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Romain Gary

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Message par kenavo Lun 30 Jan - 6:04

Romain Gary A607

Roman Kacew, devenu Romain Gary, est un diplomate et romancier français, de langues française et anglaise, né le 21 mai (8 mai) 1914 à Vilna dans l'Empire russe (actuelle Vilnius en Lituanie, pendant l'entre-deux-guerres, Wilno en Pologne) et mort le 2 décembre 1980 à Paris.

Important écrivain français de la seconde moitié du XXe siècle, il est également connu pour la mystification littéraire qui le conduisit, dans les années 1970, à signer plusieurs romans sous le nom d'emprunt d’Émile Ajar, en les faisant passer pour l'œuvre d'un tiers. Il est ainsi le seul romancier à avoir reçu le prix Goncourt à deux reprises, sous deux pseudonymes.


source et suite

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Message par kenavo Lun 30 Jan - 6:05

Romain Gary A608
Nancy Huston, Tombeau de Romain Gary
4e de couverture
Romain Gary a traversé le siècle en nomade, en apatride, sans se soumettre aux écoles littéraires, sans rien céder aux modes, déjouant toutes les classifications, mettant orgueilleusement en actes sa liberté de romancier. Insaisissable et insaisi, fidèle et rebelle au dessein grandiose que sa mère avait formé pour lui, il s’acharna à consumer sa vie de fils, d’amant, de mari et de créateur jusqu’à renaître de ses cendres et enfin s’inventer autre. De l’entrée en scène de l’écrivain Romain Gary jusqu’à l’apothéose d’Emile Ajar, c’est tout à la fois l’artiste et l’homme multiple que Nancy Huston dévoile dans un face à face (avec l’auteur, avec ses œuvres) et un tutoiement d’une lucidité brûlante, presque douloureuse.

Ce portrait est un modèle du genre : entre "le mythe personnel" de l’auteur et ce que ses livres laissent entrevoir à son insu, l’aller et retour est constant. Il y a une immense capacité de dévoilement dans le livre de Nancy Huston, qui s’accompagne d’un magnifique bonheur de célébration : étonnant tête-à-tête entre deux écrivains.

Avant de parler de Romain Gary, je voudrais parler un peu de ce livre.
Je ne vais pas ouvrir un fil pour Nancy Houston puisqu’elle ne fait que parler de Romain Gary, ainsi ce livre a sa place ici.

Le moment que j’ai découvert Romain Gary il y a quelques années, j’avais sans doute choisi le mauvais livre (ou c’était le mauvais moment) – en tout cas La vie devant soi était plaisant.. bon à lire... mais rien de plus.

Maintenant la situation est telle que je suis fascinée, enthousiasmée… emportée par je ne sais pas quoi – il n’a pas une écriture exceptionnelle, il n’a pas écrit des romans tellement plus extraordinaires que d’autres... mais c’est le bon moment... c’est un ‘click’ qui s’est fait et – je suis entrée à 100% dans son monde!

Donc aussi le pas qui me mène plus loin – un livre sur lui, un livre qui parle de lui. Je veux aller plus loin, plus au fond, découvrir le personnage qui était derrière cet auteur qui s’est inventé plusieurs fois pendant sa vie.

Et Nancy Huston donne –presque- toutes les réponses à mes questions, elle est autant admirative de cet homme/écrivain que moi, elle a fait un travail à la merveille en écoutant toutes ses interviews, lu tous les articles et reportages qu’il a écrit en dehors de ses romans. Et elle en sait aussi des évènements de sa vie privée, bienvenue dans le monde de la yellow press Wink

Me voici donc confronté à cette ‘roche primitive’ à laquelle on l’a déclassé lors de son vivant – un personnage qui avait le mauvais héros (de Gaulle), la mauvaise attitude (Don Juan exécrable), un complexe d’œdipe incurable, .. bref, tout pour ne pas me plaire   et quand même j’y tiens.. je reste.. je ne veux pas lâcher..

