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Antonio Munoz Molina

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Message par domreader Dim 4 Déc - 18:33

Antonio Munoz Molina  Munoz11

Wikipedia a écrit:
Après des études d'histoire de l'art à l'université de Grenade et de journalisme à l'université de Madrid, Antonio Muñoz Molina travaille comme fonctionnaire à Grenade et écrit des articles dans le quotidien Ideal qui seront réunis et publiés sous le titre El Robinson urbano en 1984.

Il publie en 1986 son premier récit, Beatus Ille, entamant une carrière brillante d'écrivain couronné par de nombreuses récompenses littéraires. Son deuxième roman, Un hiver à Lisbonne, reçoit le Prix de la Critique et le Prix national de Narration, et est un hommage aux romans noirs américains, à ses héros et au jazz. Ce roman policier aux personnages forts et typés conte l'histoire de Santiago Biralbo, un pianiste de jazz, emporté dans une histoire dangereuse de tableau d'une valeur inestimable volé par la femme de sa vie et qu'on cherche à récupérer par tous les moyens. La fin du roman suggère que Biralbo surmontera sa solitude finale "dans la certitude obscure qu'il n'y a ni souffrance ni bonheur mais un destin inscrit dans la douceur sauvage et âpre de la musique, et qu'il importe peu, dès lors, d'être mort ou vivant." (Éditions du Seuil, octobre 2001, quatrième de couverture).

Le Royaume des voix reçoit le Prix Planeta et Pleine Lune le Prix Femina étranger en 1998.

Dans un court roman, En l'absence de Blanca, hommage à Flaubert et fine analyse des ressorts profonds de l'amour passion, Antonio Muñoz Molina montre l'amour fou fait de renoncement de soi et de dépendance d'un homme simple, Mario, fonctionnaire dans une petite ville d'Andalousie, pour Blanca, sa femme, sorte de madame Bovary entichée d'art contemporain. Après une fugue fugitive et ratée de Blanca, Mario reconnaîtra-t-il la femme qu'il aimait ? et même la voix de Blanca ? "... plus chaude que jamais, dépourvue de cette pointe subtile d'éloignement et de froideur dont il s'était toujours refusé à accepter l'existence, tout comme il s'était refusé à voir, à entendre et à comprendre tant de choses, tant de mensonge infime, tant d'infidélité passée sous silence." Son amour n'a-t-il pas disparu avec sa souffrance ?

Dans la grande nuit des Temps reçoit le Prix Méditerranée Étranger 2012.


Bibliographie

[*]1986 : Beatus Ille, Actes Sud, 1989 ; Seuil, 2000
[*]1990 : L'Hiver à Lisbonne (El invierno en Lisboa), Actes Sud, 1990 ; Seuil (avec une nouvelle traduction, 2001) — Prix national de Narration en 1988
[*]1991 : Beltenebros, Actes Sud, 1991 ; Babel, 1995 ; Seuil, 2004
[*]1994 : Les Mystères de Madrid
[*]1994 : Le Royaume des voix
[*]1995 : Le Sceau du secret, Seuil, 1995
[*]1998 : Pleine Lune (Pleinilunio), Seuil, 1998
[*]1999 : Une ardeur guerrière, mémoires militaires, Seuil, 1999
[*]2000 : Cordoue des Omeyyades, Hachette Littérature, 2000
[*]2000 : Rien d'extraordinaire, Seuil, 2000
[*]2001 : Carlotta Fainberg, Seuil, 2001
[*]2003 : Séfarade, Seuil, 2003
[*]2004 : En l'absence de Blanca, Seuil, 2004
[*]2005 : Fenêtres de Manhattan, Seuil, 2005
[*]2008 : Le Vent de la lune, Seuil, 2008
[*]2009 : Dans la grande nuit des Temps (Las noche de los tiempos), Seuil, 2012
[*]2013 : Tout ce que l'on croyait solide, Seuil, 2013
[*]2016 : Comme l'ombre qui s'en va, Seuil, 2016
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Message par domreader Dim 4 Déc - 18:36

