Ana-Maria Matute
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Ana-Maria Matute
Ana- Maria Matute (1925-2014)
Source : Wikipédia
Ana María Matute, née le 26 juillet 1925 à Barcelone, où elle meurt le 25 juin 2014, est une écrivaine espagnole appartenant à la Génération de 50.
Elle est la deuxième des cinq enfants d'une famille de la petite bourgeoisie catalane, conservatrice et religieuse. Sa mère était hispanophone et son père catalanophone, propriétaire d'une usine de parapluies. Née à Barcelone, elle y passe une enfance marquée par la Guerre civile espagnole, ce qui se reflétera dans son œuvre littéraire, centrée sur « les petits garçons étonnés » qui observent malgré eux et cherchent à comprendre la déraison qui les entoure.
Elle commence une carrière littéraire précoce et prolifique avec Los Abel en 1948, finaliste du Prix Nadal. Bien qu'elle ne parle pas de la situation terrible des campesinos espagnols, elle n'est pas censurée parce qu'elle ne met pas en cause Franco. Après son divorce, la législation espagnole de l'époque ne lui permet pas de voir Juan Pablo, son fils.
Elle occupe le siège K de l'Académie royale espagnole, dont elle est l'un des six membres féminins de 1996 à sa mort en 2014. De plus, elle est la troisième femme à avoir reçu le Prix Cervantes (2010). Elle est une des voix les plus personnelles et isolées de la littérature espagnole.
Dernière édition par Arabella le Dim 08 Sep 2019, 2:53 pm, édité 1 fois
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Je ne lis jamais un livre dont je dois écrire la critique ; on se laisse tellement influencer. (Oscar Wilde)
Arabella- Messages : 4815
Date d'inscription : 29/11/2016
Re: Ana-Maria Matute
Paradis inhabité
Le récit d'une enfance. Encore un serait-t-on tenté de dire dans un premier mouvement. Mais il suffit que l'auteur ait un talent suffisant, pour émouvoir et surprendre, même si le sujet au départ ne paraît guère orignal.
Adri est la petite dernière d'une famille espagnole aisée (le père est avocat), et son enfance se passe avant la guerre civile espagnole. Enfance à la fois douloureuse et merveilleuse. Douloureuse, car Adri est une enfant pas vraiment désirée, elle se sent rejetée et brimée par ceux qu'elle appelle Les Géants, dont le monde n'est clairement pas le sien, qui lui se déroule dans une minuscule chambre près des quartiers des domestiques, et dans la cuisine pour l'essentiel. Merveilleuse car Adri a le don d'imaginer, de rêver, de peupler le monde de magie, d'intégrer les contes qu'elle lit au quotidien qu'elle vit. Rejeté par ses camarades à l'école, elle se lie d'une amitié passionnelle avec un voisin, le fils d'une ballerine russe, avec qui elle partage le domaine magique de l'imagination.
Ana Maria Matute a vraiment réussi à merveille à traduire le monde d'Adri d'une façon incomparable, avec subtilité et légèreté, toute sa poésie douloureuse. Grâce sans doute à une écriture fluide, élégante, lyrique, très personnelle. le livre est vraiment très beau et émouvant, et laisse une trace profonde chez le lecteur. Une très belle découverte pour moi, cela faisait longtemps qu'un livre ne m'avait pas touché d'une façon si directe. Et me donne une envie furieuse de lire d'autres livres de son auteur, ce qui risque de n'être pas si facile que ça.
Le récit d'une enfance. Encore un serait-t-on tenté de dire dans un premier mouvement. Mais il suffit que l'auteur ait un talent suffisant, pour émouvoir et surprendre, même si le sujet au départ ne paraît guère orignal.
Adri est la petite dernière d'une famille espagnole aisée (le père est avocat), et son enfance se passe avant la guerre civile espagnole. Enfance à la fois douloureuse et merveilleuse. Douloureuse, car Adri est une enfant pas vraiment désirée, elle se sent rejetée et brimée par ceux qu'elle appelle Les Géants, dont le monde n'est clairement pas le sien, qui lui se déroule dans une minuscule chambre près des quartiers des domestiques, et dans la cuisine pour l'essentiel. Merveilleuse car Adri a le don d'imaginer, de rêver, de peupler le monde de magie, d'intégrer les contes qu'elle lit au quotidien qu'elle vit. Rejeté par ses camarades à l'école, elle se lie d'une amitié passionnelle avec un voisin, le fils d'une ballerine russe, avec qui elle partage le domaine magique de l'imagination.
