Mario Rigoni Stern
5 participants
Books en Stock :: Hey Billie Y'a quoi dans ta bibliothèque ? :: Littérature italienne, grecque, turque
Page 1 sur 1
Re: Mario Rigoni Stern
commentaire de 2013

Les Saisons de Giacomo
"Un livre qui me rend constamment heureux est Les Saisons de Giacomo de Mario Rigoni Stern. J'aime de façon globale l’œuvre de cet écrivain italien, mais j'ai une prédilection pour ce livre tout à la fois tendre, tragique, simple, et qui témoigne de l'existence d'hommes et de femmes confrontés aux rigueurs de la nature et à celles des guerres et de leurs conséquences. Ce n'est pas un livre qui fait rire, ni même sourire, mais il me plonge immédiatement dans un état de bien-être engourdi qui est chez moi le signe de la rencontre avec une grande lecture."
Avec une présentation de l’éditeur qui dit tout le bien du livre et un témoignage de la sorte de Philippe Claudel, qu’est-ce qu’il m’en reste à dire?
Il ne me reste que: je suis d’accord avec tout cela.
Une écriture qui se veut ‘simple’ pour décrire des images ‘simples’, mais qui s’imprègnent avec une force dans l’imaginaire, des images qui vont rester !
Une vue sur des vies qui sont loin de tout ce qu’on connaît en principe aujourd’hui si on regarde autour de soi, mais qui donne au moins l’idée de mettre quelques certitudes en suspens et réévaluer certains aspects qu’on prend comme faits accomplis.
Auteur à lire, relire, à retenir…

Les Saisons de Giacomo
Dans le magazine LIRE du mois de février, il y avait un dossier sur les « Livres pour vous rendre heureux » et parmi les témoignages de personnes connues, il y avait Philipe Claudel :Présentation de l’éditeur
Mario Rigoni Stern jongle avec la beauté fraternelle de la terre et l'horreur de la guerre, et traite de la misère, de la faim et de la colère dans un style sobre et empreint de pudeur.
Après la Seconde Guerre mondiale, un homme retourne au hameau de la montagne vénitienne où il a passé son enfance. Si les pierres et les rues en ont été remodelées pour le transformer en un village de villégiature, les stigmates de l'horreur et le souvenir de ceux qui y vécurent sont demeurés bien vivaces. Lorsqu'il passe devant l'ancienne maison de Giacomo, son ami d'école, il décide de raconter son histoire et celle des siens.
Giacomo est un petit gamin d'une famille pauvre qui, de l'entre-deux-guerres à la campagne de Russie, traversa toutes les vicissitudes réservées aux montagnards italiens. Ce sont les violences infligées à la terre, où se dissimule encore le cuivre des obus et des bombes de 14-18, que Giacomo exhume pour le revendre et apporter quelques sous à sa mère. C'est encore l'exil des pères, dans les mines de Lorraine ou en Afrique, afin de sauver les familles de l'absolue misère. Puis c'est la marche du fascisme qui s'empare du pays et envoie ses fils à la mort.
Par une succession de tableaux brefs mais intenses, d'images fugitives mais puissantes, Mario Rigoni Stern offre un témoignage poignant sur l'absurdité lancinante des guerres, qui ne parvient pourtant jamais à détruire sa foi en l'homme et en la terre.
"Un livre qui me rend constamment heureux est Les Saisons de Giacomo de Mario Rigoni Stern. J'aime de façon globale l’œuvre de cet écrivain italien, mais j'ai une prédilection pour ce livre tout à la fois tendre, tragique, simple, et qui témoigne de l'existence d'hommes et de femmes confrontés aux rigueurs de la nature et à celles des guerres et de leurs conséquences. Ce n'est pas un livre qui fait rire, ni même sourire, mais il me plonge immédiatement dans un état de bien-être engourdi qui est chez moi le signe de la rencontre avec une grande lecture."
Avec une présentation de l’éditeur qui dit tout le bien du livre et un témoignage de la sorte de Philippe Claudel, qu’est-ce qu’il m’en reste à dire?
Il ne me reste que: je suis d’accord avec tout cela.
Une écriture qui se veut ‘simple’ pour décrire des images ‘simples’, mais qui s’imprègnent avec une force dans l’imaginaire, des images qui vont rester !
Une vue sur des vies qui sont loin de tout ce qu’on connaît en principe aujourd’hui si on regarde autour de soi, mais qui donne au moins l’idée de mettre quelques certitudes en suspens et réévaluer certains aspects qu’on prend comme faits accomplis.
Auteur à lire, relire, à retenir…
_________________
Life is a lot like Jazz
Best when you improvise
George Gershwin
Re: Mario Rigoni Stern

