William Boyle
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domreader
Queenie
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William Boyle

William Boyle est né et a grandi dans le quartier de Gravesend, à Brooklyn, où il a exercé le métier de disquaire spécialisé dans le rock américain indépendant. Il vit aujourd'hui à Oxford, dans le Mississippi. Son premier roman, Gravesend, a été publié par les éditions Rivages en 2016.
Biblio
2013 Gravesend / Gravesend
2017 Everything Is Broken / Tout est brisé
2018 The Lonely Witness / Le Témoin solitaire
2019 A Friend Is a Gift You Give Yourself / L'amitié est un cadeau à se faire
2020 City of Margins / La cité des marges
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Et, du monde indistinct des rêves, là où se terrent les secrets mystiques, une réponse surgit.
Queenie- Messages : 6602
Date d'inscription : 29/11/2016
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tout est brisé

Tout est brisé (Gallmeister, sept. 2017)
Erica est dépassée, bouffée, abattue par une existence qui alourdit chacun de ses pas : son mari décédé d'un terrible cancer, sa mère décédée après une chute où elle s'est brisée la hanche et s'est doucement laissée mourir à l'hôpital, son fils parti depuis plusieurs années et qui ne donne aucune nouvelle, n'est même pas venu aux enterrements, et maintenant son père, qui
atteint un âge où il doit porter des couches, être soutenu pour marcher, et qui se révèle tyrannique - à dévorer les dernières miettes d'énergie d'Erica.
Erica qui oublie de manger, dort peu, a une mine terrifiante. Mais continue. Chaque jour, à se lever, aller travailler, s'occuper de son père, joindre les deux bouts du mieux qu'elle peut.
Puis, son fils, Jimmy, réapparaît dans sa vie. Le jeune homme, homosexuel, ne trouve sa place nulle part, est alcoolique et taciturne.
William Boyle décrit la vie à Gravesend, ce quartier de New York, au Sud de Brooklyn, qui ressemble à une petite ville pauvre et perdue des États-Unis tant les personnages semblent y être reclus, enfermés, coupés de l'horizon.
Rarement des personnages sembleront aussi malmenés par l'existence, abîmés par la vie, et donnant l'impression qu'ils n'attendent qu'une main tendue, l'amour qui les soutiendra, les aidera, les guidera. Des âmes solitaires, méfiantes, apeurées, qui cherchent un coin où se rouler en boule et laisser le vacarme passer.
Des personnages qui ne savent pourtant pas attraper la main qu'on leur tend, qui ont tellement l'habitude de lutter chaque jour, qu'ils ne savent pas faire confiance, se laisser aller.
Tout est brisé, le titre parfait. Qui dit tout. Des vies brisées, foutues, qui se croisent, se cognent, s'agrippent, se rejettent, se trouvent. Des morceaux sur lesquels on se coupe en voulant les recoller.
L'écriture de Boyle (et merci à l'excellente traduction !) décrit avec précision, sans pathos, ni détour, la solitude, l'angoisse, la volonté opiniâtre de continuer à avancer, malgré tout.
C'est rock, blues, littéraire, c'est Léonard Cohen, Jeff Buckley, Bill Fox, Nick Cave. C'est sombre, d'une obscurité ardente.
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Queenie- Messages : 6602
Date d'inscription : 29/11/2016
Localisation : *CabanCouette*
Re: William Boyle
Wow, ça donne bien envie ce commentaire !
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'La littérature est une maladie textuellement transmissible, que l'on contracte en général pendant l'enfance'. Jane Yolen.
domreader- Messages : 3090
Date d'inscription : 02/12/2016
Localisation : Ile de France
Re: William Boyle
Queenie a écrit:L'écriture de Boyle (et merci à l'excellente traduction !) décrit avec précision, sans pathos, ni détour, la solitude, l'angoisse, la volonté opiniâtre de continuer à avancer, malgré tout.
C'est rock, blues, littéraire, c'est Léonard Cohen, Jeff Buckley, Bill Fox, Nick Cave. C'est sombre, d'une obscurité ardente.
Ah oui, très alléchant commentaire! Tu en as dit assez pour que je le cherche à ma prochaine virée en librairie
