Joseph Conrad
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Joseph Conrad
Joseph Conrad (1857-1924)
Eléments biographiques
De son vrai nom Józef Konrad KORZENIOWSKI, il naît de parents polonais, propriétaires terriens, vivant dans l'empre russe dans l'actuelle Ukraine (la Pologne n'existant pas comme état à l'époque).
Son père Apollo, est un intellectuel, écrivain et traducteur de grandes oeuvres françaises et anglaises. Il est aussi un fervent patriote qui participe à la lutte pour l'indépendance nationale polonaise et ses activités lui valent la déportation avec sa famille dans une lointaine province russe.
Joseph Conrad se retrouve complètement orphelin à 11 ans, et se trouve confié à son oncle maternel, Tadeusz Bobrowski, qui vit à Cracovie (donc dans un territoire sous domination autrichienne). Joseph Conrad fait ses études dans le lycée de cette ville, et à 17 ans, en partie pour échapper à la conscription militaire, mais surtout par un désir très tôt affirmé de devenir marin, il gagne Marseille où il va rapidement s'engager dans la marine marchande. Il paraît d'ailleurs qu'il parlait le français avec un accent marseillais prononcé. Il navigue aux Antilles et aux Indes, fait du trafic d'armes, participe aux guerres carlistes.
En 1878 il rejoint le Merchent Navy anglaise où il gravira peu à peu tous les échelons jusqu'à celui de capitaine en 1888. Il aura pris entre temps la nationalité britannique et anglicisé son nom. Au cours de cette période de sa vie, il effectue une série de voyages autour du globe: Inde, Singapour, la Malaisie, l'Australie, l'Afrique. Son état de santé se dégrade et il arrête la navigation en 1894. Il se marie en 1896 avec une anglaise, Jessie George, avec qui il aura deux fils.
L'oeuvre
Le premier livre de Conrad, La folie Almayer, est terminé en 1994, l'année où il doit s'arrêter de naviguer, mais ses livres sont profondément imprégnés par les expériences de ses voyages maritimes. Pétri de lectures depuis son enfance, il revendique en premier l'influence de Flaubert et de Maupassant.
Ses livres sont tout d'abord considérés comme des livres d'aventures, on retrouve chez l'auteur une fascination pour le dépaysement, les régions lointaines et exotiques, mais aussi pour les événements inhabituels, pour les âmes étrangères et les coeurs bouleversés.
Mais Conrad associe à la littérature d'imagination une perspective réaliste: descriptions fouillées, analyses psychologiques, introspection. Il y a une une approche critique de l'aventure chez Conrad; les personnages évoluent dans un monde complexe et leurs actes aussi héroïques et désintéressés qu'ils soient ont des conséquences qui ne sont pas toujours celles prévues. L'auteur dépeint la solitude du l'héroïsme, la vanité du sacrifice pour une cause perdue, la dissolution de toute action dans l'irréalité, la corruption ou l'échec.
En fait, l'aventure n'existe que dans le rêve (avant) ou dans le souvenir (après), au moment de l'action il n'y a que confusion, souffrance, incertitude. Le héros est soit trop faible et broyé, soit fort et il devient une sorte de monstre.
Bibliographie
1895 ALMAYER'S FOLLY – La Folie Almayer.
1896 AN OUTCAST OF THE ISLANDS – Un paria des îles.
1897 THE NIGGER OF THE "NARCISSUS" – Le nègre du Narcisse.
1898 TALES OF UNREST (Karain , a Memory, The Idiots, An Outpost of Progress, The Return, The Lagoon) – Inquiétude.
1900 LORD JIM – Lord Jim.
1901 THE INHERITORS (en collaboration avec Ford Madox Ford)
1902 YOUTH - A NARRATIVE, AND TWO OTHER STORIES (Youth, Heart of Darkness, The End of the Tether), Jeunesse.
1903 TYPHOON, AND OTHER STORIES (Typhoon, Amy Foster, Falk, To-morrow) – Typhon.
1903 ROMANCE (en collaboration avec Ford Madox Ford) – L’aventure.
1904 NOSTROMO – Nostromo.
1906 THE MIRROR OF THE SEA – Le miroir de la mer.
1907 THE SECRET AGENT – L’agent secret.
1908 A SET OF SIX (Gaspar Ruiz, The Informer, The Brute, An Anarchist, The Duel, IlConde) – Six nouvelles.
1911 UNDER WESTERN EYES – Sous les yeux de l’Occident.
1912 SOME REMINISCENCES (autre titre: A PERSONAL RECORD) – Souvenirs personnels.
1912 'TWIXT LAND AND SEA (A Smile of Fortune, The Secret Sharer, Freya of the Seven Isles) – Entre terre et mer.
1913 CHANCE – Fortune.
1913 ONE DAY MORE (pièce de theatre, adaptée de To-morrow).
1915 VICTORY – Victoire.
1915 WITHIN THE TIDES (The Planter of Malata, The Partner, The Inn of the Two Witches, Because of the Dollars) – En marge des marées.
