Henry James
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Arabella
kenavo
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Books en Stock :: Hey Billie Y'a quoi dans ta bibliothèque ? :: Littérature nord-américaine :: Auteurs nés avant 1941
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Re: Henry James
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The Figure in the Carpet / Le Motif dans le tapis
Elle dit dans une postface :
Même plus besoin d’ajouter quoi que ce soit, elle en parle si bien de ce texte.
J’adore quand des artistes prennent les mots d’auteurs pour en faire des petits chefs-d’œuvre.
La « transformation » de Louise Mézel de ce tapis est en tout cas très réussi et c’était un plaisir de retrouver la plume de James.
The Figure in the Carpet / Le Motif dans le tapis
Dans l’album Ici très loin d’ailleurs, Louise Mézel a mis sublimement en image le thème de cette nouvelle.Présentation de l’éditeur
Un soir, l’écrivain Hugh Vereker fait une révélation à un critique littéraire. Son œuvre tout entière serait traversée et guidée par une "chose particulière" qui, bien qu’elle y soit "contenue aussi concrètement qu’un oiseau dans une cage", n’aurait jamais été aperçue. C’est pourtant elle, explique-t-il, qui "commande chaque ligne", "choisit chaque mot", "met le point sur chaque i", "place chaque virgule"! Le jeune critique ne cessera dès lors de chercher, désespérément, cet énigmatique oiseau, ce motif caché…
Elle dit dans une postface :
Pour rendre compte de la « chose particulière » qui sous-tend l’œuvre de Vereker, Henry James utilise une image : celle du motif dans un tapis persan, motif qui apparaît que sous certains angles, et qui une fois découvert semble une évidence. La métaphore reste trop énigmatique pour que son sens soit clairement saisi, Elle le fait miroiter, attise la curiosité, mais laisse au lecteur le choix de l’interprétation.
Henry James brosse dans cette nouvelle la satire des milieux littéraires de la fin du XIXe siècle tout en invitant le lecteur à une réflexion sur la signification de l’œuvre d’art, signification d’autant plus excitante et désirable qu’elle est nimbée de mystère.
Même plus besoin d’ajouter quoi que ce soit, elle en parle si bien de ce texte.
J’adore quand des artistes prennent les mots d’auteurs pour en faire des petits chefs-d’œuvre.
La « transformation » de Louise Mézel de ce tapis est en tout cas très réussi et c’était un plaisir de retrouver la plume de James.
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Re: Henry James
Le tour d'écrou
Publié en 1898, d'abord en feuilleton, le tour d'écrou est une des oeuvres les plus populaires de James, le roman a d'ailleurs été adapté en opéra par Benjamin Britten.
Un homme promet à la compagnie un récit de fantômes effroyable, dans lequel deux enfants sont impliqués. Il se fait envoyer le texte, qui est le récit authentique de la principale protagoniste de l'histoire, dont le nom n'est jamais indiqué. Agée de 20 ans et sans aucune expérience, elle se voit proposer un emploi de gouvernante particulièrement avantageux. Mais l'emploi est dans une maison à la campagne, à l'écart, et l'oncle des enfants, qui n'ont plus de parents, ne veut pas être dérangé, il faudra que la gouvernante se débrouille pour gérer la situation, quelle qu'elle soit, sans faire appel à l'oncle. La jeune femme, sous le charme de l'homme, décide d'accepter, tout en se posant des questions. Elle arrive dans la maison, et au prime abord, les choses ont l'air de bien se passer. Elle est accueillie par Mrs Grose, l'intendante, avec laquelle elle sympathise, et Flora, la petite fille, lui semble particulièrement charmante. Mais les problèmes ne vont pas tarder à surgir : Miles, le petit garçon qui rentre pour les vacances, ne pourra plus retourner en pension, il a été renvoyé pour des raisons inconnues. Et la gouvernante voit un homme inconnu dans le domaine. A la deuxième apparition, elle en parle à Mrs Grose, qui d'après la description reconnaît Peter Quint, un ancien domestique. Mais il y a un problème : Peter Quint est mort. La gouvernante arrive rapidement à la conclusion que Peter Quint et Miss Jessel, qui l'a précédé dans les fonctions de gouvernante et qui aussi est morte, reviennent sous forme de fantômes, et veulent s'emparer des enfants, qu'ils ont perverti de leur vivant. Elle se donne pour mission de les sauver, de lutter contre les revenants. Les enfants, décrits d'abord comme angéliques, semblent de plus plus prêts à tout pour entretenir les liens avec les disparus, déjà en niant qu'ils existent.