Pleine Lune

Antonio Munoz Molina  Lune11

Voici un livre prenant, sombre comme une nuit d’automne, on pourrait presque parler d’un roman noir. C’est d’ailleurs par une nuit d’automne qu’une fillette est retrouvée morte, violentée et étouffée dans un parc aux confins de la ville. Ce crime sordide est confié à un inspecteur de police au passé difficile, muté dans cette petite ville après avoir été menacé sans relâche par l’ETA lorsqu’il travaillait à Bilbao dans le nord de l’Espagne. C’est un homme fragilisé, dont la vie personnelle a été bouleversée par cet épisode et qui va se focaliser sur cette enquête dans cette petite ville où il a passé une partie de sa jeunesse.

Attention ceci n’est pas un roman policier, certes il y a une enquête, mais c’est un fil rouge, une toile de fond dont les méandres font remonter à la surface le passé des protagonistes. Chaque chapitre est introspectif et laisse parler la petite voix intérieure de chacun des personnages : celle de l’inspecteur alcoolique et dépressif dont on découvre peu à peu le passé, celle du père Orduna, ancien prêtre ouvrier qui a connu l’inspecteur dans un orphelinat quand il était enfant, celle de Suzana l’institutrice de la petite fille qui culpabilise et devient un élément réparateur et enfin bien sûr celle de l’assassin, un malade mental pervers que sa misère sexuelle pousse vers de jeunes êtres.

Ce roman est un voyage sombre au fond des âmes, celles d’êtres blessés ou malades que le destin bouscule avec acharnement. C’est un  très bon roman, à l’écriture précise, fluide et souvent poétique dont la construction originale permet d’appréhender les personnages en profondeur sous des angles multiples. Leurs voix se succèdent et s’entremêlent pour composer une atmosphère lourde qui nous enveloppe et nous captive. Une bonne découverte et un auteur que je vais suivre.
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Message par kenavo Dim 4 Déc - 18:56

oh quelle joie de découvrir le fil dès nos débuts...
j'adore cet auteur et j'ai lu bon nombre de ses livres... j'espère qu'il va trouver d'autres amateurs parmi les bookies

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Message par kenavo Mar 27 Déc - 7:46

Antonio Munoz Molina  Aaaa43
Fenêtres de Manhattan
Présentation de l'éditeur
Sac au dos et crayon à la main, Antonio Munoz Molina parcourt les rues de Manhattan. La ville, à la fois magique et meurtrie par les attentats du 11 Septembre, inspire révélations et réflexions. Ce tableau de New York, qui croise la peinture d'Edward Hopper et la musique de John Coltrane, nous invite à redécouvrir une cité mythique, ses lumières et son histoire.
Antonio Muñoz Molina est arrivé à New York quelques jours avant le 11/9 – il devait rester quelques semaines, même mois, et il parle donc au début du livre de ces attentats et les réactions parmi les gens de New York. Mais en parcourant Manhattan en marchant, il ‘oublie’ les terribles événements et nous raconte la ville, ces gens, ces bâtiments, ces parcs, ces artistes, ses rencontres…..

Dans 87 ‘chapitres’ (2 à 4 pages) il nous prend avec lui sur ses ‘tournés’ de New York – et on peut voir ce qu’est devenu son petit cahier bleu qu’il trimballe avec lui dans son sac à dos pour l’avoir prêt à écrire quand l’inspiration lui vient.

Un livre qu’on peut lire d’une traite, ou on revient quand on a envie de prendre une ‘pause’ avec lui..
Sur New York il y a sûrement autant de livres, idées, aspects que de gens qui y habitent. Antonio Muñoz Molina nous donne sa part de ses expériences.

Mais plus que cette ville, c’est l’auteur et son écriture qui nous devient familier et on ne peut que se féliciter de lire un des meilleurs écrivains contemporains espagnol qu’on a envie de vite retrouver dans un de ses autres livres.