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Message par kenavo Lun 30 Jan - 6:06

Romain Gary A609
Les cerfs-volants
Présentation de l’éditeur
Pour Ludo le narrateur, l'unique amour de sa vie commence à l'âge de dix ans, en 1930, lorsqu'il aperçoit dans la forêt de sa Normandie natale la petite Lila Bronicka, aristocrate polonaise passant ses vacances avec ses parents. Depuis la mort des siens, le jeune garçon a pour tuteur son oncle Ambroise Fleury dit " le facteur timbré " parce qu'il fabrique de merveilleux cerfs-volants connus dans le monde entier. Doué de l'exceptionnelle mémoire " historique " de tous les siens, fidèle aux valeurs de " l'enseignement public obligatoire ", le petit Normand n'oubliera jamais Lila. Il essaie de s'en rendre digne, étudie, souffre de jalousie à cause du bel Allemand Hans von Schwede, devient le secrétaire du comte Bronicki avant le départ de la famille en Pologne, où il les rejoint au mois de juin 1939, juste avant l'explosion de la Seconde Guerre mondiale qui l'oblige à rentrer en France. Alors la séparation commence pour les très jeunes amants... Pour traverser les épreuves, défendre son pays et les valeurs humaines, pour retrouver son amour, Ludo sera toujours soutenu par l'image des grands cerfs-volants, leur symbole d'audace, de poésie et de liberté inscrit dans le ciel.
On accompagne Ludo et les habitants de son village normand dès 1930 jusqu’au moment où les troupes alliées débarquent en Normandie.

Naturellement il y a cet amour pour Lila qui occupe ses premières années, mais à partir de 1939 il y a d’autres soucis qui font que ce livre devient plus qu’une simple histoire d’amour.

Surtout la France sous l’occupation est pour moi le moment fort de ce livre. Cette réalité ne se fait pas bruyante au premier plan du livre, mais donne quand même le son et la couleur à ce roman.

Ludo, son oncle, les habitants du village et le destin de Lila sont surtout dans l’œil du lecteur – mais sur un fond historique qui ne ressort pas comme simple rajout.

Et Romain Gary fait lui-même dans plusieurs passages l’allusion qu’en fait l’amour que Ludo éprouve pour Lila n’est en fait rien d’autre que l’amour qu’on peut avoir pour sa patrie, et donc on peut même se demander si cette histoire d’amour n’est pas tout simplement qu’une et une seule allégorie de Gary pour donner un visage de son estime pour la France.


Dame, mon gars. Tu l’as trop inventée. Quatre ans d’absence, ça laisse une part trop belle à l’imagination. Le rêve a touché terre et ça fait toujours des dégâts. Même les idées cessent de se ressembler quand elles prennent corps. Lorsque la France reviendra, tu verras la gueule qu’on va faire ! On dira : c’est pas la vraie, c’est une autre ! Les Allemands nous ont donné beaucoup d’imagination. Quand ils seront partis, les retrouvailles seront cruelles.


Et presque vers la fin du roman:

La seule question était de savoir si, après tout ce que j’avais vu et vécu, je n’allais pas manquer d’inspiration. Le cerf-volant demande beaucoup d’innocence.


Cette ‘perte d’innocence’ de Ludo – on la parcourt pendant ce roman... qui m’a ému, fait rire, fait pleurer... et qui m’a donné des moments forts... difficiles d’entamer une autre lecture après ce roman !