Ce livre est un des rares ouvrages qui corresponde à la définition du fantastique telle que l'a donnée
Tzvetan Todorov dans l'Introduction à la littérature fantastique : il s'agit d'un choix impossible entre deux interprétations du texte, une rationnelle et une faisant appel au surnaturel. Il est pour ainsi dire impossible de trouver des éléments objectives dans le texte pour décider quelle est l'interprétation que l'auteur a voulu que le lecteur donne au texte. S'agit-il de véritables fantômes ? Ou d'une femme perturbée (on a beaucoup évoqué la frustration sexuelle) qui a des hallucinations ?
La construction de James, le choix de tous les mots entretient plus qu'habilement jusqu'au bout l'indécision. le lecteur choisit, en fonction de ses affinités, préférences, pré-supposé. En réalité, il doit remplir énormément de blancs, de non-dits. On ne saura jamais pourquoi Miles a été renvoyé de l'école. On ne saura pas quels étaient les véritables liens entre les enfants et les deux adultes. Ni même en quoi ils étaient si corrompus. Ni comment Miss Jessel est morte. Chaque lecteur est amené à projeter, à imaginer, ce qui peut au final être encore plus terrifiant, parce qu'on peut imaginer ce que l'on pense être le pire.
A chaque lecteur donc sa lecture. La mienne m'a fait interrogé sur la narratrice. Agée à peine de vingt ans, totalement inexpérimentée, exaltée et idéalisant dans un premier totalement les enfants, qui sont dépeints comme de véritables petits anges, sans aucun défaut. Ce qui n'est pas exceptionnel chez des adolescentes ou jeunes femmes. Mais voilà, aucun enfant n'est un ange au quotidien, il va faire de bêtise, peut devenir violent, insolent. Et les idéaliser peut amener à des déconvenues parfois cruelles. Dont celle de ne pas être en capacité de se faire respecter et aimer d'eux. J'ai eu la sensation que c'est ce qui arrivait à la narratrice. le petit Miles dans une scène importante, lui demande de retourner en pension, met clairement en cause les compétences de la jeune femme, menace de faire appel à son tuteur. Aux enfants angéliques commencent à s'opposer à partir d'un moment les enfants diaboliques. Définitivement pervertis par les deux morts. Alors qu'objectivement, leurs méfaits sont quand même très limités. C'est comme il n'y avait pas d'entre deux, sont anges, soit démons. Des enfants purs et innocents, soit des monstres corrompus. Mais c'est peut-être juste l'incapacité de la jeune femme à gérer la situation qui est en cause, qui plutôt que de se remettre en cause, et de voir les choses telles qu'elles est préfère incriminer des apparitions démoniaques. Mais on peut aussi y lire la métaphore du mal qui gît dans tout être humain, y compris un enfant "innocent".
En tous les cas, un texte brillantissime et très riche.
Publié en 1898, d'abord en feuilleton, le tour d'écrou est une des oeuvres les plus populaires de James, le roman a d'ailleurs été adapté en opéra par Benjamin Britten.
