Jonathan Swift
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Jonathan Swift
Jonathan Swift (1667-1745)
Source : Wikimini
Jonathan Swit est né le 30 novembre 1667 à Dublin, en Irlande. Il était orphelin. Il a été élevé par ses oncles. Il a été à l'université à Dublin. Il a quitté l'Irlande à causes des troubles politiques. Il devient secrétaire de William Temple, membre du Parlement britannique et diplomate pendant 10 ans. C'est un écrivain, un poète et un clerc. Il a été marié à Esther Johnson. Il est célèbre pour avoir écrit Les Voyages de Gulliver en 1726. Il a beaucoup écrit pour dénoncer le recours à la guerre et la violence. Il est mort à Dublin en 1745.
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Je ne lis jamais un livre dont je dois écrire la critique ; on se laisse tellement influencer. (Oscar Wilde)
Arabella- Messages : 4820
Date d'inscription : 29/11/2016
Re: Jonathan Swift
Voyages de Gulliver
Paru en 1726, lorsque son auteur a près de 60 ans, ce livre est en quelque sorte la somme de Swift, qui a derrière lui une longue carrière, à la fois d'auteur, surtout pamphlétaire et polémiste, mais aussi politique, mettant sa plume au service de whigs puis de tories.
Les inspirations et sources des Voyages sont nombreuses et reflètent la culture et les goûts de Swift et celles d'une époque : les Mille et une nuits, Lucien de Samosate, Rabelais, Cyrano de Bergerac…. On pourrait les égrener longtemps, et chacun au détour d'un passage pourra trouver des références et des réminiscences. Mais de tous ces matériaux composites, Swift fait une oeuvre originale, d'une grande inventivité et où une ironie féroce est presque toujours présente.
Le livre se compose de quatre parties, chaque partie correspond à un voyage de Gulliver, selon toujours le même schéma. Gulliver se laisse entraîner à faire un voyage, plein de dangers et de péripéties, dont il revient jusque dans son foyer familial, mais une nouvelle occasion de partir se présente, auquel le personnage ne résiste pas, un peu comme Sindbad.
Le premier voyage fait arriver Gulliver à l'île de Liliput, dont les habitants sont de toute petite taille, et où notre héros fait figure de géant. Capturé pendant son sommeil, il arrive à gagner une certaine liberté, en se rendant utile, en particulier dans la guerre que les Lilliputiens mènent contre l'île rivale de Blefuscu. Son séjour à la cour de Lilluput permet à Swift une satire impitoyable des intrigues de cour, des appétits individuels qui s'en donnent à coeur joie contre les intérêts du pays, des mesquineries et ambitions. de même il met en évidence la déraison des guerres meurtrières et absurdes, comme celle qui a cours entre la France et l'Angleterre à son époque, parodiées en Blefuscu et Lilliput.
Le deuxième voyage de Gulliver le mènera à Brobdingnag, le pays des géants, il deviendra à son tour moins qu'un nain. Tentant de mettre en valeur son pays d'origine, ses institutions, il ne ferra que démontrer leur corruption et l'absurdité, mises à nue par les géants, dont les jugements sains et de bon sens, démontent toutes les failles de la société anglaise, opposée à la société paisible et juste des géants, qui malgré leur force n'ont rien de belliqueux, et ne sont pas désireux de dominer et d'écraser les autres.
Le troisième voyage est le plus disparate. Nous faisons d'abord connaissance avec l'île volante de Laputa, où la science et les savants dominent la société. Mais une science poussée à l'absurde, totalement coupée de la réalité, qui fait construire des maisons de travers, et appliquer au quotidien des techniques inefficaces et contre-productives. Une science qui sert aussi à une domination politique impitoyable : l'île volante peut détruire les villes installées au sol, la population est donc soumise à la toute puissance et aux exigences de Laputa. Swift parodie un certain nombre de savants d'une manière mordante. Il rencontre ensuite dans l'île de Struldbruggs des immortels, mais découvre que s'ils ne meurent pas, ils vieillissent, et que ce qu'il prenait comme le plus grand de bienfait, se révèle la pire situation possible. Il réussit enfin à rentre chez lui en passant par le Japon.