Ma phrase préférée

C'est que le monde est allé d'un côté et moi de l'autre, et ce n'est pas à moi de décider lequel des deux s'est trompé de chemin

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Message par kenavo Lun 30 Jan - 6:07

Romain Gary A610
Education européenne
Présentation de l’éditeur
Le maquis polonais en 1942. Janek, jeune garçon mêlé aux combattants clandestins, connait le froid et la faim, la trahison, la lutte et la mort. Mais la haine n'envahira pas son coeur : à travers Zosia, il apprendra l'amour, l'étudiant Dobranski lui inculquera le culte de la liberté, la grandeur de l'homme lui apparaîtra à travers la simplicité de ses compagnons. Enfin grâce à Augustus Schröder, l'officier allemand, il saura ce qui, au-delà des dissensions, doit unir les peuples ennemis.
Le premier roman de Romain Gary. Tout à fait autre chose que celui que je viens de lire – même si on se retrouve –encore une fois- au moment de la deuxième guerre mondiale.
Mais cette fois-ci il a situé son histoire en Pologne, on est dans la forêt avec les partisans polonais qui essaient de tenir jusqu’à la fin de la guerre, qu’ils espèrent ‘proche’... on est en 1942…

L’écriture n’est pas aussi ‘développée’ que dans Les Cerfs-Volants, les faits qu’il décrits sont plus crus, plus brutaux – mais c’est la réalité de la guerre et si on regarde la bibliographie de cet auteur – il y en a encore d’autres sur la IIe guerre mondiale – du coup il avait des choses à dire là-dessus.

Extrait
En Europe on a les plus vieilles cathédrales, les plus vieilles et les plus célèbres Universités, les plus grandes librairies et c’est là qu’on reçoit la meilleure éducation – de tous les coins du monde, il paraît, on vient en Europe pour s’instruire. Mais à la fin, tout ce que cette fameuse éducation européenne vous apprend, c’est comment trouver le courage et de bonnes raisons, bien valables, bien propres, pour tuer un homme qui ne vous a rien fait, et qui est assis là, sur la glace, avec ses patins, en baissant la tête, et en attendant que ça vienne.

Extrait
Combien de nouvelles cathédrales vont-elles bâtir pour adorer le Dieu qui leur donna des reins aussi frêles et une charge aussi lourde ? A quoi sert-il de lutter et de prier, d’espérer et de croire ? Le monde où souffrent et meurent les hommes est le même que celui où souffrent et meurent les fourmis : un monde cruel et incompréhensible, où la seule chose qui compte est de porter toujours plus loin une brindille absurde, un fétu de paille, toujours plus loin, à la sueur de son front et au prix de ses larmes de sang, toujours plus loin ! sans jamais s’arrêter pour souffler ou pour demander pourquoi…

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Message par kenavo Lun 30 Jan - 6:07

Romain Gary A611
L’angoisse du roi Salomon
Présentation de l’éditeur
Jeannot, belle gueule et grand cœur, est un chauffeur de taxi parisien. Un jour, lors d'une course, il rencontre Monsieur Salomon, vieux Monsieur juif, ancien roi du pantalon et tiré à quatre épingle. Le richissime vieillard va l'employer dans son association caritative : SOS Amitiés. Notre héros rencontre bientôt une ancienne gloire de la chanson réaliste, Cora Lamenaire. Cora reconnaît vite en Jeannot un mec, un vrai, avec une gueule à la Belmondo ou à la Lino (Ventura).
J’ai au moins changé 5 fois d’opinion si j’allais parler de ma lecture de ce livre.
Au début c’est « plaisant », puis cela devient un peu naïf, par après c’est abstrait et on se voit confronté à une histoire « d’amour » de Jeannot, 25 ans avec Mademoiselle Cora, 65..
Mais sans que je me suis rendue compte, Romain Gary est arrivé à ce moment déjà à me fasciner. Il arrive à donner de la chair et des os à ses personnages.
Mais le plus important – c’est un livre sur la vie... et surtout sur la vieillesse et la confrontation avec la mort.
Décrit surtout avec l’humour que Romain Gary avait choisi de laisser agir dans les écrits d’Emile Ajar.
Quelle beauté, quelle écriture, quelle finesse…
J’en sors enchantée de ce livre et plus que jamais je veux découvrir d’autres livres de lui... son univers... la personne derrière ces livres…

Une belle citation que j’ai trouvée sur le site dédié à Romain Gary concernant le livre du Roi Salomon :

Un livre triste à pleurer de rire. Un vrai livre de vie.