Un homme promet à la compagnie un récit de fantômes effroyable, dans lequel deux enfants sont impliqués. Il se fait envoyer le texte, qui est le récit authentique de la principale protagoniste de l'histoire, dont le nom n'est jamais indiqué. Agée de 20 ans et sans aucune expérience, elle se voit proposer un emploi de gouvernante particulièrement avantageux. Mais l'emploi est dans une maison à la campagne, à l'écart, et l'oncle des enfants, qui n'ont plus de parents, ne veut pas être dérangé, il faudra que la gouvernante se débrouille pour gérer la situation, quelle qu'elle soit, sans faire appel à l'oncle. La jeune femme, sous le charme de l'homme, décide d'accepter, tout en se posant des questions. Elle arrive dans la maison, et au prime abord, les choses ont l'air de bien se passer. Elle est accueillie par Mrs Grose, l'intendante, avec laquelle elle sympathise, et Flora, la petite fille, lui semble particulièrement charmante. Mais les problèmes ne vont pas tarder à surgir : Miles, le petit garçon qui rentre pour les vacances, ne pourra plus retourner en pension, il a été renvoyé pour des raisons inconnues. Et la gouvernante voit un homme inconnu dans le domaine. A la deuxième apparition, elle en parle à Mrs Grose, qui d'après la description reconnaît Peter Quint, un ancien domestique. Mais il y a un problème : Peter Quint est mort. La gouvernante arrive rapidement à la conclusion que Peter Quint et Miss Jessel, qui l'a précédé dans les fonctions de gouvernante et qui aussi est morte, reviennent sous forme de fantômes, et veulent s'emparer des enfants, qu'ils ont perverti de leur vivant. Elle se donne pour mission de les sauver, de lutter contre les revenants. Les enfants, décrits d'abord comme angéliques, semblent de plus plus prêts à tout pour entretenir les liens avec les disparus, déjà en niant qu'ils existent.
Ce livre est un des rares ouvrages qui corresponde à la définition du fantastique telle que l'a donnée
Tzvetan Todorov dans l'Introduction à la littérature fantastique : il s'agit d'un choix impossible entre deux interprétations du texte, une rationnelle et une faisant appel au surnaturel. Il est pour ainsi dire impossible de trouver des éléments objectives dans le texte pour décider quelle est l'interprétation que l'auteur a voulu que le lecteur donne au texte. S'agit-il de véritables fantômes ? Ou d'une femme perturbée (on a beaucoup évoqué la frustration sexuelle) qui a des hallucinations ?
La construction de James, le choix de tous les mots entretient plus qu'habilement jusqu'au bout l'indécision. le lecteur choisit, en fonction de ses affinités, préférences, pré-supposé. En réalité, il doit remplir énormément de blancs, de non-dits. On ne saura jamais pourquoi Miles a été renvoyé de l'école. On ne saura pas quels étaient les véritables liens entre les enfants et les deux adultes. Ni même en quoi ils étaient si corrompus. Ni comment Miss Jessel est morte. Chaque lecteur est amené à projeter, à imaginer, ce qui peut au final être encore plus terrifiant, parce qu'on peut imaginer ce que l'on pense être le pire.
A chaque lecteur donc sa lecture. La mienne m'a fait interrogé sur la narratrice. Agée à peine de vingt ans, totalement inexpérimentée, exaltée et idéalisant dans un premier totalement les enfants, qui sont dépeints comme de véritables petits anges, sans aucun défaut. Ce qui n'est pas exceptionnel chez des adolescentes ou jeunes femmes. Mais voilà, aucun enfant n'est un ange au quotidien, il va faire de bêtise, peut devenir violent, insolent. Et les idéaliser peut amener à des déconvenues parfois cruelles. Dont celle de ne pas être en capacité de se faire respecter et aimer d'eux. J'ai eu la sensation que c'est ce qui arrivait à la narratrice. le petit Miles dans une scène importante, lui demande de retourner en pension, met clairement en cause les compétences de la jeune femme, menace de faire appel à son tuteur. Aux enfants angéliques commencent à s'opposer à partir d'un moment les enfants diaboliques. Définitivement pervertis par les deux morts. Alors qu'objectivement, leurs méfaits sont quand même très limités. C'est comme il n'y avait pas d'entre deux, sont anges, soit démons. Des enfants purs et innocents, soit des monstres corrompus. Mais c'est peut-être juste l'incapacité de la jeune femme à gérer la situation qui est en cause, qui plutôt que de se remettre en cause, et de voir les choses telles qu'elles est préfère incriminer des apparitions démoniaques. Mais on peut aussi y lire la métaphore du mal qui gît dans tout être humain, y compris un enfant "innocent".
