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Marguerite Duras

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Message par Nightingale Sam 17 Mar - 16:02

Marguerite Duras Duras10
© photo : Hélène Bamberger

Marguerite Duras (Gia-Dinh, près de Saïgon, Cochinchine française, 1914 - Paris, 1996). Pseudonyme de Marguerite Donnadieu. Romancière, dramaturge et cinéaste. Prix Goncourt 1984 pour L'Amant.

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Message par Nightingale Sam 17 Mar - 16:26

Je ne vous cite pas la bibliographie de Marguerite Duras, la liste est interminable. Voir -> ici



Marguerite Duras L_aman11


« Dans L’Amant, Marguerite Duras reprend sur le ton de la confidence les images et les thèmes qui hantent toute son œuvre. Ses lecteurs vont pouvoir ensuite descendre ce grand fleuve aux lenteurs asiatiques et suivre la romancière danstous les méandres du delta, dans la moiteur des rizières, dans les secrets ombreux où elle a développé l’incantation répétitive et obsédante de ses livres, de ses films, de son théâtre. Au sens propre, Duras est ici remontée à ses sources, à sa “ scène fondamentale ” : ce moment où, vers 1930, sur un bac traversant un bras du Mékong, un Chinois richissime s’approche d’une petite Blanche de quinze ans qu’il va aimer. Il faut lire les plus beaux morceaux de L’Amant à haute voix. On percevra mieux ainsi le rythme, la scansion, la respiration intime de la prose, qui sont les subtils secrets de l’écrivain. Dès les premières lignes du récit éclatent l’art et le savoir-faire de Duras, ses libertés, ses défis, les conquêtes de trente années pour parvenir à écrire cette langue allégée, neutre, rapide et lancinante à la fois capable de saisir toutes les nuances, d’aller à la vitesse exacte de la pensée et des images. Un extrême réalisme (on voit le fleuve, on entend les cris de Cholon derrière les persiennes dans la garçonnière du Chinois), et en même temps une sorte de rêve éveillé, de vie rêvée, un cauchemar de vie : cette prose à nulle autre pareille est d’une formidable efficacité. À la fois la modernité, la vraie, et des singularités qui sont hors du temps, des styles, de la mode. »  - François Nourissier (Le Figaro Magazine, 20 octobre 1984)


Cela faisait très longtemps que je voulais lire L'Amant. Peut-être ai-je souhaité m'éloigner le plus possible des images du film, laisser entre elles et cette lecture le plus d'espace possible.
Je ne suis pas déçu, il faut reconnaitre que l'écriture est incroyable. Comme l'écrivait F. Nourissier ci-dessus (c'est la 4ème de couverture), "il faut lire les plus beaux morceaux de L’Amant à haute voix. On percevra mieux ainsi le rythme, la scansion, la respiration intime de la prose..." Je suis tout à fait d'accord.
De mon point de vue, ce que l'auteur réussit le mieux dans L'Amant, c'est nous entrainer dans les ambiances, les lumières, la chaleur, la moiteur, le bruit de la ville et ses ombres passantes qui pénètrent la chambre où la sensualité naitra, nous les faire ressentir comme si nous étions sur place. Le style adopté nous place d'ailleurs, non pas en observateur, mais dans une position où l'on ressent les choses vécues. Tous les passages évoquant les relations dans sa famille sont aussi assez forts. Et quelle famille !
En revanche, j'avoue avoir été un peu perplexe dans quelques paragraphes (pas de chapitre ici, c'est comme une longue digression) qui m'ont fait trop sortir de l'histoire, et justement de cette ambiance.

Wink

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Message par Aeriale Mar 20 Mar - 8:12

Merci pour ton compte rendu Nightingale!

Il faudrait que je le lise. j'avais tenté de lire L'amour quand j'étais jeune, mais j'avais laissé tomber, trop confus pour moi à l'époque. (Par contre, adoré au théâtre)

Le film me reste bien en mémoire, il y avait toutes ces sensations dont tu parles. A tenter donc..
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Message par Queenie Mar 20 Mar - 10:17

Duras. Un auteur que j'ai tenté vers 18-20 ans je crois. Je n'en garde que peu de souvenirs.
L'Amant, je crois que j'avais été peu agacée par les personnages. Et cette histoire me dérangeait. J'en garde une impression de trouble.

J'ai un souvenir plus agréable de La vie matérielle, où, de mémoire, elle s'intéresse à ces petites choses du quotidien qui sont anodins pour tous, mais importants pour celui qui y tient. Elle y parle d'écriture, de rapport à l'écrit, a création.

Que tout cela est flou...

J'ai hésité à lire La Douleur, avec tout le ramdam autour du film.