Son dernier voyage l'amène en fin de compte chez les Houyhnhnms, des chevaux intelligents, qui mènent une vie sage. Ce sont les hommes, les Yahoos,créatures stupides, agressives, qui cumulent tous les défauts possibles, qui sont les animaux dans ce monde. Gulliver tente bien de persuader les Houyhnhnms des différences qui existent entre les hommes de son monde et les Yahoos, mais plus il décrit les réalités de l'Angleterre de son époque, et plus les Houyhnhnms trouvent des similitudes entre les deux populations. Les Yahoos sont une sorte de vision déformée de l'homme, dans laquelle tous les défauts du genre humain sont grossis. Un être humain d'après la chute, et qui visiblement ne peut être racheté, au point que Gulliver, mis à la porte de ce qu'il considère comme une sorte de paradis (pays des Houyhnhnms) revient en détestant les hommes, ne pouvant les supporter, y compris les membres de sa propre famille.
C'est donc une vision très sombre de l'homme que donne ce livre. On peut d'ailleurs s'étonner de son statut de livre destiné aux jeunes lecteurs, compte tenu de sa complexité et de sa noirceur. Cela est sans doute du à la riche imagination de Swift, aux images à laquelle il donne vie, celles des Lilliputiens, de l'île volante etc. Et aussi malgré tout à l'humour, qui n'est jamais absent, la misanthropie finale de son personnage principal étant aussi ridicule que les travers humains que les chevaux intelligents mettent à jour, Gulliver n'étant plus capable de voir ses congénères que de ce point de vue, ce qui montre les limites du personnage.
Un classique incontournable, à relire à l'âge adulte.
Paru en 1726, lorsque son auteur a près de 60 ans, ce livre est en quelque sorte la somme de Swift, qui a derrière lui une longue carrière, à la fois d'auteur, surtout pamphlétaire et polémiste, mais aussi politique, mettant sa plume au service de whigs puis de tories.
Les inspirations et sources des Voyages sont nombreuses et reflètent la culture et les goûts de Swift et celles d'une époque : les Mille et une nuits, Lucien de Samosate, Rabelais, Cyrano de Bergerac…. On pourrait les égrener longtemps, et chacun au détour d'un passage pourra trouver des références et des réminiscences. Mais de tous ces matériaux composites, Swift fait une oeuvre originale, d'une grande inventivité et où une ironie féroce est presque toujours présente.
Le livre se compose de quatre parties, chaque partie correspond à un voyage de Gulliver, selon toujours le même schéma. Gulliver se laisse entraîner à faire un voyage, plein de dangers et de péripéties, dont il revient jusque dans son foyer familial, mais une nouvelle occasion de partir se présente, auquel le personnage ne résiste pas, un peu comme Sindbad.
Le premier voyage fait arriver Gulliver à l'île de Liliput, dont les habitants sont de toute petite taille, et où notre héros fait figure de géant. Capturé pendant son sommeil, il arrive à gagner une certaine liberté, en se rendant utile, en particulier dans la guerre que les Lilliputiens mènent contre l'île rivale de Blefuscu. Son séjour à la cour de Lilluput permet à Swift une satire impitoyable des intrigues de cour, des appétits individuels qui s'en donnent à coeur joie contre les intérêts du pays, des mesquineries et ambitions. de même il met en évidence la déraison des guerres meurtrières et absurdes, comme celle qui a cours entre la France et l'Angleterre à son époque, parodiées en Blefuscu et Lilliput.
Le deuxième voyage de Gulliver le mènera à Brobdingnag, le pays des géants, il deviendra à son tour moins qu'un nain. Tentant de mettre en valeur son pays d'origine, ses institutions, il ne ferra que démontrer leur corruption et l'absurdité, mises à nue par les géants, dont les jugements sains et de bon sens, démontent toutes les failles de la société anglaise, opposée à la société paisible et juste des géants, qui malgré leur force n'ont rien de belliqueux, et ne sont pas désireux de dominer et d'écraser les autres.
Le troisième voyage est le plus disparate. Nous faisons d'abord connaissance avec l'île volante de Laputa, où la science et les savants dominent la société. Mais une science poussée à l'absurde, totalement coupée de la réalité, qui fait construire des maisons de travers, et appliquer au quotidien des techniques inefficaces et contre-productives. Une science qui sert aussi à une domination politique impitoyable : l'île volante peut détruire les villes installées au sol, la population est donc soumise à la toute puissance et aux exigences de Laputa. Swift parodie un certain nombre de savants d'une manière mordante. Il rencontre ensuite dans l'île de Struldbruggs des immortels, mais découvre que s'ils ne meurent pas, ils vieillissent, et que ce qu'il prenait comme le plus grand de bienfait, se révèle la pire situation possible. Il réussit enfin à rentre chez lui en passant par le Japon.