Je pousse la porte et on entend une clochette, et à l’intérieur règne un silence ouaté, un peu poussiéreux, légèrement rance. La librairie est plutôt anachronique, artisanale, comparée aux établissements colossaux qui dominent ici le commerce des livres, mais c’est que la littérature, le métier, le plaisir de la lire est aussi, au fond, quelque chose d’un peu rance et d’assez artisanal, une activité lente et solitaire qui n’intéresse que peu de personnes et dans laquelle il doit toujours y avoir un rien de dévouement gratuit et risqué, une dévotion intime.
[..]
Cette librairie que je viens de découvrir me rend instantanément heureux, m’accueille comme une maison connue et aimée, et à peine entré, vagabondant entre les rayonnages, ce qui est une autre forme du nomadisme que j’ai l’habitude de pratiquer dans la ville, je trouve déjà des livres que j’aimerais lire, dont j’ai entendu parler ou que j’ignorais, et que je prends en main et feuillette avec le même bonheur respectueux que lorsque, dans mon enfance, j’entrais dans la papeterie de ma ville natale qui sentait si délicatement la gomme, le bois de crayons, l’encre et le papier imprimé.


Je me rappelle la perfection statique du tableau de Seurat et la comédie musicale que lui a consacrée Stephen Sondheim, Sunday in the Parik with Georges : merveille d’un instant suprême qui semble s’être arrêté et culminer dans l’extase d’un hasard et le désir irréalisable de le saisir, de ne pas le laisser se perdre dans le flux du temps, la nécessité de le fixer sur une toile ou une photo précisément à devenir flou dans notre mémoire dès que nous en détournerons les yeux.



Avec ce livre on pourrait en fait faire 87 nouveaux.. peut être pas des livres.. mais textes.. tant il y a d'idées dedans
voici mon exemplaire après la première lecture... et c'est devenu un livre que je reprends depuis cette première rencontre pour relire certains passages... des pages entières
Antonio Munoz Molina  Molina10


Dans cet angle, à quelques pas de la circulation et du luxe de la Cinquième Avenue, face à la masse opulente de l’hôtel Plaza avec ses tourelles, ses mansardes et ses toits d’ardoise, se trouve une œuvre de Juan Muñoz qui s’intitule Conversation
Antonio Munoz Molina  Photo_10