Aeriale- Messages : 10423
Date d'inscription : 30/11/2016
Re: William Boyle
-Tout est brisé-
Queenie a parfaitement rendu l'atmosphère de ce roman: tendue, parfois abrupte, sombre avec quelques lueurs incandescentes, au plus près des personnages que l'on devine sur le fil, prêts à couler.
Erica d'abord, veuve d'Eddie disparu peu avant d'une tumeur, et dont le père malade et acariâtre refuse la maison de repos. "A cinquante ans elle paraissait centenaire". Isolée du reste de la famille, elle doit faire face, supporter le manque d'argent et l'égoïsme de sa soeur qui se détourne des problèmes.
Et puis Jimmy. Probablement y a t'il pas mal de Boyle en lui, dans sa solitude, ses doutes, son besoin d'être compris, aimé, dans son mal être? Tout cela est si justement retranscrit qu'on le jurerait. La musique de Buckley et l'univers de Camus sont là en tout cas, son écriture est habitée de la même désespérance, la même acuité face à un monde dans lequel son personnage peine à trouver sa place.
Ces deux là vont avoir du mal à se rencontrer, ils sont comme des étrangers, mais l'amour d'Erica qui ne comprend pas ce fils perdu dans l'alcool et les galères, traumatisé par un père homophobe, défiera le passé et leurs vies cabossées parviendront sans doute à s'épauler pour se reconstruire.
C'est le message que nous laisse l'auteur sur la fin. Une chute en suspens, mais remplie d'espoir, avec cette image de tempête et de neige recouvrant tout, et le noir absolu. "Peut être qu'on est les seuls survivants".
Un beau roman que je conseille aussi. J'aimerais bien lire Gravesend maintenant!
Queenie a parfaitement rendu l'atmosphère de ce roman: tendue, parfois abrupte, sombre avec quelques lueurs incandescentes, au plus près des personnages que l'on devine sur le fil, prêts à couler.
Erica d'abord, veuve d'Eddie disparu peu avant d'une tumeur, et dont le père malade et acariâtre refuse la maison de repos. "A cinquante ans elle paraissait centenaire". Isolée du reste de la famille, elle doit faire face, supporter le manque d'argent et l'égoïsme de sa soeur qui se détourne des problèmes.
Et puis Jimmy. Probablement y a t'il pas mal de Boyle en lui, dans sa solitude, ses doutes, son besoin d'être compris, aimé, dans son mal être? Tout cela est si justement retranscrit qu'on le jurerait. La musique de Buckley et l'univers de Camus sont là en tout cas, son écriture est habitée de la même désespérance, la même acuité face à un monde dans lequel son personnage peine à trouver sa place.
Ces deux là vont avoir du mal à se rencontrer, ils sont comme des étrangers, mais l'amour d'Erica qui ne comprend pas ce fils perdu dans l'alcool et les galères, traumatisé par un père homophobe, défiera le passé et leurs vies cabossées parviendront sans doute à s'épauler pour se reconstruire.
C'est le message que nous laisse l'auteur sur la fin. Une chute en suspens, mais remplie d'espoir, avec cette image de tempête et de neige recouvrant tout, et le noir absolu. "Peut être qu'on est les seuls survivants".
Pendant quelques minutes, Jimmy se demanda si ce n'était pas vrai. Il s'imagina creuser avec une pelle pour découvrir que la ville et tout le reste avaient été détruits. Il s'imagina contraint de se frayer un chemin à pied à travers cette terrible neige. Il leur faudrait trouver de l'eau et de la nourriture dans des stations service et supermarchés abandonnés. Il leur faudrait lutter pour survivre. A Brooklyn, le vieil homme serait mort. Il faudrait l'oublier, se contenter d'espérer qu'il soit mort en paix. Il faudrait prier les dieux de la météo.
Un beau roman que je conseille aussi. J'aimerais bien lire Gravesend maintenant!
Dernière édition par Aeriale le Mar 24 Oct - 15:38, édité 1 fois
Aeriale- Messages : 10423
Date d'inscription : 30/11/2016
Re: William Boyle
Ah !
Je suis rassurée !
Je suis rassurée !
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Queenie- Messages : 6602
Date d'inscription : 29/11/2016
Localisation : *CabanCouette*
Re: William Boyle

