Antoine Furetière
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Antoine Furetière
Antoine Furetière (1619 - 1688)
Source : Wikipédia
Antoine Furetière, né le 28 décembre 1619 à Paris où il est mort le 14 mars 1688, est un homme d'Église, poète, fabuliste, romancier et lexicographe français.
Né dans une famille de la petite bourgeoisie parisienne le 28 décembre 1619, Furetière se destine de prime abord à une carrière dans le droit tout en s'intéressant vivement à l'histoire antique et aux langues orientales.
Il est reçu au barreau de Paris en 1645 et s'achète une charge de procureur fiscal auprès de l'abbaye de Saint-Germain-des-Prés, ce qui le conduit rapidement à vouloir entrer dans les ordres. En 1662, il est nommé abbé de Chalivoy, dans le diocèse de Bourges et prieur de Chuisnes.
Parallèlement, il s'intéresse à la littérature et publie des romans, des fables et des poésies, ce qui lui vaut l'attention de l'Académie française, dont il est élu membre en 1662.
Singulièrement agacé par la lenteur de l'avancement des travaux du Dictionnaire de l'Académie, ainsi que par l'absence de prise en compte des termes scientifiques, techniques et artistiques, il sollicite et obtient de Louis XIV un privilège pour publier son propre Dictionnaire, dont il avait commencé la rédaction dès le début des années 1650. L'entreprise n'étant pas du goût de tous ses confrères académiciens et les accusations devenant de plus en plus aigres, Furetière intente un procès qu'il eût probablement perdu si sa mort n'était venue mettre un terme à la querelle.
Ayant publié en 1684 un extrait de son Dictionnaire, il est exclu de l'Académie le 22 janvier 1685 à une voix de majorité. Toutefois, le roi, protecteur de l'Académie, intervient pour s'opposer à l'élection d'un remplaçant du vivant de Furetière. Lié d'amitié depuis de longues années avec Jean de La Fontaine, il se brouille définitivement avec lui lorsque le fabuliste refusa de prendre parti en sa faveur dans la querelle. Vexé par le sort qui lui est fait, Furetière se lance alors dans la publication de violents pamphlets contre l'Académie et les académiciens, dont le plus célèbre est Couches de l'Académie en 1687.
S'il n'eut pas la satisfaction de voir son œuvre maîtresse publiée de son vivant, l'histoire retiendra qu'elle vint à son terme deux ans après sa mort — et quatre ans avant la première édition du « Dictionnaire de l'Académie françoise » (1694) — et que « le Furetière », comme on l'appelle familièrement, plus de trois siècles après sa publication, connaît un succès qui ne s'est jamais démenti, comme en témoignent les nombreuses rééditions qu'il a connues jusqu'à nos jours.
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Je ne lis jamais un livre dont je dois écrire la critique ; on se laisse tellement influencer. (Oscar Wilde)
Arabella- Messages : 4815
Date d'inscription : 29/11/2016
Re: Antoine Furetière
Le roman bourgeois
Tout lecteur qui commence à s'intéresser au XVIIe siècle tombe inévitablement très vite sur le nom d'Antoine Furetière. Dans les notes qui explicitent le vocabulaire de l'époque, les définitions de son dictionnaire font autorité : son ouvrage est la référence. Il lui a valu en son temps pas mal de déboires : l'Académie, qui avait le privilège royal pour cette entreprise, a vu d'un très mauvais oeil la publication par un de ses membres d'un dictionnaire « concurrent », même si ses propres travaux peinaient à aboutir. Furetière s'est vu attaqué, accusé de plagiat, mis au banc de l'illustre institution. Il faut dire que le bonhomme ne semblait pas commode, qu'il entretenaient des relations difficiles ou conflictuelles avec beaucoup de gens et qu'il a été un pamphlétaire redoutable. Mais si l'entreprise du dictionnaire est au final son grand ouvrage, il n'a pas écrit que cela : le roman bourgeois est parmi ses autres livres celui qui a le moins mal survécu, et il paraît même connaître un regain d'intérêt depuis quelques années, comme en témoigne une édition en poche.
Le roman bourgeois, composé de deux parties, est publié en 1666. Il n'a pas eu de succès auprès de ses contemporains, ce qui a peut-être dissuadé Furetière de lui donner une suite, comme cela se faisait couramment à l'époque. Les deux parties du livre sont par ailleurs sans grand lien l'une avec l'autre, tout au moins du point de vue narratif.