cinq personnages plus petits que des hommes avec des têtes très semblables entre elles, aux traits vagues, au crâne dénudé, qui font beaucoup penser à des moines ou à des bouddhistes à cause de l’espèce de tunique dont ils sont vêtus et qui s’ouvre vers le bas en un envol de jupons, ces personnages se terminent non pas par des jambes ou des pieds, mais par des formes sphériques, très larges, comme la base pesante de culbutos. Les détails du bronze sur les traits des visages, sur les vêtements, sur les mains, sont aussi délicats et fragiles que de la cire modelée. Deux personnages se penchent l’un vers l’autres, comme s’ils se parlaient à voix basse, et l’un d’eux a le cou entouré d’un câble d’acier sur lequel un autre personnage plus ramassé semble tirer, comme s’il tirait sur des rênes. Les mains font figées dans des attitudes statiques d’étonnement, comme celles des moines chartreux qui sur les tableaux de Zurbarán contemplent un miracle, une apparition divine. Un des personnages, plus à l’écart, presque entièrement vertical, paraît observer les autres à une certaine distance, refusant sa confiance à ceux parmi lesquels il n’est pas admis, on peut-être isolé dans la dignité d’une possible primauté. Le sol est couvert de feuilles jaunes tombées après la pluie de la veille au soir et les gens passent à côté des personnages sans s’arrêter, sans leur prêter attention, ou mettant en pratique leur capacité de ne pas regarder ce qu’ils ne veulent pas voir, gens affairés qui vont à leurs occupations, ou faire des courses dans la partie la plus riche de la Cinquième Avenue, bien protégés du froid par des bonnets de laine ou de fourrure, des pardessus épais, des couvre oreilles, par leur expression de dure résistance solitaire à l’hiver. Si près de toute cette agitation, en suspens dans un no man’s land entre la circulation et la tranquillité du parc, les personnages de Juan Muñoz s’entremêlent non seulement par leur disposition et les gestes immobiles que le sculpteur a décidé pour eux, mais ils changent aussi quand on s’approche ou s’éloigne, quand on tourne autour d’eux pour découvrir de nouvelles perspectives, et il y a en eux quelque chose d’une danse paralysée ou d’un conciliabule d’êtres apparentés à l’espace humaine mais très différents, faits d’une autre matière, à une échelle qui n’est pas assez réduite pour les rendre irréels comme des pantins, mais qui pourtant rend impossible toute identification, toute familiarité. S’ils étaient à peine un peu plus grands, ils seraient comme nous ; plus petits, ils auraient la nature inoffensive des figurines que l’on peut ranger dans une vitrine. Mais leur condition est si évasive que, pour autant qu’on les regarde, ces présences de bronze concertées nous échappent, s’enfuient vers leur danse de culbutos, ou de moines, de derviches tourneurs ou d’âmes du purgatoire, dans laquelle chacune établit un lien secret et changeant avec les autres, avec la lumière du jour, avec les feuilles qu’emporte le vent, avec le bruit de la ville autour d’elles. Au milieu de tout cela, tangibles et pourtant lointains, glacés sous la main, les personnages de Juan Muñoz restent enfermés dans la cloche de verre invisible de leurs conversations et de leurs mystérieuses grimaces. Mais le plus étrange est de penser que cet homme qui les a imaginées et leur a donné forme est mort, sa jeune vie se révélant aussi fragile que les gestes apeurés de ces êtres à la fois masculins et féminins, vivants et morts, inertes et, à mesure que l’on tourne autour d’eux, mobiles, comme une ronde de fantômes.


Dernière édition par Kenavo le Mar 27 Déc - 9:19, édité 1 fois

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Message par Queenie Mar 27 Déc - 8:30

domreader a écrit:Pleine Lune

Antonio Munoz Molina  Lune11

Voici un livre prenant, sombre comme une nuit d’automne, on pourrait presque parler d’un roman noir.

Kenavo a écrit:oh quelle joie de découvrir le fil dès nos débuts...
j'adore cet auteur et j'ai lu bon nombre de ses livres... j'espère qu'il va trouver d'autres amateurs parmi les bookies

Eh bien, je l'ai noté pour une lecture d'automne ! (ce n'est pas dans si longtemps... !)

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Message par Aeriale Mar 27 Déc - 8:43

Fenêtres sur Manhattan me dit bien. Ces short cuts sont tentants...

Je ne l'ai jamais lu. Je vais peut-être essayer avec celui-ci! Merci Kena
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Message par kenavo Mar 27 Déc - 9:12

Queenie a écrit:Eh bien, je l'ai noté pour une lecture d'automne ! (ce n'est pas dans si longtemps... !)
Razz

Aeriale a écrit:Fenêtres sur Manhattan me dit bien. Ces short cuts sont tentants...

Je ne l'ai jamais lu. Je vais peut-être essayer avec celui-ci! Merci Kena
oui, je pense aussi que ce livre devrait te plaire...
tout à fait, short cuts est le bon mot... et en plus tu connais bien New York, tu vas avoir plein d'images en tête pendant ta lecture Very Happy

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Message par Aeriale Mar 27 Déc - 9:17

Tu as tout compris, hé hé...Envie de retrouver ces impressions!

cheers
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Message par Arabella Lun 9 Nov - 21:58

Un promeneur solitaire dans la foule

Ce promeneur est sans doute l'auteur lui-même, qui se balade, explore, les paysages urbains, à Madrid, Paris, New-York... Mais il semble régulièrement croiser le chemin, suivre, entrapercevoir, une silhouette qui se dérobe, qui disparaît lorsqu'il pense l'avoir retrouvée, d'un homme qui comme lui parcourt la ville, récupère des prospectus, catalogues, affiches etc ; essaie de classifier, de garder trace de la vie telle qu'elle est, telle qu'elle se transforme, telle qu'elle va disparaître sans doute en un cycle de plus en plus rapide de transformations. Une sorte de double, de négatif, de l'écrivain lui-même peut-être.