Eh bien, je n'avais pas lu vos commentaires avant d'attaquer ce roman et j'ai été un peu surprise au début ! C'est vrai quoi, il ne se passe pratiquement rien...mais on est quand même happé par ce bouquin qu'on lit très vite !
Sans doute grâce au talent et à l'écriture de William Boyle qui décrit de façon magistrale les petits moments de la vie quotidienne, et en l’occurrence ici, ils ne sont vraiment pas terribles ces moments comme l'ont déjà relaté @queenie et @aeriale. C'est d'un noir parfois...
Mais j'ai aimé
-Erika, cette mère courage, qui accueille son fils dont elle n'a pratiquement plus aucune nouvelle, comme un fils prodige. C'est magnifique tout cet amour qu'elle a pour lui, malgré tout ce qu'il lui fait subir
J'ai aussi aimé mais parfois détesté pour le mal qu'il fait à sa mère
-Jimmy et ses faiblesses, son incapacité à tenir debout tout seul, son dégoût de lui-même, dus en grande partie au fait d'avoir été méprisé et rejeté par son propre père dans son adolescence
-Et que dire de Franck, cet espèce d'ange gardien, qui tel un passeur, va servir de pont entre Erika et son fils ? Un personnage tellement atypique qu'on a envie de remercier !
Et dans la noirceur du livre, des petites bulles de lumière qui font penser que tout n'est pas perdu, en particulier quand Jimmy se souvient des fleurs préférées de sa mère (très beau passage) et à la fin bien sûr, pleine d'espoir.
C'est en abandonnant ses peurs qu'on peut aller vers l'autre.
-
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"Quand je pense à tous les livres qu'il me reste à lire, j'ai la certitude d'être encore heureux" Jules Renard
Liseron- Messages : 3821
Date d'inscription : 02/01/2017
Localisation : Toulouse
Re: William Boyle
Tu confirmes l'enthousiasme des précédentes lectrices alors! Je m'aperçois que je faisais une espèce de confusion entre William Boyle, T.C.Boyle et William Boyd.....

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'La littérature est une maladie textuellement transmissible, que l'on contracte en général pendant l'enfance'. Jane Yolen.
domreader- Messages : 3090
Date d'inscription : 02/12/2016
Localisation : Ile de France
Re: William Boyle
Super @Liseron !
Oui, ce livre est magistral par son écriture à nous faire vivre de l'intérieur les difficultés à vivre heureux de ces personnages
Tout pareil !
ILs sont chiants avec leurs noms trop ressemblants !
Oui, ce livre est magistral par son écriture à nous faire vivre de l'intérieur les difficultés à vivre heureux de ces personnages
domreader a écrit:Tu confirmes l'enthousiasme des précédentes lectrices alors! Je m'aperçois que je faisais une espèce de confusion entre William Boyle, T.C.Boyle et William Boyd.....![]()
Tout pareil !
ILs sont chiants avec leurs noms trop ressemblants !
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Queenie- Messages : 6602
Date d'inscription : 29/11/2016
Localisation : *CabanCouette*
Re: William Boyle
Il faut j'essaie ce Boyle ! Merci pour les com qui donnent envie 

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Let It Be
Epi- Messages : 1943
Date d'inscription : 29/11/2016
Re: William Boyle
L'amitié est un cadeau à se faire

Rena, veuve d'un mafieux respecté de Brooklyn, est un soir victime des lourdes avances d'Enzio, son fringant voisin octogénaire. Paniquée après l'avoir assommé d'un lourd cendrier, elle s'enfuit dans l'Impala de ce dernier, cherchant refuge chez sa fille Adrienne dont elle est fâchée depuis des années. Intriguée par leur dispute, Lacey Wolfstein, ex star du X rangée des voitures, se propose alors d'accueillir Rena, suivie bientôt de sa petite fille Lucia, ado rebelle en mal d'affect. Mais les vrais ennuis commencent lorsque Richie, l'amant de Lacey, débarque à son tour après avoir massacré une bande rivale, emportant leur butin.
Une cavale décrite à cent à l'heure où les morts (et même les faux) n'en finissent pas de tomber. Balles perdues, truands, magot et couses poursuites. On est peu à peu pris dans ce tourbillon frénétique sans prendre le temps de souffler. C'est efficace, un peu comme dans les films de Tarantino où l'horreur et l'excès deviennent risibles, mais ce côté déjanté dont je suis fan au ciné m'a lassée à la longue. Plus léger à l'écran, plus drôle en fait. Au bout d'un moment j'avais hâte d'en finir.
J'avoue préférer de loin les récits sombres de William Boyle où l'humain prévaut, j'ai été surprise de le découvrir dans cet univers là. On sent surtout qu'il s'est fait plaisir. Il y a énormément de références musicales ou cinéphiles et certains y seront sensibles. Un bel hommage en tout cas aux femmes fortes, à la liberté et à l'aventure qui fait irrémédiablement penser à Thelma et Louise. Avis aux amateurs (@Queenie, c'est pour toi)