1917 THE SHADOW LINE – La ligne d’ombre.
1919 THE ARROW OF GOLD – La fleche d’or.
1920 THE RESCUE – La rescousse.
1921 NOTES ON LIFE AND LETTERS.
1923 THE ROVER – Le frère de la côte.
1923 THE SECRET AGENT (pièce de theatre adaptée du récit du même nom).
1924 LAUGHING ANNE (pièce de theatre adaptée de « Because of the dollar »).
1924 THE NATURE OF A CRIME (pièce de theatre).
1925 TALES OF HEARSAY (The Warrior's Soul, Prince Roman, The Tale, The Black Mate) – Derniers contes.
1925 SUSPENSE – L’attente.
1926 LAST ESSAYS.
1928 SISTERS (inachevé).
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Je ne lis jamais un livre dont je dois écrire la critique ; on se laisse tellement influencer. (Oscar Wilde)
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Re: Joseph Conrad
Nostromo
C'est incontestablement le livre de Conrad que je trouve le plus remarquable, celui où tous les thèmes qui caractérisent ses écrits sont exprimés avec le plus de force et maturité, dans un style complètement maîtrisé accompagné d'audaces de construction qu'à ma connaissances on ne trouve nulle part ailleurs chez lui, la quintescence de son oeuvre en quelque sorte.
L'action du roman se passe dans un pays imaginaire de l'Amérique du Sud, sur fond de révolution, guerres civiles, violences, misère. Une fabuleuse cargaison d'argent est au centre du récit, provoquant cupidité, fascination et causant les pires désastres. Des destins individuels s'entrecroisent: Charles Gould le capitaliste philanthrope, Decoud l'intellectuel cynique éperdument amoureux, Nostromo le loyal serviteur devenu traître et mené à sa perte par le métal argenté. Tous les personnages s'agitent en vain, espérant se bâtir un destin digne de ce nom, s'affranchir des déterminismes sociaux ou historiques qu'ils ne font en fin de compte que renforcer par toutes leurs actions. Sous l'apparence d'un livre d'aventures se cache un roman d'une grande noirceur et d'une impitoyable lucidité sur la nature humaine et ses limites.
C'est incontestablement le livre de Conrad que je trouve le plus remarquable, celui où tous les thèmes qui caractérisent ses écrits sont exprimés avec le plus de force et maturité, dans un style complètement maîtrisé accompagné d'audaces de construction qu'à ma connaissances on ne trouve nulle part ailleurs chez lui, la quintescence de son oeuvre en quelque sorte.
L'action du roman se passe dans un pays imaginaire de l'Amérique du Sud, sur fond de révolution, guerres civiles, violences, misère. Une fabuleuse cargaison d'argent est au centre du récit, provoquant cupidité, fascination et causant les pires désastres. Des destins individuels s'entrecroisent: Charles Gould le capitaliste philanthrope, Decoud l'intellectuel cynique éperdument amoureux, Nostromo le loyal serviteur devenu traître et mené à sa perte par le métal argenté. Tous les personnages s'agitent en vain, espérant se bâtir un destin digne de ce nom, s'affranchir des déterminismes sociaux ou historiques qu'ils ne font en fin de compte que renforcer par toutes leurs actions. Sous l'apparence d'un livre d'aventures se cache un roman d'une grande noirceur et d'une impitoyable lucidité sur la nature humaine et ses limites.
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Re: Joseph Conrad
Au coeur des ténèbres
Il s'agit d'une longue nouvelle ou d'un court roman, et sans doute du texte le plus célèbre de Conrad, il est sensé avoir inspiré Céline dans la partie africaine du "Voyage au bout de la nuit" et Coppola dans "Apocalypse Now". Il s'agit d'un récit en partie autobiographique, Conrad a effectivement eu l'occasion d'effectuer un voyage en Afrique dans des conditions proches de celles qu'il décrit dans sont texte.
C'est un récit à la première personne, fait par Marlow, narrateur récurent des romans et nouvelles de Conrad, sorte d'observateur privilégié, dont la fonction première est de réfléchir les événements et personnages véritablement centraux dans la fiction conradienne.
Pour satisfaire une fascination d'enfant devant les cartes aux nombreuses tâches blanches caractérisant l'Afrique, Marlow s'arrange pour obtenir le commandement d'un bateau naviguant sur un fleuve africain. Au lieu de l'aventure magique qu'il espérait il va rencontrer la bêtise la plus crasse et la plus méprisante de la personne humaine de l'administration coloniale francophone, une sorte de descente aux enfers et un désenchantement.
Mais dans cet univers sordide un homme semble échapper à tous les travers des Européens en Afrique : Kurtz. Marlow brûle de rencontrer cet homme exceptionnel qui pourrait en quelque sorte redonner vie à ses rêves d'enfant. Débute alors un voyage à la recherche de Kurtz, mi onirique, mi cauchemardesque, dans l'incompréhensible sauvagerie du continent africain, avec l'idée qu'il est déjà trop tard et que l'homme providentiel est disparu à jamais. La rencontre entre Marlow et Kurtz aura bien lieu, mais elle ne ressemblera pas à ce que Marlow avait espéré.
Les thèmes se croisent dans cette oeuvre au combien complexe : le colonialisme et sa cruelle absurdité, la violence et la sauvagerie profonde de la nature humaine, c'est aussi une réflexion sur la façon dont se construit la fiction. le paradoxe de l'art conradien est à mon sens d'associer une écriture au combien précise, détaillée dans les descriptions de détails physiques, de lieux, d'apparence physique des personnes, avec une ambiguïté, une ambivalence, une façon de ne surtout pas expliciter mais de laisser deviner et d'interpréter au lecteur les motivations, les ressorts secrets des personnages.