Mais il y a aussi tous les promeneurs illustres qui les ont précédés. de grands artistes, comme De Quincey, Wilde, Baudelaire, Joyce, Benjamin, Poe...Poe qui écrivit une nouvelle intitulée L'homme des foules, dans laquelle le narrateur, observant les passants se trouve attiré par un homme qu'il va suivre, et avec qui il n'arrivera pas à établir le contact, un peu comme Antonio Muñoz Molina n'arrive pas vraiment à communiquer avec l'homme qui apparaît régulièrement, et dans divers lieux, qu'il parcourt. Les artistes évoqués par l'auteur sont des génies acculés, méconnus par leurs contemporains, démolis par des drogues, par la misères, par le rejet de leurs oeuvres ou de leurs personnes. Et qui eux aussi arpentent les rues, tentent de saisir avec leurs yeux aiguisés l'esprit de leur temps, les ambiances, les décors, les passants. Comme Benjamin qui aura rassemblé un gigantesque matériel en vue d'un ouvrage monumental, le livre des passages, qui ne sera jamais véritablement écrit, qui va se résumer à de la documentation, des morceaux, des projets... Une sorte de splendide ruine de ce qui aurait pu être un magnifique monument. Mais le destin tragique de Benjamin, qui l'a transformé en exilé misérable, tentant de survivre tant bien que mal grâce à quelques travaux alimentaires, ne lui permettra pas de donner corps à son projet jusqu'à la fin prématurée de sa vie.

Ce sont ces passages, dans lesquels Antonio Muñoz Molina évoquent ses illustres prédécesseurs, qui m'ont le plus passionné. Il réussit à créer des personnages, à communiquer sa passion pour leurs oeuvres, à nous donner la sensation de partager leurs destinées, même si pour ce faire il procède parfois à des schématisations des vies véritables de certains d'entre eux. Mais peu importe, il fait flamboyer le destin des divins miséreux créant des merveilles dont d'autres tireront des profits après leurs morts. Certains de ces passages m'ont rappelé les volumes du Manifeste incertain de Frédéric Pajak, en particulier ceux qui évoquent Walter Benjamin. D'autant plus qu'Antonio Muñoz Molinain insère dans son livre, des images, photos ou reproductions de tableaux, moins nombreux certes que les dessins dont Pajak illustre ses livres. Il y aussi de très beaux paragraphes consacrés à l'auteur lui-même, à la femme qu'il aime, à son déménagement etc. J'ai en revanche trouvé un peu trop long parfois et par moments répétitifs, les passages décrivant le monde contemporains, les publicités, décors, atteintes à la planète etc. Globalement, je pense que ce beau livre aurait encore gagné à être un petit peu plus ramassé.

Mais peu importe. J'ai aimé déambuler avec Antonio Muñoz Molina dans les villes qu'il traverse, l'entendre me parler de tous ces artistes, et évoquer ce qu'il aime et ce qui le dérange, de manière libre, sans hâte, à son rythme. Un voyage à recommencer dans d'autres livres de l'auteur.

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Message par kenavo Mar 10 Nov - 5:59

oh cela donne très envie, merci
Arabella a écrit:Un voyage à recommencer dans d'autres livres de l'auteur.
Fenêtres de Manhattan drunken

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Message par kenavo Sam 16 Sep - 6:16

Antonio Munoz Molina  A_web291

À Úbeda, les fantômes d’Antonio Muñoz Molina

Dans le sud de l’Espagne, au cœur de la province de Jaén, la ville d’Úbeda est le décor sans cesse répété de l’œuvre d’Antonio Muñoz Molina. Adulé dans son pays depuis la parution de Beatus IIIe, l'écrivain né dans l'Espagne de Franco, est l'un des premiers à réhabiliter la mémoire des républicains, seulement onze ans après la mort du dictateur.