Histoire de Tönle
Cela faisait un bout de temps que je n’avais rien lu de Mario Rigoni Stern et quand la maison Gallmeister a fait de la pub pour son nouveau totem… comment résister à cette sublime couverture ?!Présentation de l’éditeur
Berger sur le plateau d’Asiago, à la frontière du royaume d'Italie et de l'Empire austro-hongrois, Tönle s’adonne à la contrebande pour subvenir aux besoins de sa famille. Lorsqu’il blesse par accident un douanier, il doit s’enfuir à travers l’Europe Centrale et devient mineur, colporteur d’estampes, jardinier… Pourtant, chaque hiver, trompant les gendarmes, Tönle retrouve son foyer et les siens. Les années passent et la Première Guerre mondiale fait éclater le monde tel qu’il le connaissait. Alors que sa région tant aimée n’est plus qu’un champ de bataille, le vieil homme obstiné refuse d’abandonner son troupeau et sa maison.
Contrairement aux couleurs vifs, le récit est plus sobre, tout en retenu.
C’est bien le style de Stern et je considère son écriture de « zen ».
Même si cette fois-ci il va y avoir de la guerre, bien que son personnage principal ne va pas y participer, sa vie va être chamboulée à cause d’elle.
Si vous aimez des récits bien ancrés dans la terre, sans fioritures, il ne faut surtout pas hésiter de tenter un des livres de cet auteur.
_________________
Life is a lot like Jazz
Best when you improvise
George Gershwin
Re: Mario Rigoni Stern
Ah oui, je te comprends Kenavo, pour la couverture ;-)
Aeriale- Messages : 10403
Date d'inscription : 30/11/2016
Re: Mario Rigoni Stern
Pareil pour moi, quand je l’ai vu passer sur FB, je l’ai tout de suite noté !!
_________________
"Quand je pense à tous les livres qu'il me reste à lire, j'ai la certitude d'être encore heureux" Jules Renard
Liseron- Messages : 3810
Date d'inscription : 02/01/2017
Localisation : Toulouse
Re: Mario Rigoni Stern
C'est noté aussi, en totem bien sûr, l'autre couverture n'est vraiment pas attirante.
_________________
'La littérature est une maladie textuellement transmissible, que l'on contracte en général pendant l'enfance'. Jane Yolen.
domreader- Messages : 3081
Date d'inscription : 02/12/2016
Localisation : Ile de France
Re: Mario Rigoni Stern
Histoire de Tönle

Ce qu'on n'imagine pas, en lisant le résumé, c'est le temps (et l'espace). Quand Tönle se retrouve à fuir, nous sommes dans la dernière partie du 19ème siècle. Son errance va le mener de pays en pays.
Et c'est bien plus tard, alors qu'il est désormais un vieil homme, qu'il se retrouve au milieu du conflit de la Première Guerre mondiale.
Et là, toute la symbolique du roman, c'est la question des frontières, des limites. Et donc par opposition celle de la liberté.
Les frontières dont Tönle s'est joué pendant toutes ces années de clandestinité ; et puis maintenant qu'il est "libre", amnistié, ces frontières qui se referment.
On va donc accompagner ce vieil homme, épris de liberté, qui n'aspire qu'à suivre son troupeau, dans une aventure extraordinaire, au beau milieu des absurdité du grand conflit.
Voici un roman court (140 pages) qui a tout d'un grand.
C'est une superbe lecture.

