Jean Paul Dubois
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Books en Stock :: Hey Billie Y'a quoi dans ta bibliothèque ? :: Littérature française :: Auteurs nés à partir de 1941
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Re: Jean Paul Dubois
-Tous les hommes n'habitent pas le monde de la même façon -
Le narrateur est un homme défait. Paul Hansen, super intendant d'un immeuble de 68 appartements à Montréal, dévoué à son métier et à ses résidents, un type paisible et sans histoires, nous raconte son quotidien. Enfermé pour deux ans dans une cellule qu'il partage avec Horton, son exact opposé, un gros dur tatoué passionné de motos. Entre eux une solidarité s'est instaurée au fil des jours, imposée par cette promiscuité forcée.
Bien sûr, on se demande comment cet homme civilisé et si affable a pu se retrouver entre ces quatre murs. La réponse nous est donnée vers la fin mais ce n'est pas ce qui intéresse le plus l'auteur. Il va plutôt dérouler le fil des évènements qui ont conduit Paul jusqu'ici. Remonter à son enfance, entre un père pasteur et une mère (Anna, encore) gérante d'un cinéma d'art et d'essai. La rupture, la perte de la foi, l'émigration au Canada, la rencontre avec Winona, son grand amour.
On suit le parcours des Hansen en se demandant où cela mène. Parfois on se perd un peu dans les détails, cette manie qu'a Dubois de préciser, de mesurer, donner des références (Ouf, pas de base ball cette fois ci) Mais peu importe au final, ce que l'on croise au hasard des pages c'est avant tout cette faculté de l'auteur à nous conter une histoire, entre humour et tendresse, gravité et malice, cette manière faussement désinvolte qui cache surtout une profonde humanité et aussi une forme de tristesse, de mélancolie avec laquelle il compose.
La perte de l'amour, la disparition, ces morts avec lesquels on vit toujours. Dubois n'en finit pas d'y revenir, comme une petite musique lancinante dont on connait les premières notes et qui nous surprendrait encore. Comment expliquer ce qui en fait son attrait? Certains vont s'y embêter, d'autres vont adorer, pour moi c'est ce mélange improbable d'ironie jouissive et de sensibilité masquée qui chaque fois me charme, cette élégance dans la décontraction. J'aime Dubois et ça ne s'explique pas davantage
Le narrateur est un homme défait. Paul Hansen, super intendant d'un immeuble de 68 appartements à Montréal, dévoué à son métier et à ses résidents, un type paisible et sans histoires, nous raconte son quotidien. Enfermé pour deux ans dans une cellule qu'il partage avec Horton, son exact opposé, un gros dur tatoué passionné de motos. Entre eux une solidarité s'est instaurée au fil des jours, imposée par cette promiscuité forcée.
Bien sûr, on se demande comment cet homme civilisé et si affable a pu se retrouver entre ces quatre murs. La réponse nous est donnée vers la fin mais ce n'est pas ce qui intéresse le plus l'auteur. Il va plutôt dérouler le fil des évènements qui ont conduit Paul jusqu'ici. Remonter à son enfance, entre un père pasteur et une mère (Anna, encore) gérante d'un cinéma d'art et d'essai. La rupture, la perte de la foi, l'émigration au Canada, la rencontre avec Winona, son grand amour.
On suit le parcours des Hansen en se demandant où cela mène. Parfois on se perd un peu dans les détails, cette manie qu'a Dubois de préciser, de mesurer, donner des références (Ouf, pas de base ball cette fois ci) Mais peu importe au final, ce que l'on croise au hasard des pages c'est avant tout cette faculté de l'auteur à nous conter une histoire, entre humour et tendresse, gravité et malice, cette manière faussement désinvolte qui cache surtout une profonde humanité et aussi une forme de tristesse, de mélancolie avec laquelle il compose.
La perte de l'amour, la disparition, ces morts avec lesquels on vit toujours. Dubois n'en finit pas d'y revenir, comme une petite musique lancinante dont on connait les premières notes et qui nous surprendrait encore. Comment expliquer ce qui en fait son attrait? Certains vont s'y embêter, d'autres vont adorer, pour moi c'est ce mélange improbable d'ironie jouissive et de sensibilité masquée qui chaque fois me charme, cette élégance dans la décontraction. J'aime Dubois et ça ne s'explique pas davantage
Aeriale- Messages : 11882
Date d'inscription : 30/11/2016
Re: Jean Paul Dubois
Tous les hommes n'habitent pas le monde de la même façon
Déjà le titre, que je trouve magnifique, me donnait envie de relire Jean-Paul Dubois et je n'ai pas été déçue !