Ana Maria Matute a vraiment réussi à merveille à traduire le monde d'Adri d'une façon incomparable, avec subtilité et légèreté, toute sa poésie douloureuse. Grâce sans doute à une écriture fluide, élégante, lyrique, très personnelle. le livre est vraiment très beau et émouvant, et laisse une trace profonde chez le lecteur. Une très belle découverte pour moi, cela faisait longtemps qu'un livre ne m'avait pas touché d'une façon si directe. Et me donne une envie furieuse de lire d'autres livres de son auteur, ce qui risque de n'être pas si facile que ça.
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Je ne lis jamais un livre dont je dois écrire la critique ; on se laisse tellement influencer. (Oscar Wilde)
Arabella- Messages : 4815
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Re: Ana-Maria Matute
Les brûlures du matin
Considérée comme un auteur important dans la deuxième moitié du XXe siècle dans son pays (prix Cervantès, elle a fait partie de l'Académie espagnole de lettres) elle a eu les honneurs de nombreuses traductions françaises. La plupart de ses livres ont peu à peu disparu des catalogues, même si récemment quelques rééditions semblent redonner une seconde vie à certains de ses romans, en particulier aux éditions Phébus. Cela n'a pas encore été le cas de ce roman, Les brûlures du matin, devenu donc difficile à trouver.
Nous sommes à une date indéterminée pendant la guerre civile espagnole, dans une île loin du monde, qui n'est pas nommée. La narratrice, Matia, se trouve chez sa grand-mère. Sa mère est morte, son père quelque part au front, chez « l'ennemi rouge ». La maison loin des combats accueille aussi sa tante Emilia avec son fils Borja, le père et mari de ces derniers est officier dans l'armée nationaliste. La terrible grand-mère règne sur tout ce petit monde, comme elle règne en partie sur l'île. Les deux enfants, ou plutôt adolescents, vivent des moments hors du temps en apparence, avec des jeux et des découvertes d'enfants, se construisant un univers qui leur permette d'échapper à main mise de la grand-mère. Mais l'univers de l'enfance s'éloigne de plus en plus, face à la violence du monde, et aussi face à la violence qui les habite.
Ana-Maria Matute a un incontestable talent pour créer une ambiance, un décor, à rendre compte du monde sensible, avec sensualité et une sorte de poésie mélancolique. Elle est aussi très à l'aise dans le monde de l'enfance, entre la capacité à créer, à inventer, à rêver, et une forme de cruauté brute, primitive, qui ne se cache pas sous les politesses et le jeu d'apparence des adultes. Nous sommes dans une sorte de paradis déjà perverti, dans un récit qui s'achemine un peu vert une fin que l'on pressent tragique d'une façon inéluctable.
J'ai un peu de mal à dire ce qui m'a un peu manqué dans ce livre pour complètement m'emporter. Un tout petit peu trop prévisible, les personnages, en particulier Matia, avec un souffle de profondeur qui fait défaut, les belles descriptions peut-être un rien trop sur-écrites. Quelque chose qui serait de l'ordre d'une nécessité absolue plutôt que de la belle ouvrage très bien faite n'est pas complètement là. À un cheveu de la grand littérature, qui est sans doute l'ambition, presque atteinte. Mais incontestablement une très bonne lecture.
Considérée comme un auteur important dans la deuxième moitié du XXe siècle dans son pays (prix Cervantès, elle a fait partie de l'Académie espagnole de lettres) elle a eu les honneurs de nombreuses traductions françaises. La plupart de ses livres ont peu à peu disparu des catalogues, même si récemment quelques rééditions semblent redonner une seconde vie à certains de ses romans, en particulier aux éditions Phébus. Cela n'a pas encore été le cas de ce roman, Les brûlures du matin, devenu donc difficile à trouver.
Nous sommes à une date indéterminée pendant la guerre civile espagnole, dans une île loin du monde, qui n'est pas nommée. La narratrice, Matia, se trouve chez sa grand-mère. Sa mère est morte, son père quelque part au front, chez « l'ennemi rouge ». La maison loin des combats accueille aussi sa tante Emilia avec son fils Borja, le père et mari de ces derniers est officier dans l'armée nationaliste. La terrible grand-mère règne sur tout ce petit monde, comme elle règne en partie sur l'île. Les deux enfants, ou plutôt adolescents, vivent des moments hors du temps en apparence, avec des jeux et des découvertes d'enfants, se construisant un univers qui leur permette d'échapper à main mise de la grand-mère. Mais l'univers de l'enfance s'éloigne de plus en plus, face à la violence du monde, et aussi face à la violence qui les habite.