Ce qu'on n'imagine pas, en lisant le résumé, c'est le temps (et l'espace). Quand Tönle se retrouve à fuir, nous sommes dans la dernière partie du 19ème siècle. Son errance va le mener de pays en pays.
Et c'est bien plus tard, alors qu'il est désormais un vieil homme, qu'il se retrouve au milieu du conflit de la Première Guerre mondiale.
Et là, toute la symbolique du roman, c'est la question des frontières, des limites. Et donc par opposition celle de la liberté.
Les frontières dont Tönle s'est joué pendant toutes ces années de clandestinité ; et puis maintenant qu'il est "libre", amnistié, ces frontières qui se referment.
On va donc accompagner ce vieil homme, épris de liberté, qui n'aspire qu'à suivre son troupeau, dans une aventure extraordinaire, au beau milieu des absurdité du grand conflit.
Voici un roman court (140 pages) qui a tout d'un grand.
C'est une superbe lecture.

_________________
Lire nuit gravement à la bêtise !

Nightingale- Messages : 2337
Date d'inscription : 09/12/2017
Age : 54
Localisation : Sur le bord de la marge
Re: Mario Rigoni Stern
Merci @Nightingale, je le mets en tête de liste !!
_________________
"Quand je pense à tous les livres qu'il me reste à lire, j'ai la certitude d'être encore heureux" Jules Renard
Liseron- Messages : 3810
Date d'inscription : 02/01/2017
Localisation : Toulouse
Re: Mario Rigoni Stern
contente que tu as autant aimé...
_________________
Life is a lot like Jazz
Best when you improvise
George Gershwin
Re: Mario Rigoni Stern
Je vous suis!Liseron a écrit:Merci @Nightingale, je le mets en tête de liste !!
Il est court, facilement casable, et puis cette couverture..

Aeriale- Messages : 10403
Date d'inscription : 30/11/2016
Re: Mario Rigoni Stern
-Histoire de Tönle-

Pour ce qui est de la couverture:
Tönle, berger taiseux et fier, vit sur un plateau d'une région italienne d'origine autrichienne avec les siens qu'il nourrit grâce à son élevage et ses échanges de contrebande. Obligé de se cacher pour éviter une justice démesurément sévère alors qu'il a blessé un douanier, il s'exile au delà de son village exerçant divers métiers tout en parcourant l'Europe, retrouvant chaque hiver sa famille. Des années après, l'amnistie le libère de ces contraintes, mais son repos est de nouveau remis en question à la déclaration de la guerre de 14-18. Refusant de quitter son hameau comme les autres villageois, il repart avec son chien et son troupeau au hasard des routes avant d'être arrêté pour espionnage supposé et transféré dans un camp.
Le récit est conté à la troisième personne, dans un style neutre et plutôt âpre qui correspond bien à la rudesse générale. On suit les péripéties de cet homme, déconcerté par les remous de l'histoire qui font que les frontières sont autres selon la volonté des plus puissants, qui exècre la guerre et la comprend d'autant moins qu'il a dû lutter pour un pays et devenir citoyen de l'autre. Un homme simple et lucide, n'aspirant qu'à la liberté de vivre chez lui, refusant de céder à la loi (inepte) des hommes.
Tönle est un personnage haut en couleurs, un rebelle sympathique qui eut le malheur de naître dans une zone frontalière rendant encore plus absurde la guerre et ses ravages. J'ai eu pourtant du mal à rentrer en empathie avec lui, son attachement viscéral à sa terre et ses bêtes au détriment des siens (il ne cherche même pas à voir sa fille à l'arrivée du train, par exemple) Les faits sont exposés sobrement, fort précis et intéressants c'est certain, et si on comprend le caractère de Tönle, isolé dans sa forêt au gré des forces en présence, têtu et au final sage entre tous, je n'ai pas été pour autant touchée que l'a été @Nightingale ou @Kenavo. Je ne regrette pas pour autant cette lecture qui a le mérite de pointer toute la stupidité des conflits sans étaler non plus trop d'affirmations, laissant le lecteur libre de juger par lui-même.
Un passage qui résume sa pensée.