J'ai retrouvé son style si particulier, un mélange d'humour, de désenchantement et de tendresse pour ses personnages. Beaucoup d'empathie pour son héros, inspiré en grande partie d'une personne réelle, qui nous entraîne dans une histoire assez rocambolesque : après une enfance passée entre un père et une mère pour le moins "spéciaux" puis une vie de factotum, le voici croupissant dans une minuscule cellule d'une prison canadienne, en compagnie d'un gros dur, qui ne supporte pas qu'on lui coupe les cheveux et qui a peur des souris !!
Le récit n'est pas linéaire, on découvre la vie de Paul par de nombreux retours en arrière et après plusieurs chapitres, j'avais hâte de savoir ce qui avait pu conduire cet homme en prison. La réponse n'est pas en faveur de la société actuelle et Jean-Paul Dubois nous livre un constat assez alarmant sur les relations humaines. Mais il nous montre aussi qu'il existe encore quelque part des hommes au grand cœur et il magnifie la force du souvenir, en particulier de ceux qui nous ont quittés. Très beau.
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"Quand je pense à tous les livres qu'il me reste à lire, j'ai la certitude d'être encore heureux" Jules Renard
Liseron- Messages : 4284
Date d'inscription : 02/01/2017
Localisation : Toulouse
Re: Jean Paul Dubois
Oh que tu me fais plaisir, Liseron!Liseron a écrit:J'ai retrouvé son style si particulier, un mélange d'humour, de désenchantement et de tendresse pour ses personnages. Beaucoup d'empathie pour son héros, inspiré en grande partie d'une personne réelle, qui nous entraîne dans une histoire assez rocambolesque
Et c'est tout à fait ça, ce mélange improbable de fantaisie d'humour et de tendresse qui me charme à chaque fois.
Tu as lu quoi d'autre, de lui??
Aeriale- Messages : 11882
Date d'inscription : 30/11/2016
Re: Jean Paul Dubois
Vous plaisantez Mr Tanner, qui m'avait fait beaucoup rire et qui sentait vraiment le vécu et La Succession, que j'avais moyennement aimé et dont il ne me reste pas grand-chose.
Tu m'en conseilles un autre ?
Tu m'en conseilles un autre ?
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Liseron- Messages : 4284
Date d'inscription : 02/01/2017
Localisation : Toulouse
Re: Jean Paul Dubois
Ah oui, celui ci était très différent des autres, plein d'humour mais plus léger c'est sûr!
Parmi les derniers, Le cas Sneijder m'avait beaucoup touchée, mais le plus sûr est La vie française, ou bien Je pense à autre chose qui a plu à la majorité :-)
Parmi les derniers, Le cas Sneijder m'avait beaucoup touchée, mais le plus sûr est La vie française, ou bien Je pense à autre chose qui a plu à la majorité :-)
Aeriale- Messages : 11882
Date d'inscription : 30/11/2016
Re: Jean Paul Dubois
-Si ce livre pouvait me rapprocher de toi
Dans ce récit (lu à sa sortie mais auquel je n'ai pu résister de nouveau devant la réédition poche très réussie de L'Olivier) on retrouve le type de personnage qu'affectionne Dubois. Paul, la quarantaine finissante, est un écrivain installé à Toulouse. Sa femme Anne (encore ;-) vient de le quitter et notre homme se retrouve désoeuvré, n'ayant pu assurer une descendance. Ses dernières parutions l'ont laissé insatisfait et ses romans, qu'il mesure lui même froidement en termes de poids et mesures, ne le comblent pas davantage. Paul est en fait à un tournant de sa vie et le constat qu'il en fait n'est guère réjouissant. Revenant sur son passé et la mort mystérieuse de son père, il décide subitement de retourner sur ses traces, là même où il fut retrouvé noyé lors d'une partie de pêche, au Canada.
Tous les thèmes chers à l'auteur sont là. Un homme plus très jeune, au carrefour de sa vie, esseulé et dénué d'envies, en pleine crise de doute existentiel, en quête de donner un sens à sa vie. Lors de son voyage vécu comme un parcours initiatique, il va rencontrer des gens, se trouver des petits jobs, se confronter à l'inconnu et découvrir qui il est dans une ultime épreuve d'où il renaîtra différent, en accord avec lui-même. Un voyage intérieur aussi bien que réel qui nous embarque au fin fond de l'extrême lors d'une traversée en solitaire superbement décrite.