Le titre indique clairement le projet de l'ouvrage : il s'agit d'évoquer le milieu de la petite et moyenne bourgeoisie parisienne. Les personnages ne sont pas de nobles personnages héroïques, mais de simples bourgeois que l'on croise tout les jours sans y faire attention et que le lectorat principal des livres méprise fortement. Furetière est issu de ce milieu, qu'il connaît donc parfaitement, et il peut en parler en pleine connaissance de cause. Il indique comme projet de son livre :
« Je vous raconterai sincèrement et avec fidélité plusieurs historiettes ou galanteries arrivées entre des personnes qui ne seront ni héros ni héroïnes, qui ne dresseront point d'armées, ni ne renverseront point de royaumes, mais qui seront de ces bonnes gens de médiocre condition, qui vont tout doucement leur grand chemin, dont les uns seront beaux et les autres laids, les uns sages et les autres sots ; et ceux-ci ont bien la mine de composer le plus grand nombre. »
Dans la première partie nous suivons des hommes qui tournent autour de la belle Javotte, fille de Vollichon, procureur de son état. D'abord le jeune et galant Nicodème, qui obtient des fiançailles. Mais une promesse de mariage, qu'il a signé naguère à une certaine Lucrèce resurgit. La jeune femme lui préférait un marquis, mais celui-ci après l'avoir mise enceinte disparaît. Lucrèce du coup n'aurait rien contre épouser Nicodème pour sauver les apparences. Mais un accommodement financier obtenu par son père, qui ignore sa situation, permet à Nicodème de tenter de nouveau sa chance auprès de Javotte. Mais un autre prétendant est maintenant sur les rangs : Bedout, un vieux bourgeois avare à l'ancienne mode. le père de la jeune fille le préfère, car il est plus riche et sa façon de vivre traditionnelle lui convient plus. Au final Javotte mettra tout le monde hors jeu en s'éprenant dans un salon bourgeois d'un certain Pancrace, qui lui fera lire des romans. Les deux amoureux vont s'enfuir, au grand dam des parents.
Dans la deuxième partie, nous suivons Charoselles, entrevu dans le salon de la première partie, homme de lettres sans grand succès, et ses démêlés amoureux avec une certaine Collantine, une plaideuse effrénée. Un troisième larron viendra essayer d'épouser cette dernière : le ridicule Belastre.
Le roman décrit un milieu peu présent dans les textes littéraires de l'époque, celui des bourgeois. Furetière en étant originaire, le roman est qualifié généralement de réaliste, d'autant plus qu'il moque les romans de son temps, dans leurs aspects chimériques et déconnectés de toute véridicité. Je suis un peu réservée quand à cette dénomination, car le livre est surtout satirique, et donc force le trait d'une manière évidente : tous les personnages sont ridicules et antipathiques : les bourgeois d'un certain âge avares, malhonnêtes, intéressés uniquement par l'argent, vivant d'une façon étriquée. Les filles sont sottes, les jeunes gens qui essaient de vivre un peu différemment (à la mode) pas plus futés en réalité. de façon évidente, il ne s'agit pas de véritables personnes, mais de personnages grotesques qui rassemblent en eux le maximum de défauts et vices de leurs congénères. J'ai la sensation qu'il doit en être de même pour certaines pratiques sociales dépeintes d'une façon outrée, même si cela part de comportements et usages réels. Furetière met en évidence deux aspects de la bourgeoisie de l'époque : l'importance de l'argent, et du droit. L'argent est la seule valeur qui semble avoir cours dans ce milieu. Il faut dire que c'est l'acquisition de richesses qui permet progressivement à la bourgeoisie montante de concurrencer la vieille noblesse et lui permettra à un moment de prendre sa place. de même les études de droit sont une façon de faire carrière, d'acheter une charge et de monter dans la hiérarchie sociale. le roman de Furetière est donc fidèle : lui-même a été procureur fiscal, charge qu'il a dû abandonner dans des circonstances peu claires.
