Anna Burns
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kenavo
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Books en Stock :: Hey Billie Y'a quoi dans ta bibliothèque ? :: Littérature de culture anglaise et gaëlique
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Anna Burns
Anna Burns née en 1962 a grandi à Belfast, pendant la période des Troubles, un conflit qui va durer pendant trois décennies dans la province britannique. S'inspirant de son expérience, elle dédie plusieurs romans à cette thématique.
Son premier roman, No Bones, est le récit de la vie d'une jeune fille qui grandit à Belfast durant le conflit nord-irlandais.[]
En octobre 2018, l'écrivaine remporte le prestigieux prix Booker pour son roman Milkman, une fiction sur la guerre civile, en Irlande du Nord. Le livre relate la violence militaire mais aussi sociale au travers du regard d’une jeune fille de 18 ans, confrontée au harcèlement d'un homme beaucoup plus âgé qu'elle qui appartient à une milice paramilitaire catholique]. Elle devient la première romancière Nord-Irlandaise à remporter ce prix. Elle remporte une récompense de 50 000 £ (environ 56 500 €) mais surtout une notoriété internationale immédiate.
Un livre écrit dans la douleur pour cette écrivaine qui écrit peu par la force des choses. En effet il lui est impossible de rester assise à cause de douleurs du dos, des suites d’une opération ratée de la colonne vertébrale. Cela faisait 4 ans et demi qu’elle n’avait pas écrit.
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'La littérature est une maladie textuellement transmissible, que l'on contracte en général pendant l'enfance'. Jane Yolen.
domreader- Messages : 3619
Date d'inscription : 02/12/2016
Localisation : Ile de France
Re: Anna Burns
Milkman
Anna Burns
Voilà un roman OVNI, un objet littéraire assez unique, que nous livre Anna Burns. C’est son troisième roman et le récit se situe dans une ville qui n’est jamais nommée et que l’on devine être Belfast pendant la période la plus aigüe des ‘troubles’ dans les années 70.
Il n’y a aucun nom dans ce roman, que ce soit ceux des lieux ou des personnes. On ne sait pas le nom de la jeune narratrice sur laquelle un chef paramilitaire catholique a jeté son dévolu. Il la suit, se montre non loin d’elle, lui parle une ou deux fois et cela suffit, la rumeur fait le reste, on dit d’elle qu’elle est sa maîtresse, c’est un fait établi. C’est lui que l’on surnomme ‘Milkman’. Et pourtant cette jeune femme ne demande qu’à être transparente, c’est le moyen le plus sûr de survivre dans ce quartier catholique qu’on devine sous haute surveillance, que ce soit celle des militaires britanniques ou des factions paramilitaires catholiques qui font la loi. Car dans chaque quartier tout le monde épie tout le monde, tout geste est interprété, jugé, entériné par la communauté et c’est une rumeur qui nait, de celle qui font une réputation.
La narratrice fait de son mieux pour échapper à ce monde clos, replié sur lui-même. Elle essaie de s’effacer et d’effacer le monde qui l’entoure en lisant des romans du 19ème lorsqu’elle traverse le quartier en marchant, ou en allant courir une vingtaine de kilomètres 2 ou 3 fois par semaine pour se vider la ête, se retrouver, retrouver son corps. Mais c’est ainsi qu’elle se fait remarquer malheureusement. La rumeur la fera-t-elle se plier à sa loi ? Qui des deux l’emportera ?
J’ai beaucoup aimé ce roman au style si particulier fait d’accumulations et d’ellipses : ellipse des noms, ou ellipses dans la narration, curieusement ce choix paradoxal en fait un roman foisonnant, grave, et drôle, en particulier quand c’est la mère qui parle, ou quand des personnages hauts en couleur émergent au fil du récit. Le choix de ne pas nommer les personnes ou les lieux et de les remplacer par des périphrases participe à donner une impression de confusion. Notre narratrice est ‘middle-sister’ la sœur du milieu de la fratrie, son petit-ami est ‘maybe boyfriend’ le peut-être petit-ami, l’Angleterre est ‘the place-over-the-sea’, comme si nommer les choses était les faire émerger clairement de ce monde chaotique et effrayant qui était celui de certains quartiers dans les années 70. C’est une évocation très particulière de cette époque, avec un ton vraiment unique. Un roman qui ne se livre pas facilement à cause de son étrangeté mais qui nous garde prisonnier une fois sous le charme.
Ce sera en tous les cas une gageure pour le traducteur.
Anna Burns
Voilà un roman OVNI, un objet littéraire assez unique, que nous livre Anna Burns. C’est son troisième roman et le récit se situe dans une ville qui n’est jamais nommée et que l’on devine être Belfast pendant la période la plus aigüe des ‘troubles’ dans les années 70.