Et un extrait de mon dialogue favori - cette scène avec Jeannot et Mademoiselle Cora au téléphone, des amis de Jeannot au fond, se joue sur plusieurs pages... je vous fait le résumé  

- Je me suis dit que ce serait bien d’aller canoter au bois de Boulogne !
- Ca quoi ?
- Canoter. C’est une belle journée pour faire du canotage au Bois.
[…]
- Mademoiselle Cora, vous êtes sûre que ça existe ? Je n’ai jamais entendu parler de ça de nos jours ?
- Le canotage ? Mais j’ai souvent canoté au bois de Boulogne.

J’ai bouché le micro
[…]
- Non mais sans blague, elle est devenu dingue ou quoi ? Je ne vais quand même pas canoter en plein jour ! Elle est folle à lier.
[…]
- Mademoiselle Cora, je peux vous amener au Zoo, si vous préférez.
[…]
- Je-ne-veux-pas-aller-au-zoo, na ! Je veux aller canoter au bois de Boulogne ! J’avais un ami qui m’y emmenait toujours. Tu n’es pas gentil !
[…]
- Est-ce qu’il y parmi vous un enfoiré qui a déjà canoté ? Il paraît que ça se faisait autrefois.
[…]
- C’est chez les Impressionnistes, dit-il
- Où ça ?
- Ca doit être à l’orangerie. Elle veut sûrement aller voir les Impressionnistes.
- Elle veut aller canoter, au bois de Boulogne, gueulai-je. Y a pas à chier, c’est ça qu’elle veut. C’est pas les Impressionnistes.
- C’est vrai, dit le cadet des Masselat. Les Impressionnistes, c’était sur la Marne. Maupassant et tout ça. Ils déjeunaient sur l’herbe et après ils allaient canoter.

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Message par kenavo Lun 30 Jan - 6:08

Romain Gary A612
Chien Blanc
4e de couverture
«C'était un chien gris avec une verrue comme un grain de beauté sur le côté droit du museau et du poil roussi autour de la truffe qui le faisait ressembler au fumeur invétéré sur l'enseigne du Chien-qui-fume, un bar-tabac à Nice, non loin du lycée de mon enfance.Il m'observait, la tête légèrement penchée de côté, d'un regard intense et fixe, ce regard des chiens de fourrière qui vous guettent au passage avec un espoir angoissé et insupportable.Il entra dans mon existence le 17 février 1968 à Beverly Hills, où je venais de rejoindre ma femme Jean Seberg, pendant le tournage d'un film.»
Ce livre n'a vraiment pas perdu d'actualité

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Message par kenavo Lun 30 Jan - 6:09