Le roman de Furetière a donné lieu à de très nombreuses analyses et études, qui s'intéressent à sa construction si particulière et aux procédés narratifs qu'il utilise. L'auteur s'adresse en effet beaucoup à son lecteur, raille un certain type de romans de son époque de façon répétée, en indiquant qu'il se refusera à utiliser les mêmes ficelles, quitte à frustrer ceux qui le lisent. Il règle aussi un certain nombre de compte, tout particulièrement avec Charles Sorel ( Charoselles) et moque longuement Mlle de Scudéry, entre autres, et pour ce faire insère dans son texte des récits secondaires, dont on se demande par moments ce qu'il ont à faire là. La trame du roman, en deux parties distinctes, avec de nombreuses parenthèses (un catalogue de livres d'un auteur mort etc..) les nombreuses interventions de l'auteur, lui font régulièrement attribuer la dénomination de l'anti-roman. Furetière serait ainsi un précurseur, de Diderot et de toute une partie du roman du XXe siècle. Il aurait eu le projet de mettre en cause le roman en tant que tel, récit avec un début, et une fin qui arrive après toute une série de péripéties quelques peu conventionnelles et attendues par le lecteur. C'est cette lecture de l'oeuvre de Furetière qui intéresse aujourd'hui et qui lui permet un regain d'intérêt.
Je n'aurais pas la prétention de me prononcer sur la question mais j'ai malheureusement plutôt tendance à partager l'opinion des contemporains de Furetière qui ont semble-t-il, trouvé son livre ennuyeux. J'ai trouvé son trait lourd, cela ne m'a pas vraiment fait rire ; la deuxième partie avec ses descriptions minutieuses d'affaires de justice et de la stupidité des personnages m'a presque fait décrocher (j'ai même sauté quelques passages, ce qui m'arrive très rarement). Les intentions d'un auteur, quelle que soit leur ambition et originalité, ne le dispensent pas à mon sens de l'effort (ou du talent) d'une réalisation un peu séduisante pour le lecteur.
Tout lecteur qui commence à s'intéresser au XVIIe siècle tombe inévitablement très vite sur le nom d'Antoine Furetière. Dans les notes qui explicitent le vocabulaire de l'époque, les définitions de son dictionnaire font autorité : son ouvrage est la référence. Il lui a valu en son temps pas mal de déboires : l'Académie, qui avait le privilège royal pour cette entreprise, a vu d'un très mauvais oeil la publication par un de ses membres d'un dictionnaire « concurrent », même si ses propres travaux peinaient à aboutir. Furetière s'est vu attaqué, accusé de plagiat, mis au banc de l'illustre institution. Il faut dire que le bonhomme ne semblait pas commode, qu'il entretenaient des relations difficiles ou conflictuelles avec beaucoup de gens et qu'il a été un pamphlétaire redoutable. Mais si l'entreprise du dictionnaire est au final son grand ouvrage, il n'a pas écrit que cela : le roman bourgeois est parmi ses autres livres celui qui a le moins mal survécu, et il paraît même connaître un regain d'intérêt depuis quelques années, comme en témoigne une édition en poche.
Le roman bourgeois, composé de deux parties, est publié en 1666. Il n'a pas eu de succès auprès de ses contemporains, ce qui a peut-être dissuadé Furetière de lui donner une suite, comme cela se faisait couramment à l'époque. Les deux parties du livre sont par ailleurs sans grand lien l'une avec l'autre, tout au moins du point de vue narratif.
Le titre indique clairement le projet de l'ouvrage : il s'agit d'évoquer le milieu de la petite et moyenne bourgeoisie parisienne. Les personnages ne sont pas de nobles personnages héroïques, mais de simples bourgeois que l'on croise tout les jours sans y faire attention et que le lectorat principal des livres méprise fortement. Furetière est issu de ce milieu, qu'il connaît donc parfaitement, et il peut en parler en pleine connaissance de cause. Il indique comme projet de son livre :
« Je vous raconterai sincèrement et avec fidélité plusieurs historiettes ou galanteries arrivées entre des personnes qui ne seront ni héros ni héroïnes, qui ne dresseront point d'armées, ni ne renverseront point de royaumes, mais qui seront de ces bonnes gens de médiocre condition, qui vont tout doucement leur grand chemin, dont les uns seront beaux et les autres laids, les uns sages et les autres sots ; et ceux-ci ont bien la mine de composer le plus grand nombre. »
Dans la première partie nous suivons des hommes qui tournent autour de la belle Javotte, fille de Vollichon, procureur de son état. D'abord le jeune et galant Nicodème, qui obtient des fiançailles. Mais une promesse de mariage, qu'il a signé naguère à une certaine Lucrèce resurgit. La jeune femme lui préférait un marquis, mais celui-ci après l'avoir mise enceinte disparaît. Lucrèce du coup n'aurait rien contre épouser Nicodème pour sauver les apparences. Mais un accommodement financier obtenu par son père, qui ignore sa situation, permet à Nicodème de tenter de nouveau sa chance auprès de Javotte. Mais un autre prétendant est maintenant sur les rangs : Bedout, un vieux bourgeois avare à l'ancienne mode. le père de la jeune fille le préfère, car il est plus riche et sa façon de vivre traditionnelle lui convient plus. Au final Javotte mettra tout le monde hors jeu en s'éprenant dans un salon bourgeois d'un certain Pancrace, qui lui fera lire des romans. Les deux amoureux vont s'enfuir, au grand dam des parents.