Ana-Maria Matute a un incontestable talent pour créer une ambiance, un décor, à rendre compte du monde sensible, avec sensualité et une sorte de poésie mélancolique. Elle est aussi très à l'aise dans le monde de l'enfance, entre la capacité à créer, à inventer, à rêver, et une forme de cruauté brute, primitive, qui ne se cache pas sous les politesses et le jeu d'apparence des adultes. Nous sommes dans une sorte de paradis déjà perverti, dans un récit qui s'achemine un peu vert une fin que l'on pressent tragique d'une façon inéluctable.
J'ai un peu de mal à dire ce qui m'a un peu manqué dans ce livre pour complètement m'emporter. Un tout petit peu trop prévisible, les personnages, en particulier Matia, avec un souffle de profondeur qui fait défaut, les belles descriptions peut-être un rien trop sur-écrites. Quelque chose qui serait de l'ordre d'une nécessité absolue plutôt que de la belle ouvrage très bien faite n'est pas complètement là. À un cheveu de la grand littérature, qui est sans doute l'ambition, presque atteinte. Mais incontestablement une très bonne lecture.
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Arabella- Messages : 4815
Date d'inscription : 29/11/2016
Re: Ana-Maria Matute
La tour de guet
Nous sommes dans un pays indéterminé, à un moment indéterminé du Moyen-Age. Le héros est le plus jeune fils d'un petit seigneur miteux et vieillissant. Il survit tant bien que mal, se forme un peu, et part rejoindre ses frères au château du comte Mohl, le seigneur à qui son père a juré allégeance. Il y est distingué, par le seigneur et sa dame, un étrange et malsain couple, qui fascine notre jeune personnage. Il suit une formation pour pouvoir devenir chevalier un jour.
On retrouve dans ce livre la très belle écriture d'Ana Maria Matute, mais c'est à mon avis le seul intérêt du livre, qui m'a paru brumeux, confus, sans doute plein d'allégories, de symboles, de sens cachés, mais à un point que je n'ai pas l'impression d'y avoir compris grand chose. Cela manque de solidité, d'une trame, d'un peu de réalisme, les personnages sont terriblement évanescents et irréels, ils ne sont pas de vraies personnes mais sans doute des symboles et des métaphores (mais de quoi ?). Je me sentais de plus en plus perdue et insatisfaite tout au long de ma lecture. Je préfère infiniment Ana Maria Matute quand elle parle du monde qu'elle connaît et dans lequel elle a vécu, que dans ce monde de nulle part.
Nous sommes dans un pays indéterminé, à un moment indéterminé du Moyen-Age. Le héros est le plus jeune fils d'un petit seigneur miteux et vieillissant. Il survit tant bien que mal, se forme un peu, et part rejoindre ses frères au château du comte Mohl, le seigneur à qui son père a juré allégeance. Il y est distingué, par le seigneur et sa dame, un étrange et malsain couple, qui fascine notre jeune personnage. Il suit une formation pour pouvoir devenir chevalier un jour.
On retrouve dans ce livre la très belle écriture d'Ana Maria Matute, mais c'est à mon avis le seul intérêt du livre, qui m'a paru brumeux, confus, sans doute plein d'allégories, de symboles, de sens cachés, mais à un point que je n'ai pas l'impression d'y avoir compris grand chose. Cela manque de solidité, d'une trame, d'un peu de réalisme, les personnages sont terriblement évanescents et irréels, ils ne sont pas de vraies personnes mais sans doute des symboles et des métaphores (mais de quoi ?). Je me sentais de plus en plus perdue et insatisfaite tout au long de ma lecture. Je préfère infiniment Ana Maria Matute quand elle parle du monde qu'elle connaît et dans lequel elle a vécu, que dans ce monde de nulle part.
