous livre un récit tendu et poignant, qui est autant un chant de mort que de vie.
2006
2010 pour l'édition illustrée par Joe G. Pinelli
1946. Dans le port de New-York affluent des milliers d’émigrants fuyant l’Europe en ruine, en quête du rêve américain. Mais Emilio, lui, une lame tachée de sang au fond de son maigre bagage, débarque de sa Sicile natale dans un but différent, retrouver l’"Autre", son frère Ercole qui a refait sa vie à Little Italy, et accomplir une vendetta oubliée de tous mais qui l’obsède depuis 40 ans…
Ce roman très noir, aussi court que captivant, repose sur l’aller-retour entre les "fratelli", les deux frères ennemis, entre le passé et le présent, l’amour et la haine, la tragédie passée et celle à venir, et surtout entre une New-York sombre, sinistre, tentaculaire, inquiétante (illustrée à merveille par Joe G. Pinelli) et une Sicile écrasée de couleurs, d’odeurs, de soleil et de traditions ancestrales. Laquelle est le Paradis, laquelle est l’Enfer ? D’une écriture concise mais faisant la part belle aux atmosphères, Pouy nous livre un récit tendu et poignant, qui est autant un chant de mort que de vie.
Cela faisait deux jours qu’Emilio arpentait le quartier. Little Italy portait bien son nom. C’était minuscule par rapport à l’immense péninsule qu’il avait vaguement découverte en montant vers Livourne pour prendre le bateau. Et même le soir, avant dîner, après le boulot, quand tout le monde semblait se donner rendez-vous sur les trottoirs, pour enfin parler à l’autre, pour manger une pâtisserie bien gagnée, la foule semblait quasiment transparente par rapport à ce qu’il avait vu, à Naples, en passant par la Forcella ou la Sanità, où il avait cru traverser un Purgatoire joyeux. Maintenant, il pouvait repérer, chez tous ceux qui se groupaient aux carrefours, la hargne forcenée à mettre en avant tout ce qui restait en eux d’italien.
Mais ce n’était que du signe, du code, de l’imagerie. Jamais, ici, il n’y aurait l’ombre bleue d’un cyprès, le parfum d’un oranger, le cri de la buse haut dans le ciel. Jamais, ici, il n’y aurait cette chaleur naturelle, celle qui transforme en or les champs de blé, et rend la granita semblable à un morceau de banquise.
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Re: Jean-Bernard Pouy
Sous le vent
2012
Illustré par Joe G.Pinelli
Enfant, Pol rêvait à des ailleurs exotiques en regardant les cartes géographiques accrochées au mur de sa petite école de Bretagne centrale. Il s'était alors juré qu'un jour il lancerait une fléchette sur l'une d'elles et qu'il irait là où sa pointe se ficherait. Quand il revient de la grande guerre, le corps intact mais l'esprit abîmé, la tête pleine d'horreurs hurlantes, il se souvient de cette promesse et la fléchette se plante sur les Iles Sous-le-Vent.
Fuyant un continent dévasté et une ancienne vie où tout a changé, trahi par sa femme et Vincent, son meilleur ami, Pol part chercher l'oubli dans des contrées inconnues qui ne sont encore que des noms sur une carte. Aux Marquises, sous les alizés, il semble trouver une "sorte d'armistice de l'âme" dans cette nature puissante mais apaisée, et la douceur de vivre auprès d'une femme des Iles. Mais les souvenirs et les secrets ne peuvent pas être laissés derrière soi aussi facilement que les cendres de la vieille maison familiale qu'il a incendiée avant son départ...
La collaboration de Pouy et du dessinateur belge Joe G.Pinelli est encore une réussite, les illustrations vibrantes et expressionnistes du dernier accompagnant parfaitement l'écriture nerveuse, concise mais évocatrice du premier. D'autant que ce "roman noir" emprunte constamment au monde des couleurs. Pol est hanté par le brasier écarlate de la guerre, "un mot rouge, une parole de sang et de douleur, un son plat comme la mort", les "teintes du sang versé".