Son dernier voyage l'amène en fin de compte chez les Houyhnhnms, des chevaux intelligents, qui mènent une vie sage. Ce sont les hommes, les Yahoos,créatures stupides, agressives, qui cumulent tous les défauts possibles, qui sont les animaux dans ce monde. Gulliver tente bien de persuader les Houyhnhnms des différences qui existent entre les hommes de son monde et les Yahoos, mais plus il décrit les réalités de l'Angleterre de son époque, et plus les Houyhnhnms trouvent des similitudes entre les deux populations. Les Yahoos sont une sorte de vision déformée de l'homme, dans laquelle tous les défauts du genre humain sont grossis. Un être humain d'après la chute, et qui visiblement ne peut être racheté, au point que Gulliver, mis à la porte de ce qu'il considère comme une sorte de paradis (pays des Houyhnhnms) revient en détestant les hommes, ne pouvant les supporter, y compris les membres de sa propre famille.
C'est donc une vision très sombre de l'homme que donne ce livre. On peut d'ailleurs s'étonner de son statut de livre destiné aux jeunes lecteurs, compte tenu de sa complexité et de sa noirceur. Cela est sans doute du à la riche imagination de Swift, aux images à laquelle il donne vie, celles des Lilliputiens, de l'île volante etc. Et aussi malgré tout à l'humour, qui n'est jamais absent, la misanthropie finale de son personnage principal étant aussi ridicule que les travers humains que les chevaux intelligents mettent à jour, Gulliver n'étant plus capable de voir ses congénères que de ce point de vue, ce qui montre les limites du personnage.
Un classique incontournable, à relire à l'âge adulte.
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Je ne lis jamais un livre dont je dois écrire la critique ; on se laisse tellement influencer. (Oscar Wilde)
Arabella- Messages : 4820
Date d'inscription : 29/11/2016
Re: Jonathan Swift
Un de mes livres fétiches ! Lu et relu....
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'La littérature est une maladie textuellement transmissible, que l'on contracte en général pendant l'enfance'. Jane Yolen.
domreader- Messages : 3627
Date d'inscription : 02/12/2016
Localisation : Ile de France
Re: Jonathan Swift
Dans une autre vie, j’aurai une PAL de livres à relire…
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"Quand je pense à tous les livres qu'il me reste à lire, j'ai la certitude d'être encore heureux" Jules Renard
Liseron- Messages : 4308
Date d'inscription : 02/01/2017
Localisation : Toulouse
Re: Jonathan Swift
Je suis dans une période de relectures et cela fait beaucoup de bien.
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Je ne lis jamais un livre dont je dois écrire la critique ; on se laisse tellement influencer. (Oscar Wilde)
Arabella- Messages : 4820
Date d'inscription : 29/11/2016
Re: Jonathan Swift
Je n'ai jamais lu Swift, Les Voyages de Gulliver, je suis certaine que ça pourrait bien me plaire ! Faudrait que je le lise - peut-être trouver une version audio !
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Et, du monde indistinct des rêves, là où se terrent les secrets mystiques, une réponse surgit.
Queenie- Messages : 7153
Date d'inscription : 29/11/2016
Localisation : Stable.
Re: Jonathan Swift
Ou alors illustrée....
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Je ne lis jamais un livre dont je dois écrire la critique ; on se laisse tellement influencer. (Oscar Wilde)
Arabella- Messages : 4820
Date d'inscription : 29/11/2016
Re: Jonathan Swift
Le conte du tonneau
Publié pour la première fois en 1704, le texte connaît sa version définitive en 1710. Swift a une trentaine d'années lorsqu'il compose l'ouvrage, on peut donc le considérer comme une oeuvre de jeunesse, et il est bien évidemment bien moins connu que Les voyages de Gulliver. le livre paraît d'abord sous couvert d'anonymat, et il va déclencher des réactions très violentes, l'auteur a même été taxé de blasphème par certains. Il a contribué à empêcher Swift d'obtenir les fonctions épiscopales auxquelles il aspirait. Il est très composite et complexe à interpréter, mais pas moments terriblement drôle, ce qui a mon avis lui permet de susciter un l'intérêt encore de nos jours.