Au centre du récit, même s'il n'est finalement que peu présent, Kurtz, homme élevé au rang d'un mythe, ange déchu devenue noir démon, aussi grand et fascinant dans la chute que dans sa période glorieuse. Mais finalement ce qu'a fait exactement Kurtz, quels sont les raisons et les mécanismes qui l'ont amené là où il est allé, nous ne le seront jamais. Nous n'entendrons pas la confession que Kurtz fait à Marlow, à nous de l'imaginer. Simplement Conrad nous laisse suffisamment d'indices pour nous faire frissonner.
Il s'agit d'une longue nouvelle ou d'un court roman, et sans doute du texte le plus célèbre de Conrad, il est sensé avoir inspiré Céline dans la partie africaine du "Voyage au bout de la nuit" et Coppola dans "Apocalypse Now". Il s'agit d'un récit en partie autobiographique, Conrad a effectivement eu l'occasion d'effectuer un voyage en Afrique dans des conditions proches de celles qu'il décrit dans sont texte.
C'est un récit à la première personne, fait par Marlow, narrateur récurent des romans et nouvelles de Conrad, sorte d'observateur privilégié, dont la fonction première est de réfléchir les événements et personnages véritablement centraux dans la fiction conradienne.
Pour satisfaire une fascination d'enfant devant les cartes aux nombreuses tâches blanches caractérisant l'Afrique, Marlow s'arrange pour obtenir le commandement d'un bateau naviguant sur un fleuve africain. Au lieu de l'aventure magique qu'il espérait il va rencontrer la bêtise la plus crasse et la plus méprisante de la personne humaine de l'administration coloniale francophone, une sorte de descente aux enfers et un désenchantement.
Mais dans cet univers sordide un homme semble échapper à tous les travers des Européens en Afrique : Kurtz. Marlow brûle de rencontrer cet homme exceptionnel qui pourrait en quelque sorte redonner vie à ses rêves d'enfant. Débute alors un voyage à la recherche de Kurtz, mi onirique, mi cauchemardesque, dans l'incompréhensible sauvagerie du continent africain, avec l'idée qu'il est déjà trop tard et que l'homme providentiel est disparu à jamais. La rencontre entre Marlow et Kurtz aura bien lieu, mais elle ne ressemblera pas à ce que Marlow avait espéré.
Les thèmes se croisent dans cette oeuvre au combien complexe : le colonialisme et sa cruelle absurdité, la violence et la sauvagerie profonde de la nature humaine, c'est aussi une réflexion sur la façon dont se construit la fiction. le paradoxe de l'art conradien est à mon sens d'associer une écriture au combien précise, détaillée dans les descriptions de détails physiques, de lieux, d'apparence physique des personnes, avec une ambiguïté, une ambivalence, une façon de ne surtout pas expliciter mais de laisser deviner et d'interpréter au lecteur les motivations, les ressorts secrets des personnages.
Au centre du récit, même s'il n'est finalement que peu présent, Kurtz, homme élevé au rang d'un mythe, ange déchu devenue noir démon, aussi grand et fascinant dans la chute que dans sa période glorieuse. Mais finalement ce qu'a fait exactement Kurtz, quels sont les raisons et les mécanismes qui l'ont amené là où il est allé, nous ne le seront jamais. Nous n'entendrons pas la confession que Kurtz fait à Marlow, à nous de l'imaginer. Simplement Conrad nous laisse suffisamment d'indices pour nous faire frissonner.
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Arabella- Messages : 4815
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Re: Joseph Conrad
Sous les yeux de l'occident
Razoumov, un jeune étudiant aux origines incertaines, se retrouve, bien malgré lui, mêlé à un attentat contre un homme d'Etat russe, très impliqué dans des répressions contre les milieux révolutionnaires. Il se trouvera de ce fait en position délicate, entre la police tsariste et les milieux révolutionnaires, il doit faire des choix, politiques et moraux qui décideront de sa vie.
Un roman d'une très grande force et complexité. le contexte de l'époque est très bien rendu, les personnages sont décrits de façon magistrale. Conrad est d'une lucidité extrême, certains ont même voulu y voir du cynisme, il ne se fait aucune illusion ni sur le pouvoir tsariste, et il le connaît puisque lui même et sa famille en ont souffert (ils ont connus la déportation) ni sur les milieux révolutionnaires, ni surtout sur le type de monde que la prise du pouvoir par les révolutionnaires va faire surgir. Les idéalistes comme Victor Haldine et sa soeur seront forcement les premières victimes de ce nouveau pouvoir.
En fait Razoumov n'a pas vraiment le choix : soit il devient révolutionnaire, soit il devient mouchard, les deux étant parfaitement inacceptable pour lui. Conrad décrit un monde dans lequel la notion du choix fait par un individu est dérisoire, le monde est dominé par des systèmes, des appareils d'état, des idéologies, et l'individu est écrasé. Ou c'est un opportuniste qui ne recherche qu'un gain matériel, une position et il est prêt à tout pour l'obtenir.