Il n’y a aucun nom dans ce roman, que ce soit ceux des lieux ou des personnes. On ne sait pas le nom de la jeune narratrice sur laquelle un chef paramilitaire catholique a jeté son dévolu. Il la suit, se montre non loin d’elle, lui parle une ou deux fois et cela suffit, la rumeur fait le reste, on dit d’elle qu’elle est sa maîtresse, c’est un fait établi. C’est lui que l’on surnomme ‘Milkman’. Et pourtant cette jeune femme ne demande qu’à être transparente, c’est le moyen le plus sûr de survivre dans ce quartier catholique qu’on devine sous haute surveillance, que ce soit celle des militaires britanniques ou des factions paramilitaires catholiques qui font la loi. Car dans chaque quartier tout le monde épie tout le monde, tout geste est interprété, jugé, entériné par la communauté et c’est une rumeur qui nait, de celle qui font une réputation.
La narratrice fait de son mieux pour échapper à ce monde clos, replié sur lui-même. Elle essaie de s’effacer et d’effacer le monde qui l’entoure en lisant des romans du 19ème lorsqu’elle traverse le quartier en marchant, ou en allant courir une vingtaine de kilomètres 2 ou 3 fois par semaine pour se vider la ête, se retrouver, retrouver son corps. Mais c’est ainsi qu’elle se fait remarquer malheureusement. La rumeur la fera-t-elle se plier à sa loi ? Qui des deux l’emportera ?
J’ai beaucoup aimé ce roman au style si particulier fait d’accumulations et d’ellipses : ellipse des noms, ou ellipses dans la narration, curieusement ce choix paradoxal en fait un roman foisonnant, grave, et drôle, en particulier quand c’est la mère qui parle, ou quand des personnages hauts en couleur émergent au fil du récit. Le choix de ne pas nommer les personnes ou les lieux et de les remplacer par des périphrases participe à donner une impression de confusion. Notre narratrice est ‘middle-sister’ la sœur du milieu de la fratrie, son petit-ami est ‘maybe boyfriend’ le peut-être petit-ami, l’Angleterre est ‘the place-over-the-sea’, comme si nommer les choses était les faire émerger clairement de ce monde chaotique et effrayant qui était celui de certains quartiers dans les années 70. C’est une évocation très particulière de cette époque, avec un ton vraiment unique. Un roman qui ne se livre pas facilement à cause de son étrangeté mais qui nous garde prisonnier une fois sous le charme.
Ce sera en tous les cas une gageure pour le traducteur.
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'La littérature est une maladie textuellement transmissible, que l'on contracte en général pendant l'enfance'. Jane Yolen.
domreader- Messages : 3619
Date d'inscription : 02/12/2016
Localisation : Ile de France
Re: Anna Burns
intéressant... aussi bien la bio de l'auteur que ce roman... je note
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Life is a lot like Jazz
Best when you improvise
George Gershwin
Re: Anna Burns
En effet...Beau sujet, et une voix qui semble passionnante
Par contre j'attendrai la version française, si elle sort.
Par contre j'attendrai la version française, si elle sort.
Aeriale- Messages : 11927
Date d'inscription : 30/11/2016
Re: Anna Burns
J'ai mis un peu de temps à le lire par manque de temps mais c'est un roman très dense, très riche. Les chapitres sont longs et il y a peu d'espaces dans les chapitres. Peu de paragraphes, de retour à la ligne. Ça participe à l'impression de ce monde clos, sans air, étouffant. Très forte cette Anna Burns.
Dernière édition par domreader le Dim 9 Avr - 8:58, édité 1 fois
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'La littérature est une maladie textuellement transmissible, que l'on contracte en général pendant l'enfance'. Jane Yolen.
domreader- Messages : 3619
Date d'inscription : 02/12/2016
Localisation : Ile de France
Re: Anna Burns
C'est intrigant tout ça.
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Et, du monde indistinct des rêves, là où se terrent les secrets mystiques, une réponse surgit.
Queenie- Messages : 7151
Date d'inscription : 29/11/2016
Localisation : Stable.
Re: Anna Burns
Le sujet m'intéresse, mais j'attendrai aussi la version française.
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"Quand je pense à tous les livres qu'il me reste à lire, j'ai la certitude d'être encore heureux" Jules Renard
Liseron- Messages : 4304
Date d'inscription : 02/01/2017
Localisation : Toulouse
Re: Anna Burns
Milkman
C’est le troisième roman d’Anna Burns qui lui a permis de remporter en 2018 le Booker Prize, et une reconnaissance internationale, avec la traduction en français parue dès 2021.