Dans la deuxième partie, nous suivons Charoselles, entrevu dans le salon de la première partie, homme de lettres sans grand succès, et ses démêlés amoureux avec une certaine Collantine, une plaideuse effrénée. Un troisième larron viendra essayer d'épouser cette dernière : le ridicule Belastre.
Le roman décrit un milieu peu présent dans les textes littéraires de l'époque, celui des bourgeois. Furetière en étant originaire, le roman est qualifié généralement de réaliste, d'autant plus qu'il moque les romans de son temps, dans leurs aspects chimériques et déconnectés de toute véridicité. Je suis un peu réservée quand à cette dénomination, car le livre est surtout satirique, et donc force le trait d'une manière évidente : tous les personnages sont ridicules et antipathiques : les bourgeois d'un certain âge avares, malhonnêtes, intéressés uniquement par l'argent, vivant d'une façon étriquée. Les filles sont sottes, les jeunes gens qui essaient de vivre un peu différemment (à la mode) pas plus futés en réalité. de façon évidente, il ne s'agit pas de véritables personnes, mais de personnages grotesques qui rassemblent en eux le maximum de défauts et vices de leurs congénères. J'ai la sensation qu'il doit en être de même pour certaines pratiques sociales dépeintes d'une façon outrée, même si cela part de comportements et usages réels. Furetière met en évidence deux aspects de la bourgeoisie de l'époque : l'importance de l'argent, et du droit. L'argent est la seule valeur qui semble avoir cours dans ce milieu. Il faut dire que c'est l'acquisition de richesses qui permet progressivement à la bourgeoisie montante de concurrencer la vieille noblesse et lui permettra à un moment de prendre sa place. de même les études de droit sont une façon de faire carrière, d'acheter une charge et de monter dans la hiérarchie sociale. le roman de Furetière est donc fidèle : lui-même a été procureur fiscal, charge qu'il a dû abandonner dans des circonstances peu claires.
Le roman de Furetière a donné lieu à de très nombreuses analyses et études, qui s'intéressent à sa construction si particulière et aux procédés narratifs qu'il utilise. L'auteur s'adresse en effet beaucoup à son lecteur, raille un certain type de romans de son époque de façon répétée, en indiquant qu'il se refusera à utiliser les mêmes ficelles, quitte à frustrer ceux qui le lisent. Il règle aussi un certain nombre de compte, tout particulièrement avec Charles Sorel ( Charoselles) et moque longuement Mlle de Scudéry, entre autres, et pour ce faire insère dans son texte des récits secondaires, dont on se demande par moments ce qu'il ont à faire là. La trame du roman, en deux parties distinctes, avec de nombreuses parenthèses (un catalogue de livres d'un auteur mort etc..) les nombreuses interventions de l'auteur, lui font régulièrement attribuer la dénomination de l'anti-roman. Furetière serait ainsi un précurseur, de Diderot et de toute une partie du roman du XXe siècle. Il aurait eu le projet de mettre en cause le roman en tant que tel, récit avec un début, et une fin qui arrive après toute une série de péripéties quelques peu conventionnelles et attendues par le lecteur. C'est cette lecture de l'oeuvre de Furetière qui intéresse aujourd'hui et qui lui permet un regain d'intérêt.
Je n'aurais pas la prétention de me prononcer sur la question mais j'ai malheureusement plutôt tendance à partager l'opinion des contemporains de Furetière qui ont semble-t-il, trouvé son livre ennuyeux. J'ai trouvé son trait lourd, cela ne m'a pas vraiment fait rire ; la deuxième partie avec ses descriptions minutieuses d'affaires de justice et de la stupidité des personnages m'a presque fait décrocher (j'ai même sauté quelques passages, ce qui m'arrive très rarement). Les intentions d'un auteur, quelle que soit leur ambition et originalité, ne le dispensent pas à mon sens de l'effort (ou du talent) d'une réalisation un peu séduisante pour le lecteur.
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Je ne lis jamais un livre dont je dois écrire la critique ; on se laisse tellement influencer. (Oscar Wilde)
Arabella- Messages : 4815
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