A l'affiche

Aeriale a écrit:

Melinaa' a écrit:@Queenie merci pour le fil
Quel talent ! Je suis vraiment scotchée par Nocturnal Animals.

 Oui, j'avais adoré aussi. Avec Jake Gyllenhaam que j'aime tant!

Tu me donnes trop envie de le revoir... :-)

Sinon j'ai vu Madre puis L'infirmière. Pas mal mais pas transcendants non plus.

Il faut que je trouve du temps pour vous en parler :p

@Aeriale  je te conseille vivement de le revoir c'est vraiment top :p  moi perso j'ai adoré
Pour les deux films les sujets sont intéressants à juger des bandes annonces il faut absolument que tu nous parle de ton ressenti
Au plaisir de te lire

Oui j’y compte bien @Melinaa' !

(D’autant que j’ai pas mal oublié l’intrigue... je me souviens juste que c’était génial) 

Je pense aussi à mes petits topos! S’il ne fait pas beau à ja montagne, pas de marches... j’aurais du temps pour ça!

A suivre donc 

Eva, tout juste 33 ans, se retrouve au mois d'août à Madrid, alors que tout le monde est parti. Elle s'installe dans un appartement prêté en plein centre de la ville, déambule, fait des rencontres, semble avoir besoin de temps pour se poser. Elle ne parle pas très volontiers d'elle aux gens qu'elle croise, plutôt les fait parler, les fait exister. Nous apprenons qu'elle a été comédienne, qu'elle ne veut plus l'être. Le film suit l'ordre des jours, des fêtes dans le quartier, des déambulations d'Eva, des gens qu'elle voit.

Dit comme cela, c'est sans doute pas très tentant, mais tout est dans l'ambiance, dans une atmosphère, dans les images. Madrid est magnifique, et Eva, jouée par Itsaso Arana, qui a co-écrit le film, aussi. Il faut se laisser entraîner dans ces flâneries, faites de petits riens, de moments magiques. Les personnages sont croqués en quelques plans, quelques scènes, terriblement justes. Nous en apprenons, l'air de rien, un peu plus sur Eva, et on finit par comprendre sa situation.

J'avoue que ce film subtil et sensible, sans grands effets, m'a enchantée. Certes il ne faut pas rechercher l'action, la tension à chaque instant, le spectaculaire. Il faut se laisser porter par le courant des jours d'été paresseux, pleins de lumière et riches de tous les possibles, des nuits survoltées d'une fête perpétuelle. Si on arrive, c'est un véritable délice.

Aeriale a écrit:Sinon j'ai vu Madre puis L'infirmière. Pas mal mais pas transcendants non plus.

Il faut que je trouve du temps pour vous en parler :p

J'avais hésité à aller voir l'Infirmière... mais, du même réalisateur, j'avais vu Harmonium, dont j'avais bien aimé la première moitié mais vraiment pas du tout la deuxième, que j'avais trouvée interminable... Du coup, je me suis abstenu

ILes choses qu'on dit, les choses qu'on fait





Maxime (Niels Schneider un peu benêt mais c'est son rôle) suite à une déception amoureuse, est invité chez son cousin (Vincent Macaigne, toujours délicieusement décalé) dans sa maison de campagne. Il est reçu par sa compagne, (Camilla Jordana, assez convaincante) ce dernier étant retenu pour affaires. Restés seuls quelques jours, ils vont peu à peu se livrer et confesser chacun à l'autre leurs parcours sentimental.



Parmi tous les films récemment vus tous aussi insipides ( Vu aussi Les Apparences, ennui), celui ci m'a plutôt embarquée agréablement. Il y a beaucoup de bavardages bien sûr, avec parfois l'impression de tourner en rond, mais ces circonvolutions autour de l'amour et du désir, les traverses et les hasards qui s'y prêtent, sont bien amenées, en tout cas je ne m'y suis pas ennuyée.  



C'est élégant, feutré, on navigue du côté de Rohmer et si Emmanuel Mouret n'atteint pas tout à fait la même finesse, on a de quoi s'y retrouver quand même. Un film qui peut agacer comme il peut séduire, c'était mon bon jour hier!

-The father-



Le film se passe totalement en intérieur. On est dans l'appartement d'Anthony, un monsieur âgé vivant seul, lorsque Anne sa fille déboule chez lui. Mi excédée, mi dépassée, elle lui demande pourquoi il a de nouveau congédié la dernière aide à domicile qu'elle lui a trouvée, compromettant son installation à Paris. Mais Anthony a un sacré caractère, il est persuadé qu'on lui vole des affaires, notamment sa montre qu'il ne trouve plus et se braque.