Bref.
Un jour, j'aurais peut-être le courage de la relire, et alors je viendrais ajouter ma graine sur ce fil.

Mais j'ai souvent eu envie de retenter l'expérience.

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Message par Arabella Mar 20 Mar - 19:31

C'est peut être pas mal de commencer par Le barrage contre le Pacifique, peut-être un peu plus classique (quoique..) et qui donne pas de clés pour les autres livres, même si elle transforme la réalité, et cela d'un livre à un autre.

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Message par Nightingale Mar 20 Mar - 20:31

Ah oui tout à fait, lu il y a quelques années, Un barrage contre le Pacifique, j'ai beaucoup aimé. C'est d'ailleurs une tranche de son histoire qui se situe à la même période que L'Amant.

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Message par kenavo Mer 21 Mar - 4:12

oui, Un barrage contre le Pacifique reste pour moi aussi la lecture la plus marquante que j'ai fait de cette auteure
j'en ai lu d'autres d'elle mais aucun ne m'a fait cet effet...

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Message par Arabella Sam 22 Déc - 21:00

Les eaux et forêts

Il s'agit d'une des premières pièces de Marguerite Duras, créée en 1965. La pièce est relativement courte, et parfois jouée donc avec une autre pour allonger le spectacle. Elle est dédiée à l'écrivain Louis-René des Forêts, que je ne connais que de nom.

Les personnages de la pièce sont au nombre de trois, deux femmes, appelées Femme 1 et Femme 2, même si leurs noms finissent par être révélés au cours de la pièce. Il y a un homme qui restera anonyme, et un chien, qui appartient à la Femme 1. La pièce débute alors que l'homme a été mordu par le chien. Une scène surréaliste s'engage, la Femme 1 souhaite amener l'homme à l'Institut Pasteur, pour une vérification de la rage. L'homme refuse, nous découvrons quelques petites choses sur les protagonistes, dans une scène assez délirante et décousue. Nous sommes dans un humour qui repose beaucoup sur l'absurde, qui saute de coq à l'âne. Marguerite Duras semble s'amuser beaucoup, et amuse son lecteur. Joué par des acteurs inspirés, cela doit être fort drôle.

Sans avoir la complexité et le charme mystérieux d'autres oeuvres de l'auteur, c'est plutôt réussi, et c'est au final surprenant de voir Marguerite Duras de s'adonner à ce genre de petite chose loufoque.

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Message par Arabella Mar 25 Déc - 17:16

Le square

Marguerite Duras avait commencé par publier un texte sous ce titre présenté comme un roman en 1955. Il était entièrement dialogué, et il a été rapidement adapté pour le théâtre, les premières représentations ont eu lieu en 1957. Marguerite Duras remanie le texte dans la perspective théâtrale, la version définitive de la pièce est créée et publiée en 1965.

Un homme dans la quarantaine et une jeune fille de vingt ans se croisent dans un square. Elle est une petite bonne exploitée, qui vient au square avec l'enfant de la famille. Il est un représentant de commerce qui gagne difficilement sa vie. Il n'a plus vraiment d'espoir de changer sa condition, se contente de vivoter au quotidien, en espérant quelques moments de bonheur passager. Elle attend de sortir de sa situation en se mariant, et fréquente pour cela régulièrement un bal. La conversation s'engage, chacun tente de comprendre l'autre, et se dévoile progressivement. Une sympathie naît d'emblée, une complicité s'ébauche. Deux vies sans grand éclat se croisent, et quelque part s'éclairent mutuellement, un bref instant, peut-être un peu plus longtemps, mais cela on ne le saura pas.

Un très joli texte, plein d'humanité. Deux personnages se dessinent, dialoguent, dans le respect, même si parfois d'une façon antagoniste. Deux humbles vies, chacun défend son point de vue, en quelque sorte opposé, et une forme de consensus finit par sembler possible. C'est merveilleusement écrit, sans doute pas dans un langage que le type de personnage parlerait en réalité, mais peu importe, nous sommes au théâtre.

Une très bonne pièce.

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Message par Arabella Mar 25 Déc - 17:17

La Musica


La pièce a été initialement écrite pour la BBC, publiée en 1965 et jouée au théâtre. Elle a été adaptée au cinéma en 1967 par Marguerite Duras elle-même et Paul Seban, avec Delphine Seyring et Robert Hossein dans les rôles principaux. Marguerite Duras la remettra sur le métier dans les années 80, ce sera Musica deuxième, où elle retravaille le matériaux et y ajoute une suite. Cela illustre parfaitement le travail de Duras : une oeuvre n'est au final jamais achevée, elle peut toujours être reprise, et divers façon de raconter une histoire se complètent : le théâtre, le roman, le cinéma...Avec chaque fois un éclairage différent.

