Andreï Guelassimov
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Liseron
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Re: Andreï Guelassimov
Liseron a écrit:C'était ton idée, je n'ai pas voulu te la piquerNightingale a écrit:Liseron a écrit: C’est un livre qui aurait tout à fait sa place dans le fil que @Nightingale voulait créer (et qu’on attend) sur les livres dont les histoires sont vues par les yeux des enfants…
Liseron a écrit:On va attendre que @Nightingale rentre de Bretagne…et au boulot !
Eh oh, ça va bien, vous deux ?!! je vous dérange pas !??!!...
Pas de problème, j'ai bon cœur, je te l'offre.

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Nightingale- Messages : 2349
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Re: Andreï Guelassimov
La rose des vents
A priori un roman d’aventures, d’explorations, de voyages, basés sur des faits et personnages réels, donc on pourrait dire un roman historique. Il est inspiré de la vie de Guennadi Nevelskoï, marin et explorateur russe du XIXe siècle. Il a exploré les abords de l’île Sakhaline et l’embouchure du fleuve Amour, très peu connus à l’époque, d’autant plus que la question de savoir à qui appartenaient ces territoires n’était pas complètement tranchée. Au-delà de mieux connaître, il s’agissait donc de marquer son territoire et éventuellement s’installer.
Le roman d’Andreï Guelassimov contient les éléments de romans d’aventures type : péripéties, rebondissements, risque de perdre la vie, batailles, traîtrises etc. Mais d’une certaine manière, cela ne semble pas l’essentiel pour l’auteur, qui joue avec les codes du genre, avec un second degré jamais absent. Et qui se permet de jouer avec son lecteur : il peut nous laisser en plan au moment du suspens le plus intense, nous balader ailleurs, puis revenir à la situation première qu’il boucle en quelques lignes, sans tous les développements et passages obligés que le lecteur attend. Un peu comme si dans un Indiana Jones, au moment où le héros était assailli par une horde d’ennemis, on passait directement à la scène où les dits ennemis sont tous écrabouillés, en faisant l’économie de la bagarre. Guelassimov semble nous dire : vous savez bien comment cela se passe, ne perdons pas notre temps avec ces futilités.
Car au-delà de la destinée d’un individu, ce sont les mécanismes politiques et sociaux qui semblent bien plus passionner Guelassimov. Nevelskoï devient explorateur contraint et forcé, une sorte de chantage qui ne dit pas son nom s’exerce sur lui et sa famille, pour qu’il paraisse prendre des initiatives de son propre chef. Et son action ne sera sanctionnée officiellement par les autorités que lorsqu’il réussit. Car la Russie n’est pas la seule qui lorgne ces terres lointaines, ainsi que les richesses qu’elles recèlent. La puissance anglaise est à son zénith, et ces terres sans maître, dans l’orbite de la Chine devenue impuissante, aiguisent ses appétits. Et pour certains Russes, dont le trouble et inquiétant Semenov, pas question de leur céder un pouce de terrain. Les Russes sont pour lui les seuls à posséder une âme, et tous les étrangers, en particulier Européens, n’ont qu’à bien se tenir. L’enjeu n’est pas la réussite de l’aventure d’un homme, qui au final n’est qu’un pion, mais les chocs entre puissances, qui utilisent les pions dont elles disposent, en essayant de le faire de la manière la plus judicieuse. D’où les longs développement du début du roman, qui posent le contexte géopolitique et qui sont le véritable sujet du livre. Ce démarrage nous dessine également la société dans laquelle évolue le personnage principal : une société autocratique, qui peut du jour au lendemain broyer un individu. Parce qu’en le faisant, elle atteint un de ses objectifs, ou tout simplement parce qu’il est au mauvais moment au mauvais endroit. L’indifférence de Semenov devant ce genre d’événement illustre l’indifférence du système dans son ensemble, de ceux qui détiennent le pouvoir, et qui se battent farouchement pour le garder ou pour en avoir un peu plus, d’une manière souterraine et trouble. Dans cette lutte, la vie d’un individu qui ne fait pas partie des puissants n’a aucune importance. Toutes les atrocités sont permises, si elles permettent de gagner.
Brillant et passionnant.