Nous sommes dans une ville qui n’est jamais nommée, mais dans laquelle tout le monde reconnaît Belfast des années 70. Une jeune femme de 18 ans, jamais nommée, essaie tant bien que mal à vivoter dans un pays en proie à la guerre civile. Elle essaie de passer inaperçue, tout en tentant de sauvegarder son espace de liberté personnelle. Car le monde dans lequel elle vit, en plus d’être dangereux, est un monde dans lequel tout le monde observe tout le monde, juge tout le monde, et souvent condamne ceux qui sortent d’une norme non écrite, mais impossible à contourner. Mais elle a attirée l’intérêt d’un paramilitaire influent, qui dresse autour d’elle un entrelacs pour se l’approprier. Il connaît ses moindres habitudes, se place sur son chemin, laisse planer des menaces, fait ce qu’il faut pour que toute la communauté la pense à lui. Elle ne paraît pas avoir d’échappatoire.
C’est sans doute une description fidèle du ressenti d’un certain nombre d’habitants de Belfast pendant cette période difficile, ce sentiment d’impuissance, d’instrumentalisation, d’impossibilité de pouvoir être soi-même et de mener une vie à sa convenance. Et tout cela encore bien plus difficile pour une femme, soumise au pouvoir de ceux qui ont la violence pour eux, légitimée par leur communauté. Mais j’ai trouvé aussi quelques évidences, et surtout je n’ai pas adhéré au style, à l’écriture. Personne n’est appelé par son nom, tout et tous son nommés par des sortes de paraphrases, qui répétées deviennent un peu lourdes. Le moindre mini événement est décrit avec un luxe de détails, dans lequel il se dilue. L’action du livre s’étire aussi un peu à mon sens, il y a des histoires parallèles, un peu longues à mon goût.
Une rencontre qui ne s’est pas vraiment faite pour moi.
C’est le troisième roman d’Anna Burns qui lui a permis de remporter en 2018 le Booker Prize, et une reconnaissance internationale, avec la traduction en français parue dès 2021.
Nous sommes dans une ville qui n’est jamais nommée, mais dans laquelle tout le monde reconnaît Belfast des années 70. Une jeune femme de 18 ans, jamais nommée, essaie tant bien que mal à vivoter dans un pays en proie à la guerre civile. Elle essaie de passer inaperçue, tout en tentant de sauvegarder son espace de liberté personnelle. Car le monde dans lequel elle vit, en plus d’être dangereux, est un monde dans lequel tout le monde observe tout le monde, juge tout le monde, et souvent condamne ceux qui sortent d’une norme non écrite, mais impossible à contourner. Mais elle a attirée l’intérêt d’un paramilitaire influent, qui dresse autour d’elle un entrelacs pour se l’approprier. Il connaît ses moindres habitudes, se place sur son chemin, laisse planer des menaces, fait ce qu’il faut pour que toute la communauté la pense à lui. Elle ne paraît pas avoir d’échappatoire.
C’est sans doute une description fidèle du ressenti d’un certain nombre d’habitants de Belfast pendant cette période difficile, ce sentiment d’impuissance, d’instrumentalisation, d’impossibilité de pouvoir être soi-même et de mener une vie à sa convenance. Et tout cela encore bien plus difficile pour une femme, soumise au pouvoir de ceux qui ont la violence pour eux, légitimée par leur communauté. Mais j’ai trouvé aussi quelques évidences, et surtout je n’ai pas adhéré au style, à l’écriture. Personne n’est appelé par son nom, tout et tous son nommés par des sortes de paraphrases, qui répétées deviennent un peu lourdes. Le moindre mini événement est décrit avec un luxe de détails, dans lequel il se dilue. L’action du livre s’étire aussi un peu à mon sens, il y a des histoires parallèles, un peu longues à mon goût.
Une rencontre qui ne s’est pas vraiment faite pour moi.
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Je ne lis jamais un livre dont je dois écrire la critique ; on se laisse tellement influencer. (Oscar Wilde)
Arabella- Messages : 4815
Date d'inscription : 29/11/2016
Re: Anna Burns
Dommage, il m'avait vraiment enthousiasmée quand il est sorti,
ce qui est rarement le cas pour les lauréats du Booker Prize .
ce qui est rarement le cas pour les lauréats du Booker Prize .
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'La littérature est une maladie textuellement transmissible, que l'on contracte en général pendant l'enfance'. Jane Yolen.
domreader- Messages : 3619
Date d'inscription : 02/12/2016
Localisation : Ile de France
Re: Anna Burns
Ah bien...La traduction est donc disponible. Et vos ressentis différents incitent encore davantage à s'y plonger.
Cette fois je le note de façon sure :p
Cette fois je le note de façon sure :p
Aeriale- Messages : 11927
Date d'inscription : 30/11/2016
Re: Anna Burns
La traduction est sortie en 2021, et là il y a même une version poche.
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Je ne lis jamais un livre dont je dois écrire la critique ; on se laisse tellement influencer. (Oscar Wilde)
Arabella- Messages : 4815
Date d'inscription : 29/11/2016
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