C'est un roman finalement très désespéré et noir, mais terriblement juste, une lecture bouleversante, le dénouement est vraiment terrible, mais c'est en même temps un livre terriblement humain, qui pose énormément de questions importantes, et qui démontre à quel Conrad point était à même de comprendre le monde dans lequel il vivait ainsi que les évolutions à venir.
Razoumov, un jeune étudiant aux origines incertaines, se retrouve, bien malgré lui, mêlé à un attentat contre un homme d'Etat russe, très impliqué dans des répressions contre les milieux révolutionnaires. Il se trouvera de ce fait en position délicate, entre la police tsariste et les milieux révolutionnaires, il doit faire des choix, politiques et moraux qui décideront de sa vie.
Un roman d'une très grande force et complexité. le contexte de l'époque est très bien rendu, les personnages sont décrits de façon magistrale. Conrad est d'une lucidité extrême, certains ont même voulu y voir du cynisme, il ne se fait aucune illusion ni sur le pouvoir tsariste, et il le connaît puisque lui même et sa famille en ont souffert (ils ont connus la déportation) ni sur les milieux révolutionnaires, ni surtout sur le type de monde que la prise du pouvoir par les révolutionnaires va faire surgir. Les idéalistes comme Victor Haldine et sa soeur seront forcement les premières victimes de ce nouveau pouvoir.
En fait Razoumov n'a pas vraiment le choix : soit il devient révolutionnaire, soit il devient mouchard, les deux étant parfaitement inacceptable pour lui. Conrad décrit un monde dans lequel la notion du choix fait par un individu est dérisoire, le monde est dominé par des systèmes, des appareils d'état, des idéologies, et l'individu est écrasé. Ou c'est un opportuniste qui ne recherche qu'un gain matériel, une position et il est prêt à tout pour l'obtenir.
C'est un roman finalement très désespéré et noir, mais terriblement juste, une lecture bouleversante, le dénouement est vraiment terrible, mais c'est en même temps un livre terriblement humain, qui pose énormément de questions importantes, et qui démontre à quel Conrad point était à même de comprendre le monde dans lequel il vivait ainsi que les évolutions à venir.
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Arabella- Messages : 4815
Date d'inscription : 29/11/2016
Re: Joseph Conrad
Gaspard Ruiz
Comprend les nouvelles suivantes:
Gaspard Ruiz
Le mouchard
La brute
Un anarchiste
Le duel
Il conde
Ecrites entre 1904 et 1907, ces nouvelles paraissent d'abord dans des revues, avant d'être rassemblées et publiées dans un recueil en 1908. Une des raisons pour lesquelles Conrad écrivait des nouvelles était pécuniaire : connaissant de graves difficultés financières, il appréciait l'apport d'une vente à une ou des revues, avant une publication en volume. Mais ces considérations matérielles sont à mon sens secondaires: le talent de Conrad s'épanouit parfaitement dans la durée d'une nouvelle, pour certains de ces récits, c'est visiblement la forme idéal. D'autant plus qu'à chaque fois, la longueur de la nouvelle s'adapte à la logique du récit, d'où une très grande différence entre les textes.
Ce qui frappe dans ce recueil, c'est la diversité de l'inspiration de l'auteur. Chacune des six nouvelles se passe dans un cadre différent, une seule relève de récit de marin, "La brute".
La nouvelle la plus longue, et aussi ma préférée est "Le duel", il s'agit d'un récit qui se déroule pendant les guerres napoléoniennes et qui raconte l'histoire d'une série de duels récurrents entre deux officiers français. le contexte des guerres napoléoniennes était familier à l'auteur: son grand-oncle fût officier dans cette armée, et il a eu droit dans son enfance à des récits concernant cette époque. Mais le cadre historique reste à l'arrière plan, ce qui est premier, c'est cette relation étrange qui se met en place entre les deux hommes, et qui fait que pendant de très longues années ils vont essayer de se tuer. Rien n'y fera, ni l'entraide qu'il s'apporteront pendant la retraite de Russie, ni les défaites de Napoléon. Or ces duels à répétition n'ont au départ aucune raison véritable, mais simplement une fois le processus enclenché, il semble impossible à arrêter. Ces duels semblent créer entre les deux adversaires une sorte de lien terriblement fort, impossible à défaire. Cela nous ramène à la folie, enfin ce qui est très troublant ici, c'est que cette folie ne se manifeste que de cette façon et elle n'empêche pas les deux adversaires de réussir par exemple une brillante carrière militaire. (Certains reconnaîtront peut être cette histoire, Ridley Scott l'a mis en scène, c'était je crois son premier film; il s'appelait "Les duellistes".)
Pour résumer, un recueil de nouvelles passionnant, dans lequel Conrad est vraiment au sommet de son art.
Comprend les nouvelles suivantes:
Gaspard Ruiz
Le mouchard
La brute
Un anarchiste
Le duel
Il conde
Ecrites entre 1904 et 1907, ces nouvelles paraissent d'abord dans des revues, avant d'être rassemblées et publiées dans un recueil en 1908. Une des raisons pour lesquelles Conrad écrivait des nouvelles était pécuniaire : connaissant de graves difficultés financières, il appréciait l'apport d'une vente à une ou des revues, avant une publication en volume. Mais ces considérations matérielles sont à mon sens secondaires: le talent de Conrad s'épanouit parfaitement dans la durée d'une nouvelle, pour certains de ces récits, c'est visiblement la forme idéal. D'autant plus qu'à chaque fois, la longueur de la nouvelle s'adapte à la logique du récit, d'où une très grande différence entre les textes.