A priori un roman d’aventures, d’explorations, de voyages, basés sur des faits et personnages réels, donc on pourrait dire un roman historique. Il est inspiré de la vie de Guennadi Nevelskoï, marin et explorateur russe du XIXe siècle. Il a exploré les abords de l’île Sakhaline et l’embouchure du fleuve Amour, très peu connus à l’époque, d’autant plus que la question de savoir à qui appartenaient ces territoires n’était pas complètement tranchée. Au-delà de mieux connaître, il s’agissait donc de marquer son territoire et éventuellement s’installer.
Le roman d’Andreï Guelassimov contient les éléments de romans d’aventures type : péripéties, rebondissements, risque de perdre la vie, batailles, traîtrises etc. Mais d’une certaine manière, cela ne semble pas l’essentiel pour l’auteur, qui joue avec les codes du genre, avec un second degré jamais absent. Et qui se permet de jouer avec son lecteur : il peut nous laisser en plan au moment du suspens le plus intense, nous balader ailleurs, puis revenir à la situation première qu’il boucle en quelques lignes, sans tous les développements et passages obligés que le lecteur attend. Un peu comme si dans un Indiana Jones, au moment où le héros était assailli par une horde d’ennemis, on passait directement à la scène où les dits ennemis sont tous écrabouillés, en faisant l’économie de la bagarre. Guelassimov semble nous dire : vous savez bien comment cela se passe, ne perdons pas notre temps avec ces futilités.
Car au-delà de la destinée d’un individu, ce sont les mécanismes politiques et sociaux qui semblent bien plus passionner Guelassimov. Nevelskoï devient explorateur contraint et forcé, une sorte de chantage qui ne dit pas son nom s’exerce sur lui et sa famille, pour qu’il paraisse prendre des initiatives de son propre chef. Et son action ne sera sanctionnée officiellement par les autorités que lorsqu’il réussit. Car la Russie n’est pas la seule qui lorgne ces terres lointaines, ainsi que les richesses qu’elles recèlent. La puissance anglaise est à son zénith, et ces terres sans maître, dans l’orbite de la Chine devenue impuissante, aiguisent ses appétits. Et pour certains Russes, dont le trouble et inquiétant Semenov, pas question de leur céder un pouce de terrain. Les Russes sont pour lui les seuls à posséder une âme, et tous les étrangers, en particulier Européens, n’ont qu’à bien se tenir. L’enjeu n’est pas la réussite de l’aventure d’un homme, qui au final n’est qu’un pion, mais les chocs entre puissances, qui utilisent les pions dont elles disposent, en essayant de le faire de la manière la plus judicieuse. D’où les longs développement du début du roman, qui posent le contexte géopolitique et qui sont le véritable sujet du livre. Ce démarrage nous dessine également la société dans laquelle évolue le personnage principal : une société autocratique, qui peut du jour au lendemain broyer un individu. Parce qu’en le faisant, elle atteint un de ses objectifs, ou tout simplement parce qu’il est au mauvais moment au mauvais endroit. L’indifférence de Semenov devant ce genre d’événement illustre l’indifférence du système dans son ensemble, de ceux qui détiennent le pouvoir, et qui se battent farouchement pour le garder ou pour en avoir un peu plus, d’une manière souterraine et trouble. Dans cette lutte, la vie d’un individu qui ne fait pas partie des puissants n’a aucune importance. Toutes les atrocités sont permises, si elles permettent de gagner.
Brillant et passionnant.
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Je ne lis jamais un livre dont je dois écrire la critique ; on se laisse tellement influencer. (Oscar Wilde)
Arabella- Messages : 4646
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Re: Andreï Guelassimov
Et voilà ! Encore une tentation russe ! 
Mais je pense quand même que je serais plus intéressé par Les dieux de la steppe.

Mais je pense quand même que je serais plus intéressé par Les dieux de la steppe.
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Nightingale- Messages : 2349
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Re: Andreï Guelassimov
C'est aussi celui que je te conseillerais (pour commencer
).

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Arabella- Messages : 4646
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