2012
Illustré par Joe G.Pinelli
Enfant, Pol rêvait à des ailleurs exotiques en regardant les cartes géographiques accrochées au mur de sa petite école de Bretagne centrale. Il s'était alors juré qu'un jour il lancerait une fléchette sur l'une d'elles et qu'il irait là où sa pointe se ficherait. Quand il revient de la grande guerre, le corps intact mais l'esprit abîmé, la tête pleine d'horreurs hurlantes, il se souvient de cette promesse et la fléchette se plante sur les Iles Sous-le-Vent.
Fuyant un continent dévasté et une ancienne vie où tout a changé, trahi par sa femme et Vincent, son meilleur ami, Pol part chercher l'oubli dans des contrées inconnues qui ne sont encore que des noms sur une carte. Aux Marquises, sous les alizés, il semble trouver une "sorte d'armistice de l'âme" dans cette nature puissante mais apaisée, et la douceur de vivre auprès d'une femme des Iles. Mais les souvenirs et les secrets ne peuvent pas être laissés derrière soi aussi facilement que les cendres de la vieille maison familiale qu'il a incendiée avant son départ...
La collaboration de Pouy et du dessinateur belge Joe G.Pinelli est encore une réussite, les illustrations vibrantes et expressionnistes du dernier accompagnant parfaitement l'écriture nerveuse, concise mais évocatrice du premier. D'autant que ce "roman noir" emprunte constamment au monde des couleurs. Pol est hanté par le brasier écarlate de la guerre, "un mot rouge, une parole de sang et de douleur, un son plat comme la mort", les "teintes du sang versé".
Pas étonnant alors qu'en filigrane de l'histoire de Pol et Vincent, se dessine petit à petit celle de l'amitié entre deux peintres célèbres, qui, tout comme celle de ces deux représentants en pâté breton, s'est terminée, selon la légende, dans la rancune, la folie et le sang. On lit alors d'un autre oeil la fuite de cette âme tourmentée vers les Iles Sous-le-Vent, qui n'est évidemment pas sans en rappeler une autre...Après la longue traversée où tout était couleur de plomb et d'orage, Pol avait découvert des couleurs où le rouge, l'incarnat, le grenat, le garance n'étaient plus dominants, il n'y avait que les petits remorqueurs, ceux qui tractaient les navires dans le chenal qui étaient encore peints de la couleur du sang. Tout le reste était un mélange de bleu et de vert, un camaïeu d'émeraude, d'outremer, de ciel minéral et de pétrole. Et pour la première fois, le bleu horizon, de Prusse ou de la ligne des Vosges, ne lui rappelait plus les uniformes: c'était un bleu paisible, marin, un azur lourd et habité, celui des profondeurs où de grands mammifères s'ébattent, un bleu d'orque et de baleine.
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“With freedom, books, flowers, and the moon, who could not be happy?” Oscar Wilde
Merlette- Messages : 2334
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Re: Jean-Bernard Pouy
Je note, je note...mais pour quand ? Enthousiasme et regrets mêlés.
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'La littérature est une maladie textuellement transmissible, que l'on contracte en général pendant l'enfance'. Jane Yolen.
domreader- Messages : 3621
Date d'inscription : 02/12/2016
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Re: Jean-Bernard Pouy
Merci pour ce fil
Auteur découvert grâce à cette sublime présentation
j'ai bien aimé les deux livres, mais Sous le vent reste mon grand coup de coeur... aussi après la lecture de ce livre:
S63
Puisque je connaissais Jean-Bernard Pouy et que la présentation de l’éditeur m’intriguait, j’ai choisi de lire cette combinaison entre un S63 et un tableau, déniché dans une brocante.
Et le résultat est jouissant ! C’est trop bon…
D’une inventivité au plus haut point, j’ai adoré vraiment beaucoup cette lecture.
L’auteur s’amuse autant qu’il sait divertir son lecteur.