D'entrée, on prend comme acquis les données de base, les oublis du vieil homme, son côté maniaque, buté. On en sourit même. Puis, sournoisement le trouble s'insinue. Qui est cet homme inconnu qui s'installe dans le salon? Le mari de Anne comme il le dit? Anthony ne le connait pas. Est-ce le signe de la maladie, est-ce réel ou non? Peu à peu, le décor change, de nouveaux fauteuils, une cuisine rénovée. Où est on au final? Chez lui ou chez Anne?



Plus on avance, moins on est sûr de rien. Tout comme Anthony, le spectateur est de plus en plus perdu, désorienté, avec l'impression bizarre de partager sa confusion. On essaie de recoller les bouts et tout dérape. Où est le réel en fait? Qui est qui?



Florian Zeller (dont c'est le premier film) fait très fort. Appliquant les principes du huis clos et de la contraction du temps et de l'espace, il nous plonge littéralement dans le psychisme d'Anthony, partageant sa vision et ses désordres cognitifs, sensoriels. On passe du rire au trouble, du trouble à l'émotion, pour finir désemparé devant la fin de vie de cet homme noyé dans ses souvenirs qui se raccroche à l'essentiel lorsque tout s'effondre. Anthony Perkins est excellent, bien sûr, mais je découvre Olivia Colman, réellement bouleversante aussi.  Terrible et très poignant, ne le ratez pas!

-Drunk-



Un groupe de professeurs réunis pour l'anniversaire d'un des leurs, décident suivant la théorie d'un psy norvégien, d'appliquer le principe selon lequel toute personne nait avec un déficit d'alcool de 0,5 g dans le sang, Ce qui la rendrait moins ouverte aux autres, moins performante; moins aimante. Mais l'expérience, au début sous contrôle, dérape vite lorsqu'ils se mettent à pousser plus loin les limites.



C'est un sujet surprenant, plutôt osé voire ambigü, mais Thomas Vinterberg, n'en fait pas l'apologie de l'alcoolisme, ni de l'ascétisme non plus d'ailleurs! Au fil des scènes, on voit leur comportement changer. Le personnage de Madds Mikkelsen, qui s'est installé dans une routine et perdu son appétit de vivre, davantage rattrapé par un manque de confiance, est celui sur qui se concentre la réflexion. Mais tous à leur niveau évoluent et jouent parfaitement ce décalage entre se sentir bien, joyeux ou sombrer dans le néant.



La scène finale est carrément excellente, avec une super BO (de Scarlet Pleasure) qui nous laisse sur une note positive, une sorte de célébration de la vie et de ses petits bonheurs. Quelques longueurs (supportables) mais à voir, au moins pour le jeu des acteurs (J'ai été scotchée par celui de Mikkelsen)

Ah oui, la scène finale de Drunk est vraiment bien (le film dans son ensemble aussi, d'ailleurs), avec beaucoup d'énergie !


Du coup, je n'attends vraiment pas spécialement le remake annoncé avec Leonard di Caprio... Dans le genre mauvaise idée...

"Les choses qu'on dit, les choses qu'on fait", c'est sympathique. C'est artificiel/ludique mais ça le revendique, et c'est bien fait.

J'ai bien aimé the Father, aussi. Le prochain film de Florian Zeller, The Son, a aussi une bonne distribution (Hugh Jackman, Laura Dern), et le scénario est aussi écrit par Christopher Hampton/Florian Zeller (on ne change pas une équipe qui gagne). Je ne sais pas s'il va adapter toutes ses pièces...

Beaucoup aimé DRUNK, qui en effet, ne se pose pas en film moral et dramatique sur la consommation d'alcool.

Très bien joué, et rythmé.


Par contre, j'ai vu HOSPITALITÉ...
Et alors, au départ ça allait, à peu près, mais à la fin trop d'à peu près ont rendu le film vraiment moyen moins
Déjà c'est filmé avec les pieds, y'a des flous, des voix décalées, des objets au milieu de l'image (je me suis demandée si certaines choses venaient de la projection - dites-moi si certain·es sont allé·es le voir), les principaux acteurs et actrices jouent bien, mais tous les secondaires jouent comme des pieds, et il y avait un peu trop de zones inexpliquées chez les personnages.

Je ne suis pas très fan de Kôji Fukada... J'avais bien aimé la première moitié de Harmonium, et après j'ai totalement décroché, j'ai trouvé le film interminable... Et L'Infirmière, après un bon début, j'ai trouvé ça parfois ridicule, comme si le réalisateur voulait à toute force montrer quelque chose et que toute logique devait se plier à ce qu'il voulait démontrer (quand une innocente est accusée mais qu'elle ne se défend jamais, c'est finalement un peu de sa faute s'il lui arrive des problèmes ; je serais innocent mais accusé de quelque chose, ça me révolterait). Du coup, après ta critique, je verrai Hospitalité à occasion, mais sans m'attendre à grand-chose (le meilleur moyen pour être agréablement surpris !)