Disponible jusqu’au 21/11/2024 : ici

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Message par Arabella Mer 27 Sep - 23:03

Dans la grande nuit des temps

Le roman débute en 1936 à New York. Mais c'est l'Espagne qui est au centre du récit. L'Espagne, que le personnage principal du roman, Ignacio Abel, architecte de son métier a fuit. Il a certes fuit la guerre, les atrocités qu'elle engendre, une machine folle qui s'est emballée et qui dévore tout le monde et n'importe qui. Et surtout les raisonnables, ou les tièdes selon l'angle de vue que l'on adopte, ceux qui comme Abel ont ardemment voulu la République, mais qui en même temps, sont installés de manière confortable, et qui souhaitent des réformes progressives, pensées et préparées, en évitant les excès.

Mais Abel est aussi parti aux USA à cause d'un grand amour, Judith, une jeune Américaine, avec qui il a vécu une passion torride durant quelques mois, qui lui a donné la sensation d'être enfin en train de vivre véritablement. Mais Abel est marié, et sa liaison avec Judith devait être dissimulée, se passer pendant des instants volés, toujours trop brefs. Puis, évidemment, elle laissait des traces, au point que sa femme, Adela, a tenté de se suicider. Judith a décidé de rompre, de partir, et Abel ne peut s'empêcher de nourrir un espoir, ou plutôt une attente, de pouvoir la retrouver, malgré tout.

C'est une grande fresque romanesque, qui aborde énormément de thématiques, de questionnements. La passion, avec ses joies et souffrances, les choix que l'on fait dans une existence, et qui s'avèrent juste ou non lorsqu'il n'est plus temps de revenir en arrière. Les stratifications sociales, une organisation dans laquelle il y les forts et les faibles, les gagnants et perdants, ceux qui ont trop et ceux qui ont trop peu, ce qui à un moment où un autre provoque les haines et la violence. Ignacio Abel  est entre les deux, issu d'un milieu défavorisé, il s'est fait tout seul en partie, mais son métier et sa réussite, ainsi que son mariage, l'ont fait basculé dans une autre classe sociale. Il y a aussi la terrible mécanique de la violence engendrée par les rapides changements politiques, tout le potentiel de destruction que portent en eux les êtres humains lorsqu'ils détiennent la force, et que les règles habituelles sont abolies, que tout semble possible.

Le roman suit tour à tour plusieurs personnages du roman, nous laissant la possibilité d'appréhender différents points de vue, différentes visions. Cela donne un texte très long, qui prend le temps de poser, de décrire, de faire ressentir. Par moments le rythme s'emballe, mais il y a une forme de lenteur dans une bonne partie du livre, la volonté de cerner par des petites touches, d'exprimer différentes sensibilités. Il y a de allers retours dans le temps, Ignacio Abel  se souvient pendant son voyage aux USA, qui doit le mener dans une université américaine où il doit prendre un poste d'enseignant et construire une bibliothèque, les événements qui l'ont mené là il en est. Parfois en désordre, le lecteur doit progressivement reconstituer son itinéraire.

Il faut rentrer dans ce roman, accepter de suivre ses méandres, prendre le rythme. Mais si le lecteur y arrive, c'est un voyage marquant, d'une grande densité, à la fois sensible et touchant, mais aussi source de réflexions, donnant une vision complexe et non univoque des événements et des êtres.

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Message par Aeriale Jeu 28 Sep - 8:43

Il faudrait que je lise cet auteur. Vous êtes toutes unanimes.

Peut-être ce dernier est plus complexe? Je verrai de plus près..
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