Le texte se place dans le vaste débat que l'on a appelé la querelles des Modernes et des Anciens, Swift prenant place dans les rangs des défenseurs des Anciens. Mais il le fait d'une manière dont le moins que l'on puisse dire c'est qu'elle est iconoclaste, et en y joignant une discussion de nature religieuse. le conte du tonneau désigne en anglais un récit sans queue ni tête, et c'est un peu ce genre de construction que l'auteur propose à ses lecteurs.
Le texte commence par une « Épître dédicatoire à son Altesse Royale le Prince Postérité » puis une Préface, qui de manière évidente font partie du texte en tant que tel. Puis viennent onze sections, qui composent l'oeuvre, 6 font référence au Conte du titre, et les 5 autres sont des digressions assumées en tant que telles, au point où l'une est un éloge des digressions.
Le conte à proprement parlé suit trois frères, Peter, Martin et Jack, représentant respectivement le catholicisme, l'anglicanisme (Martin Luther), auquel appartenait Swift en tant qu'ecclésiastique, et le protestantisme dissident, puritanisme (Jean Calvin). Leur père leur lègue à sa mort des habits identiques, avec interdiction d'y changer quoi que soit. Mais chacun des trois frères va interpréter différemment l'héritage paternel : Peter va le surcharger d'ornements, Jack le met en pièces, Martin le dépouille de toute décoration superflue. Swift fustige et moque tour à tour la catholicisme, ses dogmes, ses papes, ses richesses, et les puritains, qu'il accuse de dogmatisme et d'extrémisme. Il parcours l'histoire de la religion chrétienne d'une manière non conventionnelle et ironique.
Cette partie du texte est encadrée par les digressions, qui évoquent la fameuse querelle des Anciens et Modernes. Swift fustige tour à tour les critiques littéraires, les éditeurs, les plumitifs en quête du succès à tout prix, la science et les savants, bref toutes les manifestations du savoir, ou de la prétention à ce savoir, de son époque. Et les revendiqués Modernes, qui pensent en savoir bien plus que les Anciens, qu'ils pillent, ou qu'ils réinventent sans même sans rendre compte, en partie par ignorance, en partie par mauvaise foi. Ces préoccupations apparaissent par moments dans la partie consacrée aux trois frères, les deux proses ne sont pas imperméables l'une à l'autre. Les célébrités de son temps en prennent pour leur grade, en particulier Temple, un ardent défenseur des Modernes qu'il démonte impitoyablement, et parmi les auteurs un peu plus connu, Hobbes. le titre (Le conte du tonneau) pourrait être inspiré par le Léviathan de cet auteur. En effet, est citée une anecdote, dans laquelle les marins menacés par une baleine, auraient l'habitude de lui lancer un tonneau pour distraire l'animal et lui faire oublier le bateau. le livre de Swift serait donc ce leurre, censé distraire, faire perdre son temps aux monstres modernes.
Là où les choses se compliquent, lorsqu'on veut des interprétations au texte de Swift, c'est qu'il est difficile de distinguer ce qui relève de l'ironie, de la moquerie, de la dénonciation comme on dirait aujourd'hui de ses opinions véritables. Où s'arrête la parodie et où commence la profession de foi ? Difficile de le dire. D'où les multiples et contradictoires lectures faites de l'oeuvre.
Le livre n'est pas forcément simple à lire, du fait de ses multiples références, à la religion, aux personnages célèbres dont la majorité est bien oubliée aujourd'hui, aux événements historiques, au contexte de la controverse des Anciens et des Modernes etc. Mais Swift est très drôle, très caustique, et cet humour reste efficace dans une bonne partie du texte, même pour le lecteur actuel.
Publié pour la première fois en 1704, le texte connaît sa version définitive en 1710. Swift a une trentaine d'années lorsqu'il compose l'ouvrage, on peut donc le considérer comme une oeuvre de jeunesse, et il est bien évidemment bien moins connu que Les voyages de Gulliver. le livre paraît d'abord sous couvert d'anonymat, et il va déclencher des réactions très violentes, l'auteur a même été taxé de blasphème par certains. Il a contribué à empêcher Swift d'obtenir les fonctions épiscopales auxquelles il aspirait. Il est très composite et complexe à interpréter, mais pas moments terriblement drôle, ce qui a mon avis lui permet de susciter un l'intérêt encore de nos jours.