Ceux qui comme moi apprécient l'honnêteté intellectuelle, l'humour parfois absurde et cette façon assez frontale, sans rajout, qu'a Dubois de nous ouvrir les recoins de son psychisme seront sous le charme. Il faut avant tout être sensible à sa petite musique intérieure sous peine de passer à côté. Un roman fort, sensible et très humain
Dans ce récit (lu à sa sortie mais auquel je n'ai pu résister de nouveau devant la réédition poche très réussie de L'Olivier) on retrouve le type de personnage qu'affectionne Dubois. Paul, la quarantaine finissante, est un écrivain installé à Toulouse. Sa femme Anne (encore ;-) vient de le quitter et notre homme se retrouve désoeuvré, n'ayant pu assurer une descendance. Ses dernières parutions l'ont laissé insatisfait et ses romans, qu'il mesure lui même froidement en termes de poids et mesures, ne le comblent pas davantage. Paul est en fait à un tournant de sa vie et le constat qu'il en fait n'est guère réjouissant. Revenant sur son passé et la mort mystérieuse de son père, il décide subitement de retourner sur ses traces, là même où il fut retrouvé noyé lors d'une partie de pêche, au Canada.
Tous les thèmes chers à l'auteur sont là. Un homme plus très jeune, au carrefour de sa vie, esseulé et dénué d'envies, en pleine crise de doute existentiel, en quête de donner un sens à sa vie. Lors de son voyage vécu comme un parcours initiatique, il va rencontrer des gens, se trouver des petits jobs, se confronter à l'inconnu et découvrir qui il est dans une ultime épreuve d'où il renaîtra différent, en accord avec lui-même. Un voyage intérieur aussi bien que réel qui nous embarque au fin fond de l'extrême lors d'une traversée en solitaire superbement décrite.
Ceux qui comme moi apprécient l'honnêteté intellectuelle, l'humour parfois absurde et cette façon assez frontale, sans rajout, qu'a Dubois de nous ouvrir les recoins de son psychisme seront sous le charme. Il faut avant tout être sensible à sa petite musique intérieure sous peine de passer à côté. Un roman fort, sensible et très humain
Aeriale- Messages : 11882
Date d'inscription : 30/11/2016
Re: Jean Paul Dubois
Merci pour ton commentaire @Aeriale, je me laisserai peut-être tenter !
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"Quand je pense à tous les livres qu'il me reste à lire, j'ai la certitude d'être encore heureux" Jules Renard
Liseron- Messages : 4284
Date d'inscription : 02/01/2017
Localisation : Toulouse
Re: Jean Paul Dubois
Aeriale a écrit:Oh que tu me fais plaisir, Liseron!Liseron a écrit:J'ai retrouvé son style si particulier, un mélange d'humour, de désenchantement et de tendresse pour ses personnages. Beaucoup d'empathie pour son héros, inspiré en grande partie d'une personne réelle, qui nous entraîne dans une histoire assez rocambolesque
Et c'est tout à fait ça, ce mélange improbable de fantaisie d'humour et de tendresse qui me charme à chaque fois.
Une amie me l'a mis entre les mains et donc, je m'y suis attelée, alors que je boudais cet auteur depuis ma première rencontre avec lui dans Vous Plaisantez Monsieur Tanner. J'ai vraiment bien aimé ce roman, dans lequel on se laisse entraîner à cause de l'intrigue bien sûr, mais surtout à cause des personnages. Le héro bien sûr, dont on se demande bien pourquoi il a atterri en en prison, mais aussi son co-détenu, le biker Hell's Angels, le gros dur qui s'évanouit lorsqu'on lui coupe les cheveux. J'ai bien aimé l'inventivité de Dubois dans ses personnages, avec lesquels on entre en sympathie, même s'ils sont bourrés de défauts, tout simplement parce que Dubois ne les juge pas. Un fort bon moment de lecture.
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'La littérature est une maladie textuellement transmissible, que l'on contracte en général pendant l'enfance'. Jane Yolen.
domreader- Messages : 3597
Date d'inscription : 02/12/2016
Localisation : Ile de France
Re: Jean Paul Dubois
Domreader a écrit:J'ai bien aimé l'inventivité de Dubois dans ses personnages, avec lesquels on entre en sympathie, même s'ils sont bourrés de défauts, tout simplement parce que Dubois ne les juge pas. Un fort bon moment de lecture.