Ce qui frappe dans ce recueil, c'est la diversité de l'inspiration de l'auteur. Chacune des six nouvelles se passe dans un cadre différent, une seule relève de récit de marin, "La brute".
La nouvelle la plus longue, et aussi ma préférée est "Le duel", il s'agit d'un récit qui se déroule pendant les guerres napoléoniennes et qui raconte l'histoire d'une série de duels récurrents entre deux officiers français. le contexte des guerres napoléoniennes était familier à l'auteur: son grand-oncle fût officier dans cette armée, et il a eu droit dans son enfance à des récits concernant cette époque. Mais le cadre historique reste à l'arrière plan, ce qui est premier, c'est cette relation étrange qui se met en place entre les deux hommes, et qui fait que pendant de très longues années ils vont essayer de se tuer. Rien n'y fera, ni l'entraide qu'il s'apporteront pendant la retraite de Russie, ni les défaites de Napoléon. Or ces duels à répétition n'ont au départ aucune raison véritable, mais simplement une fois le processus enclenché, il semble impossible à arrêter. Ces duels semblent créer entre les deux adversaires une sorte de lien terriblement fort, impossible à défaire. Cela nous ramène à la folie, enfin ce qui est très troublant ici, c'est que cette folie ne se manifeste que de cette façon et elle n'empêche pas les deux adversaires de réussir par exemple une brillante carrière militaire. (Certains reconnaîtront peut être cette histoire, Ridley Scott l'a mis en scène, c'était je crois son premier film; il s'appelait "Les duellistes".)
Pour résumer, un recueil de nouvelles passionnant, dans lequel Conrad est vraiment au sommet de son art.
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Arabella- Messages : 4815
Date d'inscription : 29/11/2016
Re: Joseph Conrad
L'agent secret
Verloc est un agent secret, payé par une ambassade, pour infiltrer les milieux anarchistes et révolutionnaires. Il s'est en quelque sorte installé dans une situation d'espion institutionnel, avec une petite existence confortable, entre sa femme Winnie, sa belle mère et le frère de sa femme, quelque peu déficient. Mais l'arrivée d'un nouveau secrétaire d'ambassade, M. Vladimir, remet en cause cette petite vie bien organisée : ce dernier réclame en effet des actes, et plus précisément un attentat pour convaincre la police anglaise de la dangerosité réelle des milieux anarchistes.
Je ne connaissais pas ce roman de Conrad, et je le trouve assez étonnant, différent de beaucoup de ses autres récits. Il est bien moins réaliste que la plupart de ses textes, même si le style de Conrad reste toujours aussi précis, le déroulement de l'histoire, en particulier vers la fin, prend une tonalité surprenante, il y apparaît un côté grotesque, outré, que je n'ai pas encore retrouvé dans d'autres de ses oeuvres. Plutôt que de traiter cette histoire de façon tragique, psychologisante, l'auteur prend une certaine distance, introduit un décalage, et une sorte d'humour froid, que je n'attendais pas vraiment de lui.
Je ne dirais pas que c'est le roman de Conrad que je préfère, mais j'ai trouvé sa lecture passionnante, il est une illustration de la richesse des oeuvres de l'auteur, qui n'écrit pas toujours de la même façon, qui se renouvelle et se diversifie en fonction des sujets qu'il aborde.
Verloc est un agent secret, payé par une ambassade, pour infiltrer les milieux anarchistes et révolutionnaires. Il s'est en quelque sorte installé dans une situation d'espion institutionnel, avec une petite existence confortable, entre sa femme Winnie, sa belle mère et le frère de sa femme, quelque peu déficient. Mais l'arrivée d'un nouveau secrétaire d'ambassade, M. Vladimir, remet en cause cette petite vie bien organisée : ce dernier réclame en effet des actes, et plus précisément un attentat pour convaincre la police anglaise de la dangerosité réelle des milieux anarchistes.
Je ne connaissais pas ce roman de Conrad, et je le trouve assez étonnant, différent de beaucoup de ses autres récits. Il est bien moins réaliste que la plupart de ses textes, même si le style de Conrad reste toujours aussi précis, le déroulement de l'histoire, en particulier vers la fin, prend une tonalité surprenante, il y apparaît un côté grotesque, outré, que je n'ai pas encore retrouvé dans d'autres de ses oeuvres. Plutôt que de traiter cette histoire de façon tragique, psychologisante, l'auteur prend une certaine distance, introduit un décalage, et une sorte d'humour froid, que je n'attendais pas vraiment de lui.
Je ne dirais pas que c'est le roman de Conrad que je préfère, mais j'ai trouvé sa lecture passionnante, il est une illustration de la richesse des oeuvres de l'auteur, qui n'écrit pas toujours de la même façon, qui se renouvelle et se diversifie en fonction des sujets qu'il aborde.
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Arabella- Messages : 4815
Date d'inscription : 29/11/2016
Re: Joseph Conrad
Ah Conrad !
Heureusement j'en ai encore beaucoup à découvrir de l'auteur. Toutefois, j'ai récemment tenté Fortune, mais je n'ai pas plus accroché que ça pour une fois. Pourtant présenté comme un de ses chefs-d'oeuvre, il m'a laissé de côté.