Rena, veuve d'un mafieux respecté de Brooklyn, est un soir victime des lourdes avances d'Enzio, son fringant voisin octogénaire. Paniquée après l'avoir assommé d'un lourd cendrier, elle s'enfuit dans l'Impala de ce dernier, cherchant refuge chez sa fille Adrienne dont elle est fâchée depuis des années. Intriguée par leur dispute, Lacey Wolfstein, ex star du X rangée des voitures, se propose alors d'accueillir Rena, suivie bientôt de sa petite fille Lucia, ado rebelle en mal d'affect. Mais les vrais ennuis commencent lorsque Richie, l'amant de Lacey, débarque à son tour après avoir massacré une bande rivale, emportant leur butin.
Une cavale décrite à cent à l'heure où les morts (et même les faux) n'en finissent pas de tomber. Balles perdues, truands, magot et couses poursuites. On est peu à peu pris dans ce tourbillon frénétique sans prendre le temps de souffler. C'est efficace, un peu comme dans les films de Tarantino où l'horreur et l'excès deviennent risibles, mais ce côté déjanté dont je suis fan au ciné m'a lassée à la longue. Plus léger à l'écran, plus drôle en fait. Au bout d'un moment j'avais hâte d'en finir.
J'avoue préférer de loin les récits sombres de William Boyle où l'humain prévaut, j'ai été surprise de le découvrir dans cet univers là. On sent surtout qu'il s'est fait plaisir. Il y a énormément de références musicales ou cinéphiles et certains y seront sensibles. Un bel hommage en tout cas aux femmes fortes, à la liberté et à l'aventure qui fait irrémédiablement penser à Thelma et Louise. Avis aux amateurs (@Queenie, c'est pour toi)
Aeriale- Messages : 10423
Date d'inscription : 30/11/2016
Re: William Boyle
Merci pour ton commentaire, je vais rester sur le souvenir de Tout est brisé alors !
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Liseron- Messages : 3821
Date d'inscription : 02/01/2017
Localisation : Toulouse
Re: William Boyle
Je me le note dans un coin. Un livre de divertissement rock'n roll, je prends !
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Queenie- Messages : 6602
Date d'inscription : 29/11/2016
Localisation : *CabanCouette*
Re: William Boyle
Je pense que tu serais déçue, par rapport au premier, en effet, Liseron :-)Liseron a écrit:Merci pour ton commentaire, je vais rester sur le souvenir de Tout est brisé alors !
Ils n’ont rien à voir, en fait!
Queenie a écrit:Je me le note dans un coin. Un livre de divertissement rock'n roll, je prends !
Voilà, c’est exactement le terme, très rock and roll ( et les références musicales sont toutes excellentes. Lou Reed, les Stones.. tout ce que j’aime )
Aeriale- Messages : 10423
Date d'inscription : 30/11/2016
Re: William Boyle


City of Margins / La cité des marges
Il y a du nouveau de cet auteur... et je voulais faire connaissance... malheureusement je suis déjà en train de faire quelques lectures qui sentent Noël et ainsi je suis en mode bisounours et le monde de William Boyle est tout sauf ça!Présentation de l'éditeur
Brooklyn, années 1990. Donnie Parascandolo, flic brutal et corrompu, rend des services à un truand local avec deux comparses. Décidé à donner une petite leçon à un joueur minable, il outrepasse quelque peu ses instructions et jette l'homme d'un pont. Malheureusement, le joueur minable ne savait pas nager. Ce qui n'empêchera jamais Donnie de dormir. Il sait bien que dans ce quartier les Italiens règlent leurs affaires entre eux, et que lui n'a rien à craindre de personne. Mais quelques années plus tard, un gamin que Donnie avait tabassé découvre une vérité qu'il n'avait jamais imaginée et prend une décision qui va changer sa vie. Et pas seulement la sienne, tant les destinées des habitants de ce quartier s'entremêlent de toutes les manières possibles.
Après quelques chapitres, je l'ai mis de côté, mais cela ne concerne que moi, je dirais que tous ceux qui ont aimé d'autres livres de lui devraient y trouver leur dû.
J'aime bien son style... malheureusement le contenu n'est pour l'instant pas pour moi.
Avis aux amateurs

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George Gershwin
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