Un homme, une femme. Ils viennent de divorcer, c'est pour cela qu'ils sont venus à Évreux où ils n'habitent plus. Ils sont au même hôtel, un dialogue s'engage qui évoque leur histoire, le comment et pourquoi ils en sont arrivés là, à ce divorce, cette séparation.

Le couple, la passion, incontournable et impossible à la fois. Un des grands thèmes de Duras, auquel elle revient régulièrement. Ce n'est pas dans cette pièce qu'elle donne le meilleur d'elle-même sur le sujet, enfin j'ai lu la première version de la Musica, peut-être que dans la deuxième c'est plus abouti. Il y a quelque chose d'un tout petit peu daté dans ces rapports homme-femme, pas suffisamment de toujours et partout, enfin à mon sens. Par moments, l'éternel tragique, la souffrance objectivement sans objet mais qui fait d'autant plus souffrir, l'altérité infranchissable, font leur apparition dans ce petit hôtel que l'on imagine un peu mité, anachronique.

Mais à chaque lecture de Duras, je me dis décidément que c'est un immense auteur.

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Message par eXPie Dim 30 Déc - 22:20

J'avais vu la Musica il y a un an ou deux à la Comédie Française, ça avait été douloureux (je n'avais pas adhéré à la mise en scène). Mais j'avais bien aimé les quelques Duras que j'avais lu, du coup je pense que je lirai Barrage contre le Pacifique en 2019 (je commence mes bonnes - et agréables - résolutions).
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Message par Arabella Lun 31 Déc - 8:45

Les mises en scène pour Duras c'est capital. L'an dernier j'ai failli m'endormir à La maladie de la mort mise en scène par Katie Mitchell (pourtant juste une heure) et complètement adoré Agatha par Bertrand Marcos, bien moins médiatisé.
Il faut que le metteur en scène et les comédiens trouvent le rythme juste de la phrase durasienne, sinon cela peut être horrible, cela devient comme de la musique que l'on joue faux. Katie Mitchell avec ses gadgets était complètement à cöté. Il faut une forme d'humilité pour y arriver.
Il n'y a pas ce problème d'interface du metteur en scène dans les romans.

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Message par Arabella Ven 31 Jan - 20:33

Suzanna Andler


Publiée en mai 1968 dans le deuxième tome II du théâtre de l'auteur, la pièce est montée à Paris à la fin de l'année 1969, semble-t-il à la demande de Duras elle-même. Ce qui ne l'empêchera pas pas dire qu'elle détestait sa pièce, qu'elle qualifie de « gageure boulevardière » .

La pièce commence par la visite d'une villa à Saint-Tropez, que Suzanna Andler veut louer pour le moins d'août pour y venir avec sa famille. Mais elle est venue avec son amant, qu'elle a laissé à l'hôtel pour la visite. Son mari Jean est censé être à Paris, en réalité il est parti en week-end avec une de ses maîtresses. Il est infidèle depuis des années, elle le sait, et vient de prendre depuis quelques mois son premier amant, en partie incitée par Jean. Elle attend dans la villa un coup de fil de Jean, pour avoir son accord pour la location, Michel son amant la rejoint, et elle rencontre également une des anciennes maîtresses de Jean, Monique. Cela permet de faire l'état des lieux, des sentiments, des aspirations. Jean semble penser que la malédiction de leur union vient du mariage, que cette institution rend le véritable amour impossible. Suzanna joue avec l'idée de la mort, du suicide, elle ment en permanence à tous, et peut-être encore plus à elle-même. Michel annonce la fin prochaine de leur liaison, tout en arrivant pas à s'en arracher.

La détestation exprimée pour sa pièce par Duras semble exagérée : même si ce n'est sans doute sa plus grande oeuvre, c'est une pièce bien construite, complexe et sans aucun doute efficace. Les personnages se révèlent peu à peu, définissent les barreaux de leurs cages dorées. Suzanna, entre mensonges, jeu, se montre progressivement dans toute sa complexité. La violence du sentiment amoureux, sa quête sans fin, au-delà des convenances et normes, semble être le moteur qui pousse tous les personnages. Une ambiance morbide et languide s'installe, qui est plutôt prenante dans l'ensemble. Si Duras a vraiment été inspirée par le vaudeville, elle en tellement détourné les codes et la signification, que sans ses déclarations, peu de gens y auraient vu une source d'inspiration de sa pièce.