Heureusement j'en ai encore beaucoup à découvrir de l'auteur. Toutefois, j'ai récemment tenté Fortune, mais je n'ai pas plus accroché que ça pour une fois. Pourtant présenté comme un de ses chefs-d'oeuvre, il m'a laissé de côté.
Invité- Invité
Re: Joseph Conrad
J'avais pris un certain plaisir à la lecture de Fortune, mais il ne m'a pas vraiment marqué au final. Ce n'est pas l'un de ceux que je qualifierais de chef d'oeuvre. Comme Faulkner, il y a aussi écrit des choses moins convaincantes. Surtout à la fin de sa carrière d'écrivain.
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Arabella- Messages : 4815
Date d'inscription : 29/11/2016
Re: Joseph Conrad
La rescousse
Ce livre eût une composition des plus étranges. Conrad a commencé à l'écrire en 1896, l'année de parution de ses deux premiers romans, La folie Almayer et Un paria des îles. Il abandonna un roman, qui repris plus tard deviendra La flèche d'or pour se consacrer à La rescousse. Mais après trois ans de travail, Conrad le met de côté en 1899. Il s'est remis à sa rédaction en 1916, mais c'est en 1918 et 1919 seulement qu'il écrivit la plus grande partie de la deuxième moitié du roman. Donc la composition finale a duré 23 ans, un record, même pour un écrivain aussi lent que Conrad.
Le personnage central du récit, le capitaine Lingard, était déjà un personnage important de la folie Almayer et le paria des îles. Dans La rescousse il est au centre du récit, il est plus jeune que dans les deux premiers romans de Conrad, et possède une personnalité des plus intrépide. La rescousse nous plonge vraiment dans le même univers que les premiers romans de l'auteur, La folie Almayer, le paria des îles, et Lord Jim. Nous sommes dans les îles de la Malaisie, les indigènes même s'ils parlent peu sont très présents, nous voyons les mêmes paysages, l'essentiel se passe sur la mer, peuplée de pirates et d'aventuriers souhaitant faire rapidement fortune. C'est un roman d'aventures, le plus pur dans le genre que Conrad n'ait jamais écrit à mon avis. Il y a un radjah et une princesse qui ont perdu leur royaume, il y a une amitié indéfectible scellée dans une bataille, il y a aussi un yacht échoué, avec une bande de dangereux pirates et guerriers à proximité, deux femmes fascinantes, une guerre en préparation, enfin l'action ne manque vraiment pas. C'est aussi une histoire d'amour, la plus clairement identifiée comme telle dans tous les livres de Conrad. Mais comme il s'agit de Conrad il est aussi question de loyauté et de trahison, d'amitié et de fidélité à soi-même, et les héros ont peu de chances de sortir indemnes de leurs aventures, pas physiquement, mais moralement.
Et je dois dire que j'étais tout particulièrement ravie de retourner dans cet archipel malais que dans la suite de son oeuvre Conrad a progressivement délaissé pour d'autres contrée. Ce roman ne fait pas partie de ceux appréciés par les critiques, et j'ai été très heureuse de constater que c'était un excellent livre, sans doute moins profond que les plus grands romans de l'auteur, mais néanmoins très réussi dans son genre, et parfaitement maîtrisé dans la structure narrative. Tous les personnages sont parfaitement bien caractérisés, et c'est bien sûr dans la personnalité de chacun d'entre eux que se noue l'intrigue.
Conrad a toujours le même regard acéré sur le monde, il a en particulier l'art de décrire les relations coloniales d'une façon subtile et impitoyable, la façon dont chaque communauté perçoit l'autre est sans aucune illusion, et comme c'est le cas avec les grandes oeuvres, c'est complètement intemporel. Les riches passager du yacht ont terriblement évoqué pour moi quelques prises d'otages dans ces parages.
Pour résumer, peut être pas le plus grand roman de l'auteur, mais incontestablement un livre très réussi, que j'ai pris beaucoup de plaisir à lire. Heureusement que l'auteur ne l'a pas abandonné, et qu'il l'a fini après toutes ces années de composition.
Ce livre eût une composition des plus étranges. Conrad a commencé à l'écrire en 1896, l'année de parution de ses deux premiers romans, La folie Almayer et Un paria des îles. Il abandonna un roman, qui repris plus tard deviendra La flèche d'or pour se consacrer à La rescousse. Mais après trois ans de travail, Conrad le met de côté en 1899. Il s'est remis à sa rédaction en 1916, mais c'est en 1918 et 1919 seulement qu'il écrivit la plus grande partie de la deuxième moitié du roman. Donc la composition finale a duré 23 ans, un record, même pour un écrivain aussi lent que Conrad.