En tous les cas, un texte brillantissime et très riche.
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Je ne lis jamais un livre dont je dois écrire la critique ; on se laisse tellement influencer. (Oscar Wilde)
Arabella- Messages : 4815
Date d'inscription : 29/11/2016
Re: Henry James
Ah oui. Assez glaçant, mais il semble passionnant.
Je pensais que l'auteur n'avait écrit que des pavés, j'ai vu qu'il faisait 216 pages en poche. C'est tentant..
Je pensais que l'auteur n'avait écrit que des pavés, j'ai vu qu'il faisait 216 pages en poche. C'est tentant..
Aeriale- Messages : 11934
Date d'inscription : 30/11/2016
Re: Henry James
Henry James a écrit énormément de nouvelles, et un certain nombre de texte, comme celui-ci un peu entre les deux. Parmi les plus célèbres il y a Daisy Miller, dont @kenavo a parlé plus haut, et qui est aussi une merveille.
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Je ne lis jamais un livre dont je dois écrire la critique ; on se laisse tellement influencer. (Oscar Wilde)
Arabella- Messages : 4815
Date d'inscription : 29/11/2016
Re: Henry James
tu me rappelles que cela fait un bout de temps que jen'ai rien lu de lui... je le remets dans mes plans de lecture
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George Gershwin
Re: Henry James
Arabella a écrit:Henry James a écrit énormément de nouvelles, et un certain nombre de texte, comme celui-ci un peu entre les deux. Parmi les plus célèbres il y a Daisy Miller, dont @kenavo a parlé plus haut, et qui est aussi une merveille.
Les nouvelles sont toujours un bonne approche. Je ne connais pas du tout Daisy Miller, c'est noté. Merci!
Aeriale- Messages : 11934
Date d'inscription : 30/11/2016
Re: Henry James
The Story of a Masterpiece / L’histoire d'un chef d'oeuvre
Voilà, comme promis, me revoilà après la lecture d’une de ses nouvelles.Présentation de l’éditeur
A l’issue de quelques semaines de divertissement passées dans la station recherchée de Newport, John Lennox, veuf fortuné de trente-cinq ans, se fiance avec la belle et convoitée Marian Everett, jeune fille dont il est tout à fait amoureux et qu’il idéalise.
Rencontrant un jour chez un ami commun un peintre d’un extraordinaire talent, Stephen Baxter, réalisant un tableau dont la figure féminine lui fait étrangement penser à sa fiancée, Everett décide d’embaucher Baxter pour lui faire exécuter le portrait de Marian.
Mais miss Everett est-elle la jeune fille qu’a imaginé son fiancé? Quelles relations exactement ont eu entre eux Baxter et Marian, lors de leurs précédentes rencontres, en Europe? Comment expliquer cet étrange pouvoir de la peinture de génie de faire remonter ceux qui la contemplent en-deçà même des apparences?
Ce n’était qu’un court moment et cela m’a certainement donné envie de plus.
J’ai retrouvé un monde si typiquement « Jamesien », c’est toujours un plaisir.
En tout cas pour moi. On sait à peu près à quoi on peut s’attendre et c’est rare qu’il déçoit son lecteur.
Bien que les codes de la société qui sont présents dans cette nouvelle ne sont plus actifs, on se régale de cette histoire.
Je crois que James ne va jamais passer de mode.
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George Gershwin
Re: Henry James
J'ai commencé Portrait de femme, un vrai pavé !
darkanny- Messages : 826
Date d'inscription : 29/11/2016
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