Romain Gary A613
La promesse de l’aube
Quatrième de couverture
Ce récit coïncide sur bien des points avec ce que l'on sait de l'auteur des Racines du ciel, et Romain Gary s'est expliqué là-dessus : " Ce livre est d'inspiration autobiographique, mais ce n'est pas une autobiographie. Mon métier d'orfèvre, mon souci de l'an s'est à chaque instant glissé entre l'événement et son expression littéraire, entre la réalité et l'œuvre qui s'en réclamait. Sous la plume, sous le pinceau, sous le burin, toute vérité se réduit seulement à une vérité artistique. " Le narrateur raconte son enfance en Russie, en Pologne puis à Nice, le luxe et la pauvreté qu'il a connus tour à tour, son dur apprentissage d'aviateur, ses aventures de guerre en France, en Angleterre, en Ethiopie, en Syrie, en Afrique Equatoriale, il nous raconte surtout le grand amour que fut sa vie. Cette " promesse de l'aube " que l'auteur a choisie pour titre est une promesse dans les deux sens du mot : promesse que fait la vie au narrateur à travers une mère passionnée ; promesse qu'il fait tacitement à cette mère d'accomplir tout ce qu'elle attend de lui dans l'ordre de l'héroïsme et de la réalisation de soi-même. Le caractère de cette Russe chimérique, idéaliste, éprise de la France, mélange pittoresque de courage et d'étourderie, d'énergie indomptable et de légèreté, de sens des affaires et de crédulité, prend un relief extraordinaire. La suprême preuve d'amour qu'elle donne à son fils est à la hauteur de son cœur démesuré. Mais les enfants élevés par ces mères trop ferventes restent toujours, dit l'auteur, " frileux " de cœur et d'âme, et chargés d'une dette écrasante qu'ils se sentent incapables d'acquitter. Rarement la piété filiale s'est exprimée avec plus de tendresse, de sensibilité, et cependant avec plus de clairvoyance et d'humour. Et rarement un homme a lutté avec plus d'acharnement pour démontrer " l'honorabilité du monde ", pour " tendre la main vers le voile qui obscurcissait l'univers et découvrir soudain un visage de sagesse et de pitié ".
Pour parler de cette lecture, je reviens au livre de Nancy Huston, Tombeau de Romain Gary où elle dit :
Dans la pauvreté extérieure mais avec beaucoup de richesse intérieure, Nina s’est acharnée à fabriquer la légende de Roman et, en retour, tu t’es acharné toute ta vie à racheter les souffrances qu’elle avait endurées.
Est-ce vraiment aussi simple que cela ? Ou bien cette Nina-là, entièrement sacrifiée, spoliée, offerte en holocauste à son fils, n’est-elle pas, au moins partiellement, un personnage de Romain Gary ? Impossible de le savoir ; il ne reste que ton témoignage. Mais, même si la Nina légendaire par toi fabriquée n’était qu’à moitié véridique, elle demeurerait encore un cas extrême, pathologique de maternité dévoratrice.
(...) Mais le comportement maternel que tu décris tout au long de La Promesse de l’aube est tout sauf « admirable » : il est maladif, cannibalesque, meurtrier de l’âme. Si tu avais tant de mal à exister, n’était-ce pas, entre autres, parce que ta mère avait décidé « pour » toi, contre toi, sans toi, à l’avance, de ta vie entière ?
(...) Nina a implanté en toi une fois pour toutes la conviction aberrante selon laquelle aimer quelqu’un, c’est l’inventer


Si seulement la moitié de ce que Romain Gary a écrit dans ce roman sur sa mère est vrai, c’est à mon avis un miracle qu’il soit devenu un être humain à peu près capable de gérer un peu sa vie.

Mais dans ces « faits » ou « inventions » est aussi ancré le ‘problème’ de ce livre – pour ceux qui s’intéressent à la personne de Romain Gary cette lecture est vraiment incontournable, c’est fascinant de voir cette mère-lionne s’actionner autour de son fils. Toute sa vie est orientée pour que son fils puisse devenir ce qu’elle s’imagine pour lui. Et sa force de caractère est tellement forte que du début le petit Romain n’a aucune chance de lui résister.

Donc, pour ceux qui veulent ‘seulement’ lire un livre, je me suis demandé tout au long de ce livre si on peut en trouver du plaisir. Sûrement, mais peut être un certain intérêt pour l’auteur est quand même nécessaire  

Moi j’ai aimé, moins que d’autres que je viens de lire de lui, mais en partie cette mère m’a fait beaucoup rire – et surtout un certain humour de Romain Gary de se ridiculiser envers l’attitude de sa mère donne une fraîcheur à ce livre. Et d'autant plus que je veux continuer avec des livres de lui, le personnage Romain Gary s'explique aussi à travers ce livre...