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Je ne lis jamais un livre dont je dois écrire la critique ; on se laisse tellement influencer. (Oscar Wilde)
Arabella- Messages : 4815
Date d'inscription : 29/11/2016
Re: Ana-Maria Matute
merci pour ce fil, j'avais bien aimé ma première lecture d'elle et m'avait toujours dit de revenir vers elle… cela ne s'est pas fait jusqu'aujourd'hui, peut-être ce fil va me motiver
mon commentaire de 2010
Le Temps
Si le temps qui s'écoule est un sujet qu'on retrouve chez Ana Maria Matute, alors dans ces nouvelles, c'est le temps de l'enfance qui est au milieu des histoires et ce temps, pour la plupart d'entre nous, entraîne des bons souvenirs ou au moins des impressions un peu nostalgiques qui donnent quand même des bons sentiments.
Et bien, ce n'en est rien pour ces enfants, pour ces nouvelles.
Une lecture qui ne peux pas enthousiasmer concernant leur contenu, mais d'une écriture et d'un talent qui fait plaisir à découvrir.
Et en parlant "d'un bon début", voici la première phrase de la nouvelle La Ronda
La venue au monde de Miguel Bruno coûta trois cent soixante pesetas d'honoraires pour le médecin de campagne, cinquante autres de frais spéciaux, trois repas supplémentaires et la vie de la mère.
mon commentaire de 2010
Le Temps
Dans la plupart des 13 nouvelles dans ce receuil, des enfants sont au centre des événements. Et c'est souvent un monde dur qui les attend. Souvent les enfants sont orphelins, ou un des deux parents manque. Ils sont pauvres et leurs destins est très peu enviable. Ils font face à une vie qu'ils n'ont pas choisie et dont ils ne comprennent pas les règles. Souvent ils n'ont personne, mêmes pas des amis, pour leur expliquer, donner du support.Présentation de l'éditeur
La première histoire de ce livre lui a donné son titre. Mais ce thème du temps qui s'écoule, on le retrouve, obsédant, dans tous les contes, violents et colorés, réunis ici. Qu'il s'agisse de deux enfants perdus à la recherche de leur vie, Pedro et Paulina, ou de Miguel Bruno, amené par sa mobilisation à s'interroger sur ses jeunes années, ou de la quête d'une femme - l'auteur peut-être ? - à travers une aventure de son enfance, ou de ce vieillard, don Julian, peu à peu détruit par le vieillissement, c'est toujours le vertige, tour à tour lumineux et angoissant, de la fuite des années. Telle est la chaîne sur laquelle l'auteur a tissé son œuvre. Quant aux soies employées, c'est surtout la variété et l'intensité fraîche de leurs coloris qui étonnent. Le récit, chez Ana Maria Matute, est plein d'inventions, d'inattendu. Ses notations sont violentes, ses contrastes subtils. A la fois nouvelles et longs poèmes, ces textes éclairent un monde très humain, un univers pétri de souffrance et de nostalgie.
Si le temps qui s'écoule est un sujet qu'on retrouve chez Ana Maria Matute, alors dans ces nouvelles, c'est le temps de l'enfance qui est au milieu des histoires et ce temps, pour la plupart d'entre nous, entraîne des bons souvenirs ou au moins des impressions un peu nostalgiques qui donnent quand même des bons sentiments.
Et bien, ce n'en est rien pour ces enfants, pour ces nouvelles.
Une lecture qui ne peux pas enthousiasmer concernant leur contenu, mais d'une écriture et d'un talent qui fait plaisir à découvrir.
Et en parlant "d'un bon début", voici la première phrase de la nouvelle La Ronda
La venue au monde de Miguel Bruno coûta trois cent soixante pesetas d'honoraires pour le médecin de campagne, cinquante autres de frais spéciaux, trois repas supplémentaires et la vie de la mère.
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Life is a lot like Jazz
Best when you improvise
George Gershwin
Re: Ana-Maria Matute
Je me souviens avoir lu d'elle quand j'étais enfant, Nin, Paulina et les lumières de la montagne, un livre que j'avais beaucoup aimé. Ce fil me donne envie d'essayer ses romans pour adultes !
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"Quand je pense à tous les livres qu'il me reste à lire, j'ai la certitude d'être encore heureux" Jules Renard
Liseron- Messages : 4307
Date d'inscription : 02/01/2017
Localisation : Toulouse
Re: Ana-Maria Matute
J'avais vu en effet qu'elle avait aussi écrit pour un jeune public, merci de nous en parler @Liseron.
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Je ne lis jamais un livre dont je dois écrire la critique ; on se laisse tellement influencer. (Oscar Wilde)
Arabella- Messages : 4815
Date d'inscription : 29/11/2016
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