Antoine de Montchrestien
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Antoine de Montchrestien
Antoine de Montchrestien (1575-1621)
Il naît à Falaise, en Normandie, d'un père apothicaire; il perd très jeune ses deux parents ; sans proches, c'est un voisin qui est désigné par la justice pour être son tuteur. Il poursuivra sa gestion de son bien à sa majorité et obtiendra gain de cause.
En attendant, il s'est fait une place dans la famille de François Thésard, un baron local. Il sera élevé avec ses fils, et épousera un jour la fille, Suzanne, après le décès de son premier mari.
Il publie en 1596 sa première tragédie, Sophonisbe, peut être jouée à Caen. En 1601, il publie en plus de cette Sophonisbe révisée, cinq autres pièces, ainsi que quelques poésies de circonstances. Hector, sa dernière pièce, sera incluse dans une nouvelle édition en 1604. Sa carrière dramatique s'arrête.
L'homme est belliqueux, se bat plusieurs fois en duel, en 1604 ou 1605 il tue un de ses adversaires et il est contraint de s'enfuir en Angleterre pour éviter la justice. Une fois les choses tassées, il revient en France, publie un Traité d'économie politique publié en 1615, une des premières œuvres dans ce domaine en France, et pour laquelle il est aujourd'hui peut être plus connu que pour ses œuvres littéraires.
Il obtient quelques charges officielles, comme celle de gouverneur de Châtillon-sur-Loire et prend le titre de baron.
Mais en 1620 il s'engage dans la révolte des Huguenots, participe à la lutte armée, et finit tué dans une auberge, dénoncé, en 1621.
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Je ne lis jamais un livre dont je dois écrire la critique ; on se laisse tellement influencer. (Oscar Wilde)
Arabella- Messages : 4815
Date d'inscription : 29/11/2016
Re: Antoine de Montchrestien
Hector
Il s'agit de la dernière pièce écrite par Antoine de Montchrestien, publiée en 1604 dans la dernière édition de ses œuvres dramatiques. Il ne semble pas exister de trace de représentation de la pièce sur scène, si elle a eu lieu, elle a eu trop peu de retentissement pour avoir été noté. Un nombre très importants de personnages, dont certains muets, le manque de précision de la scénographie, semblent indiquer que le soucis de la scène n'ait pas été primordial pour l'auteur.
La pièce évoque le dernier jour d'Hector. Troublée par un songe, Andromaque demande à Hector de ne pas combattre ce jour. Il refuse et s'apprête à partir dans la bataille. Andromaque sollicite alors Priam, qui consent à ordonner à son fils de rester dans la ville. Mais les troupes troyennes sont malmenées par les Grecs, et Hector finit par se précipiter dans la mêlée où Achille va parvenir à le tuer par traîtrise et à profaner son cadavre.
Nous retrouvons de nombreux éléments qui font de cette pièce une héritière de la tragédie humaniste. La présence d'un choeur de Troyennes par exemple, de nombreuses stichomythies également. Ce qui alourdit le plus le texte et le rend peu attrayant pour le lecteur d'aujourd'hui, ce sont de nombreux passages de forme gnomique, sentences, maximes, arguments de portée générale, assenés pour eux même plus que pour faire évoluer la pièce. Le rôle de la leçon morale que devait dispenser la tragédie vue par les humanistes est bien présent.
Mais la pièce semble annoncer quand même par certains aspects la tragédie classique qui va apparaître dans pas très longtemps, en particulier par une véritable action. Les choses ne sont pas jouées d'avance au départ de la pièce, Hector vit encore, et Andromaque est décidée à lui éviter la journée funeste sur le champ de bataille. Elle semble y arriver lorsque Priam ordonne à son fils de rester dans la ville. Et même lorsque le héros participe finalement à la bataille, il est au début victorieux, ce qui permet à Priam et Hécube de se réjouir, avant d'apprendre le retournement fatal. Nous ne sommes donc pas dans une simple élégie dramatique.
C'est moins facile à lire que les pièces un peu postérieures, essentiellement de par son vocabulaire, par moments archaïque. On voit à quel point la langue a évolué en peu de temps. Mais il y a des très beaux passages, d'une tragique grandeur, simples mais en même temps impressionnants de par leur simplicité même, un peu rugueuse.
Quoi que tente mon âme afin de se distraire
De penser à son mal, elle ne le peut faire.
Ses efforts restent vains, et parmi ce malheur
Tout s'affaiblit en moi, fors la seule douleur.
Quel tourbillon fatal t'emporte en haute mer
Où maint gouffre bouillant s'ouvre pour t'abîmer ?
Ô nef, demeure à l'ancre, assure le cordage
Qui maintenant te lie à ce calme rivage.
Que sert dissimuler ? Troie un jour sera cendre,
Et tous ses hauts palais, trébuchés à l'envers,
Seront monceaux pierreux d'un peu d'herbe couverts.
Il s'agit de la dernière pièce écrite par Antoine de Montchrestien, publiée en 1604 dans la dernière édition de ses œuvres dramatiques. Il ne semble pas exister de trace de représentation de la pièce sur scène, si elle a eu lieu, elle a eu trop peu de retentissement pour avoir été noté. Un nombre très importants de personnages, dont certains muets, le manque de précision de la scénographie, semblent indiquer que le soucis de la scène n'ait pas été primordial pour l'auteur.