Le personnage central du récit, le capitaine Lingard, était déjà un personnage important de la folie Almayer et le paria des îles. Dans La rescousse il est au centre du récit, il est plus jeune que dans les deux premiers romans de Conrad, et possède une personnalité des plus intrépide. La rescousse nous plonge vraiment dans le même univers que les premiers romans de l'auteur, La folie Almayer, le paria des îles, et Lord Jim. Nous sommes dans les îles de la Malaisie, les indigènes même s'ils parlent peu sont très présents, nous voyons les mêmes paysages, l'essentiel se passe sur la mer, peuplée de pirates et d'aventuriers souhaitant faire rapidement fortune. C'est un roman d'aventures, le plus pur dans le genre que Conrad n'ait jamais écrit à mon avis. Il y a un radjah et une princesse qui ont perdu leur royaume, il y a une amitié indéfectible scellée dans une bataille, il y a aussi un yacht échoué, avec une bande de dangereux pirates et guerriers à proximité, deux femmes fascinantes, une guerre en préparation, enfin l'action ne manque vraiment pas. C'est aussi une histoire d'amour, la plus clairement identifiée comme telle dans tous les livres de Conrad. Mais comme il s'agit de Conrad il est aussi question de loyauté et de trahison, d'amitié et de fidélité à soi-même, et les héros ont peu de chances de sortir indemnes de leurs aventures, pas physiquement, mais moralement.
Et je dois dire que j'étais tout particulièrement ravie de retourner dans cet archipel malais que dans la suite de son oeuvre Conrad a progressivement délaissé pour d'autres contrée. Ce roman ne fait pas partie de ceux appréciés par les critiques, et j'ai été très heureuse de constater que c'était un excellent livre, sans doute moins profond que les plus grands romans de l'auteur, mais néanmoins très réussi dans son genre, et parfaitement maîtrisé dans la structure narrative. Tous les personnages sont parfaitement bien caractérisés, et c'est bien sûr dans la personnalité de chacun d'entre eux que se noue l'intrigue.
Conrad a toujours le même regard acéré sur le monde, il a en particulier l'art de décrire les relations coloniales d'une façon subtile et impitoyable, la façon dont chaque communauté perçoit l'autre est sans aucune illusion, et comme c'est le cas avec les grandes oeuvres, c'est complètement intemporel. Les riches passager du yacht ont terriblement évoqué pour moi quelques prises d'otages dans ces parages.
Pour résumer, peut être pas le plus grand roman de l'auteur, mais incontestablement un livre très réussi, que j'ai pris beaucoup de plaisir à lire. Heureusement que l'auteur ne l'a pas abandonné, et qu'il l'a fini après toutes ces années de composition.
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Je ne lis jamais un livre dont je dois écrire la critique ; on se laisse tellement influencer. (Oscar Wilde)
Arabella- Messages : 4815
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Re: Joseph Conrad
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Youth / Jeunesse
La lecture de cette nouvelle de Joseph Conrad va non seulement l’amener à lire l’œuvre complète de cet auteur mais lui donne aussi l’envie et l’énergie de changer sa vie.
J’aime bien quand un livre/un auteur m’amène vers d’autres livres/auteurs, ainsi j’ai découvert cette histoire après ma lecture de Swift.
Voilà un Conrad comme je l’ai connu lors de ma première rencontre, Lord Jim. Scène maritime, la mer, les tempêtes, les séjours en mer, …
Mais le titre donne le ton du récit, c’est la jeunesse qu’on découvre et donc l’envie de découverte, la curiosité, un 'sans-peur' vis-à-vis d’un challenge…
Il y a le plaisir de lecture à cause du talent de Conrad, un auteur qui ne va probablement jamais perdre d’intérêt parce que même si les histoires ne sont plus d’actualité, ses pensées restent intemporelles.
Youth / Jeunesse
Le personnage principal du livre Dimanche des mères de Graham Swift est une lectrice qui profite de la grande librairie de son employeur.Présentation de l‘éditeur
Un rafiot, presque une épave, un jeune marin inexpérimenté, un vieux loup de mer, une mutinerie, une traversée à hauts risques, des tempêtes, des catastrophes, une mer déchaînée, l'exotisme d'un Orient mystérieux... De Londres à Bangkok, l'odyssée de la Judée est un voyage initiatique, de l'adolescence vers l'âge adulte.
La lecture de cette nouvelle de Joseph Conrad va non seulement l’amener à lire l’œuvre complète de cet auteur mais lui donne aussi l’envie et l’énergie de changer sa vie.
J’aime bien quand un livre/un auteur m’amène vers d’autres livres/auteurs, ainsi j’ai découvert cette histoire après ma lecture de Swift.
Voilà un Conrad comme je l’ai connu lors de ma première rencontre, Lord Jim. Scène maritime, la mer, les tempêtes, les séjours en mer, …
Mais le titre donne le ton du récit, c’est la jeunesse qu’on découvre et donc l’envie de découverte, la curiosité, un 'sans-peur' vis-à-vis d’un challenge…
Il y a le plaisir de lecture à cause du talent de Conrad, un auteur qui ne va probablement jamais perdre d’intérêt parce que même si les histoires ne sont plus d’actualité, ses pensées restent intemporelles.
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Re: Joseph Conrad
Si les costumes et les usages changent, l'être humain est toujours le même...