Tiens...J'hésitais à aller le voir. Après vos avis j'hésite encore plus

L'infirmière ne m'avait pas transportée non plus, mais celui ci avait de meilleures critiques.

Le film est sorti en 2010, j'ai vu ça, et il ressort à présent?



@Arabella l'a peut-être vu...

Il date de 2010, en France il avait été présenté dans un festival en 2011, mais je ne crois pas qu'il était sorti, sinon (il n'est pas considéré comme une reprise).
Et là, il sort pas mal de Fukada (outre des reprises, il y a Le Soupir des vagues le 4 août, Suis-moi je te fuis le 18 août, Fuis-moi je te suis le 25 août... il faut suivre !).

-Nomadland



Suite à la fermeture d'une cité ouvrière Fern, qui a perdu son mari, prend la route avec son van en abandonnant le peu de biens qui lui restent. Elle rencontre un monde fait de nomades, comme elle, et découvre les grands espaces de l' Ouest américain.



Un beau film mi social mi écolo, qui m'a un peu fait penser à Into the wild par ses paysages somptueux et cette communion avec la nature, mais en moins poussif. Il se passe un peu plus de choses dans celui ci. Fern noue des amitiés solides, connait les petits boulots ponctuels, parfois dégradants, mais toujours avec ce lien qu'elle sait établir autour d'elle. C'est moins désespérant, même si on ne voit que les rejetés du système, du fait de leur entraide permanente, de ces moments de fraternité qui donnent au film toute sa grâce et sa lumière.



Frances McDormand porte à elle seule le film ou presque. Les autres personnages sont des non professionnels, ce qui donne sans doute cet aspect très authentique, épuré. Mais elle y est vraiment impériale.  J'ai lu qu'elle avait même poussé jusqu'à vivre plusieurs mois dans ces conditions et partagé le travail des saisonniers sur les routes.



Il y a quelques petites longueurs, le rythme est lent, mais pas d'excès ni de pathos inutiles. On est vraiment avec eux sur les routes, c'est très humain et apaisant. Et surtout sublimé par ces paysages de folie. Un très bon moment, je vous le conseille!

j'ai beaucoup aimé
Je suis sortie de ce film comme portée sur un petit nuage mélancolique et léger en même temps
Comme tu le dis : communion avec la nature, rythme lent (mais sans excès), et quelque chose dans l'acceptation des choses. Les gens ne luttent pas dans une vie dure, ils font avec, et y trouvent plein de moments de douce joie, de solidarité, de sérénité.

-Le discours-



Adrien, la trentaine bien sonnée, participe à un repas de famille avec son déroulé habituel. Les éternelles anecdotes paternelles, les exposés scientifiques du beauf sur le dérèglement climatique et autre. Echanges sans cesse rabâchées sous le regard admiratif des épouses mais son esprit est ailleurs. Sonia, sa compagne, a depuis peu décidé de faire une pause et il vient de lui envoyer un sms dont il espère une réponse. Le temps passe et rien ne vient, Adrien torturé, au bord de l'épuisement, écoute d'une oreille la discussion qui s'enlise lorsque, pour couronner le tout, on lui demande de se charger du discours pour le mariage de sa soeur.




Pas de surprise, le film reprend mot pour mot le très bon roman de Fabrice Caro. Jouant sur le décalé, la dérision et le caractère hyper angoissé du personnage d'Adrien qui n'en finit pas de refaire les probables scènes du discours, toutes tournant en fiasco. On est un peu comme au théâtre, unité de lieu, de temps, d'action, mais la mise en scène joue aussi sur les flasbacks qui reviennent situer le propos.




C'est habile et rythmé, les monologues d'Adrien nous révèlent ses pensées, souvent incongrues, toujours hilarantes, et chacun peut y retrouver des sensations vécues, des vérités bien visées, ces repas où chacun joue sa partition et ces fêtes qui finissent en chenille. Beaucoup de bienveillance pourtant, c'est léger, enjoué, tendre sous ces quelques accents de cynisme. Mais j'ai préféré et de loin le livre, peut-être parce que c'était une découverte, peut-être aussi à cause de ces confessions face caméra qui ont fini par me peser. J'avoue aussi que je ne raffole pas de l'acteur Benjamin Lavernhe. (Là c'est tout bête, ne me demandez pas pourquoi!)