Tu me fais trop plaisir, Dom! Et tu pointes bien ce qui rend cet auteur attachant, sa façon d’humaniser ses personnages, quelqu’ils soient, avec leurs travers.
Ça a dû te changer de Mr Tanner, effectivement :-)
Aeriale- Messages : 11882
Date d'inscription : 30/11/2016
Re: Jean Paul Dubois
-L'origine des larmes-
Dans ce dernier roman, Paul Sorensen est un homme de 50 ans, solitaire limite autiste, dénué de désir dont la seule interaction avec les autres, hormis ses fonctions de dirigeant de société de housses mortuaires, est une Intelligence Artificielle prénommée U.no. Paul qui a perdu sa mère et son frère jumeau lors de sa naissance, "né avec un trou en lui", a vu son existence pervertie par son géniteur, Thomas Lanski, être méprisable, tordu, mythomane et violent, à qui il vient de tirer deux balles dans la tête à la morgue. Interrogé par la police devant laquelle il explique son geste peu conforme, il est contraint à un suivi psychologique chez le Dr Guzman à qui il va se confier durant un an.
Voilà pour l'intrigue. Un décor assez saugrenu encore, avec Toulouse en toile de fond sur laquelle tombe une pluie incessante, de même que s'écoulent les larmes de son psychiatre affublé d'une gène peu commune, une épiphora qui le fait pleurer de son oeil droit. Beaucoup d'eau se déverse donc ici, ajoutée à la tristesse qu'il traine en héritage doublée d' une vision d'un monde en bout de course soumis aux lois climatiques de plus en plus déréglées et des échanges par voix artificielles.
Rien de bien gai là dedans, c'est clair. Et si ce n'étaient ses échappées avec un chien imaginé nommé Watson qui apportent une bouffée d'air, c'est le livre le plus sombre que j'ai pu lire de lui. Loufoque, oui, désenchanté toujours, souvent érudit au point d'en paraitre bien précieux (avec des mots inusités depuis des lustres à en chercher la signification sur Google) Mais où sont passés la fantaisie et ce mélange de légèreté qui camouflaient ses névroses et faisaient le charme de son écriture? Je n'ai perçu que du noir. Et ses digressions incessantes m'ont au bout du compte pas mal saoulée. Pour la première fois depuis que je le suis (Plus de 30 ans) j'avais hâte d'arriver à la fin...
Dans ce dernier roman, Paul Sorensen est un homme de 50 ans, solitaire limite autiste, dénué de désir dont la seule interaction avec les autres, hormis ses fonctions de dirigeant de société de housses mortuaires, est une Intelligence Artificielle prénommée U.no. Paul qui a perdu sa mère et son frère jumeau lors de sa naissance, "né avec un trou en lui", a vu son existence pervertie par son géniteur, Thomas Lanski, être méprisable, tordu, mythomane et violent, à qui il vient de tirer deux balles dans la tête à la morgue. Interrogé par la police devant laquelle il explique son geste peu conforme, il est contraint à un suivi psychologique chez le Dr Guzman à qui il va se confier durant un an.
Voilà pour l'intrigue. Un décor assez saugrenu encore, avec Toulouse en toile de fond sur laquelle tombe une pluie incessante, de même que s'écoulent les larmes de son psychiatre affublé d'une gène peu commune, une épiphora qui le fait pleurer de son oeil droit. Beaucoup d'eau se déverse donc ici, ajoutée à la tristesse qu'il traine en héritage doublée d' une vision d'un monde en bout de course soumis aux lois climatiques de plus en plus déréglées et des échanges par voix artificielles.
Rien de bien gai là dedans, c'est clair. Et si ce n'étaient ses échappées avec un chien imaginé nommé Watson qui apportent une bouffée d'air, c'est le livre le plus sombre que j'ai pu lire de lui. Loufoque, oui, désenchanté toujours, souvent érudit au point d'en paraitre bien précieux (avec des mots inusités depuis des lustres à en chercher la signification sur Google) Mais où sont passés la fantaisie et ce mélange de légèreté qui camouflaient ses névroses et faisaient le charme de son écriture? Je n'ai perçu que du noir. Et ses digressions incessantes m'ont au bout du compte pas mal saoulée. Pour la première fois depuis que je le suis (Plus de 30 ans) j'avais hâte d'arriver à la fin...
Aeriale- Messages : 11882
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