Sublime!
Extrait
Déjà, depuis le temps honni de ma jeunesse, j’avais toujours craint les musées que je visitais étreint par une terreur intense. Les parents devraient réfléchir deux fois et tourner sept fois leur dentier dans leur bouche avant d’emmener la chair de leur chair, le squelette de leur squelette, dans ces horribles morgues surpeuplées de fantômes. Picasso, c’est terrifiant, tous ces gens qui s’enfuient en morceaux qui ne se recollent jamais. James Ensor, c’est déprimant, toutes ces horribles couleurs criardes et éthérées. Van Gogh ou Jérôme Bosch, c’est un cauchemar, sans parler de la Vénus de Milo, en qui les enfants voient une grande mutilée, et sans parler de toutes ces autres femmes difformes aux fesses hottentotes ou callipyges. Et Saturne, le vieillard lubrique de Goya, qui déguste monstrueusement ses enfants, ces mêmes enfants que les parents traînent dans les musées en dévorant leur mental de la même manière.
Auteur découvert grâce à cette sublime présentation
j'ai bien aimé les deux livres, mais Sous le vent reste mon grand coup de coeur... aussi après la lecture de ce livre:
S63
Toujours intriguée par des livres un peu à part, j'ai été charmé par cette collection de la maison d’édition Invenit.Présentation de l’éditeur
« J’ai recouvert le tableau avec une toile épaisse et je l’ai planqué dans un tas de ringardises à base de fleurs. Ce n’était pas le moment que quelqu’un d’autre voie ça… »
Au hasard d’une brocante bretonne, le narrateur déniche, pour la somme de vingt euros, un tableau sans intérêt, un de ces « excréments de l’art » qu’il affectionne. De retour à Paris, il est convaincu par son voisin que l’objet acheté pourrait être d’une certaine valeur et finit par gratter lui-même la couche de peinture qui permettrait d’aboutir à la réponse définitive. Et là, déconcertante surprise !
Voilà notre narrateur entraîné dans une enquête à rebondissements, où les œuvres d’un peintre névrosé du XVIIIe siècle cachent un étrange mystère. Quand le futur s’invite dans le passé… Par l’un des maîtres du roman noir, une histoire savoureuse qui interroge le rapport entre l’art, la mort, un téléphone S63, un autobus et un hélicoptère.
Raconter l’homme, c’est l’objectif de la collection Récits d’objets.
Le principe : inviter un écrivain à faire d’un objet du musée le cœur d’une fiction.
site du musée
Puisque je connaissais Jean-Bernard Pouy et que la présentation de l’éditeur m’intriguait, j’ai choisi de lire cette combinaison entre un S63 et un tableau, déniché dans une brocante.
Et le résultat est jouissant ! C’est trop bon…
D’une inventivité au plus haut point, j’ai adoré vraiment beaucoup cette lecture.
L’auteur s’amuse autant qu’il sait divertir son lecteur.
Sublime!
Extrait
Déjà, depuis le temps honni de ma jeunesse, j’avais toujours craint les musées que je visitais étreint par une terreur intense. Les parents devraient réfléchir deux fois et tourner sept fois leur dentier dans leur bouche avant d’emmener la chair de leur chair, le squelette de leur squelette, dans ces horribles morgues surpeuplées de fantômes. Picasso, c’est terrifiant, tous ces gens qui s’enfuient en morceaux qui ne se recollent jamais. James Ensor, c’est déprimant, toutes ces horribles couleurs criardes et éthérées. Van Gogh ou Jérôme Bosch, c’est un cauchemar, sans parler de la Vénus de Milo, en qui les enfants voient une grande mutilée, et sans parler de toutes ces autres femmes difformes aux fesses hottentotes ou callipyges. Et Saturne, le vieillard lubrique de Goya, qui déguste monstrueusement ses enfants, ces mêmes enfants que les parents traînent dans les musées en dévorant leur mental de la même manière.
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