La pièce évoque le dernier jour d'Hector. Troublée par un songe, Andromaque demande à Hector de ne pas combattre ce jour. Il refuse et s'apprête à partir dans la bataille. Andromaque sollicite alors Priam, qui consent à ordonner à son fils de rester dans la ville. Mais les troupes troyennes sont malmenées par les Grecs, et Hector finit par se précipiter dans la mêlée où Achille va parvenir à le tuer par traîtrise et à profaner son cadavre.
Nous retrouvons de nombreux éléments qui font de cette pièce une héritière de la tragédie humaniste. La présence d'un choeur de Troyennes par exemple, de nombreuses stichomythies également. Ce qui alourdit le plus le texte et le rend peu attrayant pour le lecteur d'aujourd'hui, ce sont de nombreux passages de forme gnomique, sentences, maximes, arguments de portée générale, assenés pour eux même plus que pour faire évoluer la pièce. Le rôle de la leçon morale que devait dispenser la tragédie vue par les humanistes est bien présent.
Mais la pièce semble annoncer quand même par certains aspects la tragédie classique qui va apparaître dans pas très longtemps, en particulier par une véritable action. Les choses ne sont pas jouées d'avance au départ de la pièce, Hector vit encore, et Andromaque est décidée à lui éviter la journée funeste sur le champ de bataille. Elle semble y arriver lorsque Priam ordonne à son fils de rester dans la ville. Et même lorsque le héros participe finalement à la bataille, il est au début victorieux, ce qui permet à Priam et Hécube de se réjouir, avant d'apprendre le retournement fatal. Nous ne sommes donc pas dans une simple élégie dramatique.
C'est moins facile à lire que les pièces un peu postérieures, essentiellement de par son vocabulaire, par moments archaïque. On voit à quel point la langue a évolué en peu de temps. Mais il y a des très beaux passages, d'une tragique grandeur, simples mais en même temps impressionnants de par leur simplicité même, un peu rugueuse.
Quoi que tente mon âme afin de se distraire
De penser à son mal, elle ne le peut faire.
Ses efforts restent vains, et parmi ce malheur
Tout s'affaiblit en moi, fors la seule douleur.
Quel tourbillon fatal t'emporte en haute mer
Où maint gouffre bouillant s'ouvre pour t'abîmer ?
Ô nef, demeure à l'ancre, assure le cordage
Qui maintenant te lie à ce calme rivage.
Que sert dissimuler ? Troie un jour sera cendre,
Et tous ses hauts palais, trébuchés à l'envers,
Seront monceaux pierreux d'un peu d'herbe couverts.
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Arabella- Messages : 4815
Date d'inscription : 29/11/2016
Re: Antoine de Montchrestien
ça sent la lecture du tome 1 Pléiade XVIIème, ça !
J'ai lu cette pièce il n'y a pas si longtemps. J'ai trouvé ça, comme tu dis un peu dur à lire. Un peu lourd aussi, et beaucoup trop long.
Autant j'aime beaucoup la guerre de Troie, autant là je n'ai pas été emporté par ce texte.
J'ai lu cette pièce il n'y a pas si longtemps. J'ai trouvé ça, comme tu dis un peu dur à lire. Un peu lourd aussi, et beaucoup trop long.
Autant j'aime beaucoup la guerre de Troie, autant là je n'ai pas été emporté par ce texte.
Invité- Invité
Re: Antoine de Montchrestien
C'est au final moins difficile qu'Alexandre Hardy, alors que plus ancien. Je serais moins sévère que toi, si on enlevait les passages maximes, sentence et autres moralités générales, ce ne serait pas si mal. J'aime asses le style à certains moments. Même si a l'impression d'une écriture loin de la scène et de ses contraintes.
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Arabella- Messages : 4815
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Re: Antoine de Montchrestien
Je n'ai pas encore lu la suite du volume.
Ce que je trouve pénible à la lecture, ce sont les stichomythies, heureusement que ç'a été abandonné ensuite, car ça fait vraiment artificiel comme type de dialogue.
Ce que je trouve pénible à la lecture, ce sont les stichomythies, heureusement que ç'a été abandonné ensuite, car ça fait vraiment artificiel comme type de dialogue.
Invité- Invité
Re: Antoine de Montchrestien
Je crois qu'on peut trouver encore des stichomythies chez Corneille, même si c'est moins long et si cela s'est assoupli, en cherchant bien on en trouve même quelques vestiges chez Racine. Je les trouve pénibles que lorsqu'il s'agit d'asséner des proverbes ou moralités, parce que cela peut être un dialogue très dynamique sur une scène.
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Arabella- Messages : 4815
Date d'inscription : 29/11/2016
Re: Antoine de Montchrestien
Mouais, quand ça s'enchaîne j'ai vraiment du mal (ça en devient très logomachique). Chez Corneille ou Racine, ce sera plus isolé et anecdotique.
Invité- Invité
Re: Antoine de Montchrestien
Voilà, à petites doses cela passe.
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Arabella- Messages : 4815
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