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Arabella- Messages : 4815
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Re: Joseph Conrad
La Flèche d'or
Ce roman fait partie des derniers romans écrits par Conrad, sa rédaction a commencé en 1917 et s'est achevée en 1918, même si en 1895 Conrad avait commencé à écrire un roman avec la même trame, mais ce texte est resté inachevé à l'époque. Conrad a aussi évoqué un certain nombre d'événements que l'on retrouve plus ou moins transformés dans La flèche d'or dans le miroir de la mer. Il a à plusieurs occasions laissé entendre qu'un certain nombres de faits racontés dans La flèche d'or étaient autobiographiques, en réalité il a beaucoup transformé ce qu'il a vraiment vécu. Il est vrai qu'en 1874 il est venu à Marseille (il parlait paraît-il le français avec l'accent marseillais) pour devenir marin et qu'il a participé à des trafics d'armes pour les carlistes, mais l'histoire d'amour et le duel sont à priori imaginaires, même si par la suite il racontait que cela avait eu lieu, mais il s'agit là de la part de l'auteur d'une reconstruction à posteriori, une façon de réarranger son passé.
La flèche d'or est avant tout un roman d'amour. le héros, « Monsieur George », à la nationalité non définie rencontre et tombe sous le charme de Rita, une Basque au passé chargé. Toute jeune elle fût « découverte » par Henry Allègre célèbre et riche peintre français, qui en fait sa maîtresse et après sa mort lui laisse sa grande fortune. Elle a ensuite une liaison avec don Carlos, prétendant au trône d'Espagne et soutient sa cause. C'est ainsi qu'elle fait connaissance avec le héros, qui est recruté pour assurer le transport d'armes pour le parti carliste. L'histoire est compliquée par la présence d'un autre soupirant, un américain sudiste, et d'un cousin de Rita, qui a aussi des vues sur la jeune femme.
C'est loin d'être le roman le plus marquant de Conrad, l'histoire entre George et Rita est confuse et verbeuse, il ne se passe pas grand-chose pendant une bonne partie du roman, et les héroïnes de Conrad sont de toute façon beaucoup moins convaincantes que ses héros. Rita est mystérieuse, insaisissable, fascinante, mais à aucun moment vraisemblable. Si le livre se lit tout de même avec plaisir, c'est dû à la fois aux personnages secondaires, qui sont extrêmement savoureux et réussis et encore plus à l'écriture de Conrad, qui arrive à donner de l'intérêt à cette intrigue relativement peu passionnante. Mais ce roman est plutôt réservé aux amateurs de l'auteur, et je ne le conseillerais pas pour découvrir son oeuvre.
Ce roman fait partie des derniers romans écrits par Conrad, sa rédaction a commencé en 1917 et s'est achevée en 1918, même si en 1895 Conrad avait commencé à écrire un roman avec la même trame, mais ce texte est resté inachevé à l'époque. Conrad a aussi évoqué un certain nombre d'événements que l'on retrouve plus ou moins transformés dans La flèche d'or dans le miroir de la mer. Il a à plusieurs occasions laissé entendre qu'un certain nombres de faits racontés dans La flèche d'or étaient autobiographiques, en réalité il a beaucoup transformé ce qu'il a vraiment vécu. Il est vrai qu'en 1874 il est venu à Marseille (il parlait paraît-il le français avec l'accent marseillais) pour devenir marin et qu'il a participé à des trafics d'armes pour les carlistes, mais l'histoire d'amour et le duel sont à priori imaginaires, même si par la suite il racontait que cela avait eu lieu, mais il s'agit là de la part de l'auteur d'une reconstruction à posteriori, une façon de réarranger son passé.
La flèche d'or est avant tout un roman d'amour. le héros, « Monsieur George », à la nationalité non définie rencontre et tombe sous le charme de Rita, une Basque au passé chargé. Toute jeune elle fût « découverte » par Henry Allègre célèbre et riche peintre français, qui en fait sa maîtresse et après sa mort lui laisse sa grande fortune. Elle a ensuite une liaison avec don Carlos, prétendant au trône d'Espagne et soutient sa cause. C'est ainsi qu'elle fait connaissance avec le héros, qui est recruté pour assurer le transport d'armes pour le parti carliste. L'histoire est compliquée par la présence d'un autre soupirant, un américain sudiste, et d'un cousin de Rita, qui a aussi des vues sur la jeune femme.
C'est loin d'être le roman le plus marquant de Conrad, l'histoire entre George et Rita est confuse et verbeuse, il ne se passe pas grand-chose pendant une bonne partie du roman, et les héroïnes de Conrad sont de toute façon beaucoup moins convaincantes que ses héros. Rita est mystérieuse, insaisissable, fascinante, mais à aucun moment vraisemblable. Si le livre se lit tout de même avec plaisir, c'est dû à la fois aux personnages secondaires, qui sont extrêmement savoureux et réussis et encore plus à l'écriture de Conrad, qui arrive à donner de l'intérêt à cette intrigue relativement peu passionnante. Mais ce roman est plutôt réservé aux amateurs de l'auteur, et je ne le conseillerais pas pour découvrir son oeuvre.
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Arabella- Messages : 4815
Date d'inscription : 29/11/2016
Re: Joseph Conrad
Oh oui !Arabella a écrit:Si les costumes et les usages changent, l'être humain est toujours le même...
Moune- Messages : 611
Date d'inscription : 16/12/2016
Re: Joseph Conrad
Moune a écrit:Oh oui !Arabella a écrit:Si les costumes et les usages changent, l'être humain est toujours le même...
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George Gershwin
Re: Joseph Conrad
Jamais lu Conrad, je commence Lord Jim.
darkanny- Messages : 826
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