Pour ce qui est de la couverture:
Il y avait un arbre sur le toit de sa maison : un cerisier sauvage. Le noyau dont il était né avait atterri là bien des années plus tôt, expulsé en vol par une grive mauvis, et une rosée printanière l’avait fait germer car, pour protéger la maison de la pluie et de la neige, un de ses aïeuls avait étalé une couche supplémentaire de chaume sur le toit, si bien que celle d’en dessous était devenue de l’humus, presque de la glèbe. Le cerisier avait poussé comme ça. (…)Les soirs de décembre, ses branches étaient un hiéroglyphe sur la toile de fond du ciel et, sans la légère fumée qui s’échappait des évents de pierre sous les avant-toits, les maisons du hameau et la terre recouverte de neige n’auraient fait qu’un.
Tönle, berger taiseux et fier, vit sur un plateau d'une région italienne d'origine autrichienne avec les siens qu'il nourrit grâce à son élevage et ses échanges de contrebande. Obligé de se cacher pour éviter une justice démesurément sévère alors qu'il a blessé un douanier, il s'exile au delà de son village exerçant divers métiers tout en parcourant l'Europe, retrouvant chaque hiver sa famille. Des années après, l'amnistie le libère de ces contraintes, mais son repos est de nouveau remis en question à la déclaration de la guerre de 14-18. Refusant de quitter son hameau comme les autres villageois, il repart avec son chien et son troupeau au hasard des routes avant d'être arrêté pour espionnage supposé et transféré dans un camp.
Le récit est conté à la troisième personne, dans un style neutre et plutôt âpre qui correspond bien à la rudesse générale. On suit les péripéties de cet homme, déconcerté par les remous de l'histoire qui font que les frontières sont autres selon la volonté des plus puissants, qui exècre la guerre et la comprend d'autant moins qu'il a dû lutter pour un pays et devenir citoyen de l'autre. Un homme simple et lucide, n'aspirant qu'à la liberté de vivre chez lui, refusant de céder à la loi (inepte) des hommes.
Tönle est un personnage haut en couleurs, un rebelle sympathique qui eut le malheur de naître dans une zone frontalière rendant encore plus absurde la guerre et ses ravages. J'ai eu pourtant du mal à rentrer en empathie avec lui, son attachement viscéral à sa terre et ses bêtes au détriment des siens (il ne cherche même pas à voir sa fille à l'arrivée du train, par exemple) Les faits sont exposés sobrement, fort précis et intéressants c'est certain, et si on comprend le caractère de Tönle, isolé dans sa forêt au gré des forces en présence, têtu et au final sage entre tous, je n'ai pas été pour autant touchée que l'a été @Nightingale ou @Kenavo. Je ne regrette pas pour autant cette lecture qui a le mérite de pointer toute la stupidité des conflits sans étaler non plus trop d'affirmations, laissant le lecteur libre de juger par lui-même.
Un passage qui résume sa pensée.
Et si pour eux il y avait des frontières, à quoi servaient elles donc, si on pouvait les franchir en avion? Et s'il n'y avait pas de frontières dans le ciel alors pourquoi y en avait-il sur la terre? Et par ce "pour eux", il entendait tous ceux qui considéraient les frontières comme quelque chose de concret ou de sacré. Mais pour lui et les gens et les gens comme lui, et ils n'étaient pas si rares, contrairement à ce qu'on pouvait imaginer, ils représentaient même la majorité des hommes, les frontières n'avaient jamais existé sinon sous forme de douaniers à payer ou de gendarmes à éviter. Bref, si le ciel était libre et si l'eau était libre, la terre aussi devait être libre.
Aeriale- Messages : 10403
Date d'inscription : 30/11/2016
Re: Mario Rigoni Stern
J'avais déjà noté, il faut vraiment que je découvre cet auteur.
J'ai un peu de mal en ce moment, temps de lecture restreint par des obligations ponctuelles. Cela devrait se calmer vers la mi-avril.
J'ai un peu de mal en ce moment, temps de lecture restreint par des obligations ponctuelles. Cela devrait se calmer vers la mi-avril.
_________________
'La littérature est une maladie textuellement transmissible, que l'on contracte en général pendant l'enfance'. Jane Yolen.
domreader- Messages : 3081
Date d'inscription : 02/12/2016
Localisation : Ile de France
Books en Stock :: Hey Billie Y'a quoi dans ta bibliothèque ? :: Littérature italienne, grecque, turque
Page 1 sur 1
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
|
|