Le texte se place dans le vaste débat que l'on a appelé la querelles des Modernes et des Anciens, Swift prenant place dans les rangs des défenseurs des Anciens. Mais il le fait d'une manière dont le moins que l'on puisse dire c'est qu'elle est iconoclaste, et en y joignant une discussion de nature religieuse. le conte du tonneau désigne en anglais un récit sans queue ni tête, et c'est un peu ce genre de construction que l'auteur propose à ses lecteurs.
Le texte commence par une « Épître dédicatoire à son Altesse Royale le Prince Postérité » puis une Préface, qui de manière évidente font partie du texte en tant que tel. Puis viennent onze sections, qui composent l'oeuvre, 6 font référence au Conte du titre, et les 5 autres sont des digressions assumées en tant que telles, au point où l'une est un éloge des digressions.
Le conte à proprement parlé suit trois frères, Peter, Martin et Jack, représentant respectivement le catholicisme, l'anglicanisme (Martin Luther), auquel appartenait Swift en tant qu'ecclésiastique, et le protestantisme dissident, puritanisme (Jean Calvin). Leur père leur lègue à sa mort des habits identiques, avec interdiction d'y changer quoi que soit. Mais chacun des trois frères va interpréter différemment l'héritage paternel : Peter va le surcharger d'ornements, Jack le met en pièces, Martin le dépouille de toute décoration superflue. Swift fustige et moque tour à tour la catholicisme, ses dogmes, ses papes, ses richesses, et les puritains, qu'il accuse de dogmatisme et d'extrémisme. Il parcours l'histoire de la religion chrétienne d'une manière non conventionnelle et ironique.
Cette partie du texte est encadrée par les digressions, qui évoquent la fameuse querelle des Anciens et Modernes. Swift fustige tour à tour les critiques littéraires, les éditeurs, les plumitifs en quête du succès à tout prix, la science et les savants, bref toutes les manifestations du savoir, ou de la prétention à ce savoir, de son époque. Et les revendiqués Modernes, qui pensent en savoir bien plus que les Anciens, qu'ils pillent, ou qu'ils réinventent sans même sans rendre compte, en partie par ignorance, en partie par mauvaise foi. Ces préoccupations apparaissent par moments dans la partie consacrée aux trois frères, les deux proses ne sont pas imperméables l'une à l'autre. Les célébrités de son temps en prennent pour leur grade, en particulier Temple, un ardent défenseur des Modernes qu'il démonte impitoyablement, et parmi les auteurs un peu plus connu, Hobbes. le titre (Le conte du tonneau) pourrait être inspiré par le Léviathan de cet auteur. En effet, est citée une anecdote, dans laquelle les marins menacés par une baleine, auraient l'habitude de lui lancer un tonneau pour distraire l'animal et lui faire oublier le bateau. le livre de Swift serait donc ce leurre, censé distraire, faire perdre son temps aux monstres modernes.
Là où les choses se compliquent, lorsqu'on veut des interprétations au texte de Swift, c'est qu'il est difficile de distinguer ce qui relève de l'ironie, de la moquerie, de la dénonciation comme on dirait aujourd'hui de ses opinions véritables. Où s'arrête la parodie et où commence la profession de foi ? Difficile de le dire. D'où les multiples et contradictoires lectures faites de l'oeuvre.
Le livre n'est pas forcément simple à lire, du fait de ses multiples références, à la religion, aux personnages célèbres dont la majorité est bien oubliée aujourd'hui, aux événements historiques, au contexte de la controverse des Anciens et des Modernes etc. Mais Swift est très drôle, très caustique, et cet humour reste efficace dans une bonne partie du texte, même pour le lecteur actuel.
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Je ne lis jamais un livre dont je dois écrire la critique ; on se laisse tellement influencer. (Oscar Wilde)
Arabella- Messages : 4820
Date d'inscription : 29/11/2016
Books en Stock :: Hey Billie Y'a quoi dans ta bibliothèque ? :: Littérature de culture anglaise et gaëlique
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