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Message par Arabella Lun 30 Jan - 8:58

La Promesse de l'aube


« Ce livre est d'inspiration autobiographique, mais ce n'est pas une autobiographie », voilà comment le définissait l'auteur. En fait d'autobiographie, nous avons un récit dont le centre de gravité est la mère de Romain Gary. Cette relation avec sa mère, a marqué l'auteur à jamais, et le tableau qu'il en dresse est à la fois tendre, très drôle, émouvant, mais aussi effrayant. Cette femme ne semble avoir eu comme unique sujet d'intérêt dans la vie que son fils, son avenir, sa destinée. Elle a bien dû avoir eu une vie pour elle avant la naissance de Romain, mais c'est comme s'il n'en restait plus aucune trace. Elle se dévoue, travaille, se bat pour lui assurer de quoi vivre, le voit comme une sorte d'idéal, mais en même temps elle lui fixe des objectifs à atteindre, qu'il ne peut pas ne pas poursuivre, coûte que coûte. Même si ce ne sont pas ceux qu'il aurait voulu atteindre lui-même, mais d'une certaine façon, elle sait mieux que lui ce qu'il doit faire. Il ne semble à aucune moment faire cette fameuse crise d'adolescence et avoir envie de couper le cordon qui le rattache à elle, ne se révolte pas, ne tente pas d'être une personne vraiment autonome. Et comme il le dit, toutes les autres rencontres ne pourront qu'être décevantes après cet amour excessif et exclusif, remplies d'insatisfaction et de frustration.

Mais ce qui me reste le plus à la fin de cette lecture, c'est malgré les moments d'émotions, la façon terriblement drôle avec laquelle Romain Gary raconte cette histoire, cette relation merveilleuse et terrible, par exemple au moment où elle vient lui dire adieu à la mobilisation :

"Je l'ai vue descendre du taxi, devant la cantine, la canne à la main, une gauloise aux lèvres et, sous le regard goguenard des troufions, elle m'ouvrit ses bras d'un geste théâtral, attendant que son fils s'y jetât, selon la meilleure tradition….
…Je l'embrassai avec toute la froideur amusée dont j'étais capable et tentai en vain de la manoeuvrer habilement derrière le taxi, afin de la dérober aux regards, mais elle fit simplement un pas en arrière, pour mieux m'admirer et, le visage radieux, les yeux émerveillés, une main sur le coeur, aspirant bruyamment l'air par le nez, ce qui était toujours, chez elle, un signe d'intense satisfaction, elle s'exclama, d'une voix que tout le monde entendit, et avec un fort accent russe :
- Guynemer ! Tu seras un second Guynemer ! Tu verras, ta mère a toujours raison !
Je sentis le sang me brûler la figure, j'entendis les rires derrière mon dos, et, déjà, avec un geste menaçant de la canne vers la soldatesque hilare étalée devant le café, elle proclamait sur le mode inspiré :
- Tu seras un héros, tu seras général, Gabriele d'Anunzio, Ambassadeur de France – tous ces voyous ne savent pas qui tu es !
Je crois que jamais un fils n'a haï sa mère autant que moi, à ce moment-là. Mais alors que j'essayais de lui expliquer dans un murmure rageur qu'elle me compromettait, irrémédiablement aux yeux de l'Armée de l'Air, et que je faisais un nouvel effort pour la pousser derrière le taxi, son visage prit une expression désemparée, ses lèvres se mirent à trembler, et j'entendis une fois de plus la formule intolérable, devenue depuis longtemps classique dans nos rapports :
- Alors, tu as honte de ta vieille mère ?"


Et une grande partie du livre est aussi drôle, autant dire que l'on passe un excellent moment de lecture, même si par moment cette relation tellement exclusive et passionnée, met mal à l'aise.