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Message par Arabella Mer 5 Fév - 20:29

Des journées entières dans les arbres (pièce de théâtre)


La pièce aurait été écrite à la demande expresse de Jean-Louis Barrault, qui aurait demandé à l'auteur d'adapter sa nouvelle portant le même titre. le même récit sera adapté par l'auteur elle-même en film sorti en 1977 : cela montre à quel point cette situation et ces personnages étaient signifiants pour Marguerite Duras. La pièce est créée en 1965 au Théâtre de l'Odéon avec Madeleine Renaud dans le rôle de la mère.

La mère (jamais nommée autrement) une femme âgée, vivant dans une ancienne colonie jamais précisée, vient en métropole pour rendre visite à son fils, Jacques. le fils le plus aimé parmi tous ces enfants. Celui qui ne voulait pas aller à l'école, et préférait passer des journées entières dans les arbres. Qui vivote en parasite, et qui flambe tout l'argent qu'il peut avoir sur les tables de jeux. Il a déjà ruiné une fois sa mère, elle est quand même prête à lui donner de l'argent. Un étrange duo d'amour, cannibale et destructeur s'engage, sous les yeux de Marcelle la maîtresse de Jacques, qu'il chasse régulièrement et qu'il méprise.

Cette figure de mère, possessive, aimante à sa façon étrange, et cette figure du fils, faible et auto-destructeur, charmeur et nocif, sont régulièrement présentes dans les oeuvres de Duras. L'amour mère-fils est encore une fois l'archétype de l'amour, le seul vrai, les autres n'en étant qu'une pâle copie sans grand importance au fond. En dehors de cette relation, tout le reste n'est qu'une manière de passer le temps.

Une vraie force dramatique se dégage du texte, les personnages sont puissamment caractérisés, à mon sens une grande réussite de Duras. Il faut des sacrés acteurs pour porter cette pièce sans en être écrasé, elle ne permet pas la fadeur et la tiédeur.

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Message par Arabella Sam 6 Juin - 19:27

L'après-midi de monsieur Andesmas


Ce court roman paraît en janvier 1962, il sera rapidement adapté en pièce radiophonique, par la BBC d'abord, puis par l'ORTF. Marguerite Duras a d'ailleurs hésité sur la forme du texte : pendant les phases de conception, elle a fait des ébauches sous forme de pièce de théâtre, elle a aussi commencé des versions de scénarii cinématographiques.

Le sujet lui aurait été inspiré par un lieu, une maison au-dessus de Saint-Tropez, et c'est à partir de ce lieu qu'elle imagine le récit. Un vieil homme, M. Andesmas, attend devant la maison, qu'il a acheté pour sa fille, Valérie, un entrepreneur qu'il doit voir pour faire construire une terrasse devant la maison. Michel Arc, l'entrepreneur est en retard. M. Andesmas, pendant son attente, voit successivement trois êtres : un chien, la petite fille de Michel Arc annonçant la venue prochaine de son père, puis sa femme, venue lui parler de son mari et aussi de Valérie.

C'est un livre très simple et très complexe à la fois. Très simple, car il ne dure qu'une après-midi, qu'il ne s'y passe rien, ou presque en apparence, nous avons une unité de temps, de lieu, et d'action (si on peut dire) parfaite, ce qui nous renvoie quelque part à une forme d'esthétique classique, une épure. Mais comme dans le théâtre classique, à partir de peu, les destins et les vies des hommes et des femmes se jouent, et toutes les passions, les joies et souffrances, sont présentes dans un espace et un temps ramassés, ce qui ne fait que les exacerber, les porter à l'incandescence.

Le texte est elliptique, incertain, nous ne pouvons que faire des hypothèses. M. Andesmas aime sa fille d'un amour extrême, presque trop fort pour un amour paternel. Il accède à tous ses désirs, ou caprices, comme l'achat de cette maison. Elle est en train de s'éloigner de lui, de grandir, de peut-être le quitter. La femme de Michel Arc laisse entendre qu'une histoire d'amour est en train de naître entre son mari et Valérie. Toute la vie de M. Andesmas se résume dans cet après-midi, toute sa vie, jusqu'à l'inévitable mort, dont l'abandon est une des prémices.

Tout cela dans le style si particulier de Marguerite Duras, entre répétitions, ressassements, dans un rythme, une musique si particulières, au plus près de la voix intérieure des personnages. C'est vraiment un art, où avec presque rien en apparence, toute une vie, et au-delà, toute la condition humaine paraissent révélée dans une sorte de condensation allusive. le récit est nimbé d'une poésie, d'une sensualité, mais aussi d'une mélancolie voire d'une possible tristesse.

Fascinant et magique, ce livre est une des grandes réussites de Marguerite Duras.

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