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Message par Moune Lun 30 Jan - 10:43

Arabella a écrit:La Promesse de l'aube


« Ce livre est d'inspiration autobiographique, mais ce n'est pas une autobiographie », voilà comment le définissait l'auteur. En fait d'autobiographie, nous avons un récit dont le centre de gravité est la mère de Romain Gary. Cette relation avec sa mère, a marqué l'auteur à jamais, et le tableau qu'il en dresse est à la fois tendre, très drôle, émouvant, mais aussi effrayant. Cette femme ne semble avoir eu comme unique sujet d'intérêt dans la vie que son fils, son avenir, sa destinée. Elle a bien dû avoir eu une vie pour elle avant la naissance de Romain, mais c'est comme s'il n'en restait plus aucune trace. Elle se dévoue, travaille, se bat pour lui assurer de quoi vivre, le voit comme une sorte d'idéal, mais en même temps elle lui fixe des objectifs à atteindre, qu'il ne peut pas ne pas poursuivre, coûte que coûte. Même si ce ne sont pas ceux qu'il aurait voulu atteindre lui-même, mais d'une certaine façon, elle sait mieux que lui ce qu'il doit faire. Il ne semble à aucune moment faire cette fameuse crise d'adolescence et avoir envie de couper le cordon qui le rattache à elle, ne se révolte pas, ne tente pas d'être une personne vraiment autonome. Et comme il le dit, toutes les autres rencontres ne pourront qu'être décevantes après cet amour excessif et exclusif, remplies d'insatisfaction et de frustration.

Et une grande partie du livre est aussi drôle, autant dire que l'on passe un excellent moment de lecture, même si par moment cette relation tellement exclusive et passionnée, met mal à l'aise.
J'ai lu La Promesse de l'aube il y a très longtemps et le souvenir que j'en garde rejoint la conclusion d'Arabella. C'est étonnant comme plusieurs artistes ont eu ce genre de relation avec leur mère, une mère très proche, dont ils ont eu pu avoir honte à certains moments (je pense à Albert Cohen), qui les a poussés et stimulés dans leur vie professionnelle, mais qui leur a fait rater leur vie sentimentale — une mère qui resta toujours la femme de leur vie.
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Message par darkanny Lun 30 Jan - 12:03

Je n'ai jamais lu un livre de Romain Gary eyebrow
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Message par Arabella Lun 30 Jan - 12:20

darkanny a écrit:Je n'ai jamais lu un livre de Romain Gary eyebrow

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Message par darkanny Lun 30 Jan - 12:22

Je vais y remédier, promis.
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Message par Invité Lun 30 Jan - 12:28

Kenavo a écrit:
Moi j’ai aimé, moins que d’autres que je viens de lire de lui, mais en partie cette mère m’a fait beaucoup rire – et surtout un certain humour de Romain Gary de se ridiculiser envers l’attitude de sa mère donne une fraîcheur à ce livre. Et d'autant plus que je veux continuer avec des livres de lui, le personnage Romain Gary s'explique aussi à travers ce livre...

Arabella a écrit:Et une grande partie du livre est aussi drôle, autant dire que l'on passe un excellent moment de lecture, même si par moment cette relation tellement exclusive et passionnée, met mal à l'aise.


J'ai eu beaucoup de mal avec ce livre alors que j'ai aimé les autres écrits  - Clair de femme, j'en garde un souvenir de lecture inoubliable, comme ces livres qui vous marquent à jamais. - je suis d'accord avec Arabella, on se sent souvent mal à l'aise.

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Message par kenavo Lun 30 Jan - 14:34

darkanny a écrit:Je vais y remédier, promis.
je te souhaite une bonne 'rencontre' Wink

Ruth May a écrit:Clair de femme, j'en garde un souvenir de lecture inoubliable, comme ces livres qui vous marquent à jamais
je le note en priorité de mes lectures pour cet auteur

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Message par Moune Lun 30 Jan - 15:34

Clair de femme est un roman de Romain Gary publié le 4 février 1977 et porté au cinéma par Costa-Gavras en 1979.
(Wikipédia)

avec Yves Montand et Romy Schneider.

Je me souvenais de cela mais plus du tout si j'ai vu le film ou non. De même, j'ai lu d'autres livres de Romain Gary, mais ils ne m'ont pas marquée et je les ai oubliés (sauf